«On va libérer Abobo. On va libérer Abobo». Hier, c’était le refrain le plus entonné dans la commune du Plateau. Tout précisément à l’état-major des armées qui a été envahi par plusieurs milliers de jeunes arrivés de toutes les communes d’Abidjan. Et même de certaines villes de l’intérieur qui sont dans les environs d’Abidjan. Ils répondent ainsi à l’appel de Blé Goudé, le leader des jeunes patriotes qui, le samedi dernier, à la place Cp1 de Yopougon, leur a donné rendez-vous hier, à 7 heures à l’état-major. Le rendez-vous a donc été respecté comme d’habitude. Entre Blé Goudé et le peuple ivoirien, il y a toujours une parfaite communion. Hier, au Plateau, il y avait donc de la joie, de l’émotion, mais bien plus, de la fierté pour défendre la République attaquée par des bandits. « Nous sommes là depuis 4 h du matin. Pour la Côte d’Ivoire, nous sommes prêts à tous les sacrifices. Je suis une jeune fille. Je pouvais aller m’amuser comme beaucoup de mes camarades le font actuellement. Mais je suis là pour défendre la Côte d’Ivoire». Explose une jeune fille qui s’est rasée la tête comme un garçon. Evidemment, hier, il y avait certes plus de garçons. Mais il y avait aussi un nombre impressionnant de jeunes filles qui veulent aller sous les drapeaux pour la cause de la République. Elles se moulaient dans le lot des jeunes garçons. Et déjà le matin, les différentes entrées de l’état-major des armées sont bondées de monde. Les jeunes (femmes comme garçons) arrivent par grappes qui en tenue aux couleurs nationales, qui, dans des accoutrements ordinaires. « Hein hein, Alassane a chaud ! » Menacent déjà certains. « Nous sommes venus donner notre vie pour la Côte d’Ivoire. Nous sommes prêts pour libérer notre pays». Explique un jeune qui se voit déjà en treillis, arme au poing et au front. La devanture de l’état-major est même transformée en salon de coiffure de fortune. A l’aide de lames achetées par paquets dans les boutiques environnantes, on se fait raser la tête à tour de rôle. Tout se fait dans la discipline. A l’intérieur, il y a un monde fou. Ils veulent tous porter le treillis. On entonne des airs patriotiques pour tenir le coup sous un soleil de plomb. « Même si je dois attendre, je suis là. Je brûle d’envie de prendre l’arme pour aller défendre mon pays. On a trop marché. On a fait des meetings, mais les rebelles n’ont pas désarmé. Nous sommes venus leur dire que le temps des meetings est dépassé chez nous. Nous sommes maintenant à une autre phase de la lutte». Fait remarquer un jeune étudiant qui a répondu à l’appel de Blé Goudé. Plusieurs milliers d’entre eux ont passé la nuit à la belle étoile au Plateau, dans l’espoir d’être au premier rang hier, à l’enrôlement. « C’est un signal que nous envoyons à ceux d’en face. Pour dire que nous sommes toujours debout pour la République. » Lance un autre jeune. Dans la nuit du dimanche à lundi, plusieurs groupes de jeunes ont bravé l’insécurité qui est à Adjamé en passant par là-bas. Mais comme le dit l’un d’entre eux, c’était un passage obligé. « Il a fallu qu’on passe par là-bas pour dire que nous n’avons peur de rien. Nous avons mis Adjamé sur un pied. Il n’y a rien. L’ordre règne là-bas. Bientôt, nous allons partir à Abobo », lâche un autre candidat à l’enrôlement. Bien évidemment, l’arrivée de Blé Goudé en rajoute à leur engagement. Tout comme celle du Cema, le Général Philippe Mangou qui leur donne l’assurance que personne se sera laissé à la touche. Ce qui veut dire que tous ceux qui sont aptes seront recrutés pour défendre la République. De quoi les rassurer, car depuis le samedi dernier, c’était la veillée d’arme dans les différentes communes d’Abidjan après l’appel de Blé Goudé. En clair, c’est ce que les jeunes attendaient depuis longtemps.
Guéhi Brence
Guéhi Brence