. Pourquoi l'absence de Youssouf Bakayoko dérange
Pour bien des observateurs, la certification des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 constitue le nœud de la crise post-électorale qui secoure la Côte d’Ivoire. Sur la question même de la certification de la Présidentielle ivoirienne par l'ONU, il faut rappeler que c'est à partir d'avril 2007 que cette question est apparue véritablement au grand jour. En effet, juste après la signature de l'Accord Politique de Ouagadougou (APO), le Président Gbagbo s'est opposé vigoureusement aux rôles de certification et d'arbitrage du Haut Représentant pour les Élections désigné par l'ONU. D'ailleurs, dans un courrier adressé, le 18 avril 2007, au SG adjoint de l'ONU chargé des Opérations de Maintien de la Paix, M. Hedi Annabi, le Président Gbagbo précisait que le rôle de l'ONU dans le processus électoral en Côte d'Ivoire «devrait être limité à des fonctions d'observation et d'appui technique». Pas plus. Le point 31 du 13è rapport du SG de l'ONU sur l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, en date du 14 mai 2007, était très clair là-dessus d'ailleurs. Plus tard, dans le cycle des consultations que l'ONU va avoir avec les différentes parties en présence, le Président Gbagbo va finalement accepter que l'ONU «conserve la responsabilité de la certification internationale du processus électoral», parce que tout simplement et le point 32 du même 13è rapport de Ban Ki Moon le précisera d'ailleurs, le Président Gbagbo avait obtenu en contrepartie «qu'un tel processus de certification ne remplacerait pas, mais viendrait compléter, le rôle qui revenait dans ces circonstances au Conseil Constitutionnel de la Côte d'Ivoire». La précision est de taille, puisqu'en prime à cela la récusation du rôle du Haut Représentant de l'ONU pour les Élections, M. Gérard Stoudman, va porter. La résolution 1765 du 16 juillet 2007 de l'ONU va «mettre un terme au mandat du Haut Représentant pour les Élections» en décidant que dorénavant le Représentant spécial du Secrétaire général en Côte d'Ivoire «certifiera tous les stades du processus électoral». Du coup, dans les textes comme dans les esprits, les choses étaient très claires: La certification onusienne de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire n'était pas au-dessus du Conseil Constitutionnel. Bien au contraire, cette certification vient compléter le rôle du Conseil Constitutionnel. Que va-t-il se passer par la suite? Lorsque le Président Youssouf Bakayoko annonce les résultats du 2nd tour de la Présidentielle à l'hôtel du Golf, le jeudi 02 décembre 2010, alors que le mercredi 1er décembre 2010, à 23H45, le même Youssouf Bakayoko affirmait sur les médias d'État qu'à cette heure là (à 23H45, ndlr), la CEI avait consolidé les résultats de 14 régions, mais qu'il y avait divergences totales entre les commissaires centraux de la CEI sur les résultats de 5 régions, les premiers manquements à la «feuille de route» de Choi vont apparaître.
CETTE CERTIFICATION QUI A TOUT CHAMBOULE...
En effet, il est dit dans cette «feuille de route» sur la certification, en son point 7, qu'en «cas de dysfonctionnement porté à sa connaissance, le Certificateur (Choi, ndlr) dispose de quatre niveaux d'action: 1/ Il discute avec les acteurs impliqués et/ou les autorités concernées afin d'attirer leur attention sur les éléments de risque; il les encourage à prendre toutes les mesures correctives nécessaires. 2/ Si cette concertation n'aboutit pas, il contacte les protagonistes ivoiriens afin de trouver des solutions au niveau national. 3/ Si cette démarche n'aboutit pas, le Certificateur a la possibilité de faire appel au Facilitateur pour son arbitrage. 4/ Si l'arbitrage n'aboutit pas, il fait rapport au Conseil de Sécurité pour les mesures appropriées». Lorsque le problème se pose le 2 décembre 2010 avec les résultats proclamés à l'hôtel du Golf par M. Youssouf Bakayoko, alors que le Président du Conseil Constitutionnel était passé sur les antennes de la RTI quelques instants plus tôt pour dire que le délai légal de 72H ayant expiré, le Conseil Constitutionnel se substituait à la CEI, le Certificateur a-t-il immédiatement entrepris les discussions avec les différentes parties (CEI, Conseil Constitutionnel, les 2 candidats) afin d'attirer leur attention sur les éléments de risque et les encourager à prendre toutes les mesures correctives nécessaires, puisque les résultats de M. Youssouf Bakayoko venaient d'être rejetés par le Président Paul Yao N'dré? La réponse est non. Premier manquement grave à la «feuille de route».
Le Président Youssouf Bakayoko gardé bien au chaud à l'hôtel du Golf pour des raisons évidentes de sécurité, le Pr. Yao N'dré dans une logique de contestation des résultats de la CEI, le camp Ouattara qui jubile de sa victoire proclamée par la CEI, et le camp Gbagbo qui observe, dans cette tumulte qui se prépare, le certificateur n'entreprend rien. Mieux, lorsque le Conseil Constitutionnel monte au créneau le lendemain, c'est-à-dire le 3 décembre 2010, pour proclamer le candidat Gbagbo vainqueur du 2nd tour a contrario du verdict de la CEI, que fait le Certificateur Choi au niveau de sa «feuille de route»? Alors qu'il voit les risques d'implosion socio-politique se dessiner grandement, il n'entreprend aucune concertation avec les différentes parties, puisqu'on a deux résultats avec deux vainqueurs différents. Bien au contraire, sur les ondes de Onuci FM, Choi «certifie» les résultats donnés par M. Youssouf Bakayoko au détriment de ceux donnés par le Conseil Constitutionnel. Pourquoi une telle attitude? A la vérité, c'est cette certification aux forceps du Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire qui a mis le feu aux poudres. Pour mieux appréhender la crise, il convient de revenir sur ces instants déterminants qui ont tout déclenché. Aujourd'hui encore, plusieurs questions sont restées sans réponse dans cette affaire. 1ère question: Pourquoi, alors que le Président Youssouf Bakayoko n'avait pas manifesté publiquement qu'il était l'objet de menaces et de chantage, même jusque dans la nuit du 1er décembre 2010 à 23H45, Choi l'a-t-il laissé aller publier les résultats à l'hôtel du Golf alors qu'il aurait pu l'accueillir à Sébroko, ce qui aurait donné plus de crédibilité à son action? 2è question:
Comment, alors que le même Youssouf Bakayoko annonçait, le 1er décembre 2010, que les résultats de 14 régions avaient été consolidés et que 5 régions étaient l'objet de divergences profondes entre commissaires centraux, a-t-il pu consolidé les résultats de ces 5 régions à problèmes alors que les commissaires centraux étaient tous partis? A quel moment du 2 décembre 2010, ces commissaires centraux ont-ils siégé pour s'entendre et sortir ces résultats consolidés unanimement qu'il a finalement rendus publics à l'hôtel du Golf? A ce niveau précis, l'absence du Président de la CEI du pays est plus que dérangeante pour la manifestation de la vérité. 3è question: Alors que SILS Technology, l'opérateur chargé du comptage électronique des voix, avait donné ses résultats électroniques par courrier en date du 1er décembre 2010, en précisant que son «logiciel a rejeté un nombre de procès-verbaux pour non conformité d'acceptation au critère de validation électronique (un nombre de votants anormalement supérieur au nombre d'inscrits) estimé à 2000», Qu'est-ce que le Certificateur Choi, qui a reçu le rapport d'activités de SILS Technology sur ce 2nd tour, a fait des 2000 PV rejetés pour «nombre de votants anormalement supérieur au nombre d'inscrits»? 4è question : alors qu'il voyait les palabres pointer du nez à l'horizon en cette soirée du 3 décembre 2010, pourquoi le Certificateur onusien n'a-t-il pas pris attache avec le Facilitateur, selon la 3è recommandation de sa «feuille de route», pour obtenir son arbitrage?
Toutes ces questions sont pour le moment sans réponse. Et au moment où le groupe des experts de l'UA séjourne en Côte d'Ivoire pour le compte du panel des Chefs d'États, il est important que toute la lumière soit faite sur ces éléments pour la manifestation de la vérité.
JMK AHOUSSOU
Pour bien des observateurs, la certification des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 constitue le nœud de la crise post-électorale qui secoure la Côte d’Ivoire. Sur la question même de la certification de la Présidentielle ivoirienne par l'ONU, il faut rappeler que c'est à partir d'avril 2007 que cette question est apparue véritablement au grand jour. En effet, juste après la signature de l'Accord Politique de Ouagadougou (APO), le Président Gbagbo s'est opposé vigoureusement aux rôles de certification et d'arbitrage du Haut Représentant pour les Élections désigné par l'ONU. D'ailleurs, dans un courrier adressé, le 18 avril 2007, au SG adjoint de l'ONU chargé des Opérations de Maintien de la Paix, M. Hedi Annabi, le Président Gbagbo précisait que le rôle de l'ONU dans le processus électoral en Côte d'Ivoire «devrait être limité à des fonctions d'observation et d'appui technique». Pas plus. Le point 31 du 13è rapport du SG de l'ONU sur l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, en date du 14 mai 2007, était très clair là-dessus d'ailleurs. Plus tard, dans le cycle des consultations que l'ONU va avoir avec les différentes parties en présence, le Président Gbagbo va finalement accepter que l'ONU «conserve la responsabilité de la certification internationale du processus électoral», parce que tout simplement et le point 32 du même 13è rapport de Ban Ki Moon le précisera d'ailleurs, le Président Gbagbo avait obtenu en contrepartie «qu'un tel processus de certification ne remplacerait pas, mais viendrait compléter, le rôle qui revenait dans ces circonstances au Conseil Constitutionnel de la Côte d'Ivoire». La précision est de taille, puisqu'en prime à cela la récusation du rôle du Haut Représentant de l'ONU pour les Élections, M. Gérard Stoudman, va porter. La résolution 1765 du 16 juillet 2007 de l'ONU va «mettre un terme au mandat du Haut Représentant pour les Élections» en décidant que dorénavant le Représentant spécial du Secrétaire général en Côte d'Ivoire «certifiera tous les stades du processus électoral». Du coup, dans les textes comme dans les esprits, les choses étaient très claires: La certification onusienne de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire n'était pas au-dessus du Conseil Constitutionnel. Bien au contraire, cette certification vient compléter le rôle du Conseil Constitutionnel. Que va-t-il se passer par la suite? Lorsque le Président Youssouf Bakayoko annonce les résultats du 2nd tour de la Présidentielle à l'hôtel du Golf, le jeudi 02 décembre 2010, alors que le mercredi 1er décembre 2010, à 23H45, le même Youssouf Bakayoko affirmait sur les médias d'État qu'à cette heure là (à 23H45, ndlr), la CEI avait consolidé les résultats de 14 régions, mais qu'il y avait divergences totales entre les commissaires centraux de la CEI sur les résultats de 5 régions, les premiers manquements à la «feuille de route» de Choi vont apparaître.
CETTE CERTIFICATION QUI A TOUT CHAMBOULE...
En effet, il est dit dans cette «feuille de route» sur la certification, en son point 7, qu'en «cas de dysfonctionnement porté à sa connaissance, le Certificateur (Choi, ndlr) dispose de quatre niveaux d'action: 1/ Il discute avec les acteurs impliqués et/ou les autorités concernées afin d'attirer leur attention sur les éléments de risque; il les encourage à prendre toutes les mesures correctives nécessaires. 2/ Si cette concertation n'aboutit pas, il contacte les protagonistes ivoiriens afin de trouver des solutions au niveau national. 3/ Si cette démarche n'aboutit pas, le Certificateur a la possibilité de faire appel au Facilitateur pour son arbitrage. 4/ Si l'arbitrage n'aboutit pas, il fait rapport au Conseil de Sécurité pour les mesures appropriées». Lorsque le problème se pose le 2 décembre 2010 avec les résultats proclamés à l'hôtel du Golf par M. Youssouf Bakayoko, alors que le Président du Conseil Constitutionnel était passé sur les antennes de la RTI quelques instants plus tôt pour dire que le délai légal de 72H ayant expiré, le Conseil Constitutionnel se substituait à la CEI, le Certificateur a-t-il immédiatement entrepris les discussions avec les différentes parties (CEI, Conseil Constitutionnel, les 2 candidats) afin d'attirer leur attention sur les éléments de risque et les encourager à prendre toutes les mesures correctives nécessaires, puisque les résultats de M. Youssouf Bakayoko venaient d'être rejetés par le Président Paul Yao N'dré? La réponse est non. Premier manquement grave à la «feuille de route».
Le Président Youssouf Bakayoko gardé bien au chaud à l'hôtel du Golf pour des raisons évidentes de sécurité, le Pr. Yao N'dré dans une logique de contestation des résultats de la CEI, le camp Ouattara qui jubile de sa victoire proclamée par la CEI, et le camp Gbagbo qui observe, dans cette tumulte qui se prépare, le certificateur n'entreprend rien. Mieux, lorsque le Conseil Constitutionnel monte au créneau le lendemain, c'est-à-dire le 3 décembre 2010, pour proclamer le candidat Gbagbo vainqueur du 2nd tour a contrario du verdict de la CEI, que fait le Certificateur Choi au niveau de sa «feuille de route»? Alors qu'il voit les risques d'implosion socio-politique se dessiner grandement, il n'entreprend aucune concertation avec les différentes parties, puisqu'on a deux résultats avec deux vainqueurs différents. Bien au contraire, sur les ondes de Onuci FM, Choi «certifie» les résultats donnés par M. Youssouf Bakayoko au détriment de ceux donnés par le Conseil Constitutionnel. Pourquoi une telle attitude? A la vérité, c'est cette certification aux forceps du Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire qui a mis le feu aux poudres. Pour mieux appréhender la crise, il convient de revenir sur ces instants déterminants qui ont tout déclenché. Aujourd'hui encore, plusieurs questions sont restées sans réponse dans cette affaire. 1ère question: Pourquoi, alors que le Président Youssouf Bakayoko n'avait pas manifesté publiquement qu'il était l'objet de menaces et de chantage, même jusque dans la nuit du 1er décembre 2010 à 23H45, Choi l'a-t-il laissé aller publier les résultats à l'hôtel du Golf alors qu'il aurait pu l'accueillir à Sébroko, ce qui aurait donné plus de crédibilité à son action? 2è question:
Comment, alors que le même Youssouf Bakayoko annonçait, le 1er décembre 2010, que les résultats de 14 régions avaient été consolidés et que 5 régions étaient l'objet de divergences profondes entre commissaires centraux, a-t-il pu consolidé les résultats de ces 5 régions à problèmes alors que les commissaires centraux étaient tous partis? A quel moment du 2 décembre 2010, ces commissaires centraux ont-ils siégé pour s'entendre et sortir ces résultats consolidés unanimement qu'il a finalement rendus publics à l'hôtel du Golf? A ce niveau précis, l'absence du Président de la CEI du pays est plus que dérangeante pour la manifestation de la vérité. 3è question: Alors que SILS Technology, l'opérateur chargé du comptage électronique des voix, avait donné ses résultats électroniques par courrier en date du 1er décembre 2010, en précisant que son «logiciel a rejeté un nombre de procès-verbaux pour non conformité d'acceptation au critère de validation électronique (un nombre de votants anormalement supérieur au nombre d'inscrits) estimé à 2000», Qu'est-ce que le Certificateur Choi, qui a reçu le rapport d'activités de SILS Technology sur ce 2nd tour, a fait des 2000 PV rejetés pour «nombre de votants anormalement supérieur au nombre d'inscrits»? 4è question : alors qu'il voyait les palabres pointer du nez à l'horizon en cette soirée du 3 décembre 2010, pourquoi le Certificateur onusien n'a-t-il pas pris attache avec le Facilitateur, selon la 3è recommandation de sa «feuille de route», pour obtenir son arbitrage?
Toutes ces questions sont pour le moment sans réponse. Et au moment où le groupe des experts de l'UA séjourne en Côte d'Ivoire pour le compte du panel des Chefs d'États, il est important que toute la lumière soit faite sur ces éléments pour la manifestation de la vérité.
JMK AHOUSSOU