Qu’il soit arrivé au pouvoir par les urnes ou par les armes, Alassane Dramane Ouattara est désormais au pied du mur, face à une gigantesque montagne de défis. Alors que la polémique sur l’auteur ou les auteurs de la capture de son rival continue d’enfler, le nouvel homme fort de Côte d’Ivoire veut rattraper le temps perdu. Un discours à la nation, une conférence de presse, des audiences, le Président de la République Alassane Ouattara semble avoir pris la mesure des difficultés qui l’attendent. Il est clair que s’il est un homme qui ne devait pas souhaiter cette intervention militaire, c’est bien le président Ouattara. Car il arrive certes enfin au pouvoir, après 18 ans de combat acharné, mais les conditions de sa prise effective du pouvoir sont toutes aussi calamiteuses que celles qui ont prévalu à l’accession à la magistrature suprême de Laurent Gbagbo en octobre 2000. N’empêche, l’arrivée d’Alassane Ouattara
aux affaires ouvre une nouvelle page «blanche» de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Cependant elle est loin d’être une solution définitive à la crise ivoirienne. D’ailleurs, le Président de la République ne l’ignore pas. Ainsi, a-t-il fait de la réconciliation des Ivoiriens l’une de ses priorités à côté de la pacification de tout le territoire en un ou deux mois.
S’agissant justement de la réconciliation, nous sommes de ceux qui pensent qu’elle s’annonce complexe, voire inextricable. Les violences postélectorales ont laissé de profondes douleurs et des blessures vives qui ne s’effaceront aucunement sous l’effet de la volonté de la France ou de l’Onu. «Vérité, justice et réconciliation» c’est sans doute le chantier fondateur de la nouvelle Côte d’Ivoire. Mais selon Christian Bouquet, Professeur de géographie politique à l’université de Bordeaux 3, «il ne devrait pas être au-dessus des forces des Ivoiriens, dont on n’entend pas suffisamment la majorité silencieuse, celle qui aspire à la paix et qui saura se mobiliser quand les armes se seront tues. Il ne faut pas méconnaître l’énergie sociale qui a toujours permis au pays de survivre à toutes les crises». Autrement dit, le forum de la réconciliation nationale annoncé par le Président de la République ne devrait pas
être un banal rendez-vous d’un groupuscule d’individus appartenant à la même ethnie ou à la même religion ou encore au même bord politique et autres clans qui viendront se défouler pendant des jours, sans véritablement toucher aux vrais problèmes à la base de la profonde fracture sociale. La réconciliation nationale, en dépit de son caractère complexe, nous le pensons, n’est pas impossible, pourvu que «d’une part, tous les acteurs politiques retrouvent le sens de la raison, notamment en faisant cesser les appels à la violence intercommunautaire et, d’autre part, que la haine qui s’est développée autour du couple bourreaux –
victimes soit tempérée par des gestes politiques très clairs en faveur du retour dans le pays d’une justice implacable, indépendante des partis et soucieuse de traiter toutes les exactions restées impunies au cours de la dernière décennie, depuis le charnier de Yopougon en 2000 jusqu’à celui de Duékoué en 2011, en passant par les exactions en 2002 au nord et à l’ouest, les escadrons de la mort, les manifestations réprimées à balles réelles, les marchés bombardés au mortier, l’assassinat des agents des forces de défense et de sécurité…»
A côté de la réconciliation nationale, se dresse le défi de la réunification de l’armée. Il saute à l’œil qu’une réforme de l’armée ivoirienne s’impose, tant il apparait indispensable de recréer des relations de confiance civilo-militaires, pour accompagner le mouvement d’accommodement et de replâtrage de la société ivoirienne avec comme objectif principal l’instauration d’un Etat de droit démocratique. Une bonne occasion, à notre avis, de redéfinir les missions et fonctions de l’armée ivoirienne. De la réussite de la réunification de cette armée dépendront les succès d’autres défis comme le désarmement, la sécurité des Ivoiriens et de tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire.
Nous sommes aussi d’avis que le Président de la République doit se pencher sur le cas Gbagbo. Une véritable pierre angulaire qui de notre point de vue doit être traitée avec beaucoup de délicatesse. Car l’ex-Chef de l’Etat a tout de même récolté plus de 45% des suffrages exprimés lors du scrutin du 28 novembre 2010. Ce qui en termes de représentativité n’est pas négligeable. Il faut donc convaincre ses partisans de raviver les blessures.
La dernière priorité du Président Ouattara qui n’est pas, il faut le noter la moins importante, reste de toute évidence la relance de l’économie nationale. Sur la question, nous n’avons rien à apprendre au Chef de l’Etat car en fin économiste, spécialiste des questions financières, il a pu évaluer le degré d’indigence des populations ivoiriennes et surtout la fissuration du tissu économique national. Les Ivoiriens espèrent et cela dans un bref délai une significative amélioration de leur bien-être social, comme promis par le Président de la République lors de sa campagne.
C’est vrai qu’a priori l’avenir de la Côte d’ Ivoire est encore incertain, au regard des difficultés politiques, économiques, sociales et sécuritaires qui se font nombreuses, mais le fait d’avoir mis fin à la dégradation de la situation à temps nous oriente sans doute dans la bonne direction et l'espoir semble être de nouveau permis.
Par COULIBALY Vamara
aux affaires ouvre une nouvelle page «blanche» de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Cependant elle est loin d’être une solution définitive à la crise ivoirienne. D’ailleurs, le Président de la République ne l’ignore pas. Ainsi, a-t-il fait de la réconciliation des Ivoiriens l’une de ses priorités à côté de la pacification de tout le territoire en un ou deux mois.
S’agissant justement de la réconciliation, nous sommes de ceux qui pensent qu’elle s’annonce complexe, voire inextricable. Les violences postélectorales ont laissé de profondes douleurs et des blessures vives qui ne s’effaceront aucunement sous l’effet de la volonté de la France ou de l’Onu. «Vérité, justice et réconciliation» c’est sans doute le chantier fondateur de la nouvelle Côte d’Ivoire. Mais selon Christian Bouquet, Professeur de géographie politique à l’université de Bordeaux 3, «il ne devrait pas être au-dessus des forces des Ivoiriens, dont on n’entend pas suffisamment la majorité silencieuse, celle qui aspire à la paix et qui saura se mobiliser quand les armes se seront tues. Il ne faut pas méconnaître l’énergie sociale qui a toujours permis au pays de survivre à toutes les crises». Autrement dit, le forum de la réconciliation nationale annoncé par le Président de la République ne devrait pas
être un banal rendez-vous d’un groupuscule d’individus appartenant à la même ethnie ou à la même religion ou encore au même bord politique et autres clans qui viendront se défouler pendant des jours, sans véritablement toucher aux vrais problèmes à la base de la profonde fracture sociale. La réconciliation nationale, en dépit de son caractère complexe, nous le pensons, n’est pas impossible, pourvu que «d’une part, tous les acteurs politiques retrouvent le sens de la raison, notamment en faisant cesser les appels à la violence intercommunautaire et, d’autre part, que la haine qui s’est développée autour du couple bourreaux –
victimes soit tempérée par des gestes politiques très clairs en faveur du retour dans le pays d’une justice implacable, indépendante des partis et soucieuse de traiter toutes les exactions restées impunies au cours de la dernière décennie, depuis le charnier de Yopougon en 2000 jusqu’à celui de Duékoué en 2011, en passant par les exactions en 2002 au nord et à l’ouest, les escadrons de la mort, les manifestations réprimées à balles réelles, les marchés bombardés au mortier, l’assassinat des agents des forces de défense et de sécurité…»
A côté de la réconciliation nationale, se dresse le défi de la réunification de l’armée. Il saute à l’œil qu’une réforme de l’armée ivoirienne s’impose, tant il apparait indispensable de recréer des relations de confiance civilo-militaires, pour accompagner le mouvement d’accommodement et de replâtrage de la société ivoirienne avec comme objectif principal l’instauration d’un Etat de droit démocratique. Une bonne occasion, à notre avis, de redéfinir les missions et fonctions de l’armée ivoirienne. De la réussite de la réunification de cette armée dépendront les succès d’autres défis comme le désarmement, la sécurité des Ivoiriens et de tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire.
Nous sommes aussi d’avis que le Président de la République doit se pencher sur le cas Gbagbo. Une véritable pierre angulaire qui de notre point de vue doit être traitée avec beaucoup de délicatesse. Car l’ex-Chef de l’Etat a tout de même récolté plus de 45% des suffrages exprimés lors du scrutin du 28 novembre 2010. Ce qui en termes de représentativité n’est pas négligeable. Il faut donc convaincre ses partisans de raviver les blessures.
La dernière priorité du Président Ouattara qui n’est pas, il faut le noter la moins importante, reste de toute évidence la relance de l’économie nationale. Sur la question, nous n’avons rien à apprendre au Chef de l’Etat car en fin économiste, spécialiste des questions financières, il a pu évaluer le degré d’indigence des populations ivoiriennes et surtout la fissuration du tissu économique national. Les Ivoiriens espèrent et cela dans un bref délai une significative amélioration de leur bien-être social, comme promis par le Président de la République lors de sa campagne.
C’est vrai qu’a priori l’avenir de la Côte d’ Ivoire est encore incertain, au regard des difficultés politiques, économiques, sociales et sécuritaires qui se font nombreuses, mais le fait d’avoir mis fin à la dégradation de la situation à temps nous oriente sans doute dans la bonne direction et l'espoir semble être de nouveau permis.
Par COULIBALY Vamara