La fille du très controversé Jean-Marie Lepen débarque en Côte d’Ivoire pour défendre Laurent Gbagbo et son camp.
Après les Mes Jacques Vergès et Roland Dumas, la scène politique ivoirienne accueillera dès aujourd’hui, sauf changement de dernière minute, une autre Française. Marine Lepen, la toute nouvelle présidente de Front national (Fn-parti politique français), sera sur les bords de la lagune Ebrié pour défendre la cause de Laurent Gbagbo. Le Fn est un parti politique français d’extrême droite à tendances xénophobes et racistes. Et, c’est là que le bât blesse. Inviter Marine Lepen en Côte d’Ivoire est sûrement une erreur politique que l’ancien chef d’Etat n’aurait pas dû commettre.
Lui, le panafricaniste, le défenseur de la souveraineté africaine, le “Lumumba’’ du XXI siècle, se payer les services d’un parti politique qui prône l’abrogation des lois françaises interdisant les propos racistes et renforçant l’arsenal législatif contre le racisme ! Notamment à travers la promotion d’une politique de lutte contre l’immigration et pour la préférence nationale. Laurent Gbagbo a peut-être cru bien faire en sollicitant ce parti, eu égard à ses idées nationalistes de défense de la souveraineté française. Normal, « la fin justifie les moyens », comme le dit Niccolo Machiavelli dans Le prince. Mais, cela risque de lui coûter ses soutiens africains. S’ils ont facilement toléré l’arrivée en Côte d’Ivoire des Mes Vergès et Roland Dumas, qui traînent beaucoup de casseroles, la pilule “Marine Lepen’’ sera certainement plus dure à avaler. Pour la simple raison que la majorité de ces panafricanistes vit en France et dénonce toujours les traitements racistes auxquels les Africains sont soumis, tant en France que dans leurs propres pays. Sans oublier que la ligne idéologique du Front national est aux antipodes de celle du parti politique de l’ex-président de la République : le Front populaire ivoirien est un parti de gauche. Et, s’il est avéré que les bons offices de la présidente du Fn ne sont pas gratuits, voilà qui compliquera encore plus la situation.
Etant donné que ce parti est en proie à d’énormes soucis financiers, l’initiative de l’héritière de la famille Lepen ne sera pas vue comme un acte animé par des convictions politiques, mais plutôt comme guidés par des soucis économiques. En effet, en août 2008, les responsables du Fn ont dû vendre le siège du parti, le Paquebot à 10 milliards Fcfa. «Le Paquebot était estimé à 12 milliards Fcfa et certains acheteurs connaissant nos difficultés financières en proposaient seulement 6 milliards Fcfa», ont-ils déclaré. Mais, ce n’est pas pour autant que les problèmes sont résolus, puisque le parti cherche l’argent qui va servir à financer la candidature de Marine Lepen à la présidentielle de 2012.
Avec l’invitation de cette énième Française dans le débat politique ivoirien, Laurent Gbagbo se discréditera forcément aux yeux de ses amis intellectuels panafricains et encore plus aux yeux de l’Internationale socialiste. Tandis que celle qui a tout à y gagner c’est bien Marine Lepen dont l’image et celle du parti n’en seront que grandies.
Anne-Marie Eba
Après les Mes Jacques Vergès et Roland Dumas, la scène politique ivoirienne accueillera dès aujourd’hui, sauf changement de dernière minute, une autre Française. Marine Lepen, la toute nouvelle présidente de Front national (Fn-parti politique français), sera sur les bords de la lagune Ebrié pour défendre la cause de Laurent Gbagbo. Le Fn est un parti politique français d’extrême droite à tendances xénophobes et racistes. Et, c’est là que le bât blesse. Inviter Marine Lepen en Côte d’Ivoire est sûrement une erreur politique que l’ancien chef d’Etat n’aurait pas dû commettre.
Lui, le panafricaniste, le défenseur de la souveraineté africaine, le “Lumumba’’ du XXI siècle, se payer les services d’un parti politique qui prône l’abrogation des lois françaises interdisant les propos racistes et renforçant l’arsenal législatif contre le racisme ! Notamment à travers la promotion d’une politique de lutte contre l’immigration et pour la préférence nationale. Laurent Gbagbo a peut-être cru bien faire en sollicitant ce parti, eu égard à ses idées nationalistes de défense de la souveraineté française. Normal, « la fin justifie les moyens », comme le dit Niccolo Machiavelli dans Le prince. Mais, cela risque de lui coûter ses soutiens africains. S’ils ont facilement toléré l’arrivée en Côte d’Ivoire des Mes Vergès et Roland Dumas, qui traînent beaucoup de casseroles, la pilule “Marine Lepen’’ sera certainement plus dure à avaler. Pour la simple raison que la majorité de ces panafricanistes vit en France et dénonce toujours les traitements racistes auxquels les Africains sont soumis, tant en France que dans leurs propres pays. Sans oublier que la ligne idéologique du Front national est aux antipodes de celle du parti politique de l’ex-président de la République : le Front populaire ivoirien est un parti de gauche. Et, s’il est avéré que les bons offices de la présidente du Fn ne sont pas gratuits, voilà qui compliquera encore plus la situation.
Etant donné que ce parti est en proie à d’énormes soucis financiers, l’initiative de l’héritière de la famille Lepen ne sera pas vue comme un acte animé par des convictions politiques, mais plutôt comme guidés par des soucis économiques. En effet, en août 2008, les responsables du Fn ont dû vendre le siège du parti, le Paquebot à 10 milliards Fcfa. «Le Paquebot était estimé à 12 milliards Fcfa et certains acheteurs connaissant nos difficultés financières en proposaient seulement 6 milliards Fcfa», ont-ils déclaré. Mais, ce n’est pas pour autant que les problèmes sont résolus, puisque le parti cherche l’argent qui va servir à financer la candidature de Marine Lepen à la présidentielle de 2012.
Avec l’invitation de cette énième Française dans le débat politique ivoirien, Laurent Gbagbo se discréditera forcément aux yeux de ses amis intellectuels panafricains et encore plus aux yeux de l’Internationale socialiste. Tandis que celle qui a tout à y gagner c’est bien Marine Lepen dont l’image et celle du parti n’en seront que grandies.
Anne-Marie Eba