Avec ses hommes, le commandant Doumbia Moussa a pour mission de sécuriser Toits-Rouges, un sous-quartier de Yopougon qui a été le théâtre d’âpres affrontements entre d’une part les miliciens et les mercenaires pro-Gbagbo et d’autre part, les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Entre deux sollicitations, il a bien voulu marquer une pause pour expliquer les actions menées par lui et ses soldats pour pacifier la zone.
Le Patriote: Quel est aujourd’hui le point de la situation sécuritaire à Yopougon Toits Rouges?
Commandant Doumbia Moussa: La situation est sous contrôle. Je dirai même que Yopougon Toits Rouges est totalement sécurisé. Nous travaillons de concert avec la gendarmerie et la police, présentes sur notre zone de compétence. Comme vous pouvez le constater, le commissariat du 19ème arrondissement est opérationnel.
L.P : Pourtant, des individus armés continuent de fracturer les portes des habitations et de les piller…
Cdt DM : Je n’ai jamais donné d’instruction à quiconque d’aller casser des portes des gens. Si des gens le font, c’est qu’ils viennent d’ailleurs. Je vous rassure que nous avons pris nos dispositions pour que de tels agissements ne se reproduisent plus. Nous faisons des patrouilles régulières dans le quartier, mais si je l’avoue, c’est pénible. Car certains endroits sont carrément inaccessibles, faute de routes praticables. Je crois que les pilleurs profitent justement de ces voies dégradées pour pénétrer dans le quartier. Ils garent leurs véhicules un peu plus loin et ils rejoignent les endroits reculés à pied pour commettre leur sale besogne. Il est certes difficile de contrôler d’un seul coup toutes les voies d’accès à Toits Rouges, mais progressivement nous nous attelons à davantage sécuriser le quartier.
L.P : Avez-vous déjà interpellé des pilleurs ?
Cdt DM : Oui, bien entendu. Nous en avons déjà mis aux arrêts une quarantaine. Nous les désarmons, les mettons en garde à vue et après les avoir entendus, nous les relâchons mais en gardant leurs armes.
L.P : Vous avez récupéré beaucoup d’objets volés par les miliciens. Qu’en faîtes-vous ?
Cdt DM: Effectivement, nous avons pris sur les miliciens beaucoup d’objets qui sont manifestement le fruit des pillages dans le quartier. Ces objets étaient pour certains dans des domiciles, pour d’autres dans des maisons inachevées. Je les ai stockés au commissariat du 19ème arrondissement, parce qu’il nous fallait au moins un endroit où les mettre. Ensuite, nous les restituons au fur à et à mesure à leurs propriétaires. Les populations, qui ont perdu des biens, viennent voir les objets, et si elles reconnaissent ce qui leur appartient, nous le leur restituons, bien sûr après qu’ils aient apporté la preuve que les objets en question leur appartiennent. Nous avons établi un cahier de restitution pour la traçabilité de ces actes de restitution.
L.P : Vous occupez justement les locaux du commissariat du 19ème arrondissement avec les policiers. Comment se passe cette cohabitation?
Cdt DM : Elle se déroule très bien dans une ambiance conviviale. Les officiers de police judiciaires sont là. Quand nous mettons aux arrêts, ils s’occupent de la procédure administrative. Ils font les PV et décident de la suite. Ce sont également les éléments de la police qui enregistrent les plaintes, les déclarations de perte, bref le commissariat fonctionne normalement. Je travaille en étroite collaboration avec les commissaires en fonction ici.
L.P : Vous avez rencontré récemment les populations de Toits Rouges. Quelles sont les préoccupations qu’elles vous ont soumises ?
Cdt DM : Leur inquiétude principale porte sur les armes qui ont été disséminés dans le quartier. Il faut le dire, Toits Rouges était un bastion des miliciens. Beaucoup d’armes y ont été distribués. Cela a terrifié les habitants du quartier surtout que les miliciens commettaient beaucoup d’exactions. Ceux qui ont pris les armes ont, pour une bonne partie, fui Toits Rouges. Des populations civiles, surtout les femmes, les enfants et les vieilles personnes, ont également déserté le quartier. Ce qui fait qu’il est encore désert par endroit et les portes des maisons closes.
L.P : Ceux qui refusent de revenir ont sans doute peur des représailles…
Cdt DM : Je profite de vos colonnes pour les rassurer qu’ils peuvent regagner leurs domiciles. Le quartier est non seulement sécurisé et nous veillons qu’il n’y ait pas de règlements de compte entre les populations. Ils ne seront pas inquiétés s’ils reviennent. C’est une assurance que je leur donne. Toutefois, ce que je demande, et je l’ai dit publiquement aux populations, c’est que tous ceux qui détiennent encore des armes viennent les déposer chez nous. Avoir une arme chez soi alors qu’on n’est dans aucun corps des forces armées est très dangereux. Il est évident que quand la situation se normalisera totalement, des personnes mal intentionnées peuvent utiliser ces armes pour agresser et déposséder de leurs biens d’honnêtes citoyens. Ce que nous ne voulons pas. C’est pourquoi, j’ai donné une semaine aux populations de Toits Rouges qui détiennent encore des armes pour les déposer, sinon nous ferons du porte-à-porte pour récupérer les armes encore cachées dans les maisons.
L.P : Si des familles ne sont entre-temps pas encore de retour, allez-vous casser les portes ?
Cdt DM : Nous avons donné un délai aux gens qui ont fui le quartier pour qu’ils regagnent leurs maisons. Ceux qui ne reviendront pas se reprochent sans doute quelque chose. Et nous n’entendrons pas éternellement que les gens regagnent leurs domiciles. Si des gens ne reviennent pas, nous fracturerons leurs portes. C’est une question de sécurité. Mais, je vous rassure que nous le ferons ensemble avec la police et la gendarmerie. Et si nous y trouvons des armes, nous le porterons à la connaissance de l’opinion publique.
L.P : Combien d’armes avez-vous déjà récupéré ?
Cdt DM : Après la rencontre avec les populations, nous avons réceptionné trois kalachnikovs. Mes éléments ont ensuite ramené de leurs investigations dans le quartier une dizaine de kalachnikovs disséminés ici et là.
L.P : La « récolte » semble maigre…
Cdt DM : Rassurez-vous, ce n’est pas tout. Nous avions déjà peu avant cette rencontre, récupéré une centaine de kalachnikovs. Certaines étaient abandonnées, d’autres ont été déposées à notre base ici.
L.P : D’aucuns soutiennent que des armes sont emballées et enfouies sous la terre…
Cdt DM : C’est en partie vrai. Les armes que nous avons saisies sont, pour la plupart, emballées, mais pas nécessairement sous la terre. Certaines étaient cachées dans les plafonds, les puis perdus voire dans des trous creusés au sein des habitations. Nous en avons également récupéré dans les maisons inachevées. Et tenez-vous bien, des armes ont été également trouvées dans des écoles primaires et secondaires de Toits Rouges. Savez-vous, que les miliciens avaient réquisitionné ces lieux d’éducation, pour en faire leurs QG. Les fondateurs ont été priés de vider les lieux.
L.P : Cela explique t-il le fait que la reprise de l’école soit encore timide à Toits Rouges ?
Cdt DM : Vous savez, le quartier s’était vidé. Quand on a fait les premières frappes ici début mai, il n’y avait pratiquement personne. Du commissariat du 19ème arrondissement au Carrefour des Sapeurs Pompiers, vous ne voyiez pas un seul être. Nous avons invité les uns et les autres à revenir. J’ai même envoyé mes éléments dire aux chauffeurs des taxis communaux de desservir le quartier afin que les activités puissent enfin reprendre. J’ai rencontré les populations de Toits Rouges à leur demande. Toutes ces actions ont contribué à la normalisation de la vie qui se fait de façon progressive à Toits Rouges, mais si elle est un peu plus lente que dans d’autres contrées de Yopougon. L’école a repris et je pense qu’elle va peu à peu atteindre sa vitesse de croisière. Le plus important ; c’était la sécurisation du quartier. Maintenant qu’elle est faite, le reste va suivre naturellement. Je voudrais encore une fois, inviter les habitants de Toits Rouges qui sont encore déplacés dans d’autres communes d’Abidjan ou quartiers même de Yopougon, à regagner en toute inquiétude leurs domiciles. La zone est sécurisée.
YS
Le Patriote: Quel est aujourd’hui le point de la situation sécuritaire à Yopougon Toits Rouges?
Commandant Doumbia Moussa: La situation est sous contrôle. Je dirai même que Yopougon Toits Rouges est totalement sécurisé. Nous travaillons de concert avec la gendarmerie et la police, présentes sur notre zone de compétence. Comme vous pouvez le constater, le commissariat du 19ème arrondissement est opérationnel.
L.P : Pourtant, des individus armés continuent de fracturer les portes des habitations et de les piller…
Cdt DM : Je n’ai jamais donné d’instruction à quiconque d’aller casser des portes des gens. Si des gens le font, c’est qu’ils viennent d’ailleurs. Je vous rassure que nous avons pris nos dispositions pour que de tels agissements ne se reproduisent plus. Nous faisons des patrouilles régulières dans le quartier, mais si je l’avoue, c’est pénible. Car certains endroits sont carrément inaccessibles, faute de routes praticables. Je crois que les pilleurs profitent justement de ces voies dégradées pour pénétrer dans le quartier. Ils garent leurs véhicules un peu plus loin et ils rejoignent les endroits reculés à pied pour commettre leur sale besogne. Il est certes difficile de contrôler d’un seul coup toutes les voies d’accès à Toits Rouges, mais progressivement nous nous attelons à davantage sécuriser le quartier.
L.P : Avez-vous déjà interpellé des pilleurs ?
Cdt DM : Oui, bien entendu. Nous en avons déjà mis aux arrêts une quarantaine. Nous les désarmons, les mettons en garde à vue et après les avoir entendus, nous les relâchons mais en gardant leurs armes.
L.P : Vous avez récupéré beaucoup d’objets volés par les miliciens. Qu’en faîtes-vous ?
Cdt DM: Effectivement, nous avons pris sur les miliciens beaucoup d’objets qui sont manifestement le fruit des pillages dans le quartier. Ces objets étaient pour certains dans des domiciles, pour d’autres dans des maisons inachevées. Je les ai stockés au commissariat du 19ème arrondissement, parce qu’il nous fallait au moins un endroit où les mettre. Ensuite, nous les restituons au fur à et à mesure à leurs propriétaires. Les populations, qui ont perdu des biens, viennent voir les objets, et si elles reconnaissent ce qui leur appartient, nous le leur restituons, bien sûr après qu’ils aient apporté la preuve que les objets en question leur appartiennent. Nous avons établi un cahier de restitution pour la traçabilité de ces actes de restitution.
L.P : Vous occupez justement les locaux du commissariat du 19ème arrondissement avec les policiers. Comment se passe cette cohabitation?
Cdt DM : Elle se déroule très bien dans une ambiance conviviale. Les officiers de police judiciaires sont là. Quand nous mettons aux arrêts, ils s’occupent de la procédure administrative. Ils font les PV et décident de la suite. Ce sont également les éléments de la police qui enregistrent les plaintes, les déclarations de perte, bref le commissariat fonctionne normalement. Je travaille en étroite collaboration avec les commissaires en fonction ici.
L.P : Vous avez rencontré récemment les populations de Toits Rouges. Quelles sont les préoccupations qu’elles vous ont soumises ?
Cdt DM : Leur inquiétude principale porte sur les armes qui ont été disséminés dans le quartier. Il faut le dire, Toits Rouges était un bastion des miliciens. Beaucoup d’armes y ont été distribués. Cela a terrifié les habitants du quartier surtout que les miliciens commettaient beaucoup d’exactions. Ceux qui ont pris les armes ont, pour une bonne partie, fui Toits Rouges. Des populations civiles, surtout les femmes, les enfants et les vieilles personnes, ont également déserté le quartier. Ce qui fait qu’il est encore désert par endroit et les portes des maisons closes.
L.P : Ceux qui refusent de revenir ont sans doute peur des représailles…
Cdt DM : Je profite de vos colonnes pour les rassurer qu’ils peuvent regagner leurs domiciles. Le quartier est non seulement sécurisé et nous veillons qu’il n’y ait pas de règlements de compte entre les populations. Ils ne seront pas inquiétés s’ils reviennent. C’est une assurance que je leur donne. Toutefois, ce que je demande, et je l’ai dit publiquement aux populations, c’est que tous ceux qui détiennent encore des armes viennent les déposer chez nous. Avoir une arme chez soi alors qu’on n’est dans aucun corps des forces armées est très dangereux. Il est évident que quand la situation se normalisera totalement, des personnes mal intentionnées peuvent utiliser ces armes pour agresser et déposséder de leurs biens d’honnêtes citoyens. Ce que nous ne voulons pas. C’est pourquoi, j’ai donné une semaine aux populations de Toits Rouges qui détiennent encore des armes pour les déposer, sinon nous ferons du porte-à-porte pour récupérer les armes encore cachées dans les maisons.
L.P : Si des familles ne sont entre-temps pas encore de retour, allez-vous casser les portes ?
Cdt DM : Nous avons donné un délai aux gens qui ont fui le quartier pour qu’ils regagnent leurs maisons. Ceux qui ne reviendront pas se reprochent sans doute quelque chose. Et nous n’entendrons pas éternellement que les gens regagnent leurs domiciles. Si des gens ne reviennent pas, nous fracturerons leurs portes. C’est une question de sécurité. Mais, je vous rassure que nous le ferons ensemble avec la police et la gendarmerie. Et si nous y trouvons des armes, nous le porterons à la connaissance de l’opinion publique.
L.P : Combien d’armes avez-vous déjà récupéré ?
Cdt DM : Après la rencontre avec les populations, nous avons réceptionné trois kalachnikovs. Mes éléments ont ensuite ramené de leurs investigations dans le quartier une dizaine de kalachnikovs disséminés ici et là.
L.P : La « récolte » semble maigre…
Cdt DM : Rassurez-vous, ce n’est pas tout. Nous avions déjà peu avant cette rencontre, récupéré une centaine de kalachnikovs. Certaines étaient abandonnées, d’autres ont été déposées à notre base ici.
L.P : D’aucuns soutiennent que des armes sont emballées et enfouies sous la terre…
Cdt DM : C’est en partie vrai. Les armes que nous avons saisies sont, pour la plupart, emballées, mais pas nécessairement sous la terre. Certaines étaient cachées dans les plafonds, les puis perdus voire dans des trous creusés au sein des habitations. Nous en avons également récupéré dans les maisons inachevées. Et tenez-vous bien, des armes ont été également trouvées dans des écoles primaires et secondaires de Toits Rouges. Savez-vous, que les miliciens avaient réquisitionné ces lieux d’éducation, pour en faire leurs QG. Les fondateurs ont été priés de vider les lieux.
L.P : Cela explique t-il le fait que la reprise de l’école soit encore timide à Toits Rouges ?
Cdt DM : Vous savez, le quartier s’était vidé. Quand on a fait les premières frappes ici début mai, il n’y avait pratiquement personne. Du commissariat du 19ème arrondissement au Carrefour des Sapeurs Pompiers, vous ne voyiez pas un seul être. Nous avons invité les uns et les autres à revenir. J’ai même envoyé mes éléments dire aux chauffeurs des taxis communaux de desservir le quartier afin que les activités puissent enfin reprendre. J’ai rencontré les populations de Toits Rouges à leur demande. Toutes ces actions ont contribué à la normalisation de la vie qui se fait de façon progressive à Toits Rouges, mais si elle est un peu plus lente que dans d’autres contrées de Yopougon. L’école a repris et je pense qu’elle va peu à peu atteindre sa vitesse de croisière. Le plus important ; c’était la sécurisation du quartier. Maintenant qu’elle est faite, le reste va suivre naturellement. Je voudrais encore une fois, inviter les habitants de Toits Rouges qui sont encore déplacés dans d’autres communes d’Abidjan ou quartiers même de Yopougon, à regagner en toute inquiétude leurs domiciles. La zone est sécurisée.
YS