La Côte d’Ivoire a besoin de tous ses fils et filles, quelque soit leur appartenance politique, religieuse ou ethnique, pour conduire le navire du développement et de la croissance à bon port. L’Intelligent d’Abidjan, dans sa quête de la reconstruction d’une Côte d’Ivoire unie, ouvre le débat : «A-t-on droit forcément à un poste ministériel ou administratif parce qu’on est militant d’un parti politique? » Ci-dessous quelques réactions de la classe politique, la société civile et de l’homme de la rue.
Maître Traoré Drissa, président Midh (Mouvement ivoirien des droits humains) :
‘’L’engagement politique ne garantit pas l’acquisition de postes ministériels ou de hautes fonctions de l’Etat ‘’
«Nous pensons que si le poste ministériel est un poste politique, il est important que celui qui anime un département ministériel ait des compétences, des aptitudes, pour l’exercer. Pour les nominations aux hautes fonctions de l’Etat et dans l’administration, il importe que les personnes qui sont nommées doivent avoir des qualités, de la probité et de l’intégrité. Parce que c’est cela qui garantit l’équité et l’égalité de tous les citoyens devant l’administration. A la lumière de tout cela, l’engagement politique ne garantit pas l’acquisition de postes ministériels ou de hautes fonctions de l’Etat. L’engagement politique peut avoir des récompenses mais cela doit être lié à la compétence, aux qualités de chaque personne. Pour résumer, l’engagement politique ne doit pas équivaloir l’obtention de postes ministériels ou de postes dans l’administration publique. Sinon, on risquerait de trouver des médiocres. Si les personnes qui sont nommées, ne sont pas intègres et compétentes, elles favoriseront les membres de leurs partis».
Marius Comoé, pdt de la FACACI (Fédération des associations de consommateurs actifs
de Côte d’Ivoire) : «Etre appelé à un poste ministériel ne devrait pas forcément être lié au militantisme»
«Etre appelé à un poste ministériel ne devrait pas forcément être lié au militantisme d’un individu dans un parti politique. D’ailleurs, comme l’a dit le sage : «On peut servir à tous les postes pourvu que l’on y mette du sérieux, de l’abnégation, du génie afin de réaliser ou de participer à sa modeste façon à l’amélioration des conditions de vie des populations». Vu sous cet angle, l’on comprend aisément que le militantisme ou les responsabilités dévolues à un individu dans un parti politique ne doivent pas forcément être un critère de nomination à des postes de responsabilité étatique. Seules la compétence, l’ingéniosité et la volonté de l’individu de servir sa nation pour le bonheur de son peuple devraient guider tous ceux qui ont en charge de nommer nos responsables dans l’administration publique. Ce d’autant plus que tout choix contraire à cette logique pourrait être source de difficulté des populations à accéder à un bien-être social».
Gisèle Dutheuil, Directrice d’Audace Institut Afrique : «L’attribution des postes doit reposer juridiquement sur des compétences »
«Vaste question ! A-t-on droit à un poste dans un ministère ou dans l`administration ? Oui, puisque l`on est un citoyen comme tout autre. A-t-on droit forcément ? Non ! Il ne faut pas mélanger l`engagement et la mangeoire! L’opportunisme ne peut porter la politique au sens moral mais également au sens de l`égalité des chances face aux emplois publics. Les postes "réservés" sont à inclure dans les abus de pouvoir. La fonction publique est financée par l`impôt des citoyens donc il n`y a aucune raison de réserver ces postes à un clan, qu`il soit ethnique, religieux ou politique. C`est de la corruption pure et simple. Pour des postes stratégiques de conseillers dans des ministères par exemple, c`est normal de s`entourer de gens qui regardent dans le même sens mais pour des postes non stratégiques, il n`y a aucune raison et on peut même affirmer que c`est un abus. L’attribution de ces postes repose juridiquement sur des compétences, des diplômes et des concours indépendamment de toute appartenance politique. Malheureusement, on préfère souvent mettre un illettré dans un commissariat qu`une personne compétente.... tout simplement parce qu`il t`apporte des voix pour les prochaines élections et qu`en plus, comme il est casé, il ne te demandera pas de payer sa prochaine facture de médicaments!»
Tchel-bi Laoré Ghislain, membre du bureau national de la JPDCI : «La priorité n’est pas de nommer tout le monde »
«Quand un candidat d’un parti arrive au pouvoir, ça ne veut pas dire qu’on doit forcément avoir un poste. Le candidat vient pour un programme et il ne prend que les hommes qui sont compétents pour mettre ce programme à exécution. Quand un candidat vient au pouvoir, il a forcément des gens qui l’accompagnent. Mais, la priorité n’est pas de nommer tout le monde parce qu’à l’administration, ce sont les compétences qui comptent. Même si on est le meilleur ami du Chef de l’Etat, on ne peut pas être nommé quand on n’est pas compétent. Le Chef de l’Etat a un pouvoir discrétionnaire, il nomme qui il veut quand il veut. Quant à ceux qui grognent, je leur dirai qu’Alassane Ouattara n’est pas un chef de classe. C’est le Président de la République de Côte d’Ivoire. D’ailleurs, il n’a que ses militants à nommer. Aux Etats-Unis, Obama n’a pas nommé que ses militants aux postes clefs de l’administration».
Douzan Guy Serge, PDT du SION :«Un poste ministériel ou administratif se veut même par essence technique»
«En tant que Président du Sursaut Ivoirien pour un Ordre National (SION), ce n’est pas parce qu’on est militant d’un parti politique qu’on doit obtenir un poste. C’est là toute la confusion qui est faite et qui nous conduit souvent à des situations qu’on ne maîtrise toujours pas forcément. Dans les partis politiques, on développe des visions. Mais un poste ministériel ou administratif se veut même par essence, technique. C’est ce qui explique que les ministres ont des conseillers et un cabinet. D’où le distinguo entre le conseil des ministres et le conseil de gouvernement qui, lui, est plus opérationnel. Si on a cette vision de favoriser ses militants, on peut rater l’objectif qu’on veut atteindre. Cela pose le problème de la responsabilité de l’application d’un programme. Par ailleurs, je ne dis pas non plus qu’il ne faille pas accorder de postes aux militants d’un parti politique, mais je pense qu’il faudrait que le critère essentiel soit la compétence ».
M. Kamaté André, pdt de Lidho (Ligue ivoirienne des droits de l’homme) : «C’est la compétence et non la récompense »
«Si quelqu’un milite alors qu’il pense à lui-même, il n’est pas un militant. C’est un affairiste. Lorsque nous intégrions en nous l’idée que nous militions pour le bien commun, pour que dans la société dans laquelle nous vivons les gens se sentent mieux, on n’a pas besoin d’avoir en retour un poste ministériel. Vous savez tout le monde ne peut pas être ministre. Un parti peut avoir des millions de militants, autant de personnes qui adhèrent à son idéologie, mais, les postes de ministres sont en nombre réduit. On ne milite pas pour devenir ministre. Tout comme on ne milite pas pour garder un poste de responsabilité ou acquérir un poste de responsabilité. Les uns ou les autres qui s’engagent dans cette voie, le font tout simplement parce qu’en Afrique, malheureusement la politique est devenue le moyen d’enrichissement facile. Alors qu’il existe plusieurs voies. Cela n’a rien avoir avec les droits de l’homme, c’est une question de bon sens. Quand on militer dans un parti politique, c’est un idéal qu’on recherche. Les postes de responsabilité doivent être occupés par ceux qui sont compétents. Si dans le camp de l’adversaire, on peut trouver des compétences qu’on les utilise pour rendre possible cet idéal qu’on promet au peuple. Pour nous, ce qui doit primer, c’est la compétence et non la récompense. Parce que si on s’inscrit dans la logique de la récompense, on fera des frustrations. Aux militants qui pensent qu’ils doivent être récompensés, c’est leur droit de le penser. Mais, il est à souhaiter que cette récompense-là coïncide avec la compétence».
Sidibé Djakaridja, militant du RDR : «Pour le vrai militant, le poste n’est pas trop important»
«Pour moi, être un militant c’est d’abord avoir l’amour de son parti. On adhère à un parti politique pour les idéaux du parti. On ne milite donc pas dans un parti politique pour soi-même. C’est pour l’intérêt et le bonheur de tous. Pour le vrai militant, le poste n’est pas trop important. Le pays a trop souffert pour qu’on en soit encore à ces histoires de nominations. Le plus important c’est que tous les Ivoiriens connaissent le bonheur après tant d’années ; l’éssentiel est que le pays aille de l’avant. C’est cela l’objectif premier de tout militant. Notre candidat est au pouvoir même s’il ne nomme personne, le combat continue. D’ailleurs, c’est maintenant que le plus dur commence. Nous nous ferons du mal si pour un poste nous baissons les bras».
Traoré Souleymane, porte-parole du Conseil supérieur des Imams section de Bingerville :
«Ce sont plusieurs défis qui attendent la Côte d’Ivoire… »
«Notre devoir en tant qu’Imam était d’encourager nos compatriotes à s’acquitter de leur devoir civique. Un militant après le vote, doit s’attendre à la victoire de son candidat. L’avènement de son candidat au pouvoir ne veut pas dire qu’il doit forcément s’attendre à un poste ministériel ou administratif. Le plus difficile était que le pays retrouve la sérénité et le bonheur. C’est ça le vrai rôle d’un militant. Aujourd’hui, ce sont plusieurs défis qui attendent la Côte d’Ivoire, notamment l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et l’amélioration des conditions de tous les Ivoiriens. La nomination à un poste quelconque n’est vraiment pas la priorité. La Côte d’Ivoire doit être, après ces moments difficiles, un modèle de développement dans la sous-région et sur l’échiquier international».
Koné Abdel Aziz, étudiant en Espagnol à l’Université de Cocody :«Appartenir à un parti politique est un défi qu’on relève »
«Appartenir à un parti politique est un défi qu’on relève. Pour cela, on ne doit pas forcément demander un poste ministériel ou administratif qui est honorable. Le développement du pays est encore plus important. Chacun de nous peut contribuer à sa façon à développer le pays. Celui qui s’attend toujours à un poste n’a pas une ambition réelle pour son pays et son parti. Sans un poste, on peut toujours continuer son militantisme et contribuer au développement de son pays. Aussi peut-on être casé dans un domaine autre que les ministères et l’administration. Nous, les étudiants, n’avons pas besoin de ce genre de postes. Il suffit que les autorités nous garantissent notre insertion socioprofessionnelle pour nous permettre de nous épanouir».
M. Botty, agent commercial : «Le militantisme n’est absolument pas lié au poste »
«On peut aspirer à un poste quand on est militant mais ce n’est pas une priorité. Les militants ne sont pas les seuls. Tous les Ivoiriens ont le droit de travailler. Le souci du militant, c’est de voir son pays avancé et non de demander des postes ou d’attendre d’être nommé. On milite au sein d’un parti pour qu’il y ait changement dans le pays. Le militantisme n’est absolument pas lié au poste. Dans tous les cas, la satisfaction d’un militant réside dans l’avènement de son candidat au pouvoir. Il y a des gens qui militent depuis plusieurs années au sein de leur parti mais qui n’ont jamais été nommés. Il ne faut pas aussi oublier que pour être à un poste administratif ou ministériel, il faut en avoir les compétences. Ce n’est donc pas par affinité qu’on devient ministre. Je pense que cette époque est révolue de nos jours.»
Kpan Fulgence Landry, sans emploi :« Il faut avoir les compétences requises pour être nommé »
« Je me demande si ceux qui aspirent aux postes savent qu’ils doivent d’abord remplir un certain nombre de conditions. On ne se lève pas comme ça pour demander des postes. Il faut avoir les compétences requises pour être nommé. Le Président n’a pas que ses militants à nommer. Le Chef de l’Etat, avant d’être au pouvoir, fait un programme. Pour mettre à exécution ce programme, il fait appel à toutes les compétences de son pays. Fussent-elles de son bord ou non. Et puis, le militantisme ne doit pas être réduit à la simple quête d’un poste. C’est fort des idéaux de son parti qu’il s’est engagé à soutenir un candidat. Sa satisfaction, c’est de voir son mentor mettre à exécution son programme de gouvernement, une fois au pouvoir. S’il est nommé ou pas il reste le même, il continue de militer. A la rigueur, il doit aspirer à un mieux-être en dehors des postes ministériels et administratifs».
Allomo Kouassi Paulin, député PDCI-RDA:«Il faut que les militants qui ont pris des risques, soient récompensés»
«On ne doit pas s’interroger. Naturellement, quand un homme se bat pour quelque chose, il le fait pour un objectif. Moi, je ne peux pas comprendre que les Africains soient allés dans les grandes écoles américaines ou françaises ou encore allemandes et que notre pays fonctionne politiquement autrement, et qu’on ait les mêmes diplômes, une fois de retour dans notre pays, on réfléchisse autrement. Quand vous prenez le Président américain, Barack Obama, ceux qu’il nomme à des postes de responsabilité, font partie de l’équipe qui s’est battue pour lui. Egalement, quand vous prenez le président français, Nicolas Sarkozy, il ne nomme pas au hasard. C’est comme ça dans les pays développés. Et c’est ça, le militantisme ! Moi, je considère que l’Afrique doit revenir à cela. Aujourd’hui, il faut que les militants qui ont pris des risques, soient récompensés. C’est normal et même encourageant ! Autant on se bat pour faire un chef d’Etat, autant on doit être récompensé. C’est une suite logique. Je reçois à longueur de journée des milliers de coups de téléphone pour me remercier de la noblesse de notre combat au Rhdp. Si ces personnes qui ont confiance en moi, constatent qu’après tout cela, je ne suis rien du tout. Elles vont se demander comment cela est possible. Par contre, si à ces différents postes, il y avait un vote à faire, qu’on mette cela à l’approbation du peuple ivoirien. J’aurais souhaité qu’on demande aux Ivoiriens de voter des responsables qui doivent être nommés par le Président de la République. La vérité sortira tout de suite. Je ne dis pas que je réclame un poste ministériel. Mais, si jamais on me nommait ministre, je n’allais pas cracher là-dessus. Je tiens à participer au programme de société pour lequel je me suis battu».
Docteur Méité ,Président du Nouvel Elan avec Bédié :«Seuls les compétents doivent être méritants »
«Seuls les compétents doivent être méritants. La situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons, les postes ministériels et administratifs ne doivent pas être forcément liés à notre militantisme, mais à nos compétences. Il faut surtout faire valoir les compétences au détriment du militantisme ».
Kouakou Jean Stéphane, élève au Lycée Garçon de Bingerville:«Je ne trouve pas logique qu’un militant digne de cette appellation s’attende à un poste »
«Un militant ne doit pas s’attendre coûte que coûte à un poste ministériel ou administratif. Je ne suis parenté ni à Gbagbo ni à Alassane pourquoi devrais-je m’attendre forcément à un poste d’eux ? Le Président Alassane ne connaît même pas tous ses militants. Même s’il les connaissait tous, il ne peut pas donner à chacun d’eux un poste. Nous devons porter un choix sur notre candidat sans attendre de contrepartie. Je ne trouve pas logique qu’un militant digne de cette appellation, s’attende forcément à un poste après s’être battu pour son candidat. Au lieu des postes, on doit se battre pour que tout redevienne normal en Côte d’Ivoire. Que l’administration ivoirienne fonctionne normalement et pleinement. Jusqu’à présent, l’école n’a pas encore bien repris. Les élèves et les professeurs continuent à être absents. Cette situation est une menace pour la tenue effective de nos examens. Au lieu de penser à des postes, qu’ils luttent pour que le nombre de chômeurs diminue en Côte d’Ivoire. Voici les vrais défis à relever ».
Ousmane Angoïba architecte en Italie : «C’est faire la politique de l’intérêt que de se battre pour un poste »
«On ne peut pas tous devenir ministres ; on ne peut tous être hommes politiques. C’est faire la politique de l’intérêt que de se battre pour espérer obtenir un poste ministériel ou administratif. Quand on est militant, il faut éviter d’être égoïste. La situation de la Côte d’Ivoire est telle qu’un militant quelle que soit son obédience politique doit avoir pour objectif le bien-être de tous les Ivoiriens. A vouloir forcément être nommé, on n’oublie le sens du combat. Toutefois, on peut demander le minimum ou s’engager dans d’autres domaines que l’administration. Il y a les affaires, le commerce, le transport».
Oké Eloresh, agent commercial : «Le militant combat pour le bonheur du peuple»
«Ce n’est vraiment pas obligé qu’un militant soit nommé à un poste ministériel ou administratif par son candidat qui a pu briguer le poste de Président de la République. Dans tous les cas, quel que soit le poste qu’on occupe, on sert déjà son pays. Le plus important consiste pour le parti au pouvoir à trouver des emplois ou créer des circuits d’emplois, afin de permettre à ses militants de parvenir à un mieux-être. Si ces derniers ont voté, lutté pour que le parti soit au pouvoir, c’est parce qu’ils aspiraient à un changement. Cependant, si les motivations des militants étaient d’avoir des postes, c’est normal qu’ils grognent parce que leur objectif ne serait pas encore atteint. Normalement, le combat du militant n’a de sens que lorsqu’il est fait pour le bonheur du peuple».
Dossier réalisé par
K. Patrick, A. Kouamé, A. Dédi, K. Yacouba
Maître Traoré Drissa, président Midh (Mouvement ivoirien des droits humains) :
‘’L’engagement politique ne garantit pas l’acquisition de postes ministériels ou de hautes fonctions de l’Etat ‘’
«Nous pensons que si le poste ministériel est un poste politique, il est important que celui qui anime un département ministériel ait des compétences, des aptitudes, pour l’exercer. Pour les nominations aux hautes fonctions de l’Etat et dans l’administration, il importe que les personnes qui sont nommées doivent avoir des qualités, de la probité et de l’intégrité. Parce que c’est cela qui garantit l’équité et l’égalité de tous les citoyens devant l’administration. A la lumière de tout cela, l’engagement politique ne garantit pas l’acquisition de postes ministériels ou de hautes fonctions de l’Etat. L’engagement politique peut avoir des récompenses mais cela doit être lié à la compétence, aux qualités de chaque personne. Pour résumer, l’engagement politique ne doit pas équivaloir l’obtention de postes ministériels ou de postes dans l’administration publique. Sinon, on risquerait de trouver des médiocres. Si les personnes qui sont nommées, ne sont pas intègres et compétentes, elles favoriseront les membres de leurs partis».
Marius Comoé, pdt de la FACACI (Fédération des associations de consommateurs actifs
de Côte d’Ivoire) : «Etre appelé à un poste ministériel ne devrait pas forcément être lié au militantisme»
«Etre appelé à un poste ministériel ne devrait pas forcément être lié au militantisme d’un individu dans un parti politique. D’ailleurs, comme l’a dit le sage : «On peut servir à tous les postes pourvu que l’on y mette du sérieux, de l’abnégation, du génie afin de réaliser ou de participer à sa modeste façon à l’amélioration des conditions de vie des populations». Vu sous cet angle, l’on comprend aisément que le militantisme ou les responsabilités dévolues à un individu dans un parti politique ne doivent pas forcément être un critère de nomination à des postes de responsabilité étatique. Seules la compétence, l’ingéniosité et la volonté de l’individu de servir sa nation pour le bonheur de son peuple devraient guider tous ceux qui ont en charge de nommer nos responsables dans l’administration publique. Ce d’autant plus que tout choix contraire à cette logique pourrait être source de difficulté des populations à accéder à un bien-être social».
Gisèle Dutheuil, Directrice d’Audace Institut Afrique : «L’attribution des postes doit reposer juridiquement sur des compétences »
«Vaste question ! A-t-on droit à un poste dans un ministère ou dans l`administration ? Oui, puisque l`on est un citoyen comme tout autre. A-t-on droit forcément ? Non ! Il ne faut pas mélanger l`engagement et la mangeoire! L’opportunisme ne peut porter la politique au sens moral mais également au sens de l`égalité des chances face aux emplois publics. Les postes "réservés" sont à inclure dans les abus de pouvoir. La fonction publique est financée par l`impôt des citoyens donc il n`y a aucune raison de réserver ces postes à un clan, qu`il soit ethnique, religieux ou politique. C`est de la corruption pure et simple. Pour des postes stratégiques de conseillers dans des ministères par exemple, c`est normal de s`entourer de gens qui regardent dans le même sens mais pour des postes non stratégiques, il n`y a aucune raison et on peut même affirmer que c`est un abus. L’attribution de ces postes repose juridiquement sur des compétences, des diplômes et des concours indépendamment de toute appartenance politique. Malheureusement, on préfère souvent mettre un illettré dans un commissariat qu`une personne compétente.... tout simplement parce qu`il t`apporte des voix pour les prochaines élections et qu`en plus, comme il est casé, il ne te demandera pas de payer sa prochaine facture de médicaments!»
Tchel-bi Laoré Ghislain, membre du bureau national de la JPDCI : «La priorité n’est pas de nommer tout le monde »
«Quand un candidat d’un parti arrive au pouvoir, ça ne veut pas dire qu’on doit forcément avoir un poste. Le candidat vient pour un programme et il ne prend que les hommes qui sont compétents pour mettre ce programme à exécution. Quand un candidat vient au pouvoir, il a forcément des gens qui l’accompagnent. Mais, la priorité n’est pas de nommer tout le monde parce qu’à l’administration, ce sont les compétences qui comptent. Même si on est le meilleur ami du Chef de l’Etat, on ne peut pas être nommé quand on n’est pas compétent. Le Chef de l’Etat a un pouvoir discrétionnaire, il nomme qui il veut quand il veut. Quant à ceux qui grognent, je leur dirai qu’Alassane Ouattara n’est pas un chef de classe. C’est le Président de la République de Côte d’Ivoire. D’ailleurs, il n’a que ses militants à nommer. Aux Etats-Unis, Obama n’a pas nommé que ses militants aux postes clefs de l’administration».
Douzan Guy Serge, PDT du SION :«Un poste ministériel ou administratif se veut même par essence technique»
«En tant que Président du Sursaut Ivoirien pour un Ordre National (SION), ce n’est pas parce qu’on est militant d’un parti politique qu’on doit obtenir un poste. C’est là toute la confusion qui est faite et qui nous conduit souvent à des situations qu’on ne maîtrise toujours pas forcément. Dans les partis politiques, on développe des visions. Mais un poste ministériel ou administratif se veut même par essence, technique. C’est ce qui explique que les ministres ont des conseillers et un cabinet. D’où le distinguo entre le conseil des ministres et le conseil de gouvernement qui, lui, est plus opérationnel. Si on a cette vision de favoriser ses militants, on peut rater l’objectif qu’on veut atteindre. Cela pose le problème de la responsabilité de l’application d’un programme. Par ailleurs, je ne dis pas non plus qu’il ne faille pas accorder de postes aux militants d’un parti politique, mais je pense qu’il faudrait que le critère essentiel soit la compétence ».
M. Kamaté André, pdt de Lidho (Ligue ivoirienne des droits de l’homme) : «C’est la compétence et non la récompense »
«Si quelqu’un milite alors qu’il pense à lui-même, il n’est pas un militant. C’est un affairiste. Lorsque nous intégrions en nous l’idée que nous militions pour le bien commun, pour que dans la société dans laquelle nous vivons les gens se sentent mieux, on n’a pas besoin d’avoir en retour un poste ministériel. Vous savez tout le monde ne peut pas être ministre. Un parti peut avoir des millions de militants, autant de personnes qui adhèrent à son idéologie, mais, les postes de ministres sont en nombre réduit. On ne milite pas pour devenir ministre. Tout comme on ne milite pas pour garder un poste de responsabilité ou acquérir un poste de responsabilité. Les uns ou les autres qui s’engagent dans cette voie, le font tout simplement parce qu’en Afrique, malheureusement la politique est devenue le moyen d’enrichissement facile. Alors qu’il existe plusieurs voies. Cela n’a rien avoir avec les droits de l’homme, c’est une question de bon sens. Quand on militer dans un parti politique, c’est un idéal qu’on recherche. Les postes de responsabilité doivent être occupés par ceux qui sont compétents. Si dans le camp de l’adversaire, on peut trouver des compétences qu’on les utilise pour rendre possible cet idéal qu’on promet au peuple. Pour nous, ce qui doit primer, c’est la compétence et non la récompense. Parce que si on s’inscrit dans la logique de la récompense, on fera des frustrations. Aux militants qui pensent qu’ils doivent être récompensés, c’est leur droit de le penser. Mais, il est à souhaiter que cette récompense-là coïncide avec la compétence».
Sidibé Djakaridja, militant du RDR : «Pour le vrai militant, le poste n’est pas trop important»
«Pour moi, être un militant c’est d’abord avoir l’amour de son parti. On adhère à un parti politique pour les idéaux du parti. On ne milite donc pas dans un parti politique pour soi-même. C’est pour l’intérêt et le bonheur de tous. Pour le vrai militant, le poste n’est pas trop important. Le pays a trop souffert pour qu’on en soit encore à ces histoires de nominations. Le plus important c’est que tous les Ivoiriens connaissent le bonheur après tant d’années ; l’éssentiel est que le pays aille de l’avant. C’est cela l’objectif premier de tout militant. Notre candidat est au pouvoir même s’il ne nomme personne, le combat continue. D’ailleurs, c’est maintenant que le plus dur commence. Nous nous ferons du mal si pour un poste nous baissons les bras».
Traoré Souleymane, porte-parole du Conseil supérieur des Imams section de Bingerville :
«Ce sont plusieurs défis qui attendent la Côte d’Ivoire… »
«Notre devoir en tant qu’Imam était d’encourager nos compatriotes à s’acquitter de leur devoir civique. Un militant après le vote, doit s’attendre à la victoire de son candidat. L’avènement de son candidat au pouvoir ne veut pas dire qu’il doit forcément s’attendre à un poste ministériel ou administratif. Le plus difficile était que le pays retrouve la sérénité et le bonheur. C’est ça le vrai rôle d’un militant. Aujourd’hui, ce sont plusieurs défis qui attendent la Côte d’Ivoire, notamment l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et l’amélioration des conditions de tous les Ivoiriens. La nomination à un poste quelconque n’est vraiment pas la priorité. La Côte d’Ivoire doit être, après ces moments difficiles, un modèle de développement dans la sous-région et sur l’échiquier international».
Koné Abdel Aziz, étudiant en Espagnol à l’Université de Cocody :«Appartenir à un parti politique est un défi qu’on relève »
«Appartenir à un parti politique est un défi qu’on relève. Pour cela, on ne doit pas forcément demander un poste ministériel ou administratif qui est honorable. Le développement du pays est encore plus important. Chacun de nous peut contribuer à sa façon à développer le pays. Celui qui s’attend toujours à un poste n’a pas une ambition réelle pour son pays et son parti. Sans un poste, on peut toujours continuer son militantisme et contribuer au développement de son pays. Aussi peut-on être casé dans un domaine autre que les ministères et l’administration. Nous, les étudiants, n’avons pas besoin de ce genre de postes. Il suffit que les autorités nous garantissent notre insertion socioprofessionnelle pour nous permettre de nous épanouir».
M. Botty, agent commercial : «Le militantisme n’est absolument pas lié au poste »
«On peut aspirer à un poste quand on est militant mais ce n’est pas une priorité. Les militants ne sont pas les seuls. Tous les Ivoiriens ont le droit de travailler. Le souci du militant, c’est de voir son pays avancé et non de demander des postes ou d’attendre d’être nommé. On milite au sein d’un parti pour qu’il y ait changement dans le pays. Le militantisme n’est absolument pas lié au poste. Dans tous les cas, la satisfaction d’un militant réside dans l’avènement de son candidat au pouvoir. Il y a des gens qui militent depuis plusieurs années au sein de leur parti mais qui n’ont jamais été nommés. Il ne faut pas aussi oublier que pour être à un poste administratif ou ministériel, il faut en avoir les compétences. Ce n’est donc pas par affinité qu’on devient ministre. Je pense que cette époque est révolue de nos jours.»
Kpan Fulgence Landry, sans emploi :« Il faut avoir les compétences requises pour être nommé »
« Je me demande si ceux qui aspirent aux postes savent qu’ils doivent d’abord remplir un certain nombre de conditions. On ne se lève pas comme ça pour demander des postes. Il faut avoir les compétences requises pour être nommé. Le Président n’a pas que ses militants à nommer. Le Chef de l’Etat, avant d’être au pouvoir, fait un programme. Pour mettre à exécution ce programme, il fait appel à toutes les compétences de son pays. Fussent-elles de son bord ou non. Et puis, le militantisme ne doit pas être réduit à la simple quête d’un poste. C’est fort des idéaux de son parti qu’il s’est engagé à soutenir un candidat. Sa satisfaction, c’est de voir son mentor mettre à exécution son programme de gouvernement, une fois au pouvoir. S’il est nommé ou pas il reste le même, il continue de militer. A la rigueur, il doit aspirer à un mieux-être en dehors des postes ministériels et administratifs».
Allomo Kouassi Paulin, député PDCI-RDA:«Il faut que les militants qui ont pris des risques, soient récompensés»
«On ne doit pas s’interroger. Naturellement, quand un homme se bat pour quelque chose, il le fait pour un objectif. Moi, je ne peux pas comprendre que les Africains soient allés dans les grandes écoles américaines ou françaises ou encore allemandes et que notre pays fonctionne politiquement autrement, et qu’on ait les mêmes diplômes, une fois de retour dans notre pays, on réfléchisse autrement. Quand vous prenez le Président américain, Barack Obama, ceux qu’il nomme à des postes de responsabilité, font partie de l’équipe qui s’est battue pour lui. Egalement, quand vous prenez le président français, Nicolas Sarkozy, il ne nomme pas au hasard. C’est comme ça dans les pays développés. Et c’est ça, le militantisme ! Moi, je considère que l’Afrique doit revenir à cela. Aujourd’hui, il faut que les militants qui ont pris des risques, soient récompensés. C’est normal et même encourageant ! Autant on se bat pour faire un chef d’Etat, autant on doit être récompensé. C’est une suite logique. Je reçois à longueur de journée des milliers de coups de téléphone pour me remercier de la noblesse de notre combat au Rhdp. Si ces personnes qui ont confiance en moi, constatent qu’après tout cela, je ne suis rien du tout. Elles vont se demander comment cela est possible. Par contre, si à ces différents postes, il y avait un vote à faire, qu’on mette cela à l’approbation du peuple ivoirien. J’aurais souhaité qu’on demande aux Ivoiriens de voter des responsables qui doivent être nommés par le Président de la République. La vérité sortira tout de suite. Je ne dis pas que je réclame un poste ministériel. Mais, si jamais on me nommait ministre, je n’allais pas cracher là-dessus. Je tiens à participer au programme de société pour lequel je me suis battu».
Docteur Méité ,Président du Nouvel Elan avec Bédié :«Seuls les compétents doivent être méritants »
«Seuls les compétents doivent être méritants. La situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons, les postes ministériels et administratifs ne doivent pas être forcément liés à notre militantisme, mais à nos compétences. Il faut surtout faire valoir les compétences au détriment du militantisme ».
Kouakou Jean Stéphane, élève au Lycée Garçon de Bingerville:«Je ne trouve pas logique qu’un militant digne de cette appellation s’attende à un poste »
«Un militant ne doit pas s’attendre coûte que coûte à un poste ministériel ou administratif. Je ne suis parenté ni à Gbagbo ni à Alassane pourquoi devrais-je m’attendre forcément à un poste d’eux ? Le Président Alassane ne connaît même pas tous ses militants. Même s’il les connaissait tous, il ne peut pas donner à chacun d’eux un poste. Nous devons porter un choix sur notre candidat sans attendre de contrepartie. Je ne trouve pas logique qu’un militant digne de cette appellation, s’attende forcément à un poste après s’être battu pour son candidat. Au lieu des postes, on doit se battre pour que tout redevienne normal en Côte d’Ivoire. Que l’administration ivoirienne fonctionne normalement et pleinement. Jusqu’à présent, l’école n’a pas encore bien repris. Les élèves et les professeurs continuent à être absents. Cette situation est une menace pour la tenue effective de nos examens. Au lieu de penser à des postes, qu’ils luttent pour que le nombre de chômeurs diminue en Côte d’Ivoire. Voici les vrais défis à relever ».
Ousmane Angoïba architecte en Italie : «C’est faire la politique de l’intérêt que de se battre pour un poste »
«On ne peut pas tous devenir ministres ; on ne peut tous être hommes politiques. C’est faire la politique de l’intérêt que de se battre pour espérer obtenir un poste ministériel ou administratif. Quand on est militant, il faut éviter d’être égoïste. La situation de la Côte d’Ivoire est telle qu’un militant quelle que soit son obédience politique doit avoir pour objectif le bien-être de tous les Ivoiriens. A vouloir forcément être nommé, on n’oublie le sens du combat. Toutefois, on peut demander le minimum ou s’engager dans d’autres domaines que l’administration. Il y a les affaires, le commerce, le transport».
Oké Eloresh, agent commercial : «Le militant combat pour le bonheur du peuple»
«Ce n’est vraiment pas obligé qu’un militant soit nommé à un poste ministériel ou administratif par son candidat qui a pu briguer le poste de Président de la République. Dans tous les cas, quel que soit le poste qu’on occupe, on sert déjà son pays. Le plus important consiste pour le parti au pouvoir à trouver des emplois ou créer des circuits d’emplois, afin de permettre à ses militants de parvenir à un mieux-être. Si ces derniers ont voté, lutté pour que le parti soit au pouvoir, c’est parce qu’ils aspiraient à un changement. Cependant, si les motivations des militants étaient d’avoir des postes, c’est normal qu’ils grognent parce que leur objectif ne serait pas encore atteint. Normalement, le combat du militant n’a de sens que lorsqu’il est fait pour le bonheur du peuple».
Dossier réalisé par
K. Patrick, A. Kouamé, A. Dédi, K. Yacouba