Mosquée complètement incendiée, l'administration partie en fumée et cinq véhicules des fidèles calcinés. Tout a été consumé. Il ne reste que la clôture. La mosquée camp militaire de Yopougon a subi la furia des miliciens de l'ex- chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Juste derrière les toilettes décoiffées par l'incendie, il y a un cimetière de fortune où reposent à jamais quatre membres du comité de surveillance de cette mosquée. Il s'agit de Traoré Ahmed, Loua Ismaël, Azim et N'guessan Ali. Ils ont été froidement abattus et brûlés. A défaut de leur donner une sépulture digne de ce nom, ces quatre jeunes ont été enterrés dans la cour de la mosquée. Pour s'imprégner de l'état des lieux et exprimer sa compassion à l'endroit de la communauté musulmane de Yopougon, le président du Conseil Supérieur des Imams (COSIM), le Cheick Boikary Fofana a visité les mosquées incendiées. Il a invité la communauté musulmane à tourner cette page triste. « Les musulmans doivent prendre de la hauteur. Faisons très attention et ne nous comportons pas comme les autres », a lancé le chef religieux, faisant remarquer qu'aujourd'hui certaines personnes crient aux victimes, ''comme s'ils n'ont rien fait ''. La grande mosquée de ''Toits Rouges'' n'a été pas également épargnée. Les miliciens et mercenaires ont mis le feu à un pan de cette mosquée en chantier. Plus de deux cent chaises et une centaine de Corans sont partis en fumée. Et deux fidèles ont été froidement abattus et brûlés vif. Ensuite, la délégation a mis le cap sur Yopougon Lem. Dans ce quartier, la mosquée Lem (non loin de l'antenne), a subi d'énormes dégâts : le siège du CNI a été saccagé et incendié. A quelques mètres de cette mosquée, une fosse commune de plus de quatre vingt- dix corps découverte. Quant à la mosquée de Selmer, elle a subi moins de dégâts. Des éclats d'obus ont détruits le secrétariat de cet édifice religieux. En tout cas, le Cheick Boikary Fofana a invité au pardon et à la réconciliation. « C'est Dieu, et aussi les prières des Imams qui nous ont fait sortir de cette crise. Et nous ne devons pas l'oublier », a-t-il indiqué. Avant d'inviter les populations à mettre un bémol aux réjouissances. « Certains fêtent tous les samedis. Alors que d'autres ont perdu plus de cinq personnes dans cette crise », a relevé le président du Cosim. Il a promis remettre la somme de 1 million de FCFA à la mosquée camp militaire et celle de Toits Rouges (soit 500 mille FCFA pour chaque édifice). Et du matériel de sonorisation à la mosquée Lem. Une contribution, selon lui, à la réhabilitation de ces lieux de prière sinistrés. Le président du Cosim section Yopougon, l'Imam Ali Ouattara a, pour sa part, exhorté les musulmans au pardon.
Anzoumana Cissé
Anzoumana Cissé