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Politique Publié le samedi 26 mars 2011 | L’Inter

Et si Mamadou Koulibaly avait raison

© L’Inter Par Emma
Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire: le président Laurent Gbagbo assiste à la prise d`armes au palais
Samedi 7 août 2010. Abidjan, palais présidentiel du Plateau. Le défilé militaire est le point culminant des cérémonies marquant la fête de l`indépendance. Photo: Mamadou Koulibaly, président de l`Assemblée nationale
L`aiguille de la boussole de sortie de crise en Côte d`Ivoire semble de plus en plus tourner vers le dialogue inter-ivoirien. Une négociation directe entre les camps Gbagbo et Ouattara, afin de trouver une solution pacifique à cette crise. Après avoir croisé le fer sur les champs de bataille, et fait le décompte macabre de plusieurs centaines de morts, la tendance est à la discussion. Dans son édition du mercredi 23 mars dernier, le journal de la Refondation, « Notre Voie », évoquait justement la nécessité du dialogue dans un article intitulé « Règlement de la crise: quand le recours au dialogue s`impose ». Un véritable cri du cœur lancé par le journaliste pour attirer l`attention des camps au conflit sur le drame que vivent les Ivoiriens à cause de leur bataille pour le pouvoir. Le leader des jeunes patriotes, ces farouches partisans de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, appelle lui aussi à ce dialogue entre les deux protagonistes. Le ministre de la Jeunesse du gouvernement Aké N`Gbo, qui ne manque pas de sonner la mobilisation de cette jeunesse et qui défie la communauté internationale, qu`il soupçonne de soutenir le camp Ouattara, pense que le passage obligé, c`est le dialogue. « Je souhaite que les leaders entendent mon appel. Je les appelle à un dialogue inter-ivoirien, sans témoin », a dit Blé Goudé dans le quotidien Fraternité Matin d`hier jeudi 24 mars. Dans le camp Ouattara, même si l`on ne le dit pas haut et fort, l`idée ne désenchante pas non plus. Des hautes personnalités du cercle d`Alassane Ouattara murmurent en effet l`idée d`un dialogue franc avec le camp Gbagbo. D`autres locataires du Golf hôtel n`ont pas coupé les ponts avec leurs amis réfondateurs, qu`ils continuent d`appeler malgré la crise. Signe qu`il y a encore des liens solides qui peuvent servir de courroie entre les deux camps. En un mot, il est aujourd`hui plus que nécessaire que Laurent Gbagbo, déclaré président par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale, se parlent pour que les Ivoiriens se portent mieux. Mais faut-il le rappeler, l`idée d`un dialogue inter-ivoirien pour mettre fin à la crise née du second tour de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010, n`est pas nouvelle. Elle avait été évoquée aux premières heures du contentieux électoral par le président de l`Assemblée nationale, le professeur Mamadou Koulibaly, deuxième personnalité de l`Etat. Au cours d`un entretien qu`il a accordé à Radio espoir, à la mi-décembre 2010, comme pour entretenir l`espoir en une sortie pacifique dans ce conflit post-électoral, M. Koulibaly avait invité les deux leaders, Gbagbo et Ouattara, à s`asseoir et discuter. Morceau choisi de l`analyse du professeur: « Voyez-vous en Afrique, chaque fois qu’il y a élection (puisque nous sommes encore loin d’être dans des démocraties), nous terminons par la contestation. La contestation conduit rapidement à la mésentente et puis à une guerre fratricide. Nous nous retrouvons rapidement avec 400 ; 500 ; 600 morts ; 50000 déplacés... des magasins brûlés, des entreprises détruites. Et puis, c’est une fois tous ces dégâts faits, constatés, que les gens de bonne volonté à l’échelle mondiale débarquent, constatent qu’il y a des dégâts, l’humanitaire arrive (...) ». Un tableau qui dépeint presqu`exactement la situation ivoirienne. Et le professeur de poursuivre : « (…) l’humanitaire utilise par la suite, le poids de ces morts, de ces blessés, le poids de ces destructions pour exercer une pression sur les protagonistes de la crise postélectorale et les obliger à s’entendre alors sur une paix que l’on qualifie de paix des braves. Comme si avoir fait tuer des milliers de ses compatriotes était un acte de bravoure. On fait la paix des braves et on fait un gouvernement d’union puis les protagonistes s’installent et gèrent ensemble. Ce schéma a été appliqué à tellement de reprises qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas ».

Eviter les morts inutiles

C`est donc le schéma classique appliqué à de nombreuses crises en Afrique, et la crise post-électorale, semble t-il, n`y échappera pas. Mais l`idée du président du Parlement ivoirien, c`est de faire l`économie de ces nombreux morts, inutiles, qui jalonnent les périodes de tension post-électorale, pour aller directement à cet indispensable dialogue qui s`impose pour la paix. « Le maillon qui consiste à nous entretuer, nous ne sommes pas obligés de passer par là. On peut sauter l’intermède qui consiste à passer par les tueries et arriver directement à une entente, à une cohabitation, à une cogestion, à une complicité entre les protagonistes pour travailler pour les populations... Nous gagnons en efficacité et en temps. Voilà un peu le schéma dans lequel je me situe. Nous ne sommes pas obligés de nous entretuer avant de faire la paix. Nous pouvons faire la paix sans nous entretuer. (...) ». Il n`avait pas été écouté. Le constat, c`est qu`il y a eu des morts inutiles. L`Onu dénombre environ 500 morts. Egalement des destructions de biens publics et privés, des déplacés. L`intermède sanglant et destructeur que le professeur Koulibaly avait voulu faire éviter aux Ivoiriens, en lançant son appel au dialogue, semble donc bouclé. Retour à la case départ. Même si sur le front militaire, des combats entre les forces belligérantes rappellent que la solution de la force reste une option, le dialogue pour la paix paraît nécessaire pour éviter le pire. « Moi je pense fortement qu’il n’y a pas d’autres issues pour nous que de sortir de cette crise sans guerre. Nous n’avons pas le choix. Il ne faut surtout pas que les gens pensent que la solution, c’est la guerre ou la guerre. La solution, c’est la paix par la volonté des peuples. Si nous y croyons, si nous le voulons, il n’y a pas de raisons qu’on n’y arrive pas », avait-il indiqué.
Un message qui devrait surtout inspirer les deux protagonistes de la crise post-électorale, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, afin que soit mis fin au cycle de violences qui continue d`endeuiller les familles ivoiriennes.

Hamadou ZIAO
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