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Économie Publié le jeudi 27 janvier 2011 | Le Temps

Philippe Afesuku (Chef du personnel Zénith Plastics) - «Nous sommes très inquiets»

L’affaire qui oppose Zénith Plastics, votre entreprise, à Sifplast-Ci menace vos emplois. Avec quel état d’esprit vous attendez le verdict de la cour de cassation qui va intervenir dans quelques jours ?
En tant que travailleur, il n’y a aucun doute, je pense que mon emploi est menacé. L’emploi du personnel est menacé.

De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de la production des chaussures en plastique qu’on appelle communément «lêkê». En 1997, nous avons commencé à produire ces chaussures. Nous avons déposé notre modèle et on a eu notre agrément de production. Nous avons produit ces chaussures. Un moment donné, nous avons arrêté, parce que du point de vue marché, on n’a pas eu de succès. Et on a repris en 2009. Tout allait bien. En décembre 2009, nous avons eu la visite des huissiers, la police, qui sont venus faire des saisies, sous prétexte qu’on a contrefaçonné ce produit d’un concurrent, notamment la société Sifplast-Ci. Ce qui nous a surpris parce que les chaussures ne se ressemblent pas. Fort de notre dépôt, nous nous sommes opposés. Ils nous ont traduit en justice. Nous pensions qu’avec nos arguments, la justice allait dire le droit. Hélas, on nous a condamnés à payer environ 800 millions de Cfa. En ces temps de crise, comprenez, nous n’aurons pas d’autres choix que de fermer. En Appel, nous n’avons pas eu gain de cause.

Qu’est-ce qu’on reproche concrètement ?
L’autre a produit un agrément pour dire que les dessins lui appartiennent. Ses dessins ont été enregistré sous deux noms. Le Libanais Mada et un certain Kouassi. A y voir de près, ce sont les deux qui sont propriètaires. Ce n’est pas la société Sifplast-Ci. D’où vient que Sifplast-Ci se prévaut propriétaire de ce modèle. Bref, on nous accuse d’avoir contrefaçonné ce modèle.

Pensez-vous à une cabale en vue de vous contraindre à fermer ?
Bien sûr. Ce n’est pas la première fois que nous sommes victimes des attaques. On a l’impression que certains veulent arriver à une hégémonie libanaise dans le secteur. Ça sent le roussi.

Gardez-vous espoir ?
Je garde espoir. Je pense qu’il y a dans ce pays des magistrats intègres qui peuvent dire le droit, rien que le droit.

Si on venait à vous condamner…
Si on venait à nous condamner, je serais triste. Je pense à toutes ces familles qui vont se retrouver à la rue. Nous employons environ 600 personnes. Si on doit nous condamner, il faudrait ressusciter l’ancienne société «Bata». Bata a produit ces chaussures. Si nous devons être copieurs, la société Sifplast-Ci aussi est copieuse.

Entretien réalisé par
Tché Bi Tché

L’avenir de l’Afrique francophone se joue en Côte d’Ivoire
La France voit disparaître progressivement son hégémonie d’autrefois en Afrique. Alors
qu’ils étaient seuls avant la colonisation et après le retrait soviétique dans les années 1980, les Occidentaux affrontent aujourd’hui, un concurrent de taille qui ne cache pas ses ambitions en Afrique : la Chine. Derrière le conflit de succession à la présidence de la République ivoirienne se joue, en réalité, le conflit d’influence entre le monde occidental et la Chine mais aussi avec d’autres puissances émergentes comme l’Inde. Il y a au-delà tout le conflit sur le contrôle des ressources naturelles de ce pays et de ce nouvel Eldorado pétrolier qu’est le Golfe de Guinée. Un peu partout dans le continent, Français, Britanniques et Américains perdent des marchés au profit des nouveaux partenaires (Chine, Inde, etc.). Après la contestation dans le monde arabe et latino-américain contre les intérêts pétroliers des firmes occidentales, l’Occident ne souhaite plus perdre le continent africain qui est le seul espace qui lui reste soumis.
Les milieux politiques occidentaux voient ainsi en Laurent Gbagbo celui qui représente cette Afrique qui cherche à se soustraire du contrôle occidental pour affirmer sa souveraineté tandis que Alassane Ouattara, «ami» des Français (en particulier de Sarkozy), ancien Directeur adjoint du Fmi, représente le gestionnaire idéal (parce que libéral) de la Côte d’Ivoire. Il est sur la droite ligne des interlocuteurs appréciés à Washington, Londres, Paris et Bruxelles.
Nous sommes en présence de l’éternel conflit entre pro et anti qui était extériorisé entre Lumumba et Mobutu. Au Congo, l’Occident avait utilisé de gros moyens pour liquider Lumumba et installer Mobutu au pouvoir parce que celui-ci défendait bec et ongles les intérêts des firmes et des puissances occidentales. Le sort de la Côte d’Ivoire risque de ressembler à celui du Congo si on n’y prend garde.
Gbagbo, comme Lumumba, est vu comme un nationaliste dangereux tandis que Ouattara, comme Mobutu, est l’homme de l’ouverture du marché ivoirien aux intérêts des firmes et Nations étrangères. Le décor congolais des années 1960 est bien planté en Côté d’Ivoire.
Autrefois au Congo, la communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onuc (l’Onu au Congo), était unanime quant à la liquidation physique de Lumumba, de la même façon, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la même communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onu en Côte d’Ivoire, est unanime quant à la liquidation de Gbagbo.
Le conflit en Côte d’Ivoire est un exemple de la renaissance de la guerre froide, c’est-à-dire
de la guerre entre l’Ouest et l’Est sur le territoire africain et pour des intérêts extérieurs au
continent. Mais est-ce que les Africains comprennent cela ?

Conclusion

Au-delà de l’enjeu électoral, c’est tout le destin du continent africain (plus précisément de l’Afrique francophone) qui se joue en Côte d’Ivoire. L’issue de ce conflit déterminera si l’Afrique s’engage dans la voie de sa seconde indépendance en affirmant sa souveraineté ou si au contraire la recolonisation de l’Afrique reprend ses droits.
Si la Côte d’Ivoire perd dans ce conflit, le pillage des ressources naturelles de l’Afrique sera
plus immense et plus profond, car l’Afrique est aujourd’hui, l’unique espace où les firmes occidentales imposent leurs lois sans négociation avec les autorités étatiques.
Le retour de la France en Côte d’Ivoire entraînera une menace plus sérieuse pour plusieurs
pays de la sous-région ouest-africaine et de l’Afrique subsaharienne dans lesquels se trouvent des ressources naturelles stratégiques convoitées partout dans les capitales occidentales.
Comment sortir l’Afrique de la nouvelle colonisation afin d’assurer sa souveraineté ? Voilà la question qui doit préoccuper les Africains dans leur ensemble mais plus particulièrement les Africains francophones plus touchés par la mainmise occidentale dans l’économie de
chaque Nation. Les pays les plus puissants ont pris une telle avance qu’ils s’octroieront continuellement plus de droit de regard sur les pays les plus pauvres et les Institutions internationales sont
devenues des lieux où leurs décisions sont imposées (déjà, aucun pays faible ne fait partie du
Conseil de Sécurité de l’Onu). Nous assistons au retour de la loi de la jungle dans la gestion
de cet univers international déjà anarchique (ne dit-on pas que c’est le plus fort qui gagne et qui impose sa loi ?). Il faut voir dans la globalisation, un retour à une nouvelle forme de colonisation qui ne dit pas son nom.
La compréhension des enjeux internationaux et des plans des puissances occidentales qui ne
peuvent plus se passer du pillage des Etats africains pour assurer leur aisance matérielle doit
davantage pousser les Africains à revendiquer leurs droits. On a enfin compris que les pays occidentaux qui s’affublaient de l’étiquette d’Etats respectueux de démocratie, de Droits de l’Homme, d’éthique sont loin de respecter ces principes moraux. Il n’y a que la sauvegarde de leurs intérêts qui compte. Pour réussir à conquérir leur souveraineté, cinquante ans après l’acquisition de leur indépendance nominale, les Etats africains doivent devenir solidaires et lutter ensemble. La première étape commence par la résolution pacifique du cas ivoirien.

Fweley Diangitukwa
Pour une République juste & démocratique

UN ESPRIT NOUVEAU
Pour une Côte d’Ivoire nouvelle
Les Africains sont, conformément au darwinisme social, des peuples moins aptes (des peuples faibles), parce que notre souci quotidien est de manger, de boire, de faire la belle vie. Les Occidentaux l'ont si bien compris qu'il nous ont affamé depuis 2002 pour nous cueillir une fois mûrs, en nous incitant à nous rebeller en Côte d'Ivoire contre Gbagbo, en l'accusant d'être la source de nos maux. Ils savent que le seul idéal que nous nourrissons est celui de l'estomac plein. Tous les projets en faveur de l'Afrique parlent, justement, de la lutte contre la faim, et non de sciences, de progrès, de développement technologique. Notre comportement fragilise nos Institutions, nos leaders politiques, parce qu'ils craignent toujours que nous trahissions la lutte pour notre dignité, en vendant nos consciences au premier venu qui nous propose un poste de ministre, de Directeur général. De nombreuses
personnes ont trahi Gbagbo pour ne pas perdre leur train de vie. Ils ne défendent aucun idéal, aucune cause. Ils pratiquent la politique du ventre. Nos leaders politiques
sont souvent amenés à fermer les yeux de peur de perdre leur électorat. Il est temps que nous ayons un esprit nouveau pour construire une Côte d'Ivoire nouvelle, des
Institutions fortes. Quelle est la cause que nous défendons conforme à notre foi de croyant ? Si le Christ et les prophètes nous invitent à la liberté, en affirmant que
l'homme ne vit pas que de pain, mais de toute Parole qui vient de la bouche de Dieu, pourquoi ne pas emprunter le chemin qui fait de nous des hommes libres, forts,
spirituels, en demandant au monde occidental de nous laisser libres de choisir les voies pacifiques, en vue de la résolution de nos conflits, le recomptage des voix, par exemple ? Les Occidentaux sont des peuples forts parce qu'ils ont au moins un idéal,
ils sont tous unis, et solidaires quand il s'agit de défendre les intérêts de leur pays respectif; il n'existe plus le parti de gauche ou de droite. Tous les leaders politiques africains qui combattent la Côte d'Ivoire obéissent, au contraire, à des intérêts personnels, et non à ceux de l'Afrique. L'un d'eux marié à une Ivoirienne pourra voir son fils, grâce à la candidature d'Alassane, devenir, un jour, Président de la Côte d'Ivoire, et réaliser ainsi le vieux rêve de la métropole: la haute et la basse Côte d'Ivoire. Les régimes monarchiques en Afrique ne gênent pas, en effet, les Occidentaux, ils sont cependant farouchement opposés à tout désir d'autonomie des
peuples africains. Un autre Président a des citoyens de son pays, alliés à la puissante famille d'Houphouët; ces derniers nourrissent le même rêve pour rebâtir l'Aof. Les autres pays ont besoin de la Côte d'Ivoire au sein de l'Uemoa de peur que leur monnaie (le Cfa) ne soit fragilisée. Une autre Nation africaine veut être le gendarme de l'Afrique de l'Ouest. D'où l'usage légittime de la force, en vue de déloger Gbagbo, pour protéger leurs intérêts respectifs (leur estomac plein); c'est ce qui guide les Africains. Les Ivoiriens se doivent de s'élever au-dessus de cet instinct qui fait de nous des sous-hommes, une race inférieure. Bâtissons nos pays, non sur la violence (sauf en cas de légitime défense), non sur la corruption, non sur le gain, mais sur des
principes sains, moraux et spirituels, en soutenant cet idéal défendu corps et âme par Gbagbo.

Isaac Pierre Bangoret
(Ecrivain)

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