«Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance». Quand il tenait ces propos, dès son accession à la tête de l’Etat, en octobre 2000, Laurent Gbagbo annonçait déjà les couleurs. Celles d’un homme faisant de la violence son principal outil de gestion. En effet, cette boutade lancée depuis le stade Félix Houphouët Boigny, à l’occasion d’une cérémonie d’hommage aux «Martyrs de la République», s’est très rapidement transformée en une réalité qui, jusqu’à ce jour, ne cesse d’endeuiller la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. De son avènement au pouvoir d’Etat dans «des conditions calamiteuses» à aujourd’hui, le régime de Laurent Gbagbo compte, à lui seul, plusieurs milliers de morts. Il ne serait d’ailleurs pas exagéré d’affirmer que ce pouvoir a battu le record des crimes de sang en Côte d’Ivoire. Des hommes et femmes, jeunes en majorité, froidement assassinés. Certains à cause de leur appartenance politique, ethnique ou même religieuse. Et d’autres, tout simplement parce que victimes d’un système favorisant l’injustice et l’impunité. Un système d’Etat voyou, instauré et encouragé depuis son plus haut niveau.
Cette série de crimes suscités et encouragés par le régime de l’ex-chef d’Etat ivoirien
commence donc au lendemain du scrutin de 2000, précisément le 27 octobre, avec la
découverte, dans la commune de Yopougon, d’un charnier de 57 corps, tous criblés de balles.
Les victimes de cette tragédie sont des militants du Rassemblement des républicains (RDR),
le parti du Dr Alassane Dramane Ouattara, actuel président de la République de Côte d’Ivoire.
Les auteurs de cette barbarie, bien qu’identifiés, ne sont nullement inquiétés. Tout simplement
parce qu’il s’agit d’un groupe d’hommes en armes proches du régime de M. Gbagbo. Vient
ensuite la période des élections législatives en décembre 2000. Suite au rejet de la candidature
d’Alassane Ouattara, les militants et sympathisants du RDR décident de descendre dans la
rue pour protester. Une répression sanglante de la part des Forces de l’ordre, ordonnée par le
chef de l’Etat Laurent Gbagbo lui-même, s’en suit. L’on dénombre une cinquantaine de morts
dans le rang de l’opposition. Plusieurs religieux, notamment musulmans, accusés d’être de
mèche avec le parti d’Alassane Ouattara, sont par la même occasion victimes d’arrestations,
d’exactions et d’actes de torture dans les geôles des Forces de police. Ce jour-là, des femmes
et jeunes filles, arrêtées et violées par des éléments de la Police, sont publiquement narguées
par la Première dame d’alors, Mme Simone Ehivet Gbagbo. Celle-ci, face aux caméras et
micros du monde entier, ne manque pas de lancer cette phrase des plus cruelles : «elles n’ont
eu que ce qu’elles ont cherché».
Après cette période, arrive celle des «complots». D’abord, le complot dit de la «Mercedes
noir», dans la nuit du 7 au 8 janvier 2001. Ensuite celui de la «Cabine téléphonique»,
dans la nuit du 31 janvier de la même année. Et enfin le complot du «Badjan», qui s’est
essentiellement déroulé devant la RTI à Cocody. Chacun de ces complots a eu son lot
d’assassinats et de règlements de compte. Cependant, le comble de la barbarie du régime FPI
sera atteint à partir de septembre 2002.
La guerre, le prétexte ‘’idéal’’ pour tuer
En effet, à l’éclatement de la rébellion, le 19 septembre 2002, des «Escadrons de la mort» font
leur apparition dans la zone gouvernementale. Ils procèdent à des éliminations physiques des
personnalités et des militants proches de l’opposition. Le général Robert Guéi, le médecin
Benoît Dakoury Tabley, le comédien Camara ‘’H’’ Yêrêfê et l’homme politique Téhé Emile
sont, entre autres, les victimes les plus connues de ces tueurs à gage. A Yamoussoukro,
les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) sème la terreur. L’on dénombre
plusieurs cas d’assassinats de voyageurs, en provenance du nord de la Côte d’Ivoire. Dans
cette même période, un charnier de plusieurs corps, des burkinabé en majorité, est découvert à
Monokozohi, dans le département de Vavoua.
Et c’est le 25 mars 2004 que les violences du régime Gbagbo vont atteindre leur paroxysme.
A l’occasion d’une manifestation organisée par l’opposition pour soutenir l’accord de paix
signé le 24 janvier 2003 à Linas Marcoussis (France). Les Forces de défense et de sécurité,
guidées par une hiérarchie du Palais présidentiel, mettent en marche une véritable machine
à tuer. La répression fait officiellement 150 morts, selon un rapport d’enquête de l’ONU.
Mais du côté de l’opposition, on parle plutôt de 500 morts. Et en novembre 2004, contre toute
attente, l’armée ivoirienne décide de violer l’accord de paix en violant le cessez-le-feu dès
les premières heures de la crise. Sous ordre express de Laurent Gbagbo, Philippe Mangou,
alors commandant du Théâtre des opérations, décide de lancer une offensive aérienne sur les
positions des Forces Nouvelles, à Bouaké, Vavoua et Man. Plusieurs morts, essentiellement
des civils, sont enregistrés à l’issue de cette expédition des avions ‘’sukkhoï’’.
Une impunité totale
Aux crimes de «guerre», s’ajoutent également de nombreuses exactions extrajudiciaires
causées quotidiennement par des éléments des Forces de défense et de sécurité. En rappel,
entre autres, l’odieux assassinat, le 21 octobre 2003, du journaliste Jean Hélène de Radio
France Internationale par un policier. Quelques mois après, le 16 avril 2004, c’est un autre
journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer qui est enlevé en pleine journée dans un
quartier d’Abidjan. Certaines sources proches de l’enquête accusent des pontes du pouvoir
FPI, notamment Mme Simone Gbagbo et l’ex-ministre Paul-Antoine Bohoun Bouabré,
d’en être les commanditaires. A côté de ce climat d’insécurité totale installé par le pouvoir
FPI, les Forces de l’ordre, elles continuent de semer la terreur dans le pays. En démontre
les répressions sanglantes contre les manifestations du RHDP, qui se soldent, durant le
courant 2010, par la mort de plusieurs dizaines de personnes à Abidjan, Divo, Gagnoa,
Yamoussoukro, Duekoué et dans bien d’autres localités à l’intérieur du pays. Et parlant des
crimes commis sous Gbagbo, l’on ne peut oublier l’épisode tragique des déchets toxiques
déversés à Abidjan en août 2006 et qui ont fait aussi plus d’une dizaine de morts et plusieurs
personnes intoxiquées.
Aujourd’hui encore, malgré sa défaite à la dernière l’élection présidentielle du 28 novembre
2010, Laurent Gbagbo continue d’user de la force et des manœuvres d’intimidation pour
s’accrocher au pouvoir. De la proclamation des résultats donnant Alassane Ouattara largement
vainqueur, avec 54,1%, son régime illégal et illégitime enregistre déjà près de 300 morts,
plusieurs portés-disparus et des centaines de blessés.
Tous ces crimes sont entourés d’un dénominateur commun, l’impunité. En effet, plusieurs
cadres civils et militaires proches du régime de la refondation sont nommément cités dans ces
différentes infractions. Il s’agit, entre autres, du président Laurent Gbagbo lui-même, de son
épouse Simone Ehivet Gbagbo, de Kadet Bertin, ex-ministre de la Défense, de Lida Kouassi
Moïse, également ex-ministre, de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, de Charles Blé
Goudé, président des « jeunes patriotes », de Seka Seka Anselme, aide de camp de Mme
Gbagbo et des officiers Dogbo Blé Bruno et Ahouman Brouha Nathanaël. Mais aucun d’eux
ne semble toujours pas s’inquiété.
Diawara Samou
Cette série de crimes suscités et encouragés par le régime de l’ex-chef d’Etat ivoirien
commence donc au lendemain du scrutin de 2000, précisément le 27 octobre, avec la
découverte, dans la commune de Yopougon, d’un charnier de 57 corps, tous criblés de balles.
Les victimes de cette tragédie sont des militants du Rassemblement des républicains (RDR),
le parti du Dr Alassane Dramane Ouattara, actuel président de la République de Côte d’Ivoire.
Les auteurs de cette barbarie, bien qu’identifiés, ne sont nullement inquiétés. Tout simplement
parce qu’il s’agit d’un groupe d’hommes en armes proches du régime de M. Gbagbo. Vient
ensuite la période des élections législatives en décembre 2000. Suite au rejet de la candidature
d’Alassane Ouattara, les militants et sympathisants du RDR décident de descendre dans la
rue pour protester. Une répression sanglante de la part des Forces de l’ordre, ordonnée par le
chef de l’Etat Laurent Gbagbo lui-même, s’en suit. L’on dénombre une cinquantaine de morts
dans le rang de l’opposition. Plusieurs religieux, notamment musulmans, accusés d’être de
mèche avec le parti d’Alassane Ouattara, sont par la même occasion victimes d’arrestations,
d’exactions et d’actes de torture dans les geôles des Forces de police. Ce jour-là, des femmes
et jeunes filles, arrêtées et violées par des éléments de la Police, sont publiquement narguées
par la Première dame d’alors, Mme Simone Ehivet Gbagbo. Celle-ci, face aux caméras et
micros du monde entier, ne manque pas de lancer cette phrase des plus cruelles : «elles n’ont
eu que ce qu’elles ont cherché».
Après cette période, arrive celle des «complots». D’abord, le complot dit de la «Mercedes
noir», dans la nuit du 7 au 8 janvier 2001. Ensuite celui de la «Cabine téléphonique»,
dans la nuit du 31 janvier de la même année. Et enfin le complot du «Badjan», qui s’est
essentiellement déroulé devant la RTI à Cocody. Chacun de ces complots a eu son lot
d’assassinats et de règlements de compte. Cependant, le comble de la barbarie du régime FPI
sera atteint à partir de septembre 2002.
La guerre, le prétexte ‘’idéal’’ pour tuer
En effet, à l’éclatement de la rébellion, le 19 septembre 2002, des «Escadrons de la mort» font
leur apparition dans la zone gouvernementale. Ils procèdent à des éliminations physiques des
personnalités et des militants proches de l’opposition. Le général Robert Guéi, le médecin
Benoît Dakoury Tabley, le comédien Camara ‘’H’’ Yêrêfê et l’homme politique Téhé Emile
sont, entre autres, les victimes les plus connues de ces tueurs à gage. A Yamoussoukro,
les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) sème la terreur. L’on dénombre
plusieurs cas d’assassinats de voyageurs, en provenance du nord de la Côte d’Ivoire. Dans
cette même période, un charnier de plusieurs corps, des burkinabé en majorité, est découvert à
Monokozohi, dans le département de Vavoua.
Et c’est le 25 mars 2004 que les violences du régime Gbagbo vont atteindre leur paroxysme.
A l’occasion d’une manifestation organisée par l’opposition pour soutenir l’accord de paix
signé le 24 janvier 2003 à Linas Marcoussis (France). Les Forces de défense et de sécurité,
guidées par une hiérarchie du Palais présidentiel, mettent en marche une véritable machine
à tuer. La répression fait officiellement 150 morts, selon un rapport d’enquête de l’ONU.
Mais du côté de l’opposition, on parle plutôt de 500 morts. Et en novembre 2004, contre toute
attente, l’armée ivoirienne décide de violer l’accord de paix en violant le cessez-le-feu dès
les premières heures de la crise. Sous ordre express de Laurent Gbagbo, Philippe Mangou,
alors commandant du Théâtre des opérations, décide de lancer une offensive aérienne sur les
positions des Forces Nouvelles, à Bouaké, Vavoua et Man. Plusieurs morts, essentiellement
des civils, sont enregistrés à l’issue de cette expédition des avions ‘’sukkhoï’’.
Une impunité totale
Aux crimes de «guerre», s’ajoutent également de nombreuses exactions extrajudiciaires
causées quotidiennement par des éléments des Forces de défense et de sécurité. En rappel,
entre autres, l’odieux assassinat, le 21 octobre 2003, du journaliste Jean Hélène de Radio
France Internationale par un policier. Quelques mois après, le 16 avril 2004, c’est un autre
journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer qui est enlevé en pleine journée dans un
quartier d’Abidjan. Certaines sources proches de l’enquête accusent des pontes du pouvoir
FPI, notamment Mme Simone Gbagbo et l’ex-ministre Paul-Antoine Bohoun Bouabré,
d’en être les commanditaires. A côté de ce climat d’insécurité totale installé par le pouvoir
FPI, les Forces de l’ordre, elles continuent de semer la terreur dans le pays. En démontre
les répressions sanglantes contre les manifestations du RHDP, qui se soldent, durant le
courant 2010, par la mort de plusieurs dizaines de personnes à Abidjan, Divo, Gagnoa,
Yamoussoukro, Duekoué et dans bien d’autres localités à l’intérieur du pays. Et parlant des
crimes commis sous Gbagbo, l’on ne peut oublier l’épisode tragique des déchets toxiques
déversés à Abidjan en août 2006 et qui ont fait aussi plus d’une dizaine de morts et plusieurs
personnes intoxiquées.
Aujourd’hui encore, malgré sa défaite à la dernière l’élection présidentielle du 28 novembre
2010, Laurent Gbagbo continue d’user de la force et des manœuvres d’intimidation pour
s’accrocher au pouvoir. De la proclamation des résultats donnant Alassane Ouattara largement
vainqueur, avec 54,1%, son régime illégal et illégitime enregistre déjà près de 300 morts,
plusieurs portés-disparus et des centaines de blessés.
Tous ces crimes sont entourés d’un dénominateur commun, l’impunité. En effet, plusieurs
cadres civils et militaires proches du régime de la refondation sont nommément cités dans ces
différentes infractions. Il s’agit, entre autres, du président Laurent Gbagbo lui-même, de son
épouse Simone Ehivet Gbagbo, de Kadet Bertin, ex-ministre de la Défense, de Lida Kouassi
Moïse, également ex-ministre, de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, de Charles Blé
Goudé, président des « jeunes patriotes », de Seka Seka Anselme, aide de camp de Mme
Gbagbo et des officiers Dogbo Blé Bruno et Ahouman Brouha Nathanaël. Mais aucun d’eux
ne semble toujours pas s’inquiété.
Diawara Samou