Dosso Massiami est députée de Port-Bouët et membre du secrétariat général du Front populaire ivoirien (Fpi). Chargée des Affaires sociales et de la solidarité, elle confie dans cet entretien la disposition de son parti à prendre une part active à la reprise de la vie politique du pays.
Lors du premier comité central post-crise électoral, vous avez conduit des réflexions sur l’Accord politique de Ouagadougou. Pourquoi spécifiquement cet accord ?
Parce que cet accord a été conçu pour que la Côte d’Ivoire puisse aller aux élections, pour que les Ivoiriens retrouvent la paix. Au finish, on s’est rendu compte qu’on est tombé dans une crise profonde. Donc, nous voulions vraiment savoir ce qui s’est passé.
Pensez-vous que l’accord n’a pas été appliqué comme il se devait ?
Après analyse, lorsque nous avons pris tous les points de cet accord, parce qu’il y en a sept, nous nous sommes rendus compte que beaucoup d’entre eux n’ont pas été réalisés tels que l’unicité des caisses, le redéploiement de l’Administration, le désarmement. Le désarmement devait être terminé deux mois avant les élections. Mais il n’a pas été réalisé et nous sommes allés aux élections. Evidemment, cet état des choses nous a entraînés où ils devaient nous entraîner.
N’est-ce pas déjà une satisfaction que l’APO ait conduit les Ivoiriens à l’élection présidentielle ?
Oui, mais nous sommes allés aux élections sans toutefois respecter le contenu de l’Apo. Si on avait respecté son contenu, on ne serait peut-être pas tombé dans cette crise. Les acteurs qui l’ont pensé, l’ont fait pour que nous sortions de la crise. Le désarmement, par exemple, devait être fait deux mois avant les élections. Ceci, afin qu’il n’y ait pas de combattants et des armes sur toute l’étendue du territoire national.
Vous parlez de désarmement alors que le Fpi n’en avait plus fait un préalable avant la présidentielle et que la dernière étape de l’encasernement des ex-combattants, à Bouaké, a été saluée aussi par votre parti.
Les combattants n’avaient pas tous déposé les armes. Même s’ils avaient été encasernés, après on s’est rendu compte que c’était vraiment un désarmement de façade. Pendant les élections au Nord, les jeunes gens avaient les armes. Les représentants de notre candidat étaient menacés, pareil pour les observateurs. Franchement, il y avait la psychose dans la zone CNO. Et comme cet accord prévoit l’organisation des élections législatives, nous nous sommes dit qu’il faut rattraper pour les législatives ce que n’avons pu faire.
Qu’est-ce que le Fpi a finalement arrêté après analyse?
A ce niveau, nous avons vu le Représentant spécial du Facilitateur de l’Apo, Bouréima Badini venir parler de l’Apo, c’est dire que l’accord est d’actualité. Pour nous, il doit être d’actualité parce qu’il contient des éléments qui n’ont pas été réalisés. Vous avez certainement constaté qu’il y a une insécurité qui ne dit pas son nom, les com’zones qui étaient en zone Cno (Centre, nord, ouest : ndlr) se retrouvent à Abidjan. Nous disons que l’Apo doit se saisir de cet état des choses et que le gouvernement doit prendre des dispositions dans ce sens. Nous, au Front populaire ivoirien, voulons que la population dans les zones Cno soit rassurée que le préfet, la gendarmerie, la police et l’administration soient présentes et que l’armée ne soit plus dans les rues.
Ces questions ont-elles été discutées avec le gouvernement ?
Nous avons rendu la synthèse de nos travaux, il est question de prendre un rendez-vous avec le président de la République, Alassane Ouattara. Le président du Cnrd et celui du Front populaire ivoirien ont demandé une audience au président de la République, pour poser ces préoccupations. En fait, ce ne sont pas des préalables, mais des préoccupations qui le sont même pour le président de la République lui-même, puisqu’il faut bien qu’il retrouve un Etat de droit.
Quelles sont parmi ces préoccupations, celles qui urgent par rapport aux élections législatives prévues avant la fin de cette année?
C’est le désarmement. Il faut qu’il n’y ait plus de com’zones à Abidjan. Il faut une armée unie qui prenne en main la gestion de la défense et de la sécurité. Il faut également que la douane reprenne ses droits aux frontières. Il faut donc qu’on aille à des nouvelles choses.
Les élections législatives figurent-elles parmi ces nouvelles choses?
Oui, bien sûr ! Nous allons aux élections législatives. Nous sommes un parti politique. Nous nous sommes constitués parti politique depuis 1986 pour prendre le pouvoir et le gérer. On ne dira pas aujourd’hui que le Fpi n’existe plus en tant parti politique. Comme le disait le président par intérim, Mamadou Koulibaly, nous devons jouer le rôle d’une opposition républicaine, pour aider le gouvernement. C’est cela la démocratie. Le président va gérer le pays mais il faut lui apporter la vision du peuple. Si nous ne le faisons pas, c’est comme si nous avons failli à notre mission de parti d’opposition.
Que répondez-vous à ceux des observateurs politiques qui pensent qu’avant de parler au nom d’une frange de la population à l’Assemblée nationale, le Fpi devrait s’excuser du rôle qu’il a joué avant et après les élections ?
C’est peut-être votre point de vue, parce que je ne sais pas quel rôle le Fpi a joué et qui n’a pas été apprécié par le peuple. Je ne sais pas de quel côté se trouvent ces observateurs-là. Mais une chose est certaine, c’est que nous nous sommes trouvés devant un conflit post-électoral, une contestation. De ce contentieux est née une guerre, la France en a décidé autrement, elle s’est investie et a dégagé le président Laurent Gbagbo. Nous en prenons acte, mais je pense que tout le monde est responsable d’une manière ou d’une autre de ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire. C’est fait ; à présent, il faut qu’on reprenne la vie normale. Si on doit s’excuser, tout le monde s’excusera. En tout cas, nous au Fpi cela ne nous gêne pas de nous excuser. Si le peuple nous dit que le Fpi a eu un rôle négatif, ça ne nous coûte rien de nous excuser.
Après le comité central, quel rôle spécifique a été confié aux députés ?
Nous devons nous rendre dans nos circonscriptions respectives pour parler à nos populations de la réconciliation. Il nous a été demandé de leur dire qu’il ne faut pas être vindicatif, qu’il faut pardonner et qu’il faut surtout se donner la main. Nous sommes les représentants du peuple, je pense que c’est dans ce sens-là qu’il faut aller.
Ce travail a-t-il déjà commencé ?
Non, nous allons nous réunir demain (hier, jeudi) au cours d’un secrétariat général. La direction constituera des délégations qui se rendront dans les régions en vue de parler aux populations. Nous nous inscrivons donc dans la réconciliation nationale.
Le Fpi est-il entré en contact avec la Commission dialogue-vérité-réconciliation ?
Oui, je dirais que les femmes du Fpi ont été déjà approchées par la commission. Le président de la commission a indiqué aux femmes qu’elles doivent prendre une part active dans la réconciliation nationale. Nous avons dit que nous nous inscrivons sans complexe dans la réconciliation nationale. Notre attente est qu’elle soit bien menée et qu’elle soit vraiment sincère.
En attendant d’aller vers les populations, auriez-vous un message à leur endroit, pour finir ?
D’abord, il faudrait que le gouvernement fasse de la sécurité sa priorité. Le ministre de l’Intérieur lance chaque fois un appel dans ce sens. Mais on se demande si les jeunes gens comprennent parce que chaque jour que Dieu fait, il y a toujours des forfaitures qui se passent. Le vieux Dadié (Bernard Dadié, président du Cnrd, Ndlr) a été visité, par exemple. Ensuite, que le peuple s’inscrive pleinement dans la réconciliation. Enfin, qu’on n’aille pas de façon précipitée au dialogue.
Entretien réalisé par Bidi Ignace
Lors du premier comité central post-crise électoral, vous avez conduit des réflexions sur l’Accord politique de Ouagadougou. Pourquoi spécifiquement cet accord ?
Parce que cet accord a été conçu pour que la Côte d’Ivoire puisse aller aux élections, pour que les Ivoiriens retrouvent la paix. Au finish, on s’est rendu compte qu’on est tombé dans une crise profonde. Donc, nous voulions vraiment savoir ce qui s’est passé.
Pensez-vous que l’accord n’a pas été appliqué comme il se devait ?
Après analyse, lorsque nous avons pris tous les points de cet accord, parce qu’il y en a sept, nous nous sommes rendus compte que beaucoup d’entre eux n’ont pas été réalisés tels que l’unicité des caisses, le redéploiement de l’Administration, le désarmement. Le désarmement devait être terminé deux mois avant les élections. Mais il n’a pas été réalisé et nous sommes allés aux élections. Evidemment, cet état des choses nous a entraînés où ils devaient nous entraîner.
N’est-ce pas déjà une satisfaction que l’APO ait conduit les Ivoiriens à l’élection présidentielle ?
Oui, mais nous sommes allés aux élections sans toutefois respecter le contenu de l’Apo. Si on avait respecté son contenu, on ne serait peut-être pas tombé dans cette crise. Les acteurs qui l’ont pensé, l’ont fait pour que nous sortions de la crise. Le désarmement, par exemple, devait être fait deux mois avant les élections. Ceci, afin qu’il n’y ait pas de combattants et des armes sur toute l’étendue du territoire national.
Vous parlez de désarmement alors que le Fpi n’en avait plus fait un préalable avant la présidentielle et que la dernière étape de l’encasernement des ex-combattants, à Bouaké, a été saluée aussi par votre parti.
Les combattants n’avaient pas tous déposé les armes. Même s’ils avaient été encasernés, après on s’est rendu compte que c’était vraiment un désarmement de façade. Pendant les élections au Nord, les jeunes gens avaient les armes. Les représentants de notre candidat étaient menacés, pareil pour les observateurs. Franchement, il y avait la psychose dans la zone CNO. Et comme cet accord prévoit l’organisation des élections législatives, nous nous sommes dit qu’il faut rattraper pour les législatives ce que n’avons pu faire.
Qu’est-ce que le Fpi a finalement arrêté après analyse?
A ce niveau, nous avons vu le Représentant spécial du Facilitateur de l’Apo, Bouréima Badini venir parler de l’Apo, c’est dire que l’accord est d’actualité. Pour nous, il doit être d’actualité parce qu’il contient des éléments qui n’ont pas été réalisés. Vous avez certainement constaté qu’il y a une insécurité qui ne dit pas son nom, les com’zones qui étaient en zone Cno (Centre, nord, ouest : ndlr) se retrouvent à Abidjan. Nous disons que l’Apo doit se saisir de cet état des choses et que le gouvernement doit prendre des dispositions dans ce sens. Nous, au Front populaire ivoirien, voulons que la population dans les zones Cno soit rassurée que le préfet, la gendarmerie, la police et l’administration soient présentes et que l’armée ne soit plus dans les rues.
Ces questions ont-elles été discutées avec le gouvernement ?
Nous avons rendu la synthèse de nos travaux, il est question de prendre un rendez-vous avec le président de la République, Alassane Ouattara. Le président du Cnrd et celui du Front populaire ivoirien ont demandé une audience au président de la République, pour poser ces préoccupations. En fait, ce ne sont pas des préalables, mais des préoccupations qui le sont même pour le président de la République lui-même, puisqu’il faut bien qu’il retrouve un Etat de droit.
Quelles sont parmi ces préoccupations, celles qui urgent par rapport aux élections législatives prévues avant la fin de cette année?
C’est le désarmement. Il faut qu’il n’y ait plus de com’zones à Abidjan. Il faut une armée unie qui prenne en main la gestion de la défense et de la sécurité. Il faut également que la douane reprenne ses droits aux frontières. Il faut donc qu’on aille à des nouvelles choses.
Les élections législatives figurent-elles parmi ces nouvelles choses?
Oui, bien sûr ! Nous allons aux élections législatives. Nous sommes un parti politique. Nous nous sommes constitués parti politique depuis 1986 pour prendre le pouvoir et le gérer. On ne dira pas aujourd’hui que le Fpi n’existe plus en tant parti politique. Comme le disait le président par intérim, Mamadou Koulibaly, nous devons jouer le rôle d’une opposition républicaine, pour aider le gouvernement. C’est cela la démocratie. Le président va gérer le pays mais il faut lui apporter la vision du peuple. Si nous ne le faisons pas, c’est comme si nous avons failli à notre mission de parti d’opposition.
Que répondez-vous à ceux des observateurs politiques qui pensent qu’avant de parler au nom d’une frange de la population à l’Assemblée nationale, le Fpi devrait s’excuser du rôle qu’il a joué avant et après les élections ?
C’est peut-être votre point de vue, parce que je ne sais pas quel rôle le Fpi a joué et qui n’a pas été apprécié par le peuple. Je ne sais pas de quel côté se trouvent ces observateurs-là. Mais une chose est certaine, c’est que nous nous sommes trouvés devant un conflit post-électoral, une contestation. De ce contentieux est née une guerre, la France en a décidé autrement, elle s’est investie et a dégagé le président Laurent Gbagbo. Nous en prenons acte, mais je pense que tout le monde est responsable d’une manière ou d’une autre de ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire. C’est fait ; à présent, il faut qu’on reprenne la vie normale. Si on doit s’excuser, tout le monde s’excusera. En tout cas, nous au Fpi cela ne nous gêne pas de nous excuser. Si le peuple nous dit que le Fpi a eu un rôle négatif, ça ne nous coûte rien de nous excuser.
Après le comité central, quel rôle spécifique a été confié aux députés ?
Nous devons nous rendre dans nos circonscriptions respectives pour parler à nos populations de la réconciliation. Il nous a été demandé de leur dire qu’il ne faut pas être vindicatif, qu’il faut pardonner et qu’il faut surtout se donner la main. Nous sommes les représentants du peuple, je pense que c’est dans ce sens-là qu’il faut aller.
Ce travail a-t-il déjà commencé ?
Non, nous allons nous réunir demain (hier, jeudi) au cours d’un secrétariat général. La direction constituera des délégations qui se rendront dans les régions en vue de parler aux populations. Nous nous inscrivons donc dans la réconciliation nationale.
Le Fpi est-il entré en contact avec la Commission dialogue-vérité-réconciliation ?
Oui, je dirais que les femmes du Fpi ont été déjà approchées par la commission. Le président de la commission a indiqué aux femmes qu’elles doivent prendre une part active dans la réconciliation nationale. Nous avons dit que nous nous inscrivons sans complexe dans la réconciliation nationale. Notre attente est qu’elle soit bien menée et qu’elle soit vraiment sincère.
En attendant d’aller vers les populations, auriez-vous un message à leur endroit, pour finir ?
D’abord, il faudrait que le gouvernement fasse de la sécurité sa priorité. Le ministre de l’Intérieur lance chaque fois un appel dans ce sens. Mais on se demande si les jeunes gens comprennent parce que chaque jour que Dieu fait, il y a toujours des forfaitures qui se passent. Le vieux Dadié (Bernard Dadié, président du Cnrd, Ndlr) a été visité, par exemple. Ensuite, que le peuple s’inscrive pleinement dans la réconciliation. Enfin, qu’on n’aille pas de façon précipitée au dialogue.
Entretien réalisé par Bidi Ignace