La crise post-electorale qui est en cours risque d’annihiler davantage les efforts entrepris par la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre le Vih-Sida. En témoigne le récent rapport national 2010 sur cette pandémie.
Le sida reste un problème majeur de santé publique en Côte d`Ivoire avec une prévalence de 4,7%, malgré une riposte nationale "multisectorielle". La crise postélectorale actuel, risque d’annihiler tous les efforts entrepris par la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre cette pandémie. Selon le rapport national 2010, du ministère ivoirien de la lutte contre le sida, la prévalence au sein de la population ivoirienne de 20,5 millions d`habitants était de 4,7% en 2005, sur la base d`une enquête des indicateurs du sida. La prévalence est répartie de manière inégale sur l`ensemble du territoire national avec des taux élevés en milieu urbain (5,4%) et faibles en milieu rural (4,1%) et des femmes, beaucoup plus touchées que les hommes avec une prévalence de 6,9% contre 2,4% dans la tranche d`âge de 15 à 24 ans. On estime au total à 440 000, les personnes vivant avec le VIH en Côte d’Ivoire en 2008. Dans cette population, sont concernées 250 000 femmes âgées de 15 ans et plus et 50 000 enfants de moins de 14 ans. A total, 51 820 personnes sur les 440 000 vivant avec le virus du sida étaient sous traitements antirétroviraux. Toujours en 2008, selon l`Onusida, 34 000 cas de décès dus au VIH ont été enregistrés en Côte d`Ivoire, portant à 430 000, le nombre d`orphelins et d`enfants rendus vulnérables du fait de l`infection du VIH dans le pays.
Le fonds mondial de lutte contre le sida gèle son financement
La crise que traverse le pays depuis bientôt une décennie a considérablement plombé les actions de lutte sur le terrain. Du fait de la difficulté des acteurs de la lutte d’avoir accès à certaines régions du pays. En outre, le fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme a décidé de geler depuis le mardi 11 janvier dernier, jusqu’à nouvel ordre, le déboursement de fonds pour ses principaux programmes en Côte d’Ivoire, ce, en raison de l’instabilité politique du pays. Ainsi, les organisations gérant les programmes financés par ce fonds, tel que l’Organisation Non Gouvernementale, Care, le programme national de lutte contre la tuberculose et le programme de lutte contre le paludisme doivent désormais avoir l’aval du Secrétaire du fonds avant de dépenser de l’argent. Cependant, le fonds dont les programmes atteignent 163 millions d’euros (81,5 milliards fCfa) en Eburnie, continuera malgré tout, à faire en sorte que les programmes de ces organisations nécessitant une intervention d’urgence puissent être financés.
21% de filles ont eu leurs premiers rapports avant 15 ans
Le rapport cite une étude de 2005, confirmée par une autre en 2009 qui indique que "21% de filles contre 15% de garçons ont eu leur premier rapport avant l`âge de 15 ans" et que "44% des garçons et 75% des filles n’utilisent pas de préservatifs" lors des rapports sexuels, alors qu`avant l`âge de 16 ans, 52,2% des jeunes sont "sexuellement actifs". En matière de connaissances sur le sida, si la quasi-totalité des femmes et des hommes ont entendu parler de la pandémie et connaissent mieux les moyens de prévention des infections sexuellement transmissibles, "la situation est peu encourageante" chez les professionnelles du sexe notamment, s`inquiète le Rapport national 2010. Au ministère de la Lutte contre le sida, "l`intensification des programmes de prévention chez les jeunes, le passage à l`échelle de la transmission de la mère à l`enfant, l`amélioration de l`offre des soins de qualité et l`intégration des populations à haut risque dans la réponse nationale" constituent donc les "priorités" pour la planification stratégique. La volonté politique dépend fortement de l`extérieur, quand on sait qu`entre 2006 et 2008, la plus importante source du financement de la lutte contre le sida provenait des partenaires au développement avec 75,1 milliards de FCFA, soit 87,22% des ressources.
Le Sida: problème de développement et de sécurité
"Plus qu`un problème de santé publique, le sida reste un problème de développement et de sécurité", a commenté un responsable de l’ex-ministère de la Lutte contre le sida. Sans doute, a-t-il ajouté, "la lutte contre cette pandémie est l`un des défis majeurs du siècle pour assurer le développement harmonieux de nos pays et garantir la qualité de vie des populations". Face à ce drame, le gouvernement ivoirien d’alors avait opté pour une stratégie "décentralisée et multisectorielle". La décentralisation a consisté à organiser "la riposte" aux niveaux régional, départemental, communal et villageois, à travers la création de comités de lutte contre le sida, appuyés par des cellules techniques. L`approche multisectorielle, elle, s’est traduite par l`implication de tous les secteurs d’activités dans la lutte contre le sida, avec des comités dans chaque secteur ou département ministériel et des cellules focales. Pour soutenir et compléter l’action gouvernementale, la société civile est fortement impliquée dans la "riposte nationale" à travers ses réseaux de lutte contre le sida, tout comme le secteur privé. Selon le rapport national 2010, "300 entreprises disposent aujourd’hui, de cellules focales de lutte contre le sida, contre une dizaine, il y a quelques années". La "riposte nationale" est matérialisée par un "plan stratégique national" (Psn) de lutte contre le sida, élaboré en 2006 pour une période de quatre ans et révisé en 2009 pour s`étendre jusqu’en 2013. Le Psn se décline en plusieurs "documents" dont le plan d’action national de lutte contre le sida, les documents des normes et procédures pour les infections sexuellement transmissibles, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, le conseil et le dépistage volontaire. Ces efforts sont toutefois, selon le Rapport national 2010, mis à mal par des "comportements à risque persistants" chez les jeunes de 15 à 24 ans et des connaissances encore "limitées" sur la pandémie. De ce point de vue, la question de la pérennité de la lutte contre le sida en Côte d`Ivoire se pose avec acuité.
Aboubakar Sangaré
Le sida reste un problème majeur de santé publique en Côte d`Ivoire avec une prévalence de 4,7%, malgré une riposte nationale "multisectorielle". La crise postélectorale actuel, risque d’annihiler tous les efforts entrepris par la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre cette pandémie. Selon le rapport national 2010, du ministère ivoirien de la lutte contre le sida, la prévalence au sein de la population ivoirienne de 20,5 millions d`habitants était de 4,7% en 2005, sur la base d`une enquête des indicateurs du sida. La prévalence est répartie de manière inégale sur l`ensemble du territoire national avec des taux élevés en milieu urbain (5,4%) et faibles en milieu rural (4,1%) et des femmes, beaucoup plus touchées que les hommes avec une prévalence de 6,9% contre 2,4% dans la tranche d`âge de 15 à 24 ans. On estime au total à 440 000, les personnes vivant avec le VIH en Côte d’Ivoire en 2008. Dans cette population, sont concernées 250 000 femmes âgées de 15 ans et plus et 50 000 enfants de moins de 14 ans. A total, 51 820 personnes sur les 440 000 vivant avec le virus du sida étaient sous traitements antirétroviraux. Toujours en 2008, selon l`Onusida, 34 000 cas de décès dus au VIH ont été enregistrés en Côte d`Ivoire, portant à 430 000, le nombre d`orphelins et d`enfants rendus vulnérables du fait de l`infection du VIH dans le pays.
Le fonds mondial de lutte contre le sida gèle son financement
La crise que traverse le pays depuis bientôt une décennie a considérablement plombé les actions de lutte sur le terrain. Du fait de la difficulté des acteurs de la lutte d’avoir accès à certaines régions du pays. En outre, le fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme a décidé de geler depuis le mardi 11 janvier dernier, jusqu’à nouvel ordre, le déboursement de fonds pour ses principaux programmes en Côte d’Ivoire, ce, en raison de l’instabilité politique du pays. Ainsi, les organisations gérant les programmes financés par ce fonds, tel que l’Organisation Non Gouvernementale, Care, le programme national de lutte contre la tuberculose et le programme de lutte contre le paludisme doivent désormais avoir l’aval du Secrétaire du fonds avant de dépenser de l’argent. Cependant, le fonds dont les programmes atteignent 163 millions d’euros (81,5 milliards fCfa) en Eburnie, continuera malgré tout, à faire en sorte que les programmes de ces organisations nécessitant une intervention d’urgence puissent être financés.
21% de filles ont eu leurs premiers rapports avant 15 ans
Le rapport cite une étude de 2005, confirmée par une autre en 2009 qui indique que "21% de filles contre 15% de garçons ont eu leur premier rapport avant l`âge de 15 ans" et que "44% des garçons et 75% des filles n’utilisent pas de préservatifs" lors des rapports sexuels, alors qu`avant l`âge de 16 ans, 52,2% des jeunes sont "sexuellement actifs". En matière de connaissances sur le sida, si la quasi-totalité des femmes et des hommes ont entendu parler de la pandémie et connaissent mieux les moyens de prévention des infections sexuellement transmissibles, "la situation est peu encourageante" chez les professionnelles du sexe notamment, s`inquiète le Rapport national 2010. Au ministère de la Lutte contre le sida, "l`intensification des programmes de prévention chez les jeunes, le passage à l`échelle de la transmission de la mère à l`enfant, l`amélioration de l`offre des soins de qualité et l`intégration des populations à haut risque dans la réponse nationale" constituent donc les "priorités" pour la planification stratégique. La volonté politique dépend fortement de l`extérieur, quand on sait qu`entre 2006 et 2008, la plus importante source du financement de la lutte contre le sida provenait des partenaires au développement avec 75,1 milliards de FCFA, soit 87,22% des ressources.
Le Sida: problème de développement et de sécurité
"Plus qu`un problème de santé publique, le sida reste un problème de développement et de sécurité", a commenté un responsable de l’ex-ministère de la Lutte contre le sida. Sans doute, a-t-il ajouté, "la lutte contre cette pandémie est l`un des défis majeurs du siècle pour assurer le développement harmonieux de nos pays et garantir la qualité de vie des populations". Face à ce drame, le gouvernement ivoirien d’alors avait opté pour une stratégie "décentralisée et multisectorielle". La décentralisation a consisté à organiser "la riposte" aux niveaux régional, départemental, communal et villageois, à travers la création de comités de lutte contre le sida, appuyés par des cellules techniques. L`approche multisectorielle, elle, s’est traduite par l`implication de tous les secteurs d’activités dans la lutte contre le sida, avec des comités dans chaque secteur ou département ministériel et des cellules focales. Pour soutenir et compléter l’action gouvernementale, la société civile est fortement impliquée dans la "riposte nationale" à travers ses réseaux de lutte contre le sida, tout comme le secteur privé. Selon le rapport national 2010, "300 entreprises disposent aujourd’hui, de cellules focales de lutte contre le sida, contre une dizaine, il y a quelques années". La "riposte nationale" est matérialisée par un "plan stratégique national" (Psn) de lutte contre le sida, élaboré en 2006 pour une période de quatre ans et révisé en 2009 pour s`étendre jusqu’en 2013. Le Psn se décline en plusieurs "documents" dont le plan d’action national de lutte contre le sida, les documents des normes et procédures pour les infections sexuellement transmissibles, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, le conseil et le dépistage volontaire. Ces efforts sont toutefois, selon le Rapport national 2010, mis à mal par des "comportements à risque persistants" chez les jeunes de 15 à 24 ans et des connaissances encore "limitées" sur la pandémie. De ce point de vue, la question de la pérennité de la lutte contre le sida en Côte d`Ivoire se pose avec acuité.
Aboubakar Sangaré