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Économie Publié le lundi 7 février 2011 | Le Temps

Eau, Electricité, téléphone fixe, identification : Ces marchés «juteux» que Gbagbo n’a pas arrachés à la France...

Depuis son arrivée au pouvoir, contrairement à ce qu’on laisse croire, le président Gbagbo n’a rien
arraché aux Français. Et pourtant…

«En Côte d’Ivoire, les entreprises françaises font de bonnes affaires et gagnent bien l’argent». Ces propos ne sont pas d’un homme politique, mais d’un homme d’affaires français; Michel Roussin, ancien du Groupe Bolloré désormais à Veolia, (distribution d’eau France) et membre du Club des investisseurs en Afrique noire (Cian). Il l’a tenu à Abidjan, il y a quelques années, lors d’une visite couplée du Cian avec le Mouvement des entreprises de Frances- Afrique (Medef-Afrique), pendant une séance de travail avec le ministère de l’Economie et des Finances. Plus qu’une réalité Gbagbo sur le terrain, depuis son arrivée aux affaires, n’a arraché aux filiales des multinationales françaises en Côte d’Ivoire. Dans le secteur de l’eau et de l’électricité, la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (Sodeci) et la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) continuent d’assurer la concession de la fourniture du service public dans ce secteur avec maestria. Parfois, au risque des vies de ses agents. Que ce soit ici ou dans les Ntic, Côte d’Ivoire Télécom continue d’avoir le monopole, sur le segment fixe à l’international. Mieux, les intérêts français continuent de prospérer en Côte d’Ivoire.

Dans le secteur portuaire, Bolloré Africa Logistic exploite le terminal à containeurs du Port
d’Abidjan. (le cœur du port d’Abidjan). Pendant que dans le secteur de l’exploration pétrolière
offshore, en prenant 60% dans le permis de Yam’s Pétroleum sur le Bloc CI 100, le Groupe Total a
fait une entrée en force dans ce secteur en Côte d’Ivoire en octobre 2010. Par ailleurs, dans le
processus électoral qui a couté 261 milliards de Fcfa dont 242 de l’Etat de Côte d’Ivoire, Sagem
Sécurité, la filiale de Safran Sécurité a gagné gros. En effet, il se dit que Sagem Sécurité-Côte d’Ivoire, avec son associé Sidi Kagnassy, qui s’est retrouvé à la «République du Golf», après «l’auto-proclamation» de Ouattara comme président, a à elle seule, perçu 100 milliards de Fcfa, dit-on. Par ailleurs, dans la campagne de communication de la dernière présidentielle, l’agence de
communication Euro Rscg qui est une filiale de Bolloré a gagné également de l’argent en Côte
d’Ivoire. En clair, les entreprises françaises font non seulement de bonne affaire en Côte d’Ivoire ces dernières années, mais aussi, ont gagné de l’argent. Les patrons de ces entreprises qui ne sont pas prêts à quitter la Côte d’Ivoire, malgré les injonctions de leur ami Sarkozy, ne devraient pas en principe être malheureux de la victoire de Laurent Gbagbo. Et pourtant, certains médias français, porte-voix de l’Elysée, font feu de tout bois, en accablant Gbagbo de tous les maux ! De l’avis d’un observateur qui suit de près l’évolution des relations franco-ivoiriennes ces dernières années, en tout cas, depuis l’arrivée du président Gbagbo aux affaires, c’est son esprit d’ouverture sur le monde arabe et la Russie. Aussi, certains milieux français, redoutent une montée en puissance de la Chine en Afrique, à partir de la Côte d’Ivoire, considérée à juste titre comme un précarré de la France. Sans oublier l’option du «partenariat gagnant- gagnant», prônée par le pouvoir Gbagbo. Dans tous les cas, la France a de gros intérêts en Côte d’Ivoire. Pousser donc des organisations régionales dans le dos à venir intervenir militairement en Côte d’Ivoire fera beaucoup de mal aux hommes d’affaires français qu’ils prospèrent en Côte d’Ivoire. Voyant qui pourrait perdre la bataille de l’opinion en France, à la veille de la prochaine présidentielle en 2012, Sarkozy est certainement en train de changer de lunettes sur la Côte d’Ivoire quand il déclare à l’Afp mardi dernier, que «les soldats français n’avaient pas pour vocation de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire…». Ça, c’est du Sarko !

Yolande Bahi
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