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Politique Publié le samedi 26 mars 2011 | AFP

Abidjan: sous pression internationale, le camp Gbagbo mobilise ses partisans

Le camp du chef de l`Etat ivoirien sortant Laurent Gbagbo a mobilisé samedi des milliers de partisans près du palais présidentiel à Abidjan, au moment où la pression internationale s`accentue
pour le forcer au départ, sur fond de crainte de guerre civile.
La France, ex-puissance coloniale, a annoncé cette semaine avoir déposé un
projet de résolution au Conseil de sécurité de l`ONU en vue de faire cesser
les tirs à l`arme lourde, qui sont un "scandale" selon le président Nicolas
Sarkozy.
Le texte, qui doit être examiné dans les prochains jours, demande
explicitement le départ de Laurent Gbagbo et reconnaît son rival Alassane
Ouattara comme président légitime après le scrutin de novembre, qui a plongé
le pays dans une crise meurtrière.
A l`appel de Charles Blé Goudé, chef des "patriotes" pro-Gbagbo, des
milliers de personnes, essentiellement des jeunes, avaient envahi depuis la
mi-journée la place de la République, dans le quartier du Plateau, coeur du
pouvoir hérissé de nombreux barrages de jeunes.
"Gbagbo ou rien", "La Côte d`Ivoire appartient aux Ivoiriens", "Je suis
prêt à libérer ma Côte d`Ivoire" ou "Sarkozy, ce pays est ton terminus",
proclamaient des pancartes et des affiches.
Au son du zouglou, une musique des jeunes Ivoiriens, des manifestants
tenaient des drapeaux ou tendaient des Bibles vers le ciel.
M. Blé Goudé a fait son entrée sous les hourras en portant un matelas à
l`épaule: ce rassemblement aux allures de camping festif devait se poursuivre
toute la nuit avec des séances de prière, pour s`achever dimanche matin.
"Avant d`attaquer Laurent Gbagbo, vous allez (devoir) égorger tout ce
monde-là", a-t-il lancé à l`adresse de la communauté internationale, en
montrant la foule.
"Il n`y aura pas de guerre civile", a-t-il martelé, s`en prenant à M.
Sarkozy mais aussi au président américain Barack Obama, à l`ONU et à la
Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao).
Alors que Pascal Affi N`Guessan, chef du parti de M. Gbagbo, a accusé M.
Ouattara d`être "un mercenaire au service de l`impérialisme occidental",
Charles Blé Goudé a renouvelé son appel au "dialogue" pour "trouver une
solution à la crise post-électorale".
Il a affirmé que "plus de 100.000" jeunes s`étaient fait enregistrer auprès
de l`état-major pour s`enrôler dans l`armée, répondant à son appel du week-end
dernier. L`armée a précisé qu`elle appellerait ces recrues au "moment
opportun".
La crise n`a jamais eu des conséquences si dramatiques pour les Ivoiriens
ni suscité autant d`inquiétude à l`extérieur. Plus de 460 personnes ont été
tuées dans des violences depuis fin 2010, et un million d`habitants pourraient
avoir été déplacés dans le pays, selon l`ONU.
Dans l`Ouest comme dans Abidjan, l`heure reste aux affrontements, ainsi
qu`à l`usage d`armes lourdes, comme dans les quartiers d`Abobo et Anyama,
bastions des insurgés pro-Ouattara dans la capitale économique.
Abobo demeure l`épicentre des combats. Dans le secteur "Samankè", des tirs
avaient été entendus vendredi et deux blindés légers des Forces de défense et
de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo étaient visibles à un carrefour,
calcinés. Selon des témoins, ils étaient tombés dans une "embuscade" des
insurgés, baptisés "commando invisible".
Un habitant du quartier de Cocody-Angré, au sud d`Abobo, a rapporté samedi
après-midi "des tirs, des rafales de kalachnikov, par intermittences", sans
pouvoir en préciser l`origine.
Dans le nord du pays, sous contrôle de l`ex-rébellion pro-Ouattara, la
population était depuis mercredi soir privée d`eau et d`électricité, selon des
habitants. Aucune explication officielle n`a été donnée, alors que le système
est contrôlé par le régime Gbagbo depuis Abidjan.
"Les enfants sont malades car ils n`arrivent pas à bien dormir (faute de
ventilation, ndlr). Il y a aussi un manque d`hygiène", a confié une habitante
de Bouaké, fief ex-rebelle dans le centre du pays.
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