On attend beaucoup de personnes, surtout celles qui suivent le Machiavel des Lagunes dans ses dérives, proclamer qu’elles soutiennent les Institutions, qu’elles ont toujours soutenu les Institutions et que seules ces Institutions traduisent notre indépendance. Mais, au fond, c’est quoi une institution ? A cette question, elles répondent : regardez bien Laurent Gbagbo, c’est cela l’institution. Regardez bien Yao N’Dré, c’est cela l’institution. Même le chef de notre Armée entonne le même discours. A quoi sert donc une institution ? Là, la question reste pratiquement sans réponse. La première Institution, c’est-à dire Laurent Gbagbo, a pour mission de faire passer sa maisonnée du statut de gagne-petit à celui de fortune la plus grosse au monde. Cette Institution-là, travaillant pour un certain type d’Ivoiriens a donc besoin que l’on la supporte dans sa tâche herculéenne. La deuxième Institution, c’est-à-dire Yao N’Dré, a pour raison d’être, de permettre à la première Institution de travailler à perpétuité pour le groupuscule qui forme son clan. La troisième, celle qui devait être muette mais qui bavarde plus qu’une pie, l’Armée conduite par un chef qui engrange des galons plus vite que son ombre, est plus que la gardienne du temple. Cerbère qu’elle est devenue, elle use aisément du canon pour écarter d’éventuels curieux, des individus qui s’approcheraient de trop près de la première Institution. On voit bien que dans notre carré, l’Institution n’incarne aucune valeur. Elle n’agit selon aucune morale. Le président de la République n’est pas là pour donner du bonheur à tous les citoyens. Devant lui ou pour lui, on peut tuer mille personnes à gauche, mille autres à droite, sans que cela ne le dérange nullement. L’autre, la seconde Institution, un nid d’amis et de copains, n’est pas créée, pour dire le droit, mais pour que la première Institution ne soit jamais battue à une élection. Quant au cerbère, ne le confondez pas avec cette Armée qui agit d’abord pour la protection et la dignité du peuple. Son rôle ici est bien d’envoyer dans l’au-delà, tous ceux qui n’applaudissent pas les dérives de la première institution. Vous voyez bien que si Dieu-le-Père lui-même descendait dans ce pays qu’il a béni, il ne reconnaîtrait pas ses fils et ses filles. Tellement ils ont changé. Les Institutions ne sont plus des personnes morales mais physiques. Gbagbo est une institution. Il peut tout se permettre, tout prendre, tout empocher, tout confisquer, sans rien craindre. Yao N’Dré est une institution. Tout ce qui sort de sa bouche est institutionnel, donc sacré. Mangou est une institution. Il ne doit rien au peuple. Il ne fait que des choses tranchantes. La Côte d’Ivoire, c’est la Côte d’Ivoire. Vraiment !
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon