Sié Souleymane est le président de la Jeunesse pour la renaissance du Grand nord. A la faveur de la crise postélectorale, ce leader de la jeunesse a pris les armes pour défendre les causes d’Alassane Ouattara. Dans cet entretien, il nous explique les raisons qui l’ont motivé à prendre les armes, parle de Konan Banny et donne son avis sur la réconciliation nationale.
On vous a vu très actif sur le terrain militaire pendant la crise postélectorale. Qu’est-ce qui explique cela ?
Cela s’explique dans la mesure où l’ancien président Laurent Gbagbo a refusé de céder le pouvoir. Et il était aidé dans sa folle aventure par une bande de miliciens, mercenaires et quelques éléments des FDS à sa solde. Nous, jeunes, qui avons pris fait et cause pour le combat du docteur Alassane Dramane Ouattara, avons décidé d’aller chercher le pouvoir là où il était pour le lui remettre et respecter la volonté du peuple. C’est ce qui nous a conduits sur le terrain militaire. C’est pourquoi on parlait de commando invisible. C'est-à-dire que tout le monde avait pris sa part de responsabilité. Que ce soit les jeunes du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, tout le monde a combattu parce que trop était trop. Il fallait mettre fin à la dictature, à la monarchie qui était en train d’être instaurée par Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.
Vous êtes allé sur le terrain militaire. Comment se fait-il que le commando invisible ait plusieurs pères ?
C’est vous les journalistes qui avez parlé de plusieurs pères du commando invisible. Sinon, le commando invisible n’a pas plusieurs pères. Il n’a aucun père. Qu’est-ce qui s’est passé en réalité ? Des populations qui habitent Abobo, Adjamé disent qu’elles se reconnaissent en Alassane Ouattara comme président de la République. A cause de leur conviction, un monsieur qui s’appelle Gbagbo envoie des gendarmes et les policiers les tabasser et les tuer. Donc, à un moment donné , nous avons compris qu’on avait qu’une seule voie. Soit nous nous défendions, soit nous nous laissions massacrer. Nous avons décidé de nous défendre avec des bois, des gourdins, des machettes face à des gens qui avaient des chars, des canons. Bien entendu, on a eu l’aide de quelques policiers, militaires, gendarmes qui ont cru en la victoire d’Alassane Ouattara. Nous avons été appuyés également par des soldats des Forces nouvelles. Aujourd’hui, nous constatons que nous étions dans la vérité et nous avons avec les Forces républicaines rendu le pouvoir du peuple qui a élu Alassane Ouattara. En ce moment-là, personne ne pouvait revendiquer à visage découvert la lutte qui était menée. Pour répondre à votre question, je peux dire qu’il y a eu des précurseurs de cette lutte, mais pas un père. Car nous étions orphelins.
Pendant ces cinq mois d’incertitude, qu’est-ce qui vous a motivés pour croire au combat jusqu’au bout ?
Nous avons traversé beaucoup de difficultés et à un moment donné on n’avait plus confiance à Gbagbo et nous avions placé l’espoir en Alassane Ouattara. L’espoir était qu’on avait Dieu qui nous protégeait face aux armes de Gbagbo. L’espoir était permis puisqu’on savait que celui qu’on avait voté était un homme d’honneur et de parole. Nos parents étaient tous les jours enlevés à des carrefours, brûlés et tués. Tout le monde était une cible pour les miliciens de Gbagbo. Nous avons entendu parler d’article 125, c'est-à-dire pétrole 100 f et allumette 25. C’est comme cela on brûlait les gens. On tuait des gens tout simplement parce qu’ils portaient des amulettes qui étaient considérées par Gbagbo comme une arme de destruction massive. Il fallait donc qu’on défende notre identité et donner le pouvoir au peuple pour avoir définitivement la paix.
Maintenant que Alassane Ouattara est pratiquement au bout de sa peine et est à la magistrature suprême, quel sentiment avez-vous ?
Dans un premier temps, c’est un sentiment de joie. Ce qui me réjouit, c’est de voir qu’il est au travail. Nous l’avons soutenu à travers les meetings dans les villages, les villes. Nous avons fait tout ce qu’il fallait pour qu’il soit président. Mais, nous attendons beaucoup de lui. Il est déjà au travail. Abidjan est propre. Nous le voyons parcourir les pays occidentaux pour chercher des moyens pour la Côte d’Ivoire. Les jeunes surtout attendent beaucoup de lui sur le plan de l’emploi vu un peu ce que nous avons connu ces dix dernières années. Beaucoup de jeunes ont appris aujourd’hui à manipuler les armes. Il ne faut pas les laisser dans la rue.
Je demande au ministre de la Défense, de l’Intérieur et le gouvernement de prendre en compte dans le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion, tous les jeunes des Frci et de ce qu’on a appelé commando invisible. Et il faut intégrer dans l’armée ceux qui en ont la compétence et trouver des débouchés pour les autres. Au-delà de cela, la jeunesse dans sa majorité entend de voir une Côte d’Ivoire réunifiée, réconciliée et surtout qui est au travail et permet aux jeunes de subvenir à leurs besoins. Nous ne voulons pas de jeunes qui passent leur temps à aller quémander de bureau en bureau comme ce fut le cas sous Gbagbo où les jeunes faisaient chaque mois des rangs à la présidence pour émarger. Nous voulons que les autorités créent les conditions pour que tout jeune Ivoirien soit heureux d’aller au travail ou d’aller au champ. Les parlements, agoras et Sorbonne ont détruit la mentalité des Ivoiriens. Vous voyez aujourd’hui que tous nos petits frères s’adonnent à la cybercriminalité parce qu’ils pensent que le goût de la vie réside dans la facilité. Nous croyons qu’il faut bannir tous ces comportements. Cela passe par la création d’emplois.
Le président Alassane Ouattara a nommé Charles Konan Banny comme président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Avez-vous confiance que les Ivoiriens vont se retrouver et réapprendre à vivre ensemble ?
Mais, je pense que Banny est un homme de parole, un homme d’honneur. Il faut reconnaître cela. Il n’est mêlé à aucun complot politique. Il faut que les Ivoiriens lui fassent confiance. Les Ivoiriens doivent eux-mêmes se faire confiance et apprendre à se pardonner. Quand Mamadou Koulibaly dit que lorsqu’on parle de réconciliation, on ne doit plus évoquer la justice. Je pense que c’est un intellectuel. Qu’il comprenne que si c’était le cas, les nazis n’allaient jamais disparaître en Allemagne. Même aujourd’hui, on a arrêté un ex-général d’armée Serbe. Le président Banny a un rôle important à jouer, c’est de réconcilier le peuple de Côte d’Ivoire avec lui- même. Il doit aussi réconcilier le peuple ivoirien avec les étrangers parce que pendant dix ans, les étrangers ont été victimes d’exactions. Même lors de la crise postélectorale, des Burkinabé, Guinéens et même des Français ont été tués. Donc, il faut nous réconcilier avec eux. La vérité est aussi indispensable. Ceux qui ont commis des crimes doivent être jugés et condamnés pour que personne d’autre n’agisse ainsi dans l’avenir. Des gens au sein de la majorité présidentielle dont Mamadou Koulibaly se réclame, ont eu le courage de financer des jeunes pour qu’ils tuent d’autres jeunes. Il faut que ceux-ci payent pour les crimes qu’ils ont commis. Donc, nous croyons que la réconciliation sera une réalité.
Réalisé par Patrice Pohé
On vous a vu très actif sur le terrain militaire pendant la crise postélectorale. Qu’est-ce qui explique cela ?
Cela s’explique dans la mesure où l’ancien président Laurent Gbagbo a refusé de céder le pouvoir. Et il était aidé dans sa folle aventure par une bande de miliciens, mercenaires et quelques éléments des FDS à sa solde. Nous, jeunes, qui avons pris fait et cause pour le combat du docteur Alassane Dramane Ouattara, avons décidé d’aller chercher le pouvoir là où il était pour le lui remettre et respecter la volonté du peuple. C’est ce qui nous a conduits sur le terrain militaire. C’est pourquoi on parlait de commando invisible. C'est-à-dire que tout le monde avait pris sa part de responsabilité. Que ce soit les jeunes du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, tout le monde a combattu parce que trop était trop. Il fallait mettre fin à la dictature, à la monarchie qui était en train d’être instaurée par Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.
Vous êtes allé sur le terrain militaire. Comment se fait-il que le commando invisible ait plusieurs pères ?
C’est vous les journalistes qui avez parlé de plusieurs pères du commando invisible. Sinon, le commando invisible n’a pas plusieurs pères. Il n’a aucun père. Qu’est-ce qui s’est passé en réalité ? Des populations qui habitent Abobo, Adjamé disent qu’elles se reconnaissent en Alassane Ouattara comme président de la République. A cause de leur conviction, un monsieur qui s’appelle Gbagbo envoie des gendarmes et les policiers les tabasser et les tuer. Donc, à un moment donné , nous avons compris qu’on avait qu’une seule voie. Soit nous nous défendions, soit nous nous laissions massacrer. Nous avons décidé de nous défendre avec des bois, des gourdins, des machettes face à des gens qui avaient des chars, des canons. Bien entendu, on a eu l’aide de quelques policiers, militaires, gendarmes qui ont cru en la victoire d’Alassane Ouattara. Nous avons été appuyés également par des soldats des Forces nouvelles. Aujourd’hui, nous constatons que nous étions dans la vérité et nous avons avec les Forces républicaines rendu le pouvoir du peuple qui a élu Alassane Ouattara. En ce moment-là, personne ne pouvait revendiquer à visage découvert la lutte qui était menée. Pour répondre à votre question, je peux dire qu’il y a eu des précurseurs de cette lutte, mais pas un père. Car nous étions orphelins.
Pendant ces cinq mois d’incertitude, qu’est-ce qui vous a motivés pour croire au combat jusqu’au bout ?
Nous avons traversé beaucoup de difficultés et à un moment donné on n’avait plus confiance à Gbagbo et nous avions placé l’espoir en Alassane Ouattara. L’espoir était qu’on avait Dieu qui nous protégeait face aux armes de Gbagbo. L’espoir était permis puisqu’on savait que celui qu’on avait voté était un homme d’honneur et de parole. Nos parents étaient tous les jours enlevés à des carrefours, brûlés et tués. Tout le monde était une cible pour les miliciens de Gbagbo. Nous avons entendu parler d’article 125, c'est-à-dire pétrole 100 f et allumette 25. C’est comme cela on brûlait les gens. On tuait des gens tout simplement parce qu’ils portaient des amulettes qui étaient considérées par Gbagbo comme une arme de destruction massive. Il fallait donc qu’on défende notre identité et donner le pouvoir au peuple pour avoir définitivement la paix.
Maintenant que Alassane Ouattara est pratiquement au bout de sa peine et est à la magistrature suprême, quel sentiment avez-vous ?
Dans un premier temps, c’est un sentiment de joie. Ce qui me réjouit, c’est de voir qu’il est au travail. Nous l’avons soutenu à travers les meetings dans les villages, les villes. Nous avons fait tout ce qu’il fallait pour qu’il soit président. Mais, nous attendons beaucoup de lui. Il est déjà au travail. Abidjan est propre. Nous le voyons parcourir les pays occidentaux pour chercher des moyens pour la Côte d’Ivoire. Les jeunes surtout attendent beaucoup de lui sur le plan de l’emploi vu un peu ce que nous avons connu ces dix dernières années. Beaucoup de jeunes ont appris aujourd’hui à manipuler les armes. Il ne faut pas les laisser dans la rue.
Je demande au ministre de la Défense, de l’Intérieur et le gouvernement de prendre en compte dans le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion, tous les jeunes des Frci et de ce qu’on a appelé commando invisible. Et il faut intégrer dans l’armée ceux qui en ont la compétence et trouver des débouchés pour les autres. Au-delà de cela, la jeunesse dans sa majorité entend de voir une Côte d’Ivoire réunifiée, réconciliée et surtout qui est au travail et permet aux jeunes de subvenir à leurs besoins. Nous ne voulons pas de jeunes qui passent leur temps à aller quémander de bureau en bureau comme ce fut le cas sous Gbagbo où les jeunes faisaient chaque mois des rangs à la présidence pour émarger. Nous voulons que les autorités créent les conditions pour que tout jeune Ivoirien soit heureux d’aller au travail ou d’aller au champ. Les parlements, agoras et Sorbonne ont détruit la mentalité des Ivoiriens. Vous voyez aujourd’hui que tous nos petits frères s’adonnent à la cybercriminalité parce qu’ils pensent que le goût de la vie réside dans la facilité. Nous croyons qu’il faut bannir tous ces comportements. Cela passe par la création d’emplois.
Le président Alassane Ouattara a nommé Charles Konan Banny comme président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Avez-vous confiance que les Ivoiriens vont se retrouver et réapprendre à vivre ensemble ?
Mais, je pense que Banny est un homme de parole, un homme d’honneur. Il faut reconnaître cela. Il n’est mêlé à aucun complot politique. Il faut que les Ivoiriens lui fassent confiance. Les Ivoiriens doivent eux-mêmes se faire confiance et apprendre à se pardonner. Quand Mamadou Koulibaly dit que lorsqu’on parle de réconciliation, on ne doit plus évoquer la justice. Je pense que c’est un intellectuel. Qu’il comprenne que si c’était le cas, les nazis n’allaient jamais disparaître en Allemagne. Même aujourd’hui, on a arrêté un ex-général d’armée Serbe. Le président Banny a un rôle important à jouer, c’est de réconcilier le peuple de Côte d’Ivoire avec lui- même. Il doit aussi réconcilier le peuple ivoirien avec les étrangers parce que pendant dix ans, les étrangers ont été victimes d’exactions. Même lors de la crise postélectorale, des Burkinabé, Guinéens et même des Français ont été tués. Donc, il faut nous réconcilier avec eux. La vérité est aussi indispensable. Ceux qui ont commis des crimes doivent être jugés et condamnés pour que personne d’autre n’agisse ainsi dans l’avenir. Des gens au sein de la majorité présidentielle dont Mamadou Koulibaly se réclame, ont eu le courage de financer des jeunes pour qu’ils tuent d’autres jeunes. Il faut que ceux-ci payent pour les crimes qu’ils ont commis. Donc, nous croyons que la réconciliation sera une réalité.
Réalisé par Patrice Pohé