Frustrés ou déçus de la politique menée par Laurent Gbagbo, plusieurs cadres du Front populaire ivoirien rêvent aujourd’hui, de prendre leur revanche sur l’histoire de leur propre parti politique.
Mamadou Koulibaly : vilipendé hier, adoubé aujourd’hui
Mamadou Koulibaly émerge à nouveau. Il est même aux commandes, même s’il assure l’intérim, de la présidence du Fpi. Aujourd’hui, c’est lui qui porte la porale du parti et qui décide de sa destinée. Pourtant, il y a à peine un an, il avait été presque relégué au second plan dans le cercle des proches de Laurent Gbagbo. Tout est parti de l’affaire Désiré Tagro, du nom de l’ex-ministre de l’Intérieur de Laurent Gbagbo. Le président de l’Assemblée nationale en sa qualité de 3e vice-président du Fpi avait dénoncé, en juin, entre autres récriminations, au cours d’une réunion secrète, un recrutement sur fond ethnique par ce dernier à l’Ecole nationale de police. C’était osé, avaient jugé certains de ses ‘’camarades‘’, qui avaient ainsi ouvert un front contre lui. Le Fpi est divisé entre pro-Koulibaly et pro-Tagro. Laurent Gbagbo alors absent du pays ne prendra la mesure de la fracture née au sein de sa famille politique qu’une fois rentré au bercail. Mais, en plus des audiences en privé, avec son « ami » Laurent Gbagbo, Mamadou Koulibaly recevra le coup de massue de la part de Charles Blé Goudé, alors directeur national adjoint de campagne pour la jeunesse du candidat Gbagbo. « Quand on n’est pas n’importe qui, on ne parle pas n’importe comment. Quand on est No2 du pays, on ne dit pas n’importe quoi et n’importe où », lui avait-il remonté les bretelles, le samedi 10 juillet 2010, à Ménékré (Gagnoa).
Eugène Djué : le ‘’maréchal‘’qui sauve la maison…
Eugène Djué est l’un des premiers et rares cadres du Front populaire ivoirien à s’engager dans la réconciliation nationale auprès du nouveau pouvoir. Il se fait même un nom actuellement dans la politique de pacification des bastions précédemment occupés par des combattants pro-Gbagbo ou miliciens. Eugène Djué joue sa partition donc dans la « nouvelle ère » qu’aborde le pays. Avant d’être désigné directeur départemental de campagne de Laurent Gbagbo à Bouaké, Djué avait dû avaler une grosse couleuvre. En effet, le 31 janvier 2007, il est bastonné par des soldats devant la résidence de Laurent Gbagbo, à qui il était allé rendre visite. Depuis ce jour, le ‘’maréchal‘’ semblait avoir perdu quelques grades, en dépit de son titre de « fils » de Laurent et de Simone Gbagbo. C’est du moins ainsi qu’il se faisait appeler parfois pour traduire sa proximité avec l’ex-couple présidentiel. Il est aussi celui qui n’aurait pas été rétribué à la hauteur de son engagement dans la lutte patriotique. Il n’aurait pas été un privilégié parmi les privilégiés de la galaxie patriotique. Au point qu’une opposition aux allures de rivalité l’avait souvent mis dans la balance avec Charles Blé Goudé.
Gaza Gazo : la mairie de Lakota ou la réhabilitation
Il est de ceux des anciens soutiens financiers du Front populaire ivoirien qui ont une revanche à prendre. Un confrère annonçait d’ailleurs son retour, la semaine dernière, sur la scène politique. Francis Gaza Gazo a perdu ou a été dépossédé de la mairie de Lakota, un proche de Gaza Gazo voyait, comme ce dernier, les mains d’Ernest Daly Zabo et celles de Lida Kouassi Moïse derrière son éviction. Homme d’affaires, Gaza Gazo a été maire de Lakota de 2001 à 2007. Il est le président du Mouvement des citoyens de Côte d’Ivoire (MCCI). Il est également l’un des prétendants malheureux à la candidature pour la présidentielle. Gaza Gazo n’avait pas pu déposer à temps sa caution de vingt millions de Fcfa. « J’ai été le soutien du Fpi… Je n’entretiens plus de bonnes relations avec Laurent Gbagbo. Gbagbo et moi avions une relation d’amitié. Je l’ai toujours approché avec beaucoup de respect. Naturellement, cela n’a pas plu à certaines personnes. Je sais être fidèle dans mes amitiés. Je ne sais pas d’où vient le clash, mais seulement je suis étonné. Nous avons tous œuvré pour son élection en 2000. Quand il a été élu, il m’a demandé de lui proposer quatre noms pour le Conseil économique et social (Ces). J’ai fait les propositions et ces personnes n’ont jamais été retenues… On ne peut pas tout dire dans une assemblée, de peur de me faire arrêter par la police à la sortie d’ici », rappelait-il à la presse, le 29 octobre 2009, lors d’une conférence.
Blé Blé Charles, le compagnon abandonné
Parallèlement aux opérations de charme menées par les déçus du régime Gbagbo, à l’intérieur même du Fpi, Blé Blé Charles a engagé ses propres actions souterraines, pour tirer quelques marrons du feu. C’est que l’ancien maire de Saïoua est souvent cité parmi les financiers du parti de Laurent Gbagbo. Malheureusement, leur chemin a dû se séparer, à cause de profondes divergences de vue. Selon ses confidences faites le 13 mai dernier, face à la presse, ce sont les faucons qui auraient eu raison de Blé Blé Charles, en l’empêchant notamment de promouvoir le retour aux sources du Fpi auprès de l’ancien homme fort d’Abidjan. Sa plus grande frustration serait liée à l’émergence fulgurante de Paul-Antoine Bohoun Bouabré (ancien ministre du Plan et du développement) et de Désiré Tagro (ancien ministre de l’Intérieur, décédé le 11 avril, après l’arrestation de Laurent Gbagbo), considérés dans la région, à la création du Fpi, comme ses ‘’petits’’. Pour noyer sa déception, l’universitaire a créé sa propre formation politique, la Nouvelle alliance démocratique de la Côte d'Ivoire pour la Justice, le développement et la paix (NadCI-Jdp). Malheureusement, celle-ci est demeurée l’ombre anonyme de son géniteur. Outre ses manœuvres pour entrer dans les bonnes grâces du nouveau pouvoir, certains le soupçonnent donc de vouloir lancer un Opa sur le parti dont il était, hier, l’un des financiers.
Sylvain Miaka Ouréto, brillant mais pas premier
Quoiqu’il ait été bombardé secrétaire général du Fpi, après l’avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir, puis réussi à se faire élire président du Conseil général de Soubré, Miaka Ouréto n’est pas moins un frustré de la ‘’Refondation’’. Brillant économiste, il a été pressenti pour être le ministre de l’Economie et des Finances que le Fpi devait proposer pour entrer dans le gouvernement de la junte militaire (décembre 1999 à octobre 2000). A la dernière minute, Laurent Gbagbo lui préférera Mamadou Koulibaly. Quand le Fpi accéda au pouvoir, lui le militant de première heure, nourri à la sève du socialisme, a espéré, entrer au gouvernement pour conduire de main de maître la politique économique du Fpi. Là encore, ses espoirs seront ruinés. C’est donc le plus naturellement du monde que lorsque Laurent Gbagbo a chuté, il a cherché à se faire une meilleure place au soleil. Selon des indiscrétions, il fait partie de ceux qui sont en bonne posture pour entrer dans le gouvernement. Ses offensives de charme ont donc porté.
Marc Dossa & Bidi Ignace
Mamadou Koulibaly : vilipendé hier, adoubé aujourd’hui
Mamadou Koulibaly émerge à nouveau. Il est même aux commandes, même s’il assure l’intérim, de la présidence du Fpi. Aujourd’hui, c’est lui qui porte la porale du parti et qui décide de sa destinée. Pourtant, il y a à peine un an, il avait été presque relégué au second plan dans le cercle des proches de Laurent Gbagbo. Tout est parti de l’affaire Désiré Tagro, du nom de l’ex-ministre de l’Intérieur de Laurent Gbagbo. Le président de l’Assemblée nationale en sa qualité de 3e vice-président du Fpi avait dénoncé, en juin, entre autres récriminations, au cours d’une réunion secrète, un recrutement sur fond ethnique par ce dernier à l’Ecole nationale de police. C’était osé, avaient jugé certains de ses ‘’camarades‘’, qui avaient ainsi ouvert un front contre lui. Le Fpi est divisé entre pro-Koulibaly et pro-Tagro. Laurent Gbagbo alors absent du pays ne prendra la mesure de la fracture née au sein de sa famille politique qu’une fois rentré au bercail. Mais, en plus des audiences en privé, avec son « ami » Laurent Gbagbo, Mamadou Koulibaly recevra le coup de massue de la part de Charles Blé Goudé, alors directeur national adjoint de campagne pour la jeunesse du candidat Gbagbo. « Quand on n’est pas n’importe qui, on ne parle pas n’importe comment. Quand on est No2 du pays, on ne dit pas n’importe quoi et n’importe où », lui avait-il remonté les bretelles, le samedi 10 juillet 2010, à Ménékré (Gagnoa).
Eugène Djué : le ‘’maréchal‘’qui sauve la maison…
Eugène Djué est l’un des premiers et rares cadres du Front populaire ivoirien à s’engager dans la réconciliation nationale auprès du nouveau pouvoir. Il se fait même un nom actuellement dans la politique de pacification des bastions précédemment occupés par des combattants pro-Gbagbo ou miliciens. Eugène Djué joue sa partition donc dans la « nouvelle ère » qu’aborde le pays. Avant d’être désigné directeur départemental de campagne de Laurent Gbagbo à Bouaké, Djué avait dû avaler une grosse couleuvre. En effet, le 31 janvier 2007, il est bastonné par des soldats devant la résidence de Laurent Gbagbo, à qui il était allé rendre visite. Depuis ce jour, le ‘’maréchal‘’ semblait avoir perdu quelques grades, en dépit de son titre de « fils » de Laurent et de Simone Gbagbo. C’est du moins ainsi qu’il se faisait appeler parfois pour traduire sa proximité avec l’ex-couple présidentiel. Il est aussi celui qui n’aurait pas été rétribué à la hauteur de son engagement dans la lutte patriotique. Il n’aurait pas été un privilégié parmi les privilégiés de la galaxie patriotique. Au point qu’une opposition aux allures de rivalité l’avait souvent mis dans la balance avec Charles Blé Goudé.
Gaza Gazo : la mairie de Lakota ou la réhabilitation
Il est de ceux des anciens soutiens financiers du Front populaire ivoirien qui ont une revanche à prendre. Un confrère annonçait d’ailleurs son retour, la semaine dernière, sur la scène politique. Francis Gaza Gazo a perdu ou a été dépossédé de la mairie de Lakota, un proche de Gaza Gazo voyait, comme ce dernier, les mains d’Ernest Daly Zabo et celles de Lida Kouassi Moïse derrière son éviction. Homme d’affaires, Gaza Gazo a été maire de Lakota de 2001 à 2007. Il est le président du Mouvement des citoyens de Côte d’Ivoire (MCCI). Il est également l’un des prétendants malheureux à la candidature pour la présidentielle. Gaza Gazo n’avait pas pu déposer à temps sa caution de vingt millions de Fcfa. « J’ai été le soutien du Fpi… Je n’entretiens plus de bonnes relations avec Laurent Gbagbo. Gbagbo et moi avions une relation d’amitié. Je l’ai toujours approché avec beaucoup de respect. Naturellement, cela n’a pas plu à certaines personnes. Je sais être fidèle dans mes amitiés. Je ne sais pas d’où vient le clash, mais seulement je suis étonné. Nous avons tous œuvré pour son élection en 2000. Quand il a été élu, il m’a demandé de lui proposer quatre noms pour le Conseil économique et social (Ces). J’ai fait les propositions et ces personnes n’ont jamais été retenues… On ne peut pas tout dire dans une assemblée, de peur de me faire arrêter par la police à la sortie d’ici », rappelait-il à la presse, le 29 octobre 2009, lors d’une conférence.
Blé Blé Charles, le compagnon abandonné
Parallèlement aux opérations de charme menées par les déçus du régime Gbagbo, à l’intérieur même du Fpi, Blé Blé Charles a engagé ses propres actions souterraines, pour tirer quelques marrons du feu. C’est que l’ancien maire de Saïoua est souvent cité parmi les financiers du parti de Laurent Gbagbo. Malheureusement, leur chemin a dû se séparer, à cause de profondes divergences de vue. Selon ses confidences faites le 13 mai dernier, face à la presse, ce sont les faucons qui auraient eu raison de Blé Blé Charles, en l’empêchant notamment de promouvoir le retour aux sources du Fpi auprès de l’ancien homme fort d’Abidjan. Sa plus grande frustration serait liée à l’émergence fulgurante de Paul-Antoine Bohoun Bouabré (ancien ministre du Plan et du développement) et de Désiré Tagro (ancien ministre de l’Intérieur, décédé le 11 avril, après l’arrestation de Laurent Gbagbo), considérés dans la région, à la création du Fpi, comme ses ‘’petits’’. Pour noyer sa déception, l’universitaire a créé sa propre formation politique, la Nouvelle alliance démocratique de la Côte d'Ivoire pour la Justice, le développement et la paix (NadCI-Jdp). Malheureusement, celle-ci est demeurée l’ombre anonyme de son géniteur. Outre ses manœuvres pour entrer dans les bonnes grâces du nouveau pouvoir, certains le soupçonnent donc de vouloir lancer un Opa sur le parti dont il était, hier, l’un des financiers.
Sylvain Miaka Ouréto, brillant mais pas premier
Quoiqu’il ait été bombardé secrétaire général du Fpi, après l’avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir, puis réussi à se faire élire président du Conseil général de Soubré, Miaka Ouréto n’est pas moins un frustré de la ‘’Refondation’’. Brillant économiste, il a été pressenti pour être le ministre de l’Economie et des Finances que le Fpi devait proposer pour entrer dans le gouvernement de la junte militaire (décembre 1999 à octobre 2000). A la dernière minute, Laurent Gbagbo lui préférera Mamadou Koulibaly. Quand le Fpi accéda au pouvoir, lui le militant de première heure, nourri à la sève du socialisme, a espéré, entrer au gouvernement pour conduire de main de maître la politique économique du Fpi. Là encore, ses espoirs seront ruinés. C’est donc le plus naturellement du monde que lorsque Laurent Gbagbo a chuté, il a cherché à se faire une meilleure place au soleil. Selon des indiscrétions, il fait partie de ceux qui sont en bonne posture pour entrer dans le gouvernement. Ses offensives de charme ont donc porté.
Marc Dossa & Bidi Ignace