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Politique Publié le jeudi 24 mars 2011 | L’Inter

Accusation de crimes contre l`humanité - Ce que cache la campagne médiatique contre Gbagbo

© L’Inter Par DR
Horreur à Abobo: une pluie d`obus fait des dizaines de morts
Jeudi 17 mars 2011. Abidjan, commune d`Abobo. Une attaque à l`arme lourde des forces pro-Gbagbo fait des dizaines de victimes dans la population civile
Communiquer pour éviter d’être liquidé par un lynchage médiatique. Tel semble le sens du communiqué pondu prestement par le gouvernement Aké N’gbo dans la soirée du mardi dernier, relativement aux accusations portées contre Laurent Gbagbo par la presse internationale suite à la tuerie d’une trentaine de civils au marché d’Abobo. Dans cette déclaration lue par son porte-parole, Ahoua Don Mello, le camp Gbagbo se défend d’avoir perpétré ces tueries et bien d’autres crimes que les médias occidentaux lui imputent. « Aucun dégât par obus n’a été observé dans les marchés de la Commune d’Abobo le jeudi 17 mars 2011. Aucune victime d’une prétendue attaque par obus n’a été enregistrée dans les morgues d’Abobo et d’Anyama le jeudi 17 mars 2011 », dément-il, parlant même de faits « imaginaires ». Mais il ne se contente pas de réfuter énergiquement ces accusations portées contre ses forces militaires. Il contre-attaque en dénonçant la supposée partialité de la presse internationale qui, selon le gouvernement Aké N’gbo, est prompte à lui faire porter le chapeau chaque fois que des crimes et atrocités sont perpétrés contre une certaine frange de la population. Alors que dans le même temps, d’autres horreurs dont se rendent coupables les forces pro-Ouattara, sont passées sous silence. Et dégrèner le chapelet de ces actes odieux mis au compte des individus armés se réclamant de Ouattara. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Laurent Gbagbo semble avoir été touché au point d’en être affecté par cette campagne insidieuse, qui semble avoir été orchestrée à l’effet de le noyer ou, à tout le moins, le mettre davantage en difficulté.
Pourquoi le gouvernement Aké N’gbo contre-attaque
Le dernier communiqué de son gouvernement qui tance et menace tout à la fois la presse internationale, donne à penser qu’il a accusé le coup et surtout a perçu le péril qui le guette s’il se résigne à faire profil bas face à ce lynchage médiatique. A l’évidence, cette campagne médiatique, visant à mettre sur le dos des forces qui lui sont restées fidèles les exactions contre les populations civiles, tend à le livrer à la vindicte populaire. La communauté internationale, qui semble prête à tout pour avoir sa tête, agite à dessein le chiffon rouge pour accroître la pression sur lui, espérant ainsi le pousser à renoncer au pouvoir. A cet effet, ces relais médiatiques sont mis en branle pour jouer à fond la carte des accusations de crime contre l’humanité. Ainsi, de plus en plus, la presse internationale se fait l’écho d’allégations de personnalités onusiennes ou issues d’organisations internationales des droits de l’homme évoquant de probables crimes contre l’humanité dont se seraient rendues coupables les forces pro-Gbagbo. Un argument tout trouvé pour faire planer sur Laurent Gbagbo le spectre de poursuites judiciaires internationales et le contraindre ainsi à lâcher du lest. Un scénario qui rappelle le déchaînement de la communauté internationale contre le président soudanais Omar El Béchir, contraint de concéder la sécession du Sud-Soudan, sous peine d’être traduit devant la Cour pénale internationale (Cpi). Traqué par le Procureur Louis Moreno Ocampo, qui a lancé un mandat d’arrêt international contre lui, Béchir a fini par céder. L’indépendance de cette partie du Soudan étant en voie d’être acquise, il est de plus en plus question de tirer un trait sur les poursuites contre Béchir devant les juridictions internationales. Tout porte à croire que c’est ce schéma que l’on veut appliquer à Gbagbo en commençant par ameuter l’opinion sur de probables crimes contre l’humanité commis par ses forces militaires en Côte d’Ivoire. En cas d’échec du scénario soudanais, il n’est pas exclu que le schéma libyen soit mis en route pour contraindre, par la force, le locataire du palais présidentiel du Plateau, à céder le pouvoir. Et l’argument, là aussi, est tout trouvé : recours légitime à la force pour protéger les populations civiles victimes d’exactions. Aussi les esprits sont-ils préparés depuis quelque temps à l’idée que les forces pro- Gbagbo tirent à l’arme lourde et à l’aveuglette sur les civils. Message apparemment reçu cinq sur cinq par Laurent Gbagbo, qui a décidé de plaider non coupable.
Assane NIADA
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