Les boutiquiers mauritaniens des quartiers chauds d’Abidjan rentrent au pays en masse. Ces « rois » du commerce de détail fuient les combats et les agressions dont ils sont victimes.
L’ambassade de Mauritanie aux II Plateaux s’est transformée, depuis quelques jours, en un vaste camp de réfugiés. De nombreux ressortissants de la République islamique y ont trouvé refuge pour fuir les menaces et les affrontements dans certains quartiers d’Abidjan et des villes de l’intérieur du pays. Dans l’enceinte de la chancellerie située derrière le restaurant Bmw, des tentes dressées servent de dortoir à des déplacés qui s’y entassent par centaines. Les moins chanceux se débrouillent comme ils peuvent pour passer la nuit en attendant le départ pour le pays natal. A notre passage hier, 5 cars de 70 places pleins attendaient le top départ. Sous le soleil de plomb, 3 colonnes de candidats au voyage vers le pays natal supportaient mal le retard des camions. Des voix s’élèvent pour dénoncer le cafouillage ambiant. « On nous a dit qu’il y aura 15 départs mais nous ne voyons que 5 cars. Cela fait plusieurs jours qu’on attend le départ », s’impatiente un jeune qui a troqué le boubou traditionnel contre le pantalon jean avec basket. Comme bagage, pas grand-chose : des mallettes, des sacs en plastique, des baluchons etc. Fatigués de la longue attente, les plus âgés, les enfants et les femmes s’abritent sous les arbustes pour échapper aux rayons de soleil. Une femme offre du thé chaud à la menthe au prix de 100Fcfa aux voyageurs qui ne se privent pas de ce plaisir. Des restauratrices d’occasion ont ouvert des gargotes où elles servent du riz gras au poisson, le « tchep », qui est vite avalé par les voyageurs au ventre creux. Selon plusieurs sources, cet afflux des ressortissants du président Mohammed Ould Abdel Aziz vers leur ambassade a démarré il y a deux semaines. « Ils sont arrivés d’Abobo depuis que les combats entre les Fds et le commando invisible ont atteint un niveau de violence inouïe », nous informe la serveuse de thé. Un homme d’un certain âge, la colère perceptible sur le visage, évoque l’enfer vécu à Bagdad city. « Vous n’avez pas vu que deux Mauritaniens ont été tués à Abobo ? Comment voulez-vous que nous restions là-bas dans de telles conditions ?», s’interroge-t-il. Un autre boutiquier donne sa version sur cet afflux massif à la chancellerie. « Aucun Ivoirien n’a agressé un Mauritanien. Mais selon la rumeur, on a appris que les jeunes patriotes allaient nous attaquer à Yopougon. C’est ce qui a entrainé notre arrivée ici. L’ambassade n’était pas prête à accueillir un tel nombre de personnes», explique « Mohammed » comme on les appelle communément. Selon les informations recueillies sur place, au moins une vingtaine de cars ont déjà pris la route pour la capitale du Mali où ils atterrissent avant de regagner leur terre natale. « Ils sont convoyés vers Bamako et notre ambassade là-bas est chargé de les acheminer vers leur destination finale », souffle un homme qui se présente comme le chargé de la sécurité de l’ambassade. Selon nos sources, le voyage est offert à tous les candidats au retour par la mission diplomatique. Malgré notre insistance, aucun responsable n’a souhaité donner de détails sur l’organisation de cet exode massif. Notre équipe de reportage a été éconduit par un diplomate on ne sait pour quelle raison.
Nomel Essis
L’ambassade de Mauritanie aux II Plateaux s’est transformée, depuis quelques jours, en un vaste camp de réfugiés. De nombreux ressortissants de la République islamique y ont trouvé refuge pour fuir les menaces et les affrontements dans certains quartiers d’Abidjan et des villes de l’intérieur du pays. Dans l’enceinte de la chancellerie située derrière le restaurant Bmw, des tentes dressées servent de dortoir à des déplacés qui s’y entassent par centaines. Les moins chanceux se débrouillent comme ils peuvent pour passer la nuit en attendant le départ pour le pays natal. A notre passage hier, 5 cars de 70 places pleins attendaient le top départ. Sous le soleil de plomb, 3 colonnes de candidats au voyage vers le pays natal supportaient mal le retard des camions. Des voix s’élèvent pour dénoncer le cafouillage ambiant. « On nous a dit qu’il y aura 15 départs mais nous ne voyons que 5 cars. Cela fait plusieurs jours qu’on attend le départ », s’impatiente un jeune qui a troqué le boubou traditionnel contre le pantalon jean avec basket. Comme bagage, pas grand-chose : des mallettes, des sacs en plastique, des baluchons etc. Fatigués de la longue attente, les plus âgés, les enfants et les femmes s’abritent sous les arbustes pour échapper aux rayons de soleil. Une femme offre du thé chaud à la menthe au prix de 100Fcfa aux voyageurs qui ne se privent pas de ce plaisir. Des restauratrices d’occasion ont ouvert des gargotes où elles servent du riz gras au poisson, le « tchep », qui est vite avalé par les voyageurs au ventre creux. Selon plusieurs sources, cet afflux des ressortissants du président Mohammed Ould Abdel Aziz vers leur ambassade a démarré il y a deux semaines. « Ils sont arrivés d’Abobo depuis que les combats entre les Fds et le commando invisible ont atteint un niveau de violence inouïe », nous informe la serveuse de thé. Un homme d’un certain âge, la colère perceptible sur le visage, évoque l’enfer vécu à Bagdad city. « Vous n’avez pas vu que deux Mauritaniens ont été tués à Abobo ? Comment voulez-vous que nous restions là-bas dans de telles conditions ?», s’interroge-t-il. Un autre boutiquier donne sa version sur cet afflux massif à la chancellerie. « Aucun Ivoirien n’a agressé un Mauritanien. Mais selon la rumeur, on a appris que les jeunes patriotes allaient nous attaquer à Yopougon. C’est ce qui a entrainé notre arrivée ici. L’ambassade n’était pas prête à accueillir un tel nombre de personnes», explique « Mohammed » comme on les appelle communément. Selon les informations recueillies sur place, au moins une vingtaine de cars ont déjà pris la route pour la capitale du Mali où ils atterrissent avant de regagner leur terre natale. « Ils sont convoyés vers Bamako et notre ambassade là-bas est chargé de les acheminer vers leur destination finale », souffle un homme qui se présente comme le chargé de la sécurité de l’ambassade. Selon nos sources, le voyage est offert à tous les candidats au retour par la mission diplomatique. Malgré notre insistance, aucun responsable n’a souhaité donner de détails sur l’organisation de cet exode massif. Notre équipe de reportage a été éconduit par un diplomate on ne sait pour quelle raison.
Nomel Essis