Candidature unique au RHDP pour terrasser vaincre Laurent Gbagbo et LMP, voilà l’idée qui avait fait grand bruit avant les joutes présidentielles. A l’époque, Anaky Kobena faisait partie des farouches défenseurs de cette option qui s’est évaporée comme par enchantement. Mais, alors que l’on croyait que cette vision avait disparu avec l’élection du Dr Alassane Ouattara, un leader du RHDP, voilà qu’elle refait surface. Cette fois, il ne s’agit pas seulement de candidature, mais d’une fusion de toutes les composantes du Rassemblement des Houphouétistes pour en faire une seule formation politique. Si l’idée de se regrouper est une démarche salutaire, cette fusion, si elle est adoptée, pourrait causer plus de torts que de biens au groupe. Le Rassemblement des Houphouétistes va-t-il disparaître pour donner naissance à un seul parti politique? Si c’est le cas, les enfants disciples du père de la Nation, pourrait-ils véritablement accorder leur violon et mettre les intérêts sectaires pour emboucher la même trompette ? Voici les deux grandes questions qui circulent depuis un moment dans les milieux politiques ivoiriens. C’est le ministre Gnamien Konan qui, lors de la cérémonie d’hommage au Président Alassane Ouattara, samedi 28 mai dernier au Palais de la Culture, a donné le ton, en annonçant que son candidat pour 2015, c’est le chef de l’Etat à la prochaine présidentielle. Cela veut dire clairement que lui, ne postulera pas. A côté de lui, Anaky Kobena, le patron du MFA, ne dit pas autre chose quand il déclare que désormais, il faut être d’abord RHDP avant d’être PDCI, RDR, UDPCI, MFA ou UPCI. Des propos qui confirment sa volonté d’accorder la primauté du Rassemblement sur ses branches. En réalité, la position des adeptes d’une telle vision est de faire disparaître les partis politiques qui composent ce regroupement. Mais, à l’analyse, cela paraît précoce. En effet, ces chapelles politiques présentent des assises et des intérêts régionaux difficiles à abandonner pour se fondre dans un grand ensemble où la vision ne serait plus locale mais nationale. A un haut niveau, cela se vérifie avec les instances africaines sous-régionales au sein desquelles la notion d’intégration reste une vue de l’esprit malgré toutes les déclarations de bonnes intentions. Ici, les pays qui se sentent plus nantis que leurs pairs sont jaloux de leur relatif prestige. Des considérations qui rendent lourdes les organisations d’intégration. Il en va de même pour les partis politiques. Tant que chaque formation doit lutter pour ravir la palme aux autres, il y aune une forte motivation des militants. A l’intérieur de chaque parti, les militants se battent afin de gravir les échelons. Regrouper tout ce foisonnement d’énergie en un seul groupe pourrait déboucher sur le laxisme ou les frustrations. Laxisme parce que la machine deviendra compacte avec une sorte de chevauchement au niveau des rôles. Frustrations, d’autant qu’il n’y aurait pas assez de place pour caser ceux des militants qui occupaient des postes de premier plan dans leurs partis respectifs. Un exemple tout simple : A Yamoussoukro, chaque parti a des responsables qui luttent, chacun, pour offrir le meilleur visage à son groupe. Au sein d’un seul parti, il va falloir choisir un seul parmi eux pour conduire les destinées du groupe. Qui prendre et qui laisser ? Les recalés pourront-ils véritablement s’investir dans la vie du parti sachant qu’ils n’ont aucun compte à rendre à qui que ce soit ? Même dans les grandes démocraties occidentales (USA, France…) où il y a généralement deux grandes tendances, chaque chapelle fait son chemin et, à l’occasion des échéances présidentielles, elles se rassemblent autour du postulant qui répond le mieux à leurs aspirations. Cela passe par le système des primaires qui permet de désigner les candidats à la candidature. Ce niveau politique a été atteint grâce à un travail de longue haleine qui a consisté à inculquer aux citoyens, le fondement de la démocratie qui s’appuie sur les idées, les programmes et non sur des considérations ethniques, régionalistes ou clientélistes. En Côte d’Ivoire, le Président Félix Houphouët-Boigny avait réussi à fédérer toutes les énergies politiques au lendemain de l’indépendance mais, encore faut-il rappeler que ces partis étaient presqu’à l’état embryonn aire alors que le pays qui sortait du joug de la colonisation avait un crucial besoin de rassemblement et d’unité nationale. Aujourd’hui, pour quelle urgence peut-on demander à des formations politiques relativement bien enracinés-même si ce n’est sur tout le territoire national-de fusionner et former un seul parti ? L’idée d’unifier le RHDP en terme de disparition des individualités est suicidaire parce qu’elle sera sources de lourdeur, de frustrations et de laxisme et cela sera profitable aux adversaires qui ne se feront pas prier pour exacerber les fissures. Les adversaires du genre Gbagbo, il y en aura toujours sur la scène. Il faut donc plusieurs forces en présence pour diversifier les stratégies et compliquer les offensives. L’oublier ou le minimiser serait tout aussi fatal qu’aller en guerre avec des armes sans munitions.
Chaque parti, au sein du RHDP, doit demeurer là où il est et se ranger, en cas de besoin, derrière celui qui arrive au deuxième tour de la présidentielle comme cela a été le cas en 2010.
MASS DOMI
massoueudomi@yahoo.fr
Chaque parti, au sein du RHDP, doit demeurer là où il est et se ranger, en cas de besoin, derrière celui qui arrive au deuxième tour de la présidentielle comme cela a été le cas en 2010.
MASS DOMI
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