Mardi 12 avril 2011, lendemain de la prise du pouvoir d`Etat par Alassane Ouattara à Laurent Gbagbo, son rival. Il est 7h30 quand les bruits de canons des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci) contre le régime Gbagbo, tonnent à nouveau. De quoi peut-il encore bien s`agir après l`arrestation de l`ancien président de la République et ses proches? Le message semble pourtant bien clair pour les forces du président Ouattara. Il faut maitriser la commune de Yopougon, l`un des fiefs du désormais ancien chef de l`Etat. Dans leur viseur, les Frci ont le quartier de la Sogephia, au centre de la commune, qui regorge de nombreux partisans de l`ex-président. La peur et la panique gagnent les populations qui fuient et trouvent refuge à la cathédrale Saint-André, dans le quartier voisin de Sicogi, non sans se passer le mot sur les mesures de sécurité. ‘’Placage au sol’’, ‘’Fuyez``, ``Les hommes et les jeunes, quittez le quartier!’’. Les cibles des visiteurs en armes sont identifiées. Les bourreaux des populations également. Il s`agit des forces d’Alassane Ouattara, le nouveau président de la Côte d’Ivoire. Au lendemain de la chute du président Laurent Gbagbo, les populations de Yopougon, son bastion le plus sûr, étaient certes sous le choc, mais gardaient encore espoir, s’accrochant à une prophétie publiée il y a six ans par un homme de Dieu qui avait prédit un scénario similaire. Elles sont entre amertume, espoir et balles perdues. Toutefois, leurs regards sont tournés vers les milices qui occupent la plus grande partie de la commune et livrent bataille aux FRCI. Pendant deux semaines, les combats font rage. Les morts, ils ne se comptent pas. Aussi bien dans le camp des miliciens que dans celui des Forces républicaines. Yopougon, ``la cité de la joie`` comme aiment l’appeler les Abidjanais et son maire Gbamnan Djidan Jean-Félicien, est devenue, le théâtre des affrontements et de la terreur. Outre Sogephia, Gesco, la partie nord de la commune, entrée principale dans le District d`Abidjan est l`autre point chaud des combats. Ce quartier précaire et populaire est aussi la théâtre de violents affrontements. Mais, ici, les poches de résistance sont très vite neutralisées et les différents ratissages dans le quartier virent en une chasse à l`homme à relents de règlements de comptes, avec des tueries ciblées. Sur indication, de nombreuses familles, présentées comme de farouches partisans de Laurent Gbagbo à Gesco, sont maltraitées, voir exterminées. Des atrocités sont commises çà et là. L`horreur est à son comble. De nombreuses familles vont tenter de fuir ces horreurs pour se réfugier, pour la plupart, dans d`autres quartiers moins agités de la commune, coupée quasiment du reste du District d`Abidjan faute de moyens de sortie. Ces difficultés de déplacement vont engendrer un exode interne. Fuyant les zones de combat, des flux massifs de populations arpentent les rues vers d’autres quartiers plus sécurisés, notamment ``Toit rouge`` et ``Niangon``. A l`image du spectacle désolant dans les communes d`Abobo ,et d`Anyama, au moment des combats entre le commando invisible et les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à l`ancien président, hommes, femmes et enfants, baluchons sur la tête, abandonnent domiciles et biens divers à la recherche d`un lieu moins agité. Si toutes les populations de Yopougon vivent l`horreur, certains catégories d`habitants souffrent plus de la situation. Il s`agit des populations du groupe Krou (Bété, Guéré, Gouro) auquelles appartient le président déchu. Ces populations ont particulièrement vécu la terreur et connu l`horreur. Les témoignages sont légion pour attester qu`elles sont prises pour cibles tant dans leurs déplacements que dans les domiciles. Des hommes en armes n`hésitent pas à forcer les portes des domiciles et à y pénétrer manu militari pour demander l`ethnie des locataires ou rechercher des indices pouvant amener à conclure qu`il s`agit de proches de Laurent Gbagbo. Une photo ou un tee-shirt à l`effigie du président déchu suffit pour qu`on terrorise les occupants de la maison, s`ils ne sont pas directement exécutés. Finalement, l`église reste le seul refuge pour ces infortunés retranchés dans des paroisses telles Saint Laurent de Yopougon Kouté.
L’épisode du Km 17
Désormais coupée du monde (il n`y avait plus de réseau téléphonique fonctionnel dans la commune) comme l’a été Abobo pendant trois mois, Yopougon s`est trouvée presque asphyxiée. Plus de nourriture, avec des coupures intempestives d’eau et d’électricité. La commune n’avait pour seul point d`approvisionnement en nourriture que le corridor qui mène à Dabou, une ville située à une trentaine de km à l’ouest d’Abidjan. Dans cette zone, exactement au km 17, jeunes et femmes viennent de tous les quartiers pour avoir de quoi se nourrir. Mais là encore, Frci et miliciens vont se livrer des batailles épiques pour le contrôle de ce grenier. Tout part de la crise au sein des forces d’Alassane Ouattara qui se seraient affrontées entre elles, sur l’autoroute et dans la commue d’Abobo pour le contrôle de certains territoires. Les Frci décident alors de recruter de gré ou de force des soldats pour livrer bataille au «commando invisible» dirigé alors par feu Ibrahim Coulibaly, l’ancien chef de la garde du nouveau dirigeant ivoirien. Le lieu idéal pour ce recrutement reste le secteur de Km 17 à cause de l’affluence qu`on y constate tous les jours. Surtout parce qu’à l’intérieur de Yopougon, il y a des miliciens à chaque coin de rue, constituant une menace contre toute tentative d`incursion. Selon des sources, des dizaines de jeunes, partis chercher des vivres pour leurs familles, ne reviendront plus. Ils auraient été enrôlés ou tués. C’est la règle: suivre pour survivre ou se faire exécuter. «Deux de mes amis ont été pris. Leur vie est gâchée simplement parce qu’ils ne peuvent plus revenir parmi nous. S’il viennent, ils seront considérés comme des Roméo (rebelles) », témoigne SK, un jeune homme vivant au quartier Sicogi, qui plaide pour la fin des violences. Informés de cette situation au Km 17, les miliciens appuyés de mercenaires libériens décident d’entreprendre une opération de sécurisation de la zone pour faire cesser ces recrutements forcés. L`offensive lancée va faire vivre d`intenses moments effroyables dans cette zone de Yopougon. Les Frci, repoussées, trouvent refuge dans les forêts bordant la route de Dabou. La riposte ne se fera pas attendre. A bord de véhicules de troupes et estimés à au moins 500 hommes, selon des témoins, des éléments des Frci, conduits par un chef de guerre très connu de la place, vont ouvrir le feu sur un immeuble habité par des Fds-CI. Le bilan est lourd. Des personnes retrouvées égorgées dont un enfant, une roquette logée dans un appartement au troisième étage de l`immeuble, un assaut mené loin des positions des miliciens, que des Frci appellent ``les gens du gloglo``, pour parler des quartiers précaires de Yopougon. Les affrontements se multiplient et les choses se compliquent. Dans les quartiers Niangon, Gesco, Siporex, contrôlés à moitié par les Frci, des supposés proches de Gbagbo, notamment les populations de l`Ouest, sont indésirables. Dans les autres quartiers, occupés par les miliciens, c’est plutôt ceux du Centre et du Nord qui sont les cibles. Le sous-quartier précaire ``Sikasso``, au quartier ``Koweït``, où vivent essentiellement des ressortissants du nord et de pays de la sous-région ouest-africaine, a été quasiment vidé de ses habitants dans la semaine pascale. Les habitants de Yopougon, en particulier les hommes, ont été pendant les deux semaines écoulées, la cibles de massacres indicibles. Pourchassés par les combattants, les plus malchanceux y ont perdu la vie. « Il n’est plus question de parler de LMP ou de RHDP, on cherche à sauver notre peau», nous fait comprendre une jeune dame, le vendredi 15 avril 2011 au quartier ``Toit-rouge``. Où à l`instar des autres quartiers de la;,plus vaste commune du territoire ivoirien, il n’existe plus ni banque, in magasin, encore moins de supermarché. Toutes ces structures ayant été pillés par des habitants, qui vivent chaque jour comme si c`était leur dernier jour d`existence.
Le danger est permanent
Une psychose généralisée règne sur la ``commune de la joie``, aujourd`hui. Personne n’y est à l’abri d’une balle perdue et l’on peut se faire accoster ou se faire tuer pour un simple coup de fil. Lundi 25 avril, deux jeune-hommes, la vingtaine révolue, ont été froidement abattus par des hommes en armes au marché de Sicogi, parce qu’ils communiquaient au téléphone. Les tueurs les soupçonnant d’être des indics. Certains parlent même de règlement de comptes dans une atmosphère de terreur où des armes de guerre sont manipulés en public, sans pudeur. Militaires, policiers, gendarmes, bandits, jeunes désœuvrés, tous sont en armes, au front ou pas. Une fusillade est très vite déclenchée même pour une simple question de femme. Mais la plus grande peur des habitants de Yopougon a été l’utilisation d’armes lourdes ou d’armes de très gros calibre pendant les combats dans les quartiers. De nombreuses familles ont été endeuillées dans des secteurs comme `` Selmer``, ``Siporex`` , ``Nouveau Quartier``, ``Banco II`` et ``Port-Bouët II`. Des riverains de ces quartiers ont perdu la vie dans les dommages collatéraux causés par des obus tombés sur des habitations. Se coucher à même le sol quand les combats font rage ne semble plus être la solution. Aussi, nombreux sont ceux qui préfèrent rester dehors malgré le sifflement des balles; Question de voir venir les obus et se donner une chance de les éviter. Si ce n’est par balle, bien de victimes tuées l`ont été par incinération. Cela en application de ``l`article 125``. Qui stipule que lorsqu’un individu soupçonné d’être un infiltré des Frci est pris dans les territoires contrôlés par les miliciens, il est brûlé avec du pétrole (100 FCFA) et une boite d’allumettes (25 FCFA).
Les mercenaires libériens, la grosse difficulté
Ceux-là, ils parlent l`anglais, leur première langue; Il s`expriment difficilement en français. Mais ils ont gagné l’estime de la grande majorité des populations de la commune grâce à leur capacité de résistance et aux tactiques de combat face à l’ennemi. Très redoutés, les combattants libériens s’imposent déjà par leur nombre important à Yopougon mais aussi et surtout à cause de leurs armes. On dit d’eux qu’ils sont invincibles, consomment beaucoup de drogue et sont très difficiles à persuader ou à dissuader quand ils décident de faire quelque chose. Selon des témoins, ces combattants qui disent se battre pour réinstaller Laurent Gbagbo au pouvoir sont intransigeants et n’hésitent pas à tuer quand ils se sentent menacés. ``Pay yourself`` (payes-toi toi-même) est leur crédo. On leur attribue même la plupart des pillages dans la commune, souvent pour ravitailler les soldats en nourriture, en carburant. ``No Gbagbo, no Côte d’Ivoire`` (entendez pas de Gbagbo, pas de Côte d`Ivoire) est le slogan qu’ils scandent après une victoire ou lorsqu’on annonce des négociations pour les amener à désarmer. Ils se fondent facilement dans la population et vivent comme les miliciens dans les quartiers précaires et populaires. Ces habitués de la guerre n’ont pas d’amis et sont, donc, très méfiants. Malgré leurs tentatives de rassurer les populations, c’est toujours la débandade quand ils arrivent en patrouille dans les quartiers. Chacun se tient à carreau pour éviter de prendre une balle ou de se faire bastonner. Partout où ils se trouvent, il y a de la tension dans l’air parce qu’en général, leur présence dans un quartier n’est jamais fortuite. On ne les aperçoit que lorsqu’il y a une menace ou une tentative des FRCI de récupérer une zone sous leur contrôle. Leur présence dans un endroit présage d`office d`un affrontement sanglant dans les ultimes moments qui vont suivre.
Dieu, le dernier recours
Même si certains refusent de se rendre à l’église ou à la mosquée pour prier, de peur de prendre une balle ou d’être pris à partie par des individus armés dans les rues, Dieu continue d’être le véritable secours des populations de Yopougon. A preuve, que ce soit les miliciens ou les populations, tous se baladent désormais avec une Bible ou un objet de piété, s’assurant fermement que seul Dieu peut sortir la Côte d’Ivoire de cette situation. En attendant, ceux qui le peuvent font le sacrifice de quitter la commune pour d’autres communes à Abidjan ou à l’intérieur du pays. La recherche d`un lieu plus apaisé étant désormais la priorité de tous les habitants dans une commune de Yopougon jadis cité de la joie.
Hervé KPODION
L’épisode du Km 17
Désormais coupée du monde (il n`y avait plus de réseau téléphonique fonctionnel dans la commune) comme l’a été Abobo pendant trois mois, Yopougon s`est trouvée presque asphyxiée. Plus de nourriture, avec des coupures intempestives d’eau et d’électricité. La commune n’avait pour seul point d`approvisionnement en nourriture que le corridor qui mène à Dabou, une ville située à une trentaine de km à l’ouest d’Abidjan. Dans cette zone, exactement au km 17, jeunes et femmes viennent de tous les quartiers pour avoir de quoi se nourrir. Mais là encore, Frci et miliciens vont se livrer des batailles épiques pour le contrôle de ce grenier. Tout part de la crise au sein des forces d’Alassane Ouattara qui se seraient affrontées entre elles, sur l’autoroute et dans la commue d’Abobo pour le contrôle de certains territoires. Les Frci décident alors de recruter de gré ou de force des soldats pour livrer bataille au «commando invisible» dirigé alors par feu Ibrahim Coulibaly, l’ancien chef de la garde du nouveau dirigeant ivoirien. Le lieu idéal pour ce recrutement reste le secteur de Km 17 à cause de l’affluence qu`on y constate tous les jours. Surtout parce qu’à l’intérieur de Yopougon, il y a des miliciens à chaque coin de rue, constituant une menace contre toute tentative d`incursion. Selon des sources, des dizaines de jeunes, partis chercher des vivres pour leurs familles, ne reviendront plus. Ils auraient été enrôlés ou tués. C’est la règle: suivre pour survivre ou se faire exécuter. «Deux de mes amis ont été pris. Leur vie est gâchée simplement parce qu’ils ne peuvent plus revenir parmi nous. S’il viennent, ils seront considérés comme des Roméo (rebelles) », témoigne SK, un jeune homme vivant au quartier Sicogi, qui plaide pour la fin des violences. Informés de cette situation au Km 17, les miliciens appuyés de mercenaires libériens décident d’entreprendre une opération de sécurisation de la zone pour faire cesser ces recrutements forcés. L`offensive lancée va faire vivre d`intenses moments effroyables dans cette zone de Yopougon. Les Frci, repoussées, trouvent refuge dans les forêts bordant la route de Dabou. La riposte ne se fera pas attendre. A bord de véhicules de troupes et estimés à au moins 500 hommes, selon des témoins, des éléments des Frci, conduits par un chef de guerre très connu de la place, vont ouvrir le feu sur un immeuble habité par des Fds-CI. Le bilan est lourd. Des personnes retrouvées égorgées dont un enfant, une roquette logée dans un appartement au troisième étage de l`immeuble, un assaut mené loin des positions des miliciens, que des Frci appellent ``les gens du gloglo``, pour parler des quartiers précaires de Yopougon. Les affrontements se multiplient et les choses se compliquent. Dans les quartiers Niangon, Gesco, Siporex, contrôlés à moitié par les Frci, des supposés proches de Gbagbo, notamment les populations de l`Ouest, sont indésirables. Dans les autres quartiers, occupés par les miliciens, c’est plutôt ceux du Centre et du Nord qui sont les cibles. Le sous-quartier précaire ``Sikasso``, au quartier ``Koweït``, où vivent essentiellement des ressortissants du nord et de pays de la sous-région ouest-africaine, a été quasiment vidé de ses habitants dans la semaine pascale. Les habitants de Yopougon, en particulier les hommes, ont été pendant les deux semaines écoulées, la cibles de massacres indicibles. Pourchassés par les combattants, les plus malchanceux y ont perdu la vie. « Il n’est plus question de parler de LMP ou de RHDP, on cherche à sauver notre peau», nous fait comprendre une jeune dame, le vendredi 15 avril 2011 au quartier ``Toit-rouge``. Où à l`instar des autres quartiers de la;,plus vaste commune du territoire ivoirien, il n’existe plus ni banque, in magasin, encore moins de supermarché. Toutes ces structures ayant été pillés par des habitants, qui vivent chaque jour comme si c`était leur dernier jour d`existence.
Le danger est permanent
Une psychose généralisée règne sur la ``commune de la joie``, aujourd`hui. Personne n’y est à l’abri d’une balle perdue et l’on peut se faire accoster ou se faire tuer pour un simple coup de fil. Lundi 25 avril, deux jeune-hommes, la vingtaine révolue, ont été froidement abattus par des hommes en armes au marché de Sicogi, parce qu’ils communiquaient au téléphone. Les tueurs les soupçonnant d’être des indics. Certains parlent même de règlement de comptes dans une atmosphère de terreur où des armes de guerre sont manipulés en public, sans pudeur. Militaires, policiers, gendarmes, bandits, jeunes désœuvrés, tous sont en armes, au front ou pas. Une fusillade est très vite déclenchée même pour une simple question de femme. Mais la plus grande peur des habitants de Yopougon a été l’utilisation d’armes lourdes ou d’armes de très gros calibre pendant les combats dans les quartiers. De nombreuses familles ont été endeuillées dans des secteurs comme `` Selmer``, ``Siporex`` , ``Nouveau Quartier``, ``Banco II`` et ``Port-Bouët II`. Des riverains de ces quartiers ont perdu la vie dans les dommages collatéraux causés par des obus tombés sur des habitations. Se coucher à même le sol quand les combats font rage ne semble plus être la solution. Aussi, nombreux sont ceux qui préfèrent rester dehors malgré le sifflement des balles; Question de voir venir les obus et se donner une chance de les éviter. Si ce n’est par balle, bien de victimes tuées l`ont été par incinération. Cela en application de ``l`article 125``. Qui stipule que lorsqu’un individu soupçonné d’être un infiltré des Frci est pris dans les territoires contrôlés par les miliciens, il est brûlé avec du pétrole (100 FCFA) et une boite d’allumettes (25 FCFA).
Les mercenaires libériens, la grosse difficulté
Ceux-là, ils parlent l`anglais, leur première langue; Il s`expriment difficilement en français. Mais ils ont gagné l’estime de la grande majorité des populations de la commune grâce à leur capacité de résistance et aux tactiques de combat face à l’ennemi. Très redoutés, les combattants libériens s’imposent déjà par leur nombre important à Yopougon mais aussi et surtout à cause de leurs armes. On dit d’eux qu’ils sont invincibles, consomment beaucoup de drogue et sont très difficiles à persuader ou à dissuader quand ils décident de faire quelque chose. Selon des témoins, ces combattants qui disent se battre pour réinstaller Laurent Gbagbo au pouvoir sont intransigeants et n’hésitent pas à tuer quand ils se sentent menacés. ``Pay yourself`` (payes-toi toi-même) est leur crédo. On leur attribue même la plupart des pillages dans la commune, souvent pour ravitailler les soldats en nourriture, en carburant. ``No Gbagbo, no Côte d’Ivoire`` (entendez pas de Gbagbo, pas de Côte d`Ivoire) est le slogan qu’ils scandent après une victoire ou lorsqu’on annonce des négociations pour les amener à désarmer. Ils se fondent facilement dans la population et vivent comme les miliciens dans les quartiers précaires et populaires. Ces habitués de la guerre n’ont pas d’amis et sont, donc, très méfiants. Malgré leurs tentatives de rassurer les populations, c’est toujours la débandade quand ils arrivent en patrouille dans les quartiers. Chacun se tient à carreau pour éviter de prendre une balle ou de se faire bastonner. Partout où ils se trouvent, il y a de la tension dans l’air parce qu’en général, leur présence dans un quartier n’est jamais fortuite. On ne les aperçoit que lorsqu’il y a une menace ou une tentative des FRCI de récupérer une zone sous leur contrôle. Leur présence dans un endroit présage d`office d`un affrontement sanglant dans les ultimes moments qui vont suivre.
Dieu, le dernier recours
Même si certains refusent de se rendre à l’église ou à la mosquée pour prier, de peur de prendre une balle ou d’être pris à partie par des individus armés dans les rues, Dieu continue d’être le véritable secours des populations de Yopougon. A preuve, que ce soit les miliciens ou les populations, tous se baladent désormais avec une Bible ou un objet de piété, s’assurant fermement que seul Dieu peut sortir la Côte d’Ivoire de cette situation. En attendant, ceux qui le peuvent font le sacrifice de quitter la commune pour d’autres communes à Abidjan ou à l’intérieur du pays. La recherche d`un lieu plus apaisé étant désormais la priorité de tous les habitants dans une commune de Yopougon jadis cité de la joie.
Hervé KPODION