Dans la déclaration qui suit, les Bi-nationaux, en majorité des ressortissants français, écrivent aux députés français pour leur demander d’user de leur poids pour arrêter l’hémorragie en Côte d’Ivoire. Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration.
Adresse aux parlementaires français
Nous, binationaux (section France), résidant en Côte d’Ivoire, réaffirmons notre attachement à la Côte d’Ivoire, notre terre d’accueil, et, bien sûr, à notre mère patrie, la France. Ce faisant, Mesdames, Messieurs, Honorables Députés de la République Française, nous vous interpellons pour vous demander d’user de votre conscience citoyenne et humaniste, de toute votre influence, aussi, auprès du gouvernement français pour qu’il renonce à l’option de guerre envisagée en Côte d’Ivoire. En effet, vous députés français, vous êtes la voix du peuple de France, pays des droits de l’Homme et berceau de la démocratie. La crise a rebondi avec l’élection présidentielle de novembre 2010. Elle est politique, et doit trouver sa résolution de manière politique et diplomatique. Nous avons vécu, de près ou de loin, des faits surréalistes : des péripéties sordides, inhumaines, dans la zone CNO (Centre-Nord-Ouest), lors du 2è tour des Elections Présidentielles. Dans ces zones règnent en maîtres les rebelles (sous le commandement de M. Soro Guillaume, aujourd’hui dit premier ministre par/de M. Alassane Dramane Ouattara).
* la « proclamation des résultats » par M. Youssouf Bakayoko, Président de la CEI (Commission Electorale Indépendante), hors délais, en l’absence de tout autre membre de la CEI, hors du siège de cet organisme, dans l’enceinte du QG de campagne du candidat M. Alassane Dramane Ouattara et sur une chaîne étrangère (France 24).
* la « validation » des résultats de M. Youssouf Bakayoko par le représentant spécial de l’ONU, M. Choi. Nous observons que, seule habilité à le faire, le Conseil Constitutionnel a proclamé les résultats de l’élection présidentielle en ces termes :
-M. Laurent Gbagbo : 51,45 %
-M. Alassane Dramane Ouattara : 48,55 %. Sa décision revêt l’autorité de la chose jugée. Elle est irrévocable. Nous avons été et sommes encore particulièrement sensibles aux explications et appels au bon sens, inlassablement réitérés par les leaders de la majorité républicaine, destinés à éviter que les populations s’en prennent aux français résidant en Côte d’Ivoire. Les résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel, bien accueillis en général par la population, sont contestés par ceux qui soutiennent M. Alassane Dramane Ouattara (retranché dans un hôtel) encore aujourd’hui soutenu par la France et la communauté internationale. Ce soutien - en d’autres termes, cette politique d’ingérence - a pour but de destituer le Président Gbagbo par la force et d’imposer M. Alassane Dramane Ouattara. Ainsi, l’ONUCI est devenue, malheureusement dans les faits, une force belligérante; notamment, en soutenant la rébellion et en participant aux affrontements du jeudi 16 décembre 2010 à l’Hôtel du Golf; en témoignent les images diffusées dans le journal télévisé de TF1. Elle a outrepassé sa mission en tirant à balles réelles, à différentes occasions sur la population civile, non armée, qui s’opposait à ces manœuvres de déstabilisation politique. Pour nous, il est clair que les conséquences de cette politique de violation de la Souveraineté de la Côte d’Ivoire frapperont, à la fois et la Côte d’Ivoire et la France. Pour la Côte d’Ivoire :
-les vrais dangers ne sont pas ceux d’une guerre civile - qui se déclenche à partir de conflits ethniques ou religieux - ou ceux d’un génocide, comme au Rwanda;
-les vrais dangers sont ceux d’une guerre importée avec son corollaire de morts, de déplacés et de réfugiés commun à toutes les guerres; contexte sinistre et, partout dans le monde, favorable à des affrontements irrationnels que l’on dit ethniques quand il s’agit de l’Afrique (sic).
-les vrais dangers sont ceux d’un embrasement dans les pays de la sous région dont les populations commencent déjà à réagir.
- les vrais dangers sont les conséquences économiques désastreuses pour la Côte d’Ivoire, pour la sous région et l’Afrique toute entière ; ils sont, aussi, le chaos qui en résultera au plan de l’éducation, de la santé...tout ce qu’il est convenu d’appeler «l’humanitaire». Pour la France, les vrais dangers sont :
- l’afflux migratoire des africains de la sous région vers l’Europe en pleine crise économique ;
- le rayonnement de la France, mis à rude épreuve par la sous-estimation de la capacité de réaction du peuple ivoirien décidé, du fait de son évidente maturité, à défendre sa Souveraineté et sa Dignité.
- la détérioration de son tissu économique en Afrique.
Pour nos deux pays, le vrai danger c’est :
- la perspective d’attentats perpétrés par des groupuscules terroristes, dont la formation est inhérente à ce genre de conflit.
S’il en était besoin, nous tenons à rappeler, ici :
-d’une part, les grands principes de la Francophonie, placée sous le contrôle de la France, qui consistent à reconnaître que les Cours Constitutionnelles sont les gardiennes de l’état de droit ; que la mission fondamentale de la Francophonie est de promouvoir la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme.
-d’autre part, les déclarations du Président Sarkozy qui auraient pu faciliter le règlement de la crise : « Plus d’ingérence dans les affaires africaines, l’Afrique doit prendre son destin en main. (...). La Françafrique est morte et nous devons reconstruire de nouvelles relations bâties sur des rapports gagnants-gagnants ». En bref, il s’agit bien d’affirmer, pour la France, son engagement à respecter la Souveraineté et la Constitution des Etats africains. Cela aurait dû constituer une contrainte qu’elle n’a pas respectée du fait de sa précipitation à prendre fait et cause pour Monsieur Alassane Dramane Ouattara. La Côte d’Ivoire a vécu des moments difficiles en novembre 2004; nous binationaux, nous ne voulons plus revivre cela. Nos deux peuples ont tout à gagner dans une coopération loyale et fructueuse. Nous binationaux de Côte d’Ivoire, vivant en bonne harmonie (pour certains depuis plus de 40 ans) dans ce pays que nous ne quitterons pas, nous subirons, comme toute la population, les conséquences de cette politique inique qui blesse notre sensibilité française et dont nous ne comprenons pas les fondements. Représentants du Peuple français, nous vous prenons à témoin. Et nous vous demandons expressément de venir vérifier les faits afin de renouer le fil du dialogue et d’intervenir en faveur de la normalisation des rapports de la France avec la Côte d’Ivoire. C’est la seule et juste issue pour la sortie de la crise qui frappe très douloureusement la Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan, le 08 Janvier 2011
Joachim Boguhet
Président de l’Association des Binationaux de Côte d‘Ivoire
Adresse aux parlementaires français
Nous, binationaux (section France), résidant en Côte d’Ivoire, réaffirmons notre attachement à la Côte d’Ivoire, notre terre d’accueil, et, bien sûr, à notre mère patrie, la France. Ce faisant, Mesdames, Messieurs, Honorables Députés de la République Française, nous vous interpellons pour vous demander d’user de votre conscience citoyenne et humaniste, de toute votre influence, aussi, auprès du gouvernement français pour qu’il renonce à l’option de guerre envisagée en Côte d’Ivoire. En effet, vous députés français, vous êtes la voix du peuple de France, pays des droits de l’Homme et berceau de la démocratie. La crise a rebondi avec l’élection présidentielle de novembre 2010. Elle est politique, et doit trouver sa résolution de manière politique et diplomatique. Nous avons vécu, de près ou de loin, des faits surréalistes : des péripéties sordides, inhumaines, dans la zone CNO (Centre-Nord-Ouest), lors du 2è tour des Elections Présidentielles. Dans ces zones règnent en maîtres les rebelles (sous le commandement de M. Soro Guillaume, aujourd’hui dit premier ministre par/de M. Alassane Dramane Ouattara).
* la « proclamation des résultats » par M. Youssouf Bakayoko, Président de la CEI (Commission Electorale Indépendante), hors délais, en l’absence de tout autre membre de la CEI, hors du siège de cet organisme, dans l’enceinte du QG de campagne du candidat M. Alassane Dramane Ouattara et sur une chaîne étrangère (France 24).
* la « validation » des résultats de M. Youssouf Bakayoko par le représentant spécial de l’ONU, M. Choi. Nous observons que, seule habilité à le faire, le Conseil Constitutionnel a proclamé les résultats de l’élection présidentielle en ces termes :
-M. Laurent Gbagbo : 51,45 %
-M. Alassane Dramane Ouattara : 48,55 %. Sa décision revêt l’autorité de la chose jugée. Elle est irrévocable. Nous avons été et sommes encore particulièrement sensibles aux explications et appels au bon sens, inlassablement réitérés par les leaders de la majorité républicaine, destinés à éviter que les populations s’en prennent aux français résidant en Côte d’Ivoire. Les résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel, bien accueillis en général par la population, sont contestés par ceux qui soutiennent M. Alassane Dramane Ouattara (retranché dans un hôtel) encore aujourd’hui soutenu par la France et la communauté internationale. Ce soutien - en d’autres termes, cette politique d’ingérence - a pour but de destituer le Président Gbagbo par la force et d’imposer M. Alassane Dramane Ouattara. Ainsi, l’ONUCI est devenue, malheureusement dans les faits, une force belligérante; notamment, en soutenant la rébellion et en participant aux affrontements du jeudi 16 décembre 2010 à l’Hôtel du Golf; en témoignent les images diffusées dans le journal télévisé de TF1. Elle a outrepassé sa mission en tirant à balles réelles, à différentes occasions sur la population civile, non armée, qui s’opposait à ces manœuvres de déstabilisation politique. Pour nous, il est clair que les conséquences de cette politique de violation de la Souveraineté de la Côte d’Ivoire frapperont, à la fois et la Côte d’Ivoire et la France. Pour la Côte d’Ivoire :
-les vrais dangers ne sont pas ceux d’une guerre civile - qui se déclenche à partir de conflits ethniques ou religieux - ou ceux d’un génocide, comme au Rwanda;
-les vrais dangers sont ceux d’une guerre importée avec son corollaire de morts, de déplacés et de réfugiés commun à toutes les guerres; contexte sinistre et, partout dans le monde, favorable à des affrontements irrationnels que l’on dit ethniques quand il s’agit de l’Afrique (sic).
-les vrais dangers sont ceux d’un embrasement dans les pays de la sous région dont les populations commencent déjà à réagir.
- les vrais dangers sont les conséquences économiques désastreuses pour la Côte d’Ivoire, pour la sous région et l’Afrique toute entière ; ils sont, aussi, le chaos qui en résultera au plan de l’éducation, de la santé...tout ce qu’il est convenu d’appeler «l’humanitaire». Pour la France, les vrais dangers sont :
- l’afflux migratoire des africains de la sous région vers l’Europe en pleine crise économique ;
- le rayonnement de la France, mis à rude épreuve par la sous-estimation de la capacité de réaction du peuple ivoirien décidé, du fait de son évidente maturité, à défendre sa Souveraineté et sa Dignité.
- la détérioration de son tissu économique en Afrique.
Pour nos deux pays, le vrai danger c’est :
- la perspective d’attentats perpétrés par des groupuscules terroristes, dont la formation est inhérente à ce genre de conflit.
S’il en était besoin, nous tenons à rappeler, ici :
-d’une part, les grands principes de la Francophonie, placée sous le contrôle de la France, qui consistent à reconnaître que les Cours Constitutionnelles sont les gardiennes de l’état de droit ; que la mission fondamentale de la Francophonie est de promouvoir la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme.
-d’autre part, les déclarations du Président Sarkozy qui auraient pu faciliter le règlement de la crise : « Plus d’ingérence dans les affaires africaines, l’Afrique doit prendre son destin en main. (...). La Françafrique est morte et nous devons reconstruire de nouvelles relations bâties sur des rapports gagnants-gagnants ». En bref, il s’agit bien d’affirmer, pour la France, son engagement à respecter la Souveraineté et la Constitution des Etats africains. Cela aurait dû constituer une contrainte qu’elle n’a pas respectée du fait de sa précipitation à prendre fait et cause pour Monsieur Alassane Dramane Ouattara. La Côte d’Ivoire a vécu des moments difficiles en novembre 2004; nous binationaux, nous ne voulons plus revivre cela. Nos deux peuples ont tout à gagner dans une coopération loyale et fructueuse. Nous binationaux de Côte d’Ivoire, vivant en bonne harmonie (pour certains depuis plus de 40 ans) dans ce pays que nous ne quitterons pas, nous subirons, comme toute la population, les conséquences de cette politique inique qui blesse notre sensibilité française et dont nous ne comprenons pas les fondements. Représentants du Peuple français, nous vous prenons à témoin. Et nous vous demandons expressément de venir vérifier les faits afin de renouer le fil du dialogue et d’intervenir en faveur de la normalisation des rapports de la France avec la Côte d’Ivoire. C’est la seule et juste issue pour la sortie de la crise qui frappe très douloureusement la Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan, le 08 Janvier 2011
Joachim Boguhet
Président de l’Association des Binationaux de Côte d‘Ivoire