Après 16 ans de bons et loyaux services, Alassane Ouattara quitte donc temporairement, la présidence du Rassemblement des Républicains (Rdr), même si la date de son départ, n’est pas encore connue. Devenu président de la république, l’ancien Premier ministre de Félix houphouet-Boigny, se met donc en congés des activités de sa formation politique, pour être pleinement le président de tous les Ivoiriens. Ce faisant, M. Ouattara ne fera que respecter une tradition, devenue presqu’un dogme et qui veut qu’un chef de parti, une fois porté à la magistrature suprême, abandonne les rênes de sa formation politique. Mais, comme c’est généralement le cas, le départ d’Alassane Ouattara laissera un grand vide. Pour le Rdr, ce vide sera d’autant plus grand que l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international l’a hissé, en un temps record, à un si haut niveau, grâce notamment à son carnet d’adresse et surtout à ses moyens financiers. Et, même si on peut estimer que le nouveau chef de l’exécutif ivoirien ne laissera pas totalement tomber le parti qui a contribué à son accession au pouvoir (en continuant à lui faire bénéficier de ses relations dans le monde entier), remplacer Alassane Ouattara ne sera pas chose aisée. Outre les moyens importants qu’il lui a fallus mobiliser pour faire fonctionner son appareil politique, M. Ouattara a dû être habité par un grand courage, pour survivre à toutes les épreuves et à tous les pièges dressés sur son chemin. Pour rappel, sous le régime d’Henri Konan Bédié, avec le Front populaire ivoirien (Fpi) qui était déjà à la manœuvre, Alassane Ouattara a eu maille à partir avec la justice ivoirienne. Avec l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo, pourtant son allié dans le front républicain, de 1995 à décembre 1999, ses ennuis vont prendre une tournure très dramatique. En plus de sa nationalité ivoirienne qui lui était toujours contestée, de sérieuses menaces ont plané sur son intégrité physique. En 2000 puis en 2002, il a échappé à la mort. Des épreuves qu’il a endurées avec l’ensemble de sa famille biologique. Sa foi en son combat et sa persévérance ne doivent certainement pas être étrangers à l’esprit conquérant qui habite tous les militants du Rdr. Ce sont tous ces acquis que les héritiers doivent pouvoir capitaliser pour que le Rdr continue d’être un grand parti avant-gardiste.
Marc Dossa
Marc Dossa