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Politique Publié le lundi 16 mai 2011 | L’Inter

Changement de régime, Des mercenaires libériens menacent l`investiture de Ouattara

© L’Inter Par Emma
Le dernier bastion des partisans de Gbagbo tombe: soldats, miliciens et mercenaires libériens déposent les armes aux pieds des Forces républicaines, à Yopougon
Vendredi 29 avril 2011. Abidjan, commune de Yopougon. Des dizaines d`anciens éléments de la BAE, de la Garde républicaine, de miliciens ivoiriens et des mercenaires libériens déposent les armes au cours d`une cérémonie placée sous l`égide de l`Onuci. Les généraux Philippe Mangou et Gueu Michel, ainsi que les commandants Chérif Ousmane, Morou Ouattara et Ben Laden rassurent les hommes de Eugène Djué et Magui-le-tocard...
Les mercenaires libériens qui ont pris part aux combats de Yopougon pendant la crise post-électorale, et qui ont été mis en déroute par les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci), n`ont pas fini de faire parler d`eux. Selon un cadre de San-Pedro qui a échangé avec nous sur la question le vendredi 13 mai dernier, sous couvert de l`anonymat, ces mercenaires menaceraient de perturber la cérémonie d`investiture du président de la République, Alassane Ouattara, prévue pour le 21 mai prochain, si les nouvelles autorités n`honorent pas le ``deal`` conclu avec ces hommes en armes pour leur départ de Yopougon et même de la Côte d`Ivoire. De quoi s`agit-il ? Mis en déroute dans les combats de Yopougon, une commune qu`ils méconnaissaient du point de vue géographique, et quelque peu affaiblis par la chute de l`ancien président Laurent Gbagbo, ces libériens auraient, cependant, rassuré leurs tuteurs, les chefs miliciens, qu’ils pouvaient renverser la situation. Ils auraient alors sollicité l’appui d’un officier supérieur qui prendrait le pouvoir s’ils parvenaient à renverser le nouveau président Alassane Ouattara. Face au refus de l’officier, les combattants libériens auraient alors accepté, comme les miliciens qui les avaient devancés, d’engager des négociations afin d’arrêter les hostilités. Durant ces négociations, les mercenaires qui se faisaient représenter par des chefs miliciens comme Maguy le Tocard, auraient trouvé que ces derniers ne jouaient pas franc-jeu avec eux. Ils ne comprenaient pas qu`ils étaient attaqués par des éléments des Frci, alors que des négociations étaient en cours pour le dépôt des armes. « Certains chefs miliciens qui négociaient pour ces mercenaires portaient sur eux des appareils GPS qui permettaient de localiser les libériens et de les bombarder», a confié notre source. Toutefois, précisent les mêmes sources, les négociations auraient abouti à un compromis. Contre la cessation des hostilités, les mercenaires auraient réclamé sept millions de Francs CFA, et un passeport ivoirien par combattant. Refusant de se rendre à l’hôtel du Golf pour conclure ces négociations, la ville de San-Pedro aura été le lieu choisi pour percevoir leur argent et leurs documents. Rassurés, dit-on, par la partie adversaire, les combattants libériens auraient pris la route de la ville portuaire du sud-ouest en sortant par Dabou. Sur leur parcours, ils sont, cependant, pris en chasse par les Frci et feront face à une véritable puissance de feu dans différentes embuscades qui leur ont été tendues. Avec d`énormes difficultés, ils parviennent, tout de même, à leur base, dans la nouvelle sous-préfecture de Néka dans la région de Tabou, à environ 200 km de San-Pedro et une dizaine de kilomètres du Liberia. Se sentant trahis, ces Libériens n’auraient désormais qu’un seul slogan à la bouche: «No money, no peace», à savoir, ``pas d`argent, pas de paix, ndlr``. En clair, tant qu’ils n’auront pas leur argent, ils continueront de menacer la paix en Côte d`Ivoire. Et pour le démontrer, par groupe de 15 à 20 éléments, ils partent quotidiennement de leur base de Néka pour troubler la quiétude des populations. Déterminés à avoir leur argent, ces Libériens entendent perturber la cérémonie d’investiture du président le 21 mai prochain. C’est ce qui expliquerait leur remontée à Soubré, pour converger vers le centre du pays, dans l`espoir de mettre à exécution leur projet au cas où ils n`entreraient pas en possession de leur dû. « C’est, en fait, aux FRCI qu’ils en veulent », explique notre source, qui indique qu’au combat, ces guerriers libériens aux cheveux nattés se mettent nus. « Ainsi nus, poursuit notre source, ils acquièrent leurs pouvoirs mystiques et deviennent quasiment invisibles pendant les combats. Ce qui explique qu’ils prennent toujours le dessus ». A ce jours, la situation militaire dans la région du sud-ouest du pays reste confuse. Officiellement, les mercenaires libériens pourchassés depuis Yopougon, à Abidjan, par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), se trouvent aujourd’hui dispersés dans la zone forestière de Soubré. Selon les informations en notre possession, ces mercenaires, anciens combattants des forces Lima au Liberia, sont plutôt bien établis à la lisière de leur pays, dans la localité de Neka, leur servant de fief.

Blaise BONSIE
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