L'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'Onu, SEM Bamba Youssouf ne passe pas par quatre chemins et appelle un chat un chat. Dans cette interview, il estime que le peuple ivoirien, notre peuple a trop souffert, il est temps que Laurent Gbagbo s'en aille car, ajoute le brillant diplomate ivoirien: «Si M. Gbagbo aime le peuple ivoirien, le plus tôt serait le mieux pour alléger les souffrances du peuple».
Excellence Monsieur l'ambassadeur, toute la direction et l'équipe de rédaction de Lebanco.net vous disent merci pour cet entretien exclusif. A quoi faites-vous explicitement allusion lorsque vous évoquez à l'ONU l'éventualité d'un "génocide" en Côte d’Ivoire ?
Il y a effectivement des signes évidents d’un génocide en Côte d’Ivoire. Voyez-vous, des militants du RHDP sont repérés, pourchassés et tués. Dans certains quartiers comme Yopougon et Abobo, où les gens se connaissent bien, on sait qui est dioula ou baoulé. A Koumassi par exemple, on a eu des indications comme quoi le camp Gbagbo a commencé à inscrire des marques sur les maisons selon les ethnies (B pour baoulé ou D pour Dioula) supposées pro-RHDP. Des menaces on été proférées. Dites-moi comment on peut appeler cela ? Je n’ai pas voulu me taire. Je l’ai dénoncé haut et fort pour qu’on sache ce qu’il en est réellement parce qu’il ne s’agit pas de courir après comme des médecins après la mort. C’est maintenant, qu’il faut prévenir ! Et, cela est un devoir auquel, je ne me déroberai pas. Ce que je dis a été confirmé par des experts en génocides de l’ONU qui ont attesté, un mois après que j’ai tiré la sonnette d’alarme, que tous les ingrédients étaient réunis pour un génocide en Côte d’Ivoire. Donc, c’est une réalité.
Alors, selon vous, l'Onu doit agir pour éviter au peuple ivoirien cette catastrophe ?
L’ONU a la responsabilité de maintenir la Paix et la sécurité dans les régions et endroits où cette paix et cette sécurité sont menacées. L’instrument dont dispose l’ONU pour le faire, c’est le Conseil de Sécurité qui, dans le cadre de la crise en Côte d’Ivoire fait un travail que nous saluons. Le Conseil a donné un mandat clair à l’ONUCI sous le chapitre 7. Et, au cœur du mandat de l’ONUCI se trouve ce qu’on appelle « la protection des civils ». Il y a des résolutions phares qui sont transversales dans toutes les positions de l’ONU concernant les civils et surtout les femmes et les enfants comme priorité dans la prise en compte des activités des Nations Unies. Permettez-moi de développer un peu ce que j’entends par responsabilité de l’ONU. L’instrument pour adresser ces questions, pour traiter de ces questions et apporter des solutions parce qu’il ne s’agit pas d’énumérer les problèmes, c’est le Conseil de Sécurité. Les cinq grands comme on les appelle communément ont pour devoir de trouver des solutions à ce genre de situation. Ils sont plus forts que M. Gbagbo. Les Etats-Unis avec le président Obama se sont prononcés, la France s’est également prononcée avec le président Sarkozy, l’Angleterre a été claire sur sa position. Les Russes représentent une grande puissance qui a le devoir de protéger les civils dans toutes les parties du monde où ils sont menacés. On tue les ivoiriens qui sortent pour manifester. On va des fois jusqu’à les sortir de leurs maisons pour les tuer. On abat les cadres, les responsables qui encadrent les manifestations. Pourquoi ? Ce ne sont pas des choses cachées ; c’est documenté ! Donc, je ne comprends pas pourquoi, il faille tergiverser au sein du Conseil de Sécurité lorsqu’il s’agit de la vie de civils en danger. C’est surtout de cela qu’il s’agit demander à M. Gbagbo de partir. Voilà ce qu’on attend de l’’ONU. Quand la question a été traitée de façon objective, on s’attend à ce qu’il y ait un consensus au sein du Conseil. Mais là, il doit y avoir des intérêts voilés qui font qu’on veut poser des réserves. Je dénonce aussi cela parce que l’ONU doit prendre ses responsabilités statutaires qui découlent de la Charte des Nations Unies.
On parle de dialogue direct. De votre point de vue, comment devrait s'organiser cette rencontre entre le Chef de l'État SEM Alassane Ouattara et son ancien adversaire Laurent Gbagbo ?
Depuis quand ? Je n’en ai pas connaissance. Tout ce qu’on lui demande, c’est de lever le blocus. Nous ne voulons pas préempter le panel des initiatives des Chefs de l’Etat, et donc cela sera surement à l’ordre du jour. Et puis, s’il doit y avoir dialogue, c’est le Président légitimement élu, Alassane Dramane Ouattara qui va recevoir l’ancien Président Gbagbo selon son calendrier. Et, c’est après que, le Président soit installé dans toutes ses prérogatives. Oui, dans ce cas là, je peux même dire sans me tromper que le Président Alassane Dramane Ouattara pourrait même symboliquement accorder sa première audience à M. Gbagbo dans l’esprit du dialogue dont vous parlez. Et puis, par ailleurs, on les a vus lors du débat du 26 Novembre 2010. Un débat civilisé qui a fait honneur non seulement à la Côte d’Ivoire mais à toute l’Afrique pour ce que doit être un débat dans un pays moderne. Et donc, la rencontre dont vous parlez s’inscrira dans l’esprit et la lettre de ce débat -là. C’est l’esprit donc d’un dialogue permanent dans lequel le Président de la République recevra son frère, parce que nous sommes tous des enfants d’Houphouët qui aimons ce pays et donc, qui avons le devoir de mettre toute notre énergie ensemble pour recoller les morceaux.
Que dites-vous de ceux qui pensent que la seule solution pour que Gbagbo quitte le pouvoir, c'est la force militaire ?
Là encore, je ne veux pas anticiper sur l’initiative ou encore la façon dont le panel des Chefs d’Etat va travailler à prendre des décisions. Ce sont des Chefs d’Etat rompus à la chose politique avec beaucoup d’expérience et nous leur faisons confiance. Ils sauront certainement le dissuader.
Mais, je signale également que dans cette dynamique, le leadership revient à la CEDEAO qui connaît toutes les subtilités de l’affaire mieux que quiconque venant d’ailleurs. Par exemple, quand il s’agissait du problème de Madagascar, c’est la SADEC qui l’a traité même si c’était dans le cadre de l’Union Africaine. Les choses étant ce qu’elles sont même si c’est l’UA qui est en charge du dossier, le leadership de la conduite du traitement du dossier revient à la CEDEAO qui connait bien les réalités de cette question. Or, vous savez qu’à la CEDEAO, l’option militaire reste toujours une possibilité. La force de la communauté est toujours prête et lorsque le temps sera venu d’exploiter l’option de la force militaire, c’est une armée prête et forte qui opérera. Et nous leur faisons entièrement confiance. Mais, il faut encore souligner que le panel des Chefs d’Etat fait son travail. Il va faire son travail et nous leur faisons confiance. La CEDEAO a donc prévu l’option militaire pour agir en dernier ressort.
Excellence, l’ONUCI est de plus en plus agressée sur place. Selon vous, ne devrait-elle pas être autorisée à utiliser les armes tant pour se défendre que pour "dégager" Laurent Gbagbo ?
Non, non, ce n’est pas dans son mandat. L’ONUCI a un mandat clair. Je signale que l’ONU est en Côte d’Ivoire à la demande des autorités du pays. A l’époque, c’est M Gbagbo qui était au pouvoir et c’est à sa demande que la MINUCI est arrivée en 2003 et puis ensuite l’ONUCI en 2004 toujours à la demande du gouvernement Gbagbo. L’ONU n’intervient dans un pays qu’avec le consentement de celi-ci. Et, l’ONU n’intervient dans un pays que dans le cadre d’un mandat à lui conféré par le Conseil de Sécurité. Un mandat qui est clair et dans le cadre duquel l’ONU agit. Nous sommes en 2011 et le mandat de l’ONU est de défendre le gouvernement légitime. Donc, si l’hôtel du golf où réside actuellement le Président de la Côte d’Ivoire est attaqué, l’ONU réagira avec tous les moyens dont elle dispose. Ce sera un cas de légitime défense dans l’immédiat. C’est ce qu’on appelle les règles d’engagement. La résolution autorise à accroître son potentiel en cas d’attaque pour une riposte immédiate. L’ONUCI est dotée de matériel de combat entre autre trois hélicoptères de combat. Elle démontrera sa capacité en cas de nécessité et j’espère qu’on n’en arrivera pas à cela.
En attendant, l'on note un durcisssement diplomatique contre de Laurent Gbagbo…
C’est une très bonne chose. Non seulement, l’isolement diplomatique mais aussi l’asphyxie financière, les sanctions individuelles ciblées et les sanctions économiques. Tous ces éléments combinés devraient le faire plier. Si M. Gbagbo aime le peuple ivoirien, le plus tôt sera le mieux pour alléger les souffrances du peuple.
Excellence, dans votre propre secteur, celui de la diplomatie ivoirienne, Il y aurait problème pour l’installation des ambassadeurs nommés par le Président de la République SEM Alassane Ouattara. Qu’en est-il en réalité? Que faire ? Et comment faut-il procéder ?
Cela va dans la logique du refus de M. Gbagbo de quitter le pouvoir. C’est un déni du droit international et diplomatique. Nous ne comprenons pas cette attitude. Nous sommes en droit international. Quand vous n’etes plus reconnu dans un pays, vous partez. Le gouvernement élu nomme un ambassadeur et on pose des difficultés. Dans mon cas (à la Mission Permanente de New York), ils ont changé les codes. Ils brouillé le serveur pour que l’ascenseur n'arrive pas au 5ème étage de l’immeuble où est logée la Mission Permanente de Côte d’Ivoire. Ils ont pensé décourager les gens et les empêcher de travailler. Mais on a trouvé les solutions qui étaient d’ordre technologique et tout est rapidement rentré dans l’ordre. Mais s’agissant de mon collègue, l’Ambassadeur Daouda Diabaté, à Washington, il sera reçu par des officiels américains du State Department. Il présentera ses lettres de créance le 23 Février avec tout le prestige qui va avec ; la limousine de la Maison Blanche, les motards, tout l’appareillage et la garde d’honneur. Il va présenter ses lettres de créance au Président Barack Obama. Et, après la cérémonie, il sera accompagné avec le même cortège et le même apparat jusqu’à l’ambassade. Je ne comprends pas pourquoi, il ne rentrerait pas dans l’ambassade. C’est l’autorité américaine elle-même qui va accompagner l’ambassadeur Diabaté dans ses bureaux officiellement parce qu’il a été désigné par le Président légitimement élu de la Côte d’Ivoire, amie des Etats Unies, donc je ne vois pas qui pourrait l’en empêcher. Aux Etats Unis, nous sommes dans un pays de droit et donc celui qui s’amusera à lever un quelconque blocage à ce processus en subira les conséquences.
Que retenir, Excellence Monsieur l'ambassadeur au terme de cet entretien?
Nous espérons que, cette crise qui n’a que trop duré, arrive à sa fin et qu’on assiste enfin à la paix. C’est vrai que tous les grands pays connaissent des crises mais la Côte d’Ivoire a déjà trop payé. Les ivoiriens ont déjà trop souffert. Beaucoup de sang a coulé. Nous voulons un pays tourné vers le progrès, un peuple d’accueil, un peuple de prospérité. La Côte d’Ivoire est un pays qui ne peut pas se fermer sur l’extérieur. Je souhaite que nous puissions nous réconcilier afin de bâtir un pays digne de notre maturité.
"Life is not about waiting for the storm to pass, it is about learning to dance in the rain." Author: Lucien Pouamon
«La vie, ce n’est pas d’attendre que la tempête passe mais d’apprendre à danser sous la pluie».
Source :lebanco.net
Excellence Monsieur l'ambassadeur, toute la direction et l'équipe de rédaction de Lebanco.net vous disent merci pour cet entretien exclusif. A quoi faites-vous explicitement allusion lorsque vous évoquez à l'ONU l'éventualité d'un "génocide" en Côte d’Ivoire ?
Il y a effectivement des signes évidents d’un génocide en Côte d’Ivoire. Voyez-vous, des militants du RHDP sont repérés, pourchassés et tués. Dans certains quartiers comme Yopougon et Abobo, où les gens se connaissent bien, on sait qui est dioula ou baoulé. A Koumassi par exemple, on a eu des indications comme quoi le camp Gbagbo a commencé à inscrire des marques sur les maisons selon les ethnies (B pour baoulé ou D pour Dioula) supposées pro-RHDP. Des menaces on été proférées. Dites-moi comment on peut appeler cela ? Je n’ai pas voulu me taire. Je l’ai dénoncé haut et fort pour qu’on sache ce qu’il en est réellement parce qu’il ne s’agit pas de courir après comme des médecins après la mort. C’est maintenant, qu’il faut prévenir ! Et, cela est un devoir auquel, je ne me déroberai pas. Ce que je dis a été confirmé par des experts en génocides de l’ONU qui ont attesté, un mois après que j’ai tiré la sonnette d’alarme, que tous les ingrédients étaient réunis pour un génocide en Côte d’Ivoire. Donc, c’est une réalité.
Alors, selon vous, l'Onu doit agir pour éviter au peuple ivoirien cette catastrophe ?
L’ONU a la responsabilité de maintenir la Paix et la sécurité dans les régions et endroits où cette paix et cette sécurité sont menacées. L’instrument dont dispose l’ONU pour le faire, c’est le Conseil de Sécurité qui, dans le cadre de la crise en Côte d’Ivoire fait un travail que nous saluons. Le Conseil a donné un mandat clair à l’ONUCI sous le chapitre 7. Et, au cœur du mandat de l’ONUCI se trouve ce qu’on appelle « la protection des civils ». Il y a des résolutions phares qui sont transversales dans toutes les positions de l’ONU concernant les civils et surtout les femmes et les enfants comme priorité dans la prise en compte des activités des Nations Unies. Permettez-moi de développer un peu ce que j’entends par responsabilité de l’ONU. L’instrument pour adresser ces questions, pour traiter de ces questions et apporter des solutions parce qu’il ne s’agit pas d’énumérer les problèmes, c’est le Conseil de Sécurité. Les cinq grands comme on les appelle communément ont pour devoir de trouver des solutions à ce genre de situation. Ils sont plus forts que M. Gbagbo. Les Etats-Unis avec le président Obama se sont prononcés, la France s’est également prononcée avec le président Sarkozy, l’Angleterre a été claire sur sa position. Les Russes représentent une grande puissance qui a le devoir de protéger les civils dans toutes les parties du monde où ils sont menacés. On tue les ivoiriens qui sortent pour manifester. On va des fois jusqu’à les sortir de leurs maisons pour les tuer. On abat les cadres, les responsables qui encadrent les manifestations. Pourquoi ? Ce ne sont pas des choses cachées ; c’est documenté ! Donc, je ne comprends pas pourquoi, il faille tergiverser au sein du Conseil de Sécurité lorsqu’il s’agit de la vie de civils en danger. C’est surtout de cela qu’il s’agit demander à M. Gbagbo de partir. Voilà ce qu’on attend de l’’ONU. Quand la question a été traitée de façon objective, on s’attend à ce qu’il y ait un consensus au sein du Conseil. Mais là, il doit y avoir des intérêts voilés qui font qu’on veut poser des réserves. Je dénonce aussi cela parce que l’ONU doit prendre ses responsabilités statutaires qui découlent de la Charte des Nations Unies.
On parle de dialogue direct. De votre point de vue, comment devrait s'organiser cette rencontre entre le Chef de l'État SEM Alassane Ouattara et son ancien adversaire Laurent Gbagbo ?
Depuis quand ? Je n’en ai pas connaissance. Tout ce qu’on lui demande, c’est de lever le blocus. Nous ne voulons pas préempter le panel des initiatives des Chefs de l’Etat, et donc cela sera surement à l’ordre du jour. Et puis, s’il doit y avoir dialogue, c’est le Président légitimement élu, Alassane Dramane Ouattara qui va recevoir l’ancien Président Gbagbo selon son calendrier. Et, c’est après que, le Président soit installé dans toutes ses prérogatives. Oui, dans ce cas là, je peux même dire sans me tromper que le Président Alassane Dramane Ouattara pourrait même symboliquement accorder sa première audience à M. Gbagbo dans l’esprit du dialogue dont vous parlez. Et puis, par ailleurs, on les a vus lors du débat du 26 Novembre 2010. Un débat civilisé qui a fait honneur non seulement à la Côte d’Ivoire mais à toute l’Afrique pour ce que doit être un débat dans un pays moderne. Et donc, la rencontre dont vous parlez s’inscrira dans l’esprit et la lettre de ce débat -là. C’est l’esprit donc d’un dialogue permanent dans lequel le Président de la République recevra son frère, parce que nous sommes tous des enfants d’Houphouët qui aimons ce pays et donc, qui avons le devoir de mettre toute notre énergie ensemble pour recoller les morceaux.
Que dites-vous de ceux qui pensent que la seule solution pour que Gbagbo quitte le pouvoir, c'est la force militaire ?
Là encore, je ne veux pas anticiper sur l’initiative ou encore la façon dont le panel des Chefs d’Etat va travailler à prendre des décisions. Ce sont des Chefs d’Etat rompus à la chose politique avec beaucoup d’expérience et nous leur faisons confiance. Ils sauront certainement le dissuader.
Mais, je signale également que dans cette dynamique, le leadership revient à la CEDEAO qui connaît toutes les subtilités de l’affaire mieux que quiconque venant d’ailleurs. Par exemple, quand il s’agissait du problème de Madagascar, c’est la SADEC qui l’a traité même si c’était dans le cadre de l’Union Africaine. Les choses étant ce qu’elles sont même si c’est l’UA qui est en charge du dossier, le leadership de la conduite du traitement du dossier revient à la CEDEAO qui connait bien les réalités de cette question. Or, vous savez qu’à la CEDEAO, l’option militaire reste toujours une possibilité. La force de la communauté est toujours prête et lorsque le temps sera venu d’exploiter l’option de la force militaire, c’est une armée prête et forte qui opérera. Et nous leur faisons entièrement confiance. Mais, il faut encore souligner que le panel des Chefs d’Etat fait son travail. Il va faire son travail et nous leur faisons confiance. La CEDEAO a donc prévu l’option militaire pour agir en dernier ressort.
Excellence, l’ONUCI est de plus en plus agressée sur place. Selon vous, ne devrait-elle pas être autorisée à utiliser les armes tant pour se défendre que pour "dégager" Laurent Gbagbo ?
Non, non, ce n’est pas dans son mandat. L’ONUCI a un mandat clair. Je signale que l’ONU est en Côte d’Ivoire à la demande des autorités du pays. A l’époque, c’est M Gbagbo qui était au pouvoir et c’est à sa demande que la MINUCI est arrivée en 2003 et puis ensuite l’ONUCI en 2004 toujours à la demande du gouvernement Gbagbo. L’ONU n’intervient dans un pays qu’avec le consentement de celi-ci. Et, l’ONU n’intervient dans un pays que dans le cadre d’un mandat à lui conféré par le Conseil de Sécurité. Un mandat qui est clair et dans le cadre duquel l’ONU agit. Nous sommes en 2011 et le mandat de l’ONU est de défendre le gouvernement légitime. Donc, si l’hôtel du golf où réside actuellement le Président de la Côte d’Ivoire est attaqué, l’ONU réagira avec tous les moyens dont elle dispose. Ce sera un cas de légitime défense dans l’immédiat. C’est ce qu’on appelle les règles d’engagement. La résolution autorise à accroître son potentiel en cas d’attaque pour une riposte immédiate. L’ONUCI est dotée de matériel de combat entre autre trois hélicoptères de combat. Elle démontrera sa capacité en cas de nécessité et j’espère qu’on n’en arrivera pas à cela.
En attendant, l'on note un durcisssement diplomatique contre de Laurent Gbagbo…
C’est une très bonne chose. Non seulement, l’isolement diplomatique mais aussi l’asphyxie financière, les sanctions individuelles ciblées et les sanctions économiques. Tous ces éléments combinés devraient le faire plier. Si M. Gbagbo aime le peuple ivoirien, le plus tôt sera le mieux pour alléger les souffrances du peuple.
Excellence, dans votre propre secteur, celui de la diplomatie ivoirienne, Il y aurait problème pour l’installation des ambassadeurs nommés par le Président de la République SEM Alassane Ouattara. Qu’en est-il en réalité? Que faire ? Et comment faut-il procéder ?
Cela va dans la logique du refus de M. Gbagbo de quitter le pouvoir. C’est un déni du droit international et diplomatique. Nous ne comprenons pas cette attitude. Nous sommes en droit international. Quand vous n’etes plus reconnu dans un pays, vous partez. Le gouvernement élu nomme un ambassadeur et on pose des difficultés. Dans mon cas (à la Mission Permanente de New York), ils ont changé les codes. Ils brouillé le serveur pour que l’ascenseur n'arrive pas au 5ème étage de l’immeuble où est logée la Mission Permanente de Côte d’Ivoire. Ils ont pensé décourager les gens et les empêcher de travailler. Mais on a trouvé les solutions qui étaient d’ordre technologique et tout est rapidement rentré dans l’ordre. Mais s’agissant de mon collègue, l’Ambassadeur Daouda Diabaté, à Washington, il sera reçu par des officiels américains du State Department. Il présentera ses lettres de créance le 23 Février avec tout le prestige qui va avec ; la limousine de la Maison Blanche, les motards, tout l’appareillage et la garde d’honneur. Il va présenter ses lettres de créance au Président Barack Obama. Et, après la cérémonie, il sera accompagné avec le même cortège et le même apparat jusqu’à l’ambassade. Je ne comprends pas pourquoi, il ne rentrerait pas dans l’ambassade. C’est l’autorité américaine elle-même qui va accompagner l’ambassadeur Diabaté dans ses bureaux officiellement parce qu’il a été désigné par le Président légitimement élu de la Côte d’Ivoire, amie des Etats Unies, donc je ne vois pas qui pourrait l’en empêcher. Aux Etats Unis, nous sommes dans un pays de droit et donc celui qui s’amusera à lever un quelconque blocage à ce processus en subira les conséquences.
Que retenir, Excellence Monsieur l'ambassadeur au terme de cet entretien?
Nous espérons que, cette crise qui n’a que trop duré, arrive à sa fin et qu’on assiste enfin à la paix. C’est vrai que tous les grands pays connaissent des crises mais la Côte d’Ivoire a déjà trop payé. Les ivoiriens ont déjà trop souffert. Beaucoup de sang a coulé. Nous voulons un pays tourné vers le progrès, un peuple d’accueil, un peuple de prospérité. La Côte d’Ivoire est un pays qui ne peut pas se fermer sur l’extérieur. Je souhaite que nous puissions nous réconcilier afin de bâtir un pays digne de notre maturité.
"Life is not about waiting for the storm to pass, it is about learning to dance in the rain." Author: Lucien Pouamon
«La vie, ce n’est pas d’attendre que la tempête passe mais d’apprendre à danser sous la pluie».
Source :lebanco.net