La bataille pour faire partir " en douceur ", M. Laurent Gbagbo, le candidat malheureux (selon les chiffres de la Commission électorale indépendante) de l'élection présidentielle ivoirienne, n'est pas que politique et économique. Elle est surtout financière. La communauté financière internationale a décidé de passer à l'offensive.
Tout commence avec la décision de la Communauté économique des Etats ouest-africains (Uemoa). Réunis à Bamako (capitale du Mali), le 22 décembre dernier, les ministres de l'Economie des pays membres, décident à l'unanimité de n'autoriser que la signature de Alassane Ouattara.
Cette décision confirmée, récemment à Bamako, bien que n'étant pas un gel d'avoirs, ouvre la porte à la communauté financière internationale. Très vite, le rouleau compresseur des avoirs à geler, se déroule.
Les Etats-Unis jouent, dès lors, un rôle de catalyseur.
Dès le début de l'année, l'administration de Barack Obama prend des mesures.
" Menaces pour la paix "
" Les États-Unis gèlent les avoirs de Gbagbo ", révèle le quotidien français Le Point dans son édition du 6 janvier.
" La femme du président sortant ainsi que trois de ses proches sont également touchés par la mesure. Le département du Trésor américain a annoncé jeudi qu'il gelait les avoirs aux États-Unis du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ainsi que ceux de sa femme et de trois de ses proches. La décision a été prise en vertu d'un décret permettant de prendre des sanctions financières contre ceux qui "présentent une menace pour la paix et le processus de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire ou qui agissent ou déclarent agir en leur nom", écrit le Trésor dans un communiqué. Outre Simone Gbagbo, son épouse, les trois membres "du cercle proche" de Laurent Gbagbo visé par les sanctions du ministère sont Désiré Tagro, Pascal Affi N'Guessan et Alcide Ilahiri Djedje, précise le ministère. En vertu de ces sanctions, tout Américain qui viendrait à réaliser des transactions financières avec ces personnes s'exposera à des poursuites judiciaires. La quasi-totalité de la communauté internationale exige le départ de Laurent Gbagbo et que celui-ci laisse le pouvoir à Alassane Ouattara, qu'elle reconnaît comme le vainqueur de la présidentielle du 28 novembre et, de ce fait, le chef de l'État légitime de la Côte d'Ivoire ".
Sanctions européennes
Huit jours après les Etats-Unis, c'est au tour des 27 de l'Union européenne (UE) de prendre des sanctions face au refus de M. Gbagbo d'admettre sa défaite électorale et de céder le pouvoir au président élu, Alassane Ouattara.
" L'Union européenne a accru la pression vendredi sur Laurent Gbagbo et ses proches en Côte d'Ivoire en décidant de geler leurs avoirs en Europe, après des interdictions de visa du fait de la crise politique. Les sanctions visent au total 85 personnes ainsi que onze " entités économiques ", selon la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton Maja Kocijancic.
Elles ciblent notamment les secteurs pétrolier, portuaire, bancaire, ainsi que les filières du cacao, du café et du caoutchouc naturel ", indique une dépêche de l'Agence France presse (AFP).
Ce gel des avoirs du clan Gbagbo intervient après une première série de sanctions qui ont visé 59 personnes dans son entourage, frappées d'interdiction de visa dans l'Union européenne. Ces mesures avaient été adoptées fin décembre.
Le paradis suisse démantelé
" La Suisse gèle les avoirs de Gbagbo et de Ben Ali ", révèle le mercredi 19 janvier, une dépêche de l'agence Reuters.
L'article note que " La Suisse a gelé mercredi les avoirs du président sortant ivoirien, Laurent Gbagbo, et de l`ancien chef de l`Etat tunisien, Zine ben Ali. "Le Conseil fédéral (gouvernement) a décidé lors de sa réunion d`aujourd`hui de geler les fonds en Suisse de l`ex-président tunisien et de son entourage, avec effet immédiat", a dit la ministre des Affaires étrangères et présidente de la Confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey lors d`une conférence de presse à Berne. Le Conseil fédéral a également décidé de geler les avoirs de Laurent Gbagbo, qui se maintient au pouvoir en Côte d`Ivoire bien que la communauté internationale ait certifié la victoire de son rival Alassane Ouattara à l`élection présidentielle du 28 novembre dernier. Ces décisions s'appliquent également à leur entourage, a déclaré Micheline Calmy-Rey. Aucun des deux pays n'a demandé d`entraide judiciaire à l`heure actuelle, a-t-elle ajouté. L'ordonnance, valable pour trois ans, entre en vigueur avec effet immédiat. Micheline Calmy-Rey, qui est socialiste, a déclaré que "la Suisse veut éviter que (ses) centres financiers servent à dissimuler illégalement des fonds" publics détournés ".
Des milliards détournés ?
Pendant que la communauté financière internationale met en marche sa stratégie, il semble que le clan Gbagbo ne garde pas les bras croisés. Selon le journal suisse " Le Matin Dimanche ", " Les milliards du clan Gbagbo ont déjà quitté la Suisse ".
Dans un article dont la sincérité n'est pas sans appel, mais non publiquement démenti, le journal fit savoir qu' " Alors que les risques de guerre civile s'accroissent chaque jour, le président autoproclamé Laurent Gbagbo se moque des sanctions internationales. Où se trouve sa fortune familiale, estimée à 6,5 milliards de francs (suisses, soit plus de 3.000 milliards, NDLR) ? Au Liban, en Afrique du Sud ou en Iran. Partout, sauf dans les coffres suisses ", écrit le journal suisse.
" Voilà donc Laurent Gbagbo, désormais défendu par Mes Jacques Verges et Roland Dumas, banni des pays développés, dont tous ceux de l'espace Schengen comprenant la Suisse. De là donc où se trouve le système financier qui accueille généralement les fortunes de la planète.
Conséquence ? Yverdon-les-Bains et son Grand Hôtel, comme l'a révélé récemment 24Heures, devront se passer du séjour annuel de Simone Gbagbo aux bains thermaux de la localité vaudoise. Le manque à gagner est de taille, la première dame et quelques personnes de sa suite séjournant "plusieurs semaines" au palace d'Yverdon. Le jet privé de Gbagbo, propriété officielle de l'Etat ivoirien, est toujours parqué devant les locaux de Jet Aviation, sur le tarmac de l'aéroport de Bâle-Mulhouse, tandis qu'un Fokker 100 du président contesté est, lui, bloqué à Saint Louis (Missouri, Etats-Unis), "pour non-paiement d'une facture de maintenance technique sur l'appareil".
Enfin, le quotidien français La Croix révélait la semaine dernière qu'une propriété de Vandœuvres, à Genève, a été vendue pour 15 millions de francs (suisses). Problème: cette villa appartenait, là aussi, à l'Etat ivoirien. Selon le journal français, c'est Laurent Gbagbo lui-même qui aurait donné l'ordre de vendre cette propriété "publique" et de transférer les fonds issus de la vente sur un compte de la Société Générale, en France, détenu au nom de la "présidence de la République" et non au bénéfice du Trésor public ivoirien. Trois épisodes récents qui posent, forcément, la question de la présence des avoirs du clan Gbagbo en Suisse. Selon Nicolas Haymoz, porte-parole de la Banque nationale suisse, les engagements ivoiriens auprès des banques suisses "s'élèvent à 393 millions (francs suisses), tandis que les prêts à des clients ivoiriens se montent, selon notre rapport sur les "Banques suisses 2009", à 126 millions de francs"'', révèle le journal.
Une chose est certaine, si le clan Gbagbo fait des pieds et des mains pour mettre son " butin " au frais, la détermination de la communauté financière internationale, qui a décidé de parler d'une seule et même voix, est elle, sans nuance, qui menace ce " butin " partout où il serait.
Prince B.
Tout commence avec la décision de la Communauté économique des Etats ouest-africains (Uemoa). Réunis à Bamako (capitale du Mali), le 22 décembre dernier, les ministres de l'Economie des pays membres, décident à l'unanimité de n'autoriser que la signature de Alassane Ouattara.
Cette décision confirmée, récemment à Bamako, bien que n'étant pas un gel d'avoirs, ouvre la porte à la communauté financière internationale. Très vite, le rouleau compresseur des avoirs à geler, se déroule.
Les Etats-Unis jouent, dès lors, un rôle de catalyseur.
Dès le début de l'année, l'administration de Barack Obama prend des mesures.
" Menaces pour la paix "
" Les États-Unis gèlent les avoirs de Gbagbo ", révèle le quotidien français Le Point dans son édition du 6 janvier.
" La femme du président sortant ainsi que trois de ses proches sont également touchés par la mesure. Le département du Trésor américain a annoncé jeudi qu'il gelait les avoirs aux États-Unis du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ainsi que ceux de sa femme et de trois de ses proches. La décision a été prise en vertu d'un décret permettant de prendre des sanctions financières contre ceux qui "présentent une menace pour la paix et le processus de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire ou qui agissent ou déclarent agir en leur nom", écrit le Trésor dans un communiqué. Outre Simone Gbagbo, son épouse, les trois membres "du cercle proche" de Laurent Gbagbo visé par les sanctions du ministère sont Désiré Tagro, Pascal Affi N'Guessan et Alcide Ilahiri Djedje, précise le ministère. En vertu de ces sanctions, tout Américain qui viendrait à réaliser des transactions financières avec ces personnes s'exposera à des poursuites judiciaires. La quasi-totalité de la communauté internationale exige le départ de Laurent Gbagbo et que celui-ci laisse le pouvoir à Alassane Ouattara, qu'elle reconnaît comme le vainqueur de la présidentielle du 28 novembre et, de ce fait, le chef de l'État légitime de la Côte d'Ivoire ".
Sanctions européennes
Huit jours après les Etats-Unis, c'est au tour des 27 de l'Union européenne (UE) de prendre des sanctions face au refus de M. Gbagbo d'admettre sa défaite électorale et de céder le pouvoir au président élu, Alassane Ouattara.
" L'Union européenne a accru la pression vendredi sur Laurent Gbagbo et ses proches en Côte d'Ivoire en décidant de geler leurs avoirs en Europe, après des interdictions de visa du fait de la crise politique. Les sanctions visent au total 85 personnes ainsi que onze " entités économiques ", selon la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton Maja Kocijancic.
Elles ciblent notamment les secteurs pétrolier, portuaire, bancaire, ainsi que les filières du cacao, du café et du caoutchouc naturel ", indique une dépêche de l'Agence France presse (AFP).
Ce gel des avoirs du clan Gbagbo intervient après une première série de sanctions qui ont visé 59 personnes dans son entourage, frappées d'interdiction de visa dans l'Union européenne. Ces mesures avaient été adoptées fin décembre.
Le paradis suisse démantelé
" La Suisse gèle les avoirs de Gbagbo et de Ben Ali ", révèle le mercredi 19 janvier, une dépêche de l'agence Reuters.
L'article note que " La Suisse a gelé mercredi les avoirs du président sortant ivoirien, Laurent Gbagbo, et de l`ancien chef de l`Etat tunisien, Zine ben Ali. "Le Conseil fédéral (gouvernement) a décidé lors de sa réunion d`aujourd`hui de geler les fonds en Suisse de l`ex-président tunisien et de son entourage, avec effet immédiat", a dit la ministre des Affaires étrangères et présidente de la Confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey lors d`une conférence de presse à Berne. Le Conseil fédéral a également décidé de geler les avoirs de Laurent Gbagbo, qui se maintient au pouvoir en Côte d`Ivoire bien que la communauté internationale ait certifié la victoire de son rival Alassane Ouattara à l`élection présidentielle du 28 novembre dernier. Ces décisions s'appliquent également à leur entourage, a déclaré Micheline Calmy-Rey. Aucun des deux pays n'a demandé d`entraide judiciaire à l`heure actuelle, a-t-elle ajouté. L'ordonnance, valable pour trois ans, entre en vigueur avec effet immédiat. Micheline Calmy-Rey, qui est socialiste, a déclaré que "la Suisse veut éviter que (ses) centres financiers servent à dissimuler illégalement des fonds" publics détournés ".
Des milliards détournés ?
Pendant que la communauté financière internationale met en marche sa stratégie, il semble que le clan Gbagbo ne garde pas les bras croisés. Selon le journal suisse " Le Matin Dimanche ", " Les milliards du clan Gbagbo ont déjà quitté la Suisse ".
Dans un article dont la sincérité n'est pas sans appel, mais non publiquement démenti, le journal fit savoir qu' " Alors que les risques de guerre civile s'accroissent chaque jour, le président autoproclamé Laurent Gbagbo se moque des sanctions internationales. Où se trouve sa fortune familiale, estimée à 6,5 milliards de francs (suisses, soit plus de 3.000 milliards, NDLR) ? Au Liban, en Afrique du Sud ou en Iran. Partout, sauf dans les coffres suisses ", écrit le journal suisse.
" Voilà donc Laurent Gbagbo, désormais défendu par Mes Jacques Verges et Roland Dumas, banni des pays développés, dont tous ceux de l'espace Schengen comprenant la Suisse. De là donc où se trouve le système financier qui accueille généralement les fortunes de la planète.
Conséquence ? Yverdon-les-Bains et son Grand Hôtel, comme l'a révélé récemment 24Heures, devront se passer du séjour annuel de Simone Gbagbo aux bains thermaux de la localité vaudoise. Le manque à gagner est de taille, la première dame et quelques personnes de sa suite séjournant "plusieurs semaines" au palace d'Yverdon. Le jet privé de Gbagbo, propriété officielle de l'Etat ivoirien, est toujours parqué devant les locaux de Jet Aviation, sur le tarmac de l'aéroport de Bâle-Mulhouse, tandis qu'un Fokker 100 du président contesté est, lui, bloqué à Saint Louis (Missouri, Etats-Unis), "pour non-paiement d'une facture de maintenance technique sur l'appareil".
Enfin, le quotidien français La Croix révélait la semaine dernière qu'une propriété de Vandœuvres, à Genève, a été vendue pour 15 millions de francs (suisses). Problème: cette villa appartenait, là aussi, à l'Etat ivoirien. Selon le journal français, c'est Laurent Gbagbo lui-même qui aurait donné l'ordre de vendre cette propriété "publique" et de transférer les fonds issus de la vente sur un compte de la Société Générale, en France, détenu au nom de la "présidence de la République" et non au bénéfice du Trésor public ivoirien. Trois épisodes récents qui posent, forcément, la question de la présence des avoirs du clan Gbagbo en Suisse. Selon Nicolas Haymoz, porte-parole de la Banque nationale suisse, les engagements ivoiriens auprès des banques suisses "s'élèvent à 393 millions (francs suisses), tandis que les prêts à des clients ivoiriens se montent, selon notre rapport sur les "Banques suisses 2009", à 126 millions de francs"'', révèle le journal.
Une chose est certaine, si le clan Gbagbo fait des pieds et des mains pour mettre son " butin " au frais, la détermination de la communauté financière internationale, qui a décidé de parler d'une seule et même voix, est elle, sans nuance, qui menace ce " butin " partout où il serait.
Prince B.