A l’éclatement de la crise armée du 19 septembre 2002, de nombreux soldats de l’armée régulière et des civils se sont retrouvés dans les rangs de l’ex-rébellion. Après l’unification des deux armées belligérantes, L’Expression dévoile le sens et les origines des appellations que portent les animateurs de la chute de Laurent Gbagbo.
Ils sont devenus célèbres les uns par leurs surnoms noms les autres par leurs faits d’armes. A la survenue de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002, les ivoiriens ont enrichi leur champ lexical de nouveaux termes militaires. Mais, aussi ils se sont familiarisés aux noms de chefs de guerre qui sont devenus des icônes dans l’imagerie populaire. Wattao, Atchengué, Guépard, Cobra, Frotomougou, Djouroumou, Fongnon, Machine, Tracteur, Chikito, Gaza, Ahmed libérien, Jah Gao, Vetcho, bref, les jeunes ivoiriens qui ont pris les armes contre la refondation sont inspirés quand il s’agit de se faire adopter et adouber où sortent ces appellations? Pourquoi les portent-ils ? Quelles sont leurs significations ? L’Expression qui a mené l’enquêté dévoile l’autre facette des surnoms des chefs de guerre.
Wattao et Loss : meilleurs amis des serpents
Certains chefs de guerre, ont choisi d’associer leur image à leur animal fétiche, singulièrement le plus craint par l’espèce humaine : le serpent. A ce niveau, le plus fidèle est le plus gros reptile des chefs de guerre : le commandant Issiaka Ouattara, appelé ‘‘Saa bléblé’’. L’ex-chef d’état-major adjoint des Forces armées des Forces nouvelles, Issiaka Ouattara est plus connu sur le pseudonyme « Wattao » que sur son nom à l’état civil. Le natif de Bouna adore les reptiles. A raison il a choisi en 2002 un redoutable serpent comme symbole de sa troupe : l’ancien président ‘‘Compagnie Anaconda’’. Depuis lors, Wattao est resté fidèle à cet amour. Il porte avec fierté le surnom ‘‘Saa Bléblé’’ qui signifie gros serpent en malinké. A propos, des proches expliquent que le nom Wattao dérive des ses prouesses aux arts martiaux, précisément au judo. Un autre mordu du serpent est l’indécrottable chef de l’Ouest. Depuis les hauteurs des 18 Montagnes, le commandant « Loss » ou Fofana Losseni, élément de la Force d’intervention rapide para commando (Firpac), ancienne unité d’élite de l’armée ivoirienne a décidé d’associer son image au plus grand cracheur de la forêt, le cobra. C’est petit mais ça cogne fort ! Se plaisent à dire ses éléments pour caricaturer la forme de leur chef. Chétif et discret, ‘‘Papa Cobra’’ est respecté aussi bien dans sa zone d’influence qu’au sein des Forces nouvelles. Son humilité et son efficacité ont été déterminants dans le début de la bataille pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. Effectivement c’est par l’Ouest qu’a démarré l’offensive des Force républicaines de Côte d’Ivoire pour débusquer l’ancien président de son bunker
Vétctho, Morou, Zakaria : touche pas à mon nom !
Dans les rangs des Frci, des commandants ont décidé de ne pas substituer leur patronyme à un nom de guerre. Ils ont préféré plutôt trouver des appellations à leurs unités. Le plus illustre est le grand barbu du Nord, le commandant Kouakou Fofié. En souvenir de son séjour carcéral, cet ancien élément des Forces armées nationale des Côte d’Ivoire a donné un nom singulier à sa compagnie. « Quand ils ont été arrêtés lors du complot du cheval blanc sous le général Gueï, le commandant Fofié a été emprisonné à la cellule 110 du bâtiment C de la Maca. Là-bas, il était avec les pires criminels. Après avoir été libéré puis blanchi, il a préféré donner ce nom à sa compagnie en souvenir de son passage à la Maca quand il a rejoint l’ex-rébellion en 2002. Le mot ‘‘Fansara’’ en langue koulango signifie « acceptation de l’autre. Tout comme l’arc-en-ciel est le symbole de la cohabitation et de cette acceptation de l’autre», indique son chargé de communication Ben Kassamba. L’enfant de Bohi dans la sous-préfecture de Bondoukou qui à la charge de surveiller le prisonnier de luxe Laurent Gbagbo est devenu une icône dans la capitale du Nord. En reconnaissance pour ses largesses, les hommes de son unité basée à la Compagnie territoriale de Korhogo l’appellent affectueusement ‘‘Bouah’’ cela signifie papa en malinké. Le commandant Koné Zakaria, le plus mystique de ces chefs de guerre n’a jamais été présenté sous une autre appellation. Fidèle à sa chéchia de dozo, Koné Zakaria est une légende pour nombre d’Ivoiriens. Touré Hervé, allias « Vétcho », patron du célèbre Bataillon mystique (BM) de Katiola n’a pas de sobriquet. Dans le jargon des jeunes, Vétcho est le pendant du prénom Hervé. Naturellement cet ancien du lycée classique a gardé cette appellation de jeunesse quand il est entré dans l’armée. De même l’homme fort de Bouna n’a pas voulu ajouter autre chose à son état civil. Comme son frère de Korhogo, le commandant Morou Ouattara s’est contenté de baptiser son unité ‘‘Atchengué’’ c’est-à-dire ‘‘En avant’’ en langue moré. Pour ses hommes, Morou est toujours en position avancée dans les batailles. Certaines sources expliquent le succès et l’omniprésence de ses hommes dans la capitale économique par cette philosophie. Le commandant Cherif Ousmane qui, de loin, possède les éléments les mieux formés et les plus disciplinés au sein des Frci selon les observateurs avertis, n’a pas changé de nom. Alerte et prompt à l’action comme un félin, Cherif Ousmane et ses hommes se sont confondus au guépard, le plus rapide des fauves.
Les stars de la bataille d’Abidjan
Pendant la bataille d’Abidjan, certains chefs de guerre, même s’ils n’étaient pas des anonymes se sont fait remarquer. Au rang de ces guerriers figure « Jah Gao », de son nom Koné Gaoussou. Basé au camp commando d’Abobo, l’ancien commandant de la zone de Boundiali n’a pas cherché loin. ‘‘Gao’’ est le diminutif de Gaoussou. Pour le nom Jah, certains de ses proches l’attribuent à ses affinités avec le reggaeman Tiken Jah Fakoly. Le commandant « Ben Laden » de la zone d’Odienné est comme ses pairs descendu sur Abidjan où il contrôle Yopougon. Cette appellation, il la doit à la barbe qu’il arborait au début de la rébellion en septembre 2002. Coulibaly Ousmane, ce chef de guerre a emprunté son surnom au chef du réseau terroriste Al Quaeda « Ossama Ben Laden ». L’adjoint de Ben Laden à Yopougon, le commandant Traoré Amara, basé à la nouvelle caserne de la Brigade anti émeute (BAE) de Yopougon a préféré garder son patronyme. « Je n’ai pas pris de nom d’emprunt parce que je n’ai pas besoin d’un nom de couverture pour la simple raison que j’avais foi en cette lutte depuis le début. Certains d’entre nous avaient peur de la répression en cas d’échec, c’est pourquoi ils ont pris des pseudonymes pour se protéger et protéger leurs familles ». Diomandé Yacouba, allias capitaine « Delta », l’adjoint de Wattao qui gère la Garde républicaine de Treichville n’a pas eu de choix. Delta lui a été donné par un supérieur hiérarchique. « Mon nom, je le porte depuis 1987. Delta m’a été donné par mon chef, qui était à cette époque commandant des renseignements militaires. D’ailleurs la lettre ‘‘D’’ de Delta provient de la première lettre de mon nom Diomandé », a précisé le capitaine. A côté de ces noms plus ou moins ordinaires, certains sobriquets de chefs militaires donnent des frissons à simple prononciation. Qui n’a pas connu l’énigmatique commandant « Fongnon » du Commando invisible pendant la crise post-électorale ? Insaisissable dans le temps dans et dans l’espace, invulnérable à tout type de projectile, commandant Fongnon était devenu le nom de guerre de tous ceux qui sont protégés par un pouvoir mystique. Même si certains s’évertuent à dire que Fongnon est une pure création de la presse nationale, l’histoire retiendra que ce symbole qui renvoie au vent en malinké a fait frémir et trembler l’armée de miliciens et mercenaires de Laurent Gbagbo. Dans la même veine, le commandant ‘‘Stone’’, de son nom Diomandé Abou est le coordonateur des combats dans cette commune martyre. Il doit ce surnom de « caillou » à une expédition au Libéria en 1979. « Ce n’est pas moi-même qui me suis donné ce nom. Je le porte depuis 1979 quand les rebelles libériens avaient bloqué à l’époque l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Le président Houphouët Boigny nous avait envoyés avec à notre tête le commandant Faizan Bi Sehi, ex-commandant de la Compagnie aéro-portée commando parachutiste (Cap). A cette époque le général Zézé Baroan était chef d’état major des armées. C’est un vieux Libérien qui m’a vu combattre qui m’a dit en anglais ‘‘This is a stone’’ pour parler de ma pugnacité au combat. Depuis cette mission mes amis se sont résolus à m’appeler Stone », indique ce soldat proche de la retraite, malgré un physique de jeune premier. A côté du coordonnateur des combats d’Abobo surnommée « Bagdad », Doumbia Moussa, allias ‘‘Djouroumou’’, son collègue qui contrôle ‘‘Missrata’’ (Yopougon) a un nom aussi particulier. Son pseudo signifie péché en malinké. Il en donne des explications : « Je ne fais pas du mal, mais je punis tous ceux qui font du mal. C’est un nom d’emprunt que j’ai eu auprès de l’actuel commandant des sapeurs pompiers qui est mon ami. Il était un soldat respecté et craint et j’ai décidé d’adopter ce nom pour me faire respecter et aussi et surtout pour traquer et punir tous ceux qui commettent des péchés, précisément des crimes ». Le dernier soldat qui a suscité notre curiosité dans le cadre de cette investigation est le commandant « Tracteur ». De son patronyme Traoré Salif, le commandant Tracteur a hérité de son pseudo après un haut fait d’armes dans la région de Gohitafla aux premières heures de la rébellion de 2002. Traoré Salif, à la tête d’un détachement de dozos et de pêcheurs bozos devaient s’emparer d’une poudrière à Gohitafla. Après avoir accompli cette mission en un temps record, il est rentré à la base les bras chargés d’armes et de munitions comme un tracteur qui a déterré des objets hétéroclites. Depuis cette prouesse, Traoré Salif a choisi de s’appeler Tracteur en souvenir de cet exploit qu’il a réalisé de Gohitafla.
Kra Bernard
Ils sont devenus célèbres les uns par leurs surnoms noms les autres par leurs faits d’armes. A la survenue de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002, les ivoiriens ont enrichi leur champ lexical de nouveaux termes militaires. Mais, aussi ils se sont familiarisés aux noms de chefs de guerre qui sont devenus des icônes dans l’imagerie populaire. Wattao, Atchengué, Guépard, Cobra, Frotomougou, Djouroumou, Fongnon, Machine, Tracteur, Chikito, Gaza, Ahmed libérien, Jah Gao, Vetcho, bref, les jeunes ivoiriens qui ont pris les armes contre la refondation sont inspirés quand il s’agit de se faire adopter et adouber où sortent ces appellations? Pourquoi les portent-ils ? Quelles sont leurs significations ? L’Expression qui a mené l’enquêté dévoile l’autre facette des surnoms des chefs de guerre.
Wattao et Loss : meilleurs amis des serpents
Certains chefs de guerre, ont choisi d’associer leur image à leur animal fétiche, singulièrement le plus craint par l’espèce humaine : le serpent. A ce niveau, le plus fidèle est le plus gros reptile des chefs de guerre : le commandant Issiaka Ouattara, appelé ‘‘Saa bléblé’’. L’ex-chef d’état-major adjoint des Forces armées des Forces nouvelles, Issiaka Ouattara est plus connu sur le pseudonyme « Wattao » que sur son nom à l’état civil. Le natif de Bouna adore les reptiles. A raison il a choisi en 2002 un redoutable serpent comme symbole de sa troupe : l’ancien président ‘‘Compagnie Anaconda’’. Depuis lors, Wattao est resté fidèle à cet amour. Il porte avec fierté le surnom ‘‘Saa Bléblé’’ qui signifie gros serpent en malinké. A propos, des proches expliquent que le nom Wattao dérive des ses prouesses aux arts martiaux, précisément au judo. Un autre mordu du serpent est l’indécrottable chef de l’Ouest. Depuis les hauteurs des 18 Montagnes, le commandant « Loss » ou Fofana Losseni, élément de la Force d’intervention rapide para commando (Firpac), ancienne unité d’élite de l’armée ivoirienne a décidé d’associer son image au plus grand cracheur de la forêt, le cobra. C’est petit mais ça cogne fort ! Se plaisent à dire ses éléments pour caricaturer la forme de leur chef. Chétif et discret, ‘‘Papa Cobra’’ est respecté aussi bien dans sa zone d’influence qu’au sein des Forces nouvelles. Son humilité et son efficacité ont été déterminants dans le début de la bataille pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. Effectivement c’est par l’Ouest qu’a démarré l’offensive des Force républicaines de Côte d’Ivoire pour débusquer l’ancien président de son bunker
Vétctho, Morou, Zakaria : touche pas à mon nom !
Dans les rangs des Frci, des commandants ont décidé de ne pas substituer leur patronyme à un nom de guerre. Ils ont préféré plutôt trouver des appellations à leurs unités. Le plus illustre est le grand barbu du Nord, le commandant Kouakou Fofié. En souvenir de son séjour carcéral, cet ancien élément des Forces armées nationale des Côte d’Ivoire a donné un nom singulier à sa compagnie. « Quand ils ont été arrêtés lors du complot du cheval blanc sous le général Gueï, le commandant Fofié a été emprisonné à la cellule 110 du bâtiment C de la Maca. Là-bas, il était avec les pires criminels. Après avoir été libéré puis blanchi, il a préféré donner ce nom à sa compagnie en souvenir de son passage à la Maca quand il a rejoint l’ex-rébellion en 2002. Le mot ‘‘Fansara’’ en langue koulango signifie « acceptation de l’autre. Tout comme l’arc-en-ciel est le symbole de la cohabitation et de cette acceptation de l’autre», indique son chargé de communication Ben Kassamba. L’enfant de Bohi dans la sous-préfecture de Bondoukou qui à la charge de surveiller le prisonnier de luxe Laurent Gbagbo est devenu une icône dans la capitale du Nord. En reconnaissance pour ses largesses, les hommes de son unité basée à la Compagnie territoriale de Korhogo l’appellent affectueusement ‘‘Bouah’’ cela signifie papa en malinké. Le commandant Koné Zakaria, le plus mystique de ces chefs de guerre n’a jamais été présenté sous une autre appellation. Fidèle à sa chéchia de dozo, Koné Zakaria est une légende pour nombre d’Ivoiriens. Touré Hervé, allias « Vétcho », patron du célèbre Bataillon mystique (BM) de Katiola n’a pas de sobriquet. Dans le jargon des jeunes, Vétcho est le pendant du prénom Hervé. Naturellement cet ancien du lycée classique a gardé cette appellation de jeunesse quand il est entré dans l’armée. De même l’homme fort de Bouna n’a pas voulu ajouter autre chose à son état civil. Comme son frère de Korhogo, le commandant Morou Ouattara s’est contenté de baptiser son unité ‘‘Atchengué’’ c’est-à-dire ‘‘En avant’’ en langue moré. Pour ses hommes, Morou est toujours en position avancée dans les batailles. Certaines sources expliquent le succès et l’omniprésence de ses hommes dans la capitale économique par cette philosophie. Le commandant Cherif Ousmane qui, de loin, possède les éléments les mieux formés et les plus disciplinés au sein des Frci selon les observateurs avertis, n’a pas changé de nom. Alerte et prompt à l’action comme un félin, Cherif Ousmane et ses hommes se sont confondus au guépard, le plus rapide des fauves.
Les stars de la bataille d’Abidjan
Pendant la bataille d’Abidjan, certains chefs de guerre, même s’ils n’étaient pas des anonymes se sont fait remarquer. Au rang de ces guerriers figure « Jah Gao », de son nom Koné Gaoussou. Basé au camp commando d’Abobo, l’ancien commandant de la zone de Boundiali n’a pas cherché loin. ‘‘Gao’’ est le diminutif de Gaoussou. Pour le nom Jah, certains de ses proches l’attribuent à ses affinités avec le reggaeman Tiken Jah Fakoly. Le commandant « Ben Laden » de la zone d’Odienné est comme ses pairs descendu sur Abidjan où il contrôle Yopougon. Cette appellation, il la doit à la barbe qu’il arborait au début de la rébellion en septembre 2002. Coulibaly Ousmane, ce chef de guerre a emprunté son surnom au chef du réseau terroriste Al Quaeda « Ossama Ben Laden ». L’adjoint de Ben Laden à Yopougon, le commandant Traoré Amara, basé à la nouvelle caserne de la Brigade anti émeute (BAE) de Yopougon a préféré garder son patronyme. « Je n’ai pas pris de nom d’emprunt parce que je n’ai pas besoin d’un nom de couverture pour la simple raison que j’avais foi en cette lutte depuis le début. Certains d’entre nous avaient peur de la répression en cas d’échec, c’est pourquoi ils ont pris des pseudonymes pour se protéger et protéger leurs familles ». Diomandé Yacouba, allias capitaine « Delta », l’adjoint de Wattao qui gère la Garde républicaine de Treichville n’a pas eu de choix. Delta lui a été donné par un supérieur hiérarchique. « Mon nom, je le porte depuis 1987. Delta m’a été donné par mon chef, qui était à cette époque commandant des renseignements militaires. D’ailleurs la lettre ‘‘D’’ de Delta provient de la première lettre de mon nom Diomandé », a précisé le capitaine. A côté de ces noms plus ou moins ordinaires, certains sobriquets de chefs militaires donnent des frissons à simple prononciation. Qui n’a pas connu l’énigmatique commandant « Fongnon » du Commando invisible pendant la crise post-électorale ? Insaisissable dans le temps dans et dans l’espace, invulnérable à tout type de projectile, commandant Fongnon était devenu le nom de guerre de tous ceux qui sont protégés par un pouvoir mystique. Même si certains s’évertuent à dire que Fongnon est une pure création de la presse nationale, l’histoire retiendra que ce symbole qui renvoie au vent en malinké a fait frémir et trembler l’armée de miliciens et mercenaires de Laurent Gbagbo. Dans la même veine, le commandant ‘‘Stone’’, de son nom Diomandé Abou est le coordonateur des combats dans cette commune martyre. Il doit ce surnom de « caillou » à une expédition au Libéria en 1979. « Ce n’est pas moi-même qui me suis donné ce nom. Je le porte depuis 1979 quand les rebelles libériens avaient bloqué à l’époque l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Le président Houphouët Boigny nous avait envoyés avec à notre tête le commandant Faizan Bi Sehi, ex-commandant de la Compagnie aéro-portée commando parachutiste (Cap). A cette époque le général Zézé Baroan était chef d’état major des armées. C’est un vieux Libérien qui m’a vu combattre qui m’a dit en anglais ‘‘This is a stone’’ pour parler de ma pugnacité au combat. Depuis cette mission mes amis se sont résolus à m’appeler Stone », indique ce soldat proche de la retraite, malgré un physique de jeune premier. A côté du coordonnateur des combats d’Abobo surnommée « Bagdad », Doumbia Moussa, allias ‘‘Djouroumou’’, son collègue qui contrôle ‘‘Missrata’’ (Yopougon) a un nom aussi particulier. Son pseudo signifie péché en malinké. Il en donne des explications : « Je ne fais pas du mal, mais je punis tous ceux qui font du mal. C’est un nom d’emprunt que j’ai eu auprès de l’actuel commandant des sapeurs pompiers qui est mon ami. Il était un soldat respecté et craint et j’ai décidé d’adopter ce nom pour me faire respecter et aussi et surtout pour traquer et punir tous ceux qui commettent des péchés, précisément des crimes ». Le dernier soldat qui a suscité notre curiosité dans le cadre de cette investigation est le commandant « Tracteur ». De son patronyme Traoré Salif, le commandant Tracteur a hérité de son pseudo après un haut fait d’armes dans la région de Gohitafla aux premières heures de la rébellion de 2002. Traoré Salif, à la tête d’un détachement de dozos et de pêcheurs bozos devaient s’emparer d’une poudrière à Gohitafla. Après avoir accompli cette mission en un temps record, il est rentré à la base les bras chargés d’armes et de munitions comme un tracteur qui a déterré des objets hétéroclites. Depuis cette prouesse, Traoré Salif a choisi de s’appeler Tracteur en souvenir de cet exploit qu’il a réalisé de Gohitafla.
Kra Bernard