Nommé commissaire politique depuis juillet 2000, Diarassouba Bassiriki est un des pionniers du Rassemblements des républicains (Rdr). Dans cette interview-témoignage, il relate l’histoire de l’implantation de son parti dans l’Indénié.
Comment avez-vous réussi à implanter le Rdr à Abengourou ?
C’est une nuit de novembre 1994 que nous avons constitué le bureau de la coordination des républicains dirigé par Téguy Marie Odile. C’était chez feu Konimba au quartier Baoulékro.
Cette dernière fut la secrétaire particulière de feu Djeni Kobenan. A cette assemblée constitutive, nous étions 8 personnes. J’ai été désigné pour être l’adjoint de Mme Téguy Odile.
Pourquoi avoir choisi la nuit pour une assemblée constitutive ?
Beaucoup de gens avaient peur d’être persécutés par le pouvoir d’alors (le Pdci-Rda, ndlr) car, Abengourou était considéré comme le bastion du Pdci-Rda.
Peut-on savoir les raisons qui vous avaient poussé à désigner une dame pour diriger votre parti dans l’Indénié?
Mme Téguy a prouvé par son dynamisme, son courage et sa disponibilité pour notre parti (Rdr). Elle était à la tête d’un petit groupe composé de 4 personnes que sont Silué Sionséligam qui venait de sortir comme ingénieur agronome et était à son premier poste à Abengourou, Touvoly Bi, responsable commercial, Gbazalé Blassa Louis, ex-enseignant au centre technique d’Abengourou, aujourd’hui enseignant au lycée technique d’Abidjan et moi-même.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Mme Téguy gérait les affaires de Aka Brou, actuel maire de Niablé (localité située à 27 km d’Abengourou) et ex-directeur de la Caisse de péréquation. Harcelé par les barons du Pdci-Rda, il fut obligé de se séparer de notre camarade. Moi-même, j’étais directeur d’auto-école.
J’ai été démis de mes fonctions sans raison apparente. Après les formalités administratives auprès du préfet d’alors, Koné Al Moustapha, j’étais convié à toutes les différentes réunions.
Nous avons eu du mal à trouver des représentants à la sous-préfecture et à la préfecture pour travailler sur les échéances électorales d’octobre 1995. Chaque parti politique devait désigner 2 représentants à la préfecture et à la sous-préfecture. Toutes les personnes que nous avons contactées, donnaient leur accord de principe mais désistaient à la dernière minute. Finalement, j’ai décidé de faire la navette entre la sous-préfecture et la préfecture.
Nous étions dans le Front républicain et mes camarades du Fpi (Front populaire ivoirien, Ndlr) se moquaient même de moi de façon amicale, car j’étais le singleton du Rdr aux différentes réunions. Je recevais tard dans la nuit, des appels anonymes sur mon téléphone fixe. Chaque fois que je décrochais, personne ne disait mot et on raccrochait. J’ai vécu ce harcèlement téléphonique aux mêmes heures, de 1995 jusqu’en 1997.
Aviez-vous reçu le soutien de la direction de votre parti ?
Oui, après la formation de la coordination Rdr d’Abengourou, nous avions saisi la direction.
Une première délégation conduite par Hyacinthe Leroux est venue officialiser l’implantation du parti dans l’Indenié. Une seconde a été conduite par feue Grah Claire, ex-maire de San-Pedro. Une troisième, par Kandia Camara, actuelle ministre de l’Education nationale, Rokia Ouattara, petite-sœur du président Alassane Ouattara, Nado Clément, actuel maire de San-Pedro, est venue nous appuyer pour notre première grande cérémonie de sortie à Adaou (village situé à 1 Km d’Abengourou) en mai 1995. Hyacinthe Sarassoro, anciennement responsable chargé des élections au Rdr, est venu s’entretenir avec nous. Enfin, en juin 1995, Djeni Kobina a animé un grand meeting ici soutenu par beaucoup de nos militants. C’est ce jour-là que nous avions fait la connaissance de Cissé Daouda Salif, actuel secrétaire départemental du parti.
Etes-vous satisfait de l’implantation de votre parti, aujourd’hui à Abengourou?
Nous ne pouvons pas baigner dans l’auto-satisfaction. Sachez que de 1994 à 1997, Abengourou comptait deux sections et 56 militants. Grâce aux actions de mobilisation et de persuasion initiées par feu Djeni Kobina, le Rdr a connu une progression plus ou moins lente dans l’Indenié. Pour accélérer l’implantation du parti, Amadou Gon a été désigné par la direction du parti pour s’occuper du Moyen-Comoé. Ce dernier a été l’un des premiers cadres à financer l’implantation du Rdr à Abengourou. L’action des jeunes tels que Delma Mouhamad Salice, Bah Abdoulaye, Cissé Daouda Salif et Tia Ousmane, actuel responsable départemental chargé des élections, a permis au département d’Abengourou d’avoir 35 sections et 240 comités de base avec environ 8.000 militants, 13 sections dans la commune d’Abengourou et 24 sections dans la sous-préfecture et dans les villages.
Y a-t-il un événement qui vous a particulièrement marqué ?
Oui, le troisième passage de feu Djéni Kobena à Abengourou avec l’ex-président, Laurent Gbagbo, dans le cadre du Front républicain. Les deux personnalités étaient à la tête d’une grande marche de protestation que nous avions organisée, suivie d’un meeting au château, le 11 octobre 1998. Ce fut m’a dernière fois de rencontrer notre secrétaire général Djéni Kobena. La nouvelle de son décès a été ressentie comme un coup de poignard dans notre dos.
Des rumeurs vous accusaient de vouloir pactiser avec le clan Gbagbo à la veille du scrutin présidentiel. Qu’en est-il exactement ?
J’ai effectivement été approché par un émissaire de Lmp avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais j’ai résisté à la tentation. Il faut laisser les colporteurs d’informations avec leur conscience.
Que répondez-vous aux différents reproches et accusations ?
Quand vous êtes un homme public, chacun dans la société a une opinion sur votre personne.
Il y a eu des légendes et les légendes ont la peau dure. J’ai fait et je continuerai de faire ce qui est dans mes possibilités pour implanter solidement mon parti.
Avez-vous des regrets ?
Ils sont du passé puisque notre président a accédé à la magistrature suprême après 17 ans de souffrances et d’humiliations. Nous avons donc atteint notre objectif.
Koffi Jean-Luc, Abengourou
Comment avez-vous réussi à implanter le Rdr à Abengourou ?
C’est une nuit de novembre 1994 que nous avons constitué le bureau de la coordination des républicains dirigé par Téguy Marie Odile. C’était chez feu Konimba au quartier Baoulékro.
Cette dernière fut la secrétaire particulière de feu Djeni Kobenan. A cette assemblée constitutive, nous étions 8 personnes. J’ai été désigné pour être l’adjoint de Mme Téguy Odile.
Pourquoi avoir choisi la nuit pour une assemblée constitutive ?
Beaucoup de gens avaient peur d’être persécutés par le pouvoir d’alors (le Pdci-Rda, ndlr) car, Abengourou était considéré comme le bastion du Pdci-Rda.
Peut-on savoir les raisons qui vous avaient poussé à désigner une dame pour diriger votre parti dans l’Indénié?
Mme Téguy a prouvé par son dynamisme, son courage et sa disponibilité pour notre parti (Rdr). Elle était à la tête d’un petit groupe composé de 4 personnes que sont Silué Sionséligam qui venait de sortir comme ingénieur agronome et était à son premier poste à Abengourou, Touvoly Bi, responsable commercial, Gbazalé Blassa Louis, ex-enseignant au centre technique d’Abengourou, aujourd’hui enseignant au lycée technique d’Abidjan et moi-même.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Mme Téguy gérait les affaires de Aka Brou, actuel maire de Niablé (localité située à 27 km d’Abengourou) et ex-directeur de la Caisse de péréquation. Harcelé par les barons du Pdci-Rda, il fut obligé de se séparer de notre camarade. Moi-même, j’étais directeur d’auto-école.
J’ai été démis de mes fonctions sans raison apparente. Après les formalités administratives auprès du préfet d’alors, Koné Al Moustapha, j’étais convié à toutes les différentes réunions.
Nous avons eu du mal à trouver des représentants à la sous-préfecture et à la préfecture pour travailler sur les échéances électorales d’octobre 1995. Chaque parti politique devait désigner 2 représentants à la préfecture et à la sous-préfecture. Toutes les personnes que nous avons contactées, donnaient leur accord de principe mais désistaient à la dernière minute. Finalement, j’ai décidé de faire la navette entre la sous-préfecture et la préfecture.
Nous étions dans le Front républicain et mes camarades du Fpi (Front populaire ivoirien, Ndlr) se moquaient même de moi de façon amicale, car j’étais le singleton du Rdr aux différentes réunions. Je recevais tard dans la nuit, des appels anonymes sur mon téléphone fixe. Chaque fois que je décrochais, personne ne disait mot et on raccrochait. J’ai vécu ce harcèlement téléphonique aux mêmes heures, de 1995 jusqu’en 1997.
Aviez-vous reçu le soutien de la direction de votre parti ?
Oui, après la formation de la coordination Rdr d’Abengourou, nous avions saisi la direction.
Une première délégation conduite par Hyacinthe Leroux est venue officialiser l’implantation du parti dans l’Indenié. Une seconde a été conduite par feue Grah Claire, ex-maire de San-Pedro. Une troisième, par Kandia Camara, actuelle ministre de l’Education nationale, Rokia Ouattara, petite-sœur du président Alassane Ouattara, Nado Clément, actuel maire de San-Pedro, est venue nous appuyer pour notre première grande cérémonie de sortie à Adaou (village situé à 1 Km d’Abengourou) en mai 1995. Hyacinthe Sarassoro, anciennement responsable chargé des élections au Rdr, est venu s’entretenir avec nous. Enfin, en juin 1995, Djeni Kobina a animé un grand meeting ici soutenu par beaucoup de nos militants. C’est ce jour-là que nous avions fait la connaissance de Cissé Daouda Salif, actuel secrétaire départemental du parti.
Etes-vous satisfait de l’implantation de votre parti, aujourd’hui à Abengourou?
Nous ne pouvons pas baigner dans l’auto-satisfaction. Sachez que de 1994 à 1997, Abengourou comptait deux sections et 56 militants. Grâce aux actions de mobilisation et de persuasion initiées par feu Djeni Kobina, le Rdr a connu une progression plus ou moins lente dans l’Indenié. Pour accélérer l’implantation du parti, Amadou Gon a été désigné par la direction du parti pour s’occuper du Moyen-Comoé. Ce dernier a été l’un des premiers cadres à financer l’implantation du Rdr à Abengourou. L’action des jeunes tels que Delma Mouhamad Salice, Bah Abdoulaye, Cissé Daouda Salif et Tia Ousmane, actuel responsable départemental chargé des élections, a permis au département d’Abengourou d’avoir 35 sections et 240 comités de base avec environ 8.000 militants, 13 sections dans la commune d’Abengourou et 24 sections dans la sous-préfecture et dans les villages.
Y a-t-il un événement qui vous a particulièrement marqué ?
Oui, le troisième passage de feu Djéni Kobena à Abengourou avec l’ex-président, Laurent Gbagbo, dans le cadre du Front républicain. Les deux personnalités étaient à la tête d’une grande marche de protestation que nous avions organisée, suivie d’un meeting au château, le 11 octobre 1998. Ce fut m’a dernière fois de rencontrer notre secrétaire général Djéni Kobena. La nouvelle de son décès a été ressentie comme un coup de poignard dans notre dos.
Des rumeurs vous accusaient de vouloir pactiser avec le clan Gbagbo à la veille du scrutin présidentiel. Qu’en est-il exactement ?
J’ai effectivement été approché par un émissaire de Lmp avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais j’ai résisté à la tentation. Il faut laisser les colporteurs d’informations avec leur conscience.
Que répondez-vous aux différents reproches et accusations ?
Quand vous êtes un homme public, chacun dans la société a une opinion sur votre personne.
Il y a eu des légendes et les légendes ont la peau dure. J’ai fait et je continuerai de faire ce qui est dans mes possibilités pour implanter solidement mon parti.
Avez-vous des regrets ?
Ils sont du passé puisque notre président a accédé à la magistrature suprême après 17 ans de souffrances et d’humiliations. Nous avons donc atteint notre objectif.
Koffi Jean-Luc, Abengourou
