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Politique Publié le mardi 25 janvier 2011 | Le Temps

Lu pour vous/ Cabale contre la Cote D’ivoire : Les vérités de Don Mello à la France

L’activisme de la France pour isoler la Côte d’Ivoire est en marche. Malgré tout, le gouvernement Aké N’Gbo semble déterminé à résister aux dérives néocolonialistes de la France. Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement l’a réaffirmé au confrère Frat-mat dans son édition, d’hier. Nous vous proposons l’intégralité de l’interview à bâtons rompus.

M. Le porte-parole du gouvernement ce samedi, la conférence des chefs d’Etat de l’Uemoa s’est alignée sur la position de la Cedeao en ne reconnaissant que M. Alassane Ouattara comme le président élu ivoirien. Après vos mises en garde et autres interpellations, vous attendiez-vous à cette décision ?

Comme vous le savez, le gouvernement Aké N’Gbo est une équipe responsable et donc nous avions élaboré toutes les hypothèses. On était prêt à toutes les éventualités et nous avons pris les précautions judiciaires pour attaquer la décision du conseil des ministres de l’Union (tenue le 23 décembre dernier). Pour vous dire que ce qui vient de se passer était une des hypothèses.

Vous avez attaqué la décision devant une juridiction ouest-africaine. Quels sont les arguments que vous développez pour défendre votre cause ?

Nous nous sommes d’abord appuyés sur les textes qui régissent l’Uemoa. Cette Union est une association qui a des règles claires : il y a une indépendance totale entre la Bceao et l’organe politique qui est la conférence des ministres ou des chefs d’Etat. Nous estimons que cette grande première est une violation grave des règles qui régissent notre Institution commune.

A cette réunion de Bamako non seulement le Gouverneur Dacoury-Tabley a démissionné, mais l’accord tache qui réservait le poste de gouverneur de la Bceao à la Côte d’Ivoire semble avoir été remis en cause. Quel commentaire en faites-vous ?

C’est là encore des actes qui n’ont aucun fondement juridique. Le gouverneur a été contraint à la démission. Nous nous y opposons.

Sa démission n’est pas volontaire ?

Elle n’est pas volontaire et comme je l’ai dit tantôt, elle est, selon nous, nulle et de nul effet. Nous ne reconnaîtrons donc pas du tout le nouveau gouverneur qui va être désigné pour le remplacer.

Comment va concrètement s’exercer votre décision de nullité de la décision des chefs d’Etat de l’Uemoa qui a porté son choix sur le Burkinabé Jean-Baptiste Compaoré ?

C’est la dialectique entre la loi et la réalité. Autant, ils ont violé la loi en se comportant comme ils l’ont fait, autant en Côte d’Ivoire, la réalité du pouvoir économique et financier est entre les mains du Président Laurent Gbagbo. Nous continuerons donc à fonctionner comme bon nous semble. Et des dispositions sont prises pour faire face à ce qui se passe, en ce moment.

Pensez-vous, dans ce cas, vous retirer de l’Uemoa si votre gouvernement n’est pas sur la même longueur d’onde que les autres Etats de la sous-région ?

Pour le moment, nous n’en sommes pas encore là. Mais en tout état de cause, nous sommes un Etat souverain et continuerons d’exercer notre responsabilité en tant que tel.

Dans le cadre de la réciprocité, vous avez annoncé la révocation de certains ambassadeurs dont le premier en date est celui de la France. Comment cette mesure s’applique-t-elle alors que ces différents pays qui ne reconnaissent pas Laurent Gbagbo comme le Président élu, déclarent vos vos décisions nulles et nul effet ?

Mieux vaut peut-être en rire. Le territoire gouvernemental est sous le contrôle du Président Laurent Gbagbo, de même que l’administration qui est l’interlocuteur de l’ambassadeur. Maintenant, s’ils ne reconnaissent pas nos décisions, avec qui vont-ils dialoguer dans leurs rapports avec la Côte d’Ivoire?

Avec le président qu’ils reconnaissent.

Oui, mais qui est sans domicile fixe et qui, de surcroît, n’a ni administration, ni territoire. Donc, ils reconnaissent Ovni (objet volant non identifié, ndlr).

Comme ces pays ne reconnaissent pas votre administration et les ambassadeurs qui se réclament de vous, comment, concrètement, les Ivoiriens vont-ils faire pour avoir leurs visas et autres papiers consulaires ?

Cette question n’a jamais posé de difficultés réelles puisque l’ambassade en tant qu’institution existe.

Pour être plus précis, la France a accrédité, en lieu et place de Pierre Kipré, Aly Coulibaly que M. Ouattara a désigné. Comment les choses vont-elles se passer au plan pratique ?

Nous allons arrêter bientôt une nouvelle procédure d’acquisition des visas et autres papiers. Seuls ceux qui la suivront auront leurs papiers et autres documents consulaires. Ne pourront donc entrer en Côte d’Ivoire que ceux qui suivront cette procédure.

La Côte d’Ivoire, avec les mesures qui sont prises contre les autorités et des sociétés d’Etat accusées de composer avec un «gouvernement illégitime», est presque sous embargo. Quelles sont vos solutions pour sortir de l’isolement économique et diplomatique ?

Il ne s’agit pas du tout d’un isolement économique ou diplomatique, mais de nos relations avec un seul pays, la France et un seul continent, l’Europe. Je voudrais vous rappeler que le monde est constitué de cinq continents qui ne constituent pas l’Union européenne. C’est donc l’Europe qui s’isole de la Côte d’Ivoire à la différence du reste du monde qui continue de coopérer normalement avec notre pays et son régime établi.

Mais au plan sous-régional, en ne reconnaissant que M. Ouattara comme le président élu, la Cedeao va-t-elle coopérer avec votre régime ?

Mais la Cedeao, c’est la Côte d’Ivoire car notre pays est essentiel dans cette organisation ouest-africaine.

La crise post-électorale actuelle n’a-t-elle pas un impact négatif sur nos relations politiques, commerciales et diplomatiques avec la sous-région ?

Certainement qu’il y aura un impact, mais la responsabilité d’un gouvernement, c’est d’identifier l’ensemble des impacts et d’y trouver des solutions. Lorsque la Côte d’Ivoire a été divisée en deux à partir de septembre 2002, il y a eu un impact, mais cela n’a pas affecté l’évolution du port d’Abidjan qui a trouvé des voies et moyens pour continuer non seulement à vivre, mais à développer ses activités. Cette activité n’a pas eu non plus d’impact sur l’économie puisque nous sommes passés de six mille milliards de francs à dix milliards de Pib. Nos recettes budgétaires n’ont pas souffert de cette situation de partition du pays puisque bien que la partie Nord du pays ne payât pas d’impôt, les recettes ont été multipliées par deux. Nous sommes passés de 1280 milliards de Fcfa de ressources budgétaires en 2000 à près de 2500 milliards de Fcfa en 2010.

Vous voyez que tout est une question de stratégie. A chaque problème, ses solutions les plus appropriées et la Côte d’Ivoire a suffisamment d’intelligence pour trouver des solutions aux problèmes qui vont se poser.

Cette crise n’encourage-t-elle pas la diversification des partenaires pour sortir du face-à-face avec la France ?

C’est l’évidence même. C’est dans cette dynamique que Laurent Gbagbo a positionné la Côte d’Ivoire depuis son premier mandat. Nous estimons que la mondialisation ne doit pas être l’apanage des pays développés, mais une opportunité pour les Africains de sortir du sous-développement et de la dépendance pour emprunter la voie de l’indépendance économique. Dans cette dynamique, nous jouons à fond le jeu de la mondialisation.

Dans cette perspective, est-il envisagé que la Côte d’Ivoire, à l’instar d’autres pays ouest-africains, crée sa propre monnaie ?

Nous n’en sommes pas arrivés là, mais si nous y sommes contraints, on avisera. Ce qui est certain, on n’étouffera pas la Côte d’Ivoire, y compris sur le plan monétaire.

Monsieur le porte-parole, vous avez rendu publiques plusieurs mesures gouvernementales dont le départ de l’Onuci qui n’est pas encore effectif et la révocation de certains ambassadeurs dont ceux du Canada, de la Grande-Bretagne et de la France. Les Ivoiriens ont l’impression que ce sont des effets d’annonce.

Ils se trompent. Car celui qui reste malgré nos décisions, reste comme un citoyen ordinaire d’un autre pays. Nous ne sommes pas un Etat fermé ; la Côte d’Ivoire est un pays ouvert qui réunit plus de 26% d’immigrés ; ce sont donc des immigrés en plus ou des touristes. Nous ne sommes pas hostiles et n’allons pas chasser des citoyens d’autres pays, mais du point de vue des relations diplomatiques, c’est terminé. Nous ne coopérons plus avec les ambassadeurs révoqués. C’est ça le plus important.

Et avec l’Onuci qui continue de parcourir les rues du pays avec ses convois alors que vous avez aussi demandé son départ.

Je veux dire que lorsque vous faites une requête, surtout dans la dynamise des relations avec les organisations multinationales, cela prend du temps. Soyons patients. En tout état de cause, les Ivoiriens doivent être rassurés ; la Côte d’Ivoire mettra tout en œuvre pour retrouver sa pleine souveraineté et son indépendance. Le temps que cela prendra importe peu, mais l’objectif est clair et non négociable. Nous avons mis les décennies pour mettre fin à l’occupation coloniale ; cette occupation prendra aussi fin.

Dans cette dynamique d’indépendance, le gouvernement Aké N’Gbo a rendu public son budget 2011 qui s’élève à 2907 milliards de nos francs. Comment allez-vous l’équilibrer en recettes ?

En recettes, vous savez que l’économie ivoirienne est basée sur l’agriculture, et notamment le cacao. Le comportement de cette denrée est celui de l’économie nationale ; en plus du cacao, il y a le pétrole. Le cacao a un comportement qui s’adapte à la crise : quand une crise survient, le prix augmente et donc nos ressources sont à la hausse.

Ces prévisions ne sont-elles pas aléatoires ?

Pas du tout. La Côte d’Ivoire fait 40% de la production mondiale. Lorsque le risque pays augmente, la demande du cacao augmente également pour se couvrir du risque et par conséquent, les prix flambent. C’est ce qui a été observé en 2002. Notre économie s’adapte à la crise. Et donc nous réaliserons nos recettes fondées sur l’agro-industrie et le pétrole. Quant aux autres ressources dont celles venant des entreprises, nous n’avons pas d’inquiétudes. Si les entreprises font de bonnes affaires, il n’y a pas de raison qu’elles ne paient pas leurs impôts.

Pourtant le président de la Chambre de commerce et d’industrie a demandé à ses adhérents de procéder à une désobéissance fiscale. N’y a-t-il pas péril en la demeure ?

Le responsable dont vous parlez a été le premier à payer ses impôts.

N’y a-t-il pas été contraint ?

Je vous dis qu’il a été le premier à honorer ses engagements vis-à-vis, du fisc, malgré le mot d’ordre.

Vous savez sans doute que son passeport lui a été retiré et qu’il est interdit de sortir du pays. N’a-t-il pas subi des pressions ?

Non, pas du tout. Il a payé ses impôts avant même de lancer le mot d’ordre de désobéissance fiscale.

Ne ferez-vous pas appel à des financements extérieurs pour le budget 2011 ?

Non. Nous ne sommes plus dans cette logique d’aide et de subvention, parce que nous estimons que la Côte d’Ivoire doit prendre toutes ses responsabilités. Nous parlons davantage de mobilisation de toutes les ressources internes pour faire face à nos dépenses. Le reste relève de relations d’affaires. Nous pouvons emprunter sur le marché financier ou développer des rapports de partenariat avec des pays amis. C’est ce que tous les pays non mendiants font.

Le gouvernement précédent a fait beaucoup d’efforts pour atteindre les initiatives Ppte. Où en êtes-vous avec la crise actuelle ?

Pour nous, l’objectif de l’initiative Ppte, c’est de réduire la dette extérieure, qui constitue un boulet.

C’est pourquoi, dans notre budget, nous avons prévu le paiement de la dette extérieure qui a quand même chuté, passant de 591 milliards de nos francs à 345 milliards de Fcfa, ce qui devient de plus en plus supportable par le budget et d’ici peu, nous pensons que la dette extérieure ne sera plus qu’un vieux souvenir.

Les relations orageuses avec la France et l’Union européenne ne peuvent-elles pas entrainer des difficultés financières pour la Côte d’Ivoire ?

Le budget que nous avons confectionné tient compte du contexte de crise dans lequel nous évoluons. Il est assis sur l’économie, réelle de la Côte d’Ivoire qui a su, depuis 2002, s’adapter à la crise. Qui aurait pu penser que les ressources de l’Etat auraient augmenté après la rébellion en 2002 ? Personne. Nous sommes toujours dans cette dynamique d’adaptation de notre économie à la crise. Nous pensons que le cacao, le pétrole, l’agro-industrie vont continuer de bien se comporter et les entreprises de faire de bonnes affaires, de même que l’Etat.

Avez-vous raison d’être optimiste quand des entreprises ferment ?

Le temps nous donnera raison, comme il nous a donné raison depuis 2002.

L’Union africaine se réunit à la fin de ce mois et la crise ivoirienne sera le plat de résistance, au point que le Président français s’est invité à ce sommet. Votre régime a-t-il des espoirs de pouvoir s’en sortir politiquement ?

La crise que nous traversons est politique et un jour ou l’autre, il faudra lui trouver une issue politique. Nous avons fait des propositions concrètes, car c’est une crise issue des élections.

Nous disons que tous les documents électoraux (bulletins de vote, listes d’émargement, Pv) existent. La seule chose à faire et qui est moins coûteuse est de s’asseoir autour d’une table et de chercher la vérité des urnes. Une fois que cette vérité sera sue, chacun s’y pliera.

La vérité, selon vos adversaires est connue : c’est Laurent Gbagbo qui a perdu.
Sur quelle base fondent-ils leurs arguments ? Le mercredi 1er décembre, à minuit, il y avait sur les 19 régions de Côte d’Ivoire, 14 qui font 80% de l’électorat dont les résultats étaient consolidés par les 31 membres centraux de la Commission électorale indépendante. Ces résultats consolidés donnaient 53,87% à Laurent Gbagbo et 46,13% à Alassane Ouattara. Les résultats des cinq autres régions étaient en examen, compte tenu des nombreuses irrégularités qui étaient visibles et qui ont été révélées autant par le système électronique que par le comptage manuel. Que s’est-il passé entre le mercredi à minuit où Gbagbo était en tête dans quatorze régions et le jeudi à 16h ?

Rien du tout. Les résultats qui ont été annoncés par Youssouf Bakayoko, militant du Rhdp et non le président de la Cei, sont les résultats du Qg d’Alassane Ouattara où il est allé les annoncer.

A partir de quels documents ?

De ceux qui étaient sur le site web du candidat Ouattara. Pour nous, ce ne sont pas les résultats de la Cei qui ont été annoncés puisque l’institution n’avait pas consolidé ceux de cinq régions, et donc de l’ensemble des 19 régions. La seule vérité, pour nous, ce sont les résultats consolidés et ceux du Conseil constitutionnel. Cette haute juridiction a donné Laurent Gbagbo vainqueur au vu des irrégularités. On ne peut donc pas tenir compte des résultats du Qg de Ouattara puisque ceux-là sont différents de ceux du Qg de Laurent Gbagbo.

Les résultats de notre Institution ne sont pas reconnus et aujourd’hui, il est question de chasser le Président Laurent Gbagbo par la force.

Dites-nous qui ne reconnaît pas les résultats de la présidentielle ? Pas les Institutions ivoiriennes.

Elles ont donné Laurent Gbagbo vainqueur. Ceux qui contestent les résultats du Conseil constitutionnel sont ceux qui refusent la vérité des urnes. C’est tout. C’est pourquoi, il faut s’asseoir et compter des bulletins de vote au lieu de compter des morts.

La communauté sous-régionale et internationale, au détriment de la voie du dialogue, privilégie l’usage de la force.

Il ne s’agit pas de la communauté internationale, mais des parrains de la rébellion qui ont attaqué la Côte d’Ivoire et qui se cachent maintenant derrière des résultats truqués de l’élection présidentielle fabriqués au Qg de Ouattara pour parvenir à leurs fins. En 2002, ils ont bien attaqué un candidat élu démocratiquement. Qui a protesté ? Où était cette fameuse communauté internationale ? Elle a soutenu la rébellion contre le Président élu. En 2004, elle est allée plus loin, elle a agressé la population ivoirienne avec l’aide de l’armée française de l’opération Licorne. Qui a protesté ? C’est cette même communauté internationale qui, aujourd’hui, soutient une tricherie électorale contre la démocratie, la légalité et la souveraineté de la Côte d’Ivoire. C’est donc le prolongement de la campagne de subversions. S’il y a une chose que cette communauté internationale devait dénoncer, c’est la rébellion et ses conséquences que nous vivons jusqu’à aujourd’hui. Pourquoi a-t-elle été silencieuse et pourquoi, brusquement, se réveille-t-elle?

Votre gouvernement est-il prêt à la guerre ?

Non, nous ne sommes pas des guérilléros. Vous savez qui sont ceux-là ! Ils attaquent la Côte d’Ivoire depuis 2002. Une partie est au Nord, une autre est à l’Hôtel du Golf. On a vu leur réaction le 16 décembre dernier lors de leur marche dite pacifique, avec des liaisons objectives avec les forces onusiennes. Laurent Gbagbo est constant. Depuis 1982, il a choisi la voie de la transformation pacifique de la société ivoirienne. Et même quand il a été attaqué en 2002, il a accepté de dialoguer avec ceux qui avaient le sang et les armes en main. Il n’y a pas plus pacifique que lui. Il est allé jusqu’à proposer le Dialogue direct à la rébellion.

En choisissant comme médiateur de ce dialogue celui dont le pays a servi de sanctuaire à la rébellion, Laurent Gbagbo avait-il fait le bon choix ?

Vous savez, en politique, il faut toujours faire confiance. Nous avons fait confiance. C’est tout.

Votre confiance a-t-elle trahi ?

Vous le constatez vous-même.

La crise post-électorale n’est-elle pas en train de retarder la réunification du pays ?

Pas du tout. C’est une question de temps. Dans la dynamique dans laquelle nous nous trouvons, nous sommes arrivés à un point qu’on peut appeler le jugement dernier. Parce que tous les acteurs sont maintenant présents, tous ceux qui se cachaient marchent maintenant à visage découvert. Le temps est venu où l’on a maintenant les bons interlocuteurs et on espère trouver le bon médiateur pour sortir de la crise définitivement. Et ainsi, nous nous engagerons dans la logique de recouvrement de la totalité du territoire ivoirien.

Pendant ce temps, la Cedeao prépare activement une intervention militaire. Ses Chefs d’état-major, après Abuja, viennent de se réunir à Bamako. Des travaux sont entrepris pour réhabiliter, apprend-on l’aéroport de Bouaké où des mouvements d’avion s’effectueraient. Le gouvernement ivoirien est-il prêt à faire face à une telle éventualité ?

C’est du bluff parce que d’abord, aucun texte n’autorise une armée sous-régionale à s’attaquer à la Côte d’Ivoire. En plus, la Côte d’Ivoire, c’est la Cedeao en modèle réduit. Est-ce que cette organisation peut s’attaquer à elle-même sans risque d’embraser toute la sous-région ?

N’êtes-vous pas en train de faire chanter les chefs d’Etat dont les populations vivent massivement en Côte d’Ivoire ?

C’est une réalité, ce n’est pas du chantage. Vraisemblablement, est-ce que la Cedeao peut attaquer la Cedeao ? Ce n’est pas possible. Ce sont donc des pressions qui sont exercées sur les autorités régulières. En tout état de cause, l’armée ivoirienne est l’une des mieux loties de l’Afrique de l’Ouest. Et elle est déterminée. Le peuple de Côte d’Ivoire qui soutient son armée et son chef est autant déterminé, comme il l’a été en 2000 pour chasser le Général Guéi Robert, en 2002 au déclenchement de la rébellion armée après l’échec du coup d’Etat et en 2004 avec les événements de novembre.

Pourtant cette armée aussi déterminée soit-elle n’a pas pu mater la rébellion armée.

Certes, mais vous convenez avec moi qu’en 2002, on dormait et cette rébellion nous a surpris. Maintenant qu’on nous prépare un coup à ciel ouvert, nous dormirons les yeux ouverts. Et nous sommes prêts à faire face à toutes les éventualités.

Pour l’instant, vous bénéficiez du soutien de la population qui ne suit pas les mots d’ordre de désobéissance et de grève lancés par vos adversaires. Jusqu’à quand va-t-elle tenir ?
La population ivoirienne nous soutient depuis 2000, en descendant dans la rue pour retirer le pouvoir des mains des militaires pour le donner à Laurent Gbagbo. Elle ne cesse de nous soutenir depuis ces épreuves. Rassurez-vous, tant que nous maintiendrons le cap de notre désir de sortir la Côte d’Ivoire de la dépendance, son soutien ne nous fera pas défaut.

Avez-vous, au plan international, des amis ?

Bien sûr que nous avons des amis ; sinon comment vivons-nous depuis 2002 ? Vous avez vu les premiers pas du pouvoir de Laurent en 2000, 2001 et 2002. Ces relations se sont consolidées à travers le temps puisque nous avons vécu en toute indépendance. Depuis 2000, nous avons pu développer des relations dans la stratégie de la mobilisation de l’économie et de la coopération Sud-Sud que le Président de la République a mise en œuvre. Nous avons donc pu diversifier nos relations sur les cinq continents. Si un seul continent s’isole de la Côte d’Ivoire, cela ne veut pas dire que notre pays est isolé, au contraire, il a l’opportunité des quatre autres continents. Donc, ne confondons pas la France et ses amis avec la communauté internationale.

A l’allure où vont les choses, pensez-vous à entrer en possession des fonds ivoiriens disponibles au Trésor français ?

Nous aviserons selon la dynamique de la crise.

In Frat-Mat
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