Une armée en quête d’une nouvelle légitimité

Fiers de leur armée ? Les Ivoiriens sont loin de l’être. Certains en ont même honte. Comment pouvait-il en être autrement avec une armée dont le chef d’état-major (Cema), plus star qu’homme de terrain, n’hésite pas à se reconvertir en ‘’Dj’’ pour égayer des civils ? Les patrons des autres armées sont des mythes. Leurs sorties à la télévision sont des événements. Certains citoyens confondent le nôtre avec les animateurs de la télé parce qu’il est trop présent sur le petit écran. Et, si seulement ses sorties intempestives étaient faites pour rassurer le peuple ! Si seulement, il prenait le parti de la vérité ! Que non ! Le poisson pourrit par la tête, dit l’adage. L’armée est à son image. Les Ivoiriens n’ont pas moins honte d’autres officiers, sous-officiers et hommes du rang de notre chère armée. Depuis 2002, lorsque la population entend armée de Côte d’Ivoire, elle pense automatiquement à défaite, échec, trouille, couardise, fuite, pleutrerie, etc. Au début de la crise armée qu’a connue le pays, la population désignait, ironiquement, les Fds par le terme « frayaliste » (fuyard) en déformation de « loyaliste ». Elles ont montré qu’elles sont prêtes pour tout, sauf le combat. Les Ivoiriens ne peuvent assurément pas être fiers d’une armée qui n’a de coura… que quand il s’agit de se mesurer à des civils aux mains nues. Mais qui n’hésite pas à fuir devant des casques bleus en pleine journée dans les rues du Plateau. Que penseront ces soldats venus d’ailleurs ? Que diront-ils de l’armée ivoirienne une fois retournés chez eux ? Les citoyens qui se posent ces questions ne peuvent qu’avoir honte de leur armée. Une armée dont les membres sont devenus des organisateurs de concours de téléréalité. Une armée de chanteurs qui ne se gênent pas pour enregistrer leurs clips à l’état-major ou à l’école de gendarmerie. Les Ivoiriens ne sont pas fiers de leur armée parce qu’elle parle trop alors qu’elle est censée être muette. Une armée devenue aussi babile qu’une simple association de civils. Comme d’autres appareils de l’Etat, cela aussi doit changer.

B.K.I.