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Politique Publié le jeudi 10 mars 2011 | Nord-Sud

L’armée de Gbagbo tire sur tout ce qui bouge à Abobo

«Nous sommes prêts à porter la riposte », avait déclaré Mangou aux premières heures des combats entre ses hommes et le commando invisible à Abobo. Mais au fil du temps, cette optimisme du chef d’état-major des armées encore loyal à Gbagbo a fait place au doute et à la peur bleue. La preuve. Les convois de cargo de la Crs ou de la garde républicaine roulent à vive allure dès qu’ils sont dans le périmètre d’Abobo. Assis dans les cargos ou pick-up, les soldats pointent droit leurs armes. La main sur la gâchette prête à appuyer sur la détente à la moindre ombre ou au moindre bruit. Des habitants des quartiers tels que Sagbé, Avocatier, Zion ou encore Pk 18 ont été témoins de plusieurs cas où des gens ont été tués dans ces conditions. « Nous étions assis en bordure de la voie principale. Un cargo de la Crs passait. Les policiers avaient leurs armes pointées vers nous. Au même moment, le pneu d’un chauffeur de taxi a éclaté. Alors, les policiers ont cru à une attaque. Ils ont tiré dans tous les sens pour couvrir leur fuite. Une femme a reçu des balles perdues à la poitrine. Elle est morte sur-le-champ », explique Traoré Mamadou, un habitant du quartier Avocatier. D’après lui, les éléments de la Crs ont tiré des rafales pendant une quinzaine de minutes avant de prendre la fuite. Autre lieu même attitude. A Zion et à Samaké, un blindé de la Gr secondé par un char de la brigade anti-émeute(Bae) a cadencé des tirs. Si on ne déplore pas de victime, les habitants se disent traumatisés. « Ils tirent sur tout ce qui bouge. Ils ont toujours l’arme braquée. On les évite au risque se faire tuer par ces névrosés », grogne Assane T., un résident du quartier Samaké. Lundi dernier à 17h, un char de la garde républicaine roule à vive allure en provenance du château. Au carrefour de Gagnoa-gare, il libère plusieurs coups. Un quidam qui passait par-là a reçu des plombs. Le jeudi 3 mars, lors de la marche pacifique des femmes, l’armée de Gbagbo ouvre le feu et tue sur le coup sept manifestantes. Tous ces actes menés à la sauvette par les soldats de Gbagbo témoignent la peur qui les habite. Peut-être, parce qu’ils se sentent coupables d’une forfaiture qu’ils tentent de masquer.

Kouakou Liza
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