L'isolement politique et économique auquel est soumis le gouvernement Aké N'Gbo commence à lui peser. Au point que son porte-parole a confessé que ce n'est qu'à Abidjan, que le pouvoir est exercé par Laurent Gbagbo !
Le pouvoir de Laurent Gbagbo, président sortant se limiterait-il à Abidjan ? Tout porte à le croire, si on s'en tient aux propos de M. Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement Aké N'Gbo. Hier, sur les ondes d'une radio internationale, il a demandé à la France de reconnaître que c'est “le président Laurent Gbagbo'' qui exerce le pouvoir à Abidjan. Cette réaction faisait suite au refus du gouvernement français d'accorder un quelconque intérêt à la révocation de son ambassadeur par le président contesté.
Une chose très importante est à retenir des propos de M. Don Mello : l'isolement de Laurent Gbagbo est une réalité, contrairement à ce que ce dernier et ses proches font croire.
Réalité interne d'abord. Dans la mesure où en dehors de la ville d'Abidjan, Laurent Gbagbo ne peut se rendre nulle autre part ailleurs. Pas même à l'aéroport Félix Houphouet-Boigny, pour y accueillir ses “homologues'' dans le cadre des différentes médiations visant à sortir la Côte d'Ivoire de l'impasse. Et pourtant, ils sont tous ses amis. Il aurait bien pu le faire pour montrer à tous qu'il est le maître des lieux, contrairement à ce que le reste du monde soutient.
Sans oublier que depuis son hold-up électoral, il n'a pu se rendre une seule fois à la capitale politique, Yamoussoukro, malgré le soutien dont il bénéficie de la part des Forces de défense et de sécurité.
Et même, à Abidjan, ses déplacements se limitent à ceci : résidence-présidence ; présidence-résidence. En d'autres termes, Laurent Gbagbo est aussi isolé que le président élu.
Et, bien plus que lui. Puisque, ce dernier a non seulement le soutien de la majorité des Ivoiriens, notamment ceux de l'intérieur qui ont vu leurs droits lésés au profit d'une seule personne. Mais, aussi d'une bonne partie des forces de défense et de sécurité qui ne supportent plus que les leurs soient massacrés par des mercenaires étrangers ayant gonflé leurs rangs. Sans compter que les membres de son gouvernement, à commencer par le Premier ministre, Guillaume Soro, prennent part aux grandes rencontres internationales auxquelles la Côte d'Ivoire est partie. Car, la souveraineté d'un Etat, c'est surtout sur le plan international qu'elle s'exerce.
Mais, à entendre les proches de Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire n'a pas besoin de l'extérieur pour s'affirmer. Ce serait plutôt l'extérieur et surtout la France qui auraient plus besoin d'elle. Toutefois, l'ancien chef de l'Etat gagnerait à méditer cette phrase de Patrick Poivre d'Arvor (PPDA), journaliste et écrivain français, dans son œuvre L'irrésolu : «On ne se méfie jamais assez des ambitieux qui gravitent autour d'un chef. Bien souvent, ce sont eux qui infléchissent ses actions et qui, à force de le protéger, finissent par l'isoler dangereusement».
Que peut bien apporter un chef, qui plus est, un chef d'Etat, à son peuple s'il est lui-même isolé du reste du monde ?
Les grandes puissances qu'on accuse de vouloir piller les richesses de la Côte d'Ivoire, peuvent bien se passer d'elle, dans un futur très proche, si le besoin s'en faisait sentir. La preuve, ce n'est pas le seul pays que la nature a doté de ses richesses. Le monde d'aujourd'hui est tel que, du fait de la mondialisation, nul n'est indispensable.
Mais, que les pro-gbagbo ne s'y méprennent pas, ce n'est pas la Côte d'Ivoire qui est isolée, mais, Laurent Gbagbo et son gouvernement. En se présentant comme un héros qui lutte pour la dignité de son pays et de l'Afrique. Mais, comme l'a dit Henri Lamoureux, dans L'affrontement, « Ce ne sont pas les héros isolés qui font les révolutions. Ce sont les peuples et avant tout ceux qui en forment la majorité ». Aujourd'hui, cette majorité ne se trouve pas du côté l'ex-chef d'Etat qui a dû faire supprimer des voix pour se proclamer vainqueur.
Anne-Marie Eba
Le pouvoir de Laurent Gbagbo, président sortant se limiterait-il à Abidjan ? Tout porte à le croire, si on s'en tient aux propos de M. Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement Aké N'Gbo. Hier, sur les ondes d'une radio internationale, il a demandé à la France de reconnaître que c'est “le président Laurent Gbagbo'' qui exerce le pouvoir à Abidjan. Cette réaction faisait suite au refus du gouvernement français d'accorder un quelconque intérêt à la révocation de son ambassadeur par le président contesté.
Une chose très importante est à retenir des propos de M. Don Mello : l'isolement de Laurent Gbagbo est une réalité, contrairement à ce que ce dernier et ses proches font croire.
Réalité interne d'abord. Dans la mesure où en dehors de la ville d'Abidjan, Laurent Gbagbo ne peut se rendre nulle autre part ailleurs. Pas même à l'aéroport Félix Houphouet-Boigny, pour y accueillir ses “homologues'' dans le cadre des différentes médiations visant à sortir la Côte d'Ivoire de l'impasse. Et pourtant, ils sont tous ses amis. Il aurait bien pu le faire pour montrer à tous qu'il est le maître des lieux, contrairement à ce que le reste du monde soutient.
Sans oublier que depuis son hold-up électoral, il n'a pu se rendre une seule fois à la capitale politique, Yamoussoukro, malgré le soutien dont il bénéficie de la part des Forces de défense et de sécurité.
Et même, à Abidjan, ses déplacements se limitent à ceci : résidence-présidence ; présidence-résidence. En d'autres termes, Laurent Gbagbo est aussi isolé que le président élu.
Et, bien plus que lui. Puisque, ce dernier a non seulement le soutien de la majorité des Ivoiriens, notamment ceux de l'intérieur qui ont vu leurs droits lésés au profit d'une seule personne. Mais, aussi d'une bonne partie des forces de défense et de sécurité qui ne supportent plus que les leurs soient massacrés par des mercenaires étrangers ayant gonflé leurs rangs. Sans compter que les membres de son gouvernement, à commencer par le Premier ministre, Guillaume Soro, prennent part aux grandes rencontres internationales auxquelles la Côte d'Ivoire est partie. Car, la souveraineté d'un Etat, c'est surtout sur le plan international qu'elle s'exerce.
Mais, à entendre les proches de Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire n'a pas besoin de l'extérieur pour s'affirmer. Ce serait plutôt l'extérieur et surtout la France qui auraient plus besoin d'elle. Toutefois, l'ancien chef de l'Etat gagnerait à méditer cette phrase de Patrick Poivre d'Arvor (PPDA), journaliste et écrivain français, dans son œuvre L'irrésolu : «On ne se méfie jamais assez des ambitieux qui gravitent autour d'un chef. Bien souvent, ce sont eux qui infléchissent ses actions et qui, à force de le protéger, finissent par l'isoler dangereusement».
Que peut bien apporter un chef, qui plus est, un chef d'Etat, à son peuple s'il est lui-même isolé du reste du monde ?
Les grandes puissances qu'on accuse de vouloir piller les richesses de la Côte d'Ivoire, peuvent bien se passer d'elle, dans un futur très proche, si le besoin s'en faisait sentir. La preuve, ce n'est pas le seul pays que la nature a doté de ses richesses. Le monde d'aujourd'hui est tel que, du fait de la mondialisation, nul n'est indispensable.
Mais, que les pro-gbagbo ne s'y méprennent pas, ce n'est pas la Côte d'Ivoire qui est isolée, mais, Laurent Gbagbo et son gouvernement. En se présentant comme un héros qui lutte pour la dignité de son pays et de l'Afrique. Mais, comme l'a dit Henri Lamoureux, dans L'affrontement, « Ce ne sont pas les héros isolés qui font les révolutions. Ce sont les peuples et avant tout ceux qui en forment la majorité ». Aujourd'hui, cette majorité ne se trouve pas du côté l'ex-chef d'Etat qui a dû faire supprimer des voix pour se proclamer vainqueur.
Anne-Marie Eba