Le prétexte est désormais tout trouvé pour rassembler du beau monde : il faut réconcilier les Ivoiriens. Pour cette raison, meetings et autres formes de mobilisation se multiplient à travers le pays. Journée de réconciliation par-ci, journée du pardon par-là. Un autre prétexte tout aussi d’actualité est avancé pour justifier les réjouissances populaires, il s’agit de fêter la victoire à l’élection présidentielle du candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Comme quoi la réconciliation nationale a le dos large. Elle justifie à ce titre toutes les retrouvailles en lieux publics depuis la fin de la crise et elle est beaucoup plus exploitée par les cadres dudit groupement politique. Une chose est cependant curieuse, c’est que ces assemblées sur les places publiques, ne répondent à aucun besoin de réconciliation des militants. En tout cas, pas ceux du Rhdp, car comme il est su de tous, les acteurs de cette plate-forme politique sont allés en rangs serrés au 2è tour de la présidentielle, le 28 novembre. Toute chose qui leur a d’ailleurs valu de battre campagne ensemble. On réconcilie qui alors? Seuls les initiateurs de cérémonies du reste pompeuses peuvent répondre à la question. Mais le dernier développement de l’activité politique au sein du Rhdp, semble avoir mis à nu les intentions de ceux-ci. C’est qu’avec la grogne survenue après la distribution des postes ministériels et la divergence de vues sur la candidature unique sous la bannière Rhdp, pour aller aux législatives, des cadres s’empressent de préparer l’électorat à leur candidature pour la députation. Les batailles pour les sièges à l’hémicycle vont être âpres et il est prudent pour tout homme politique de ménager sa monture dès à présent. Il faut être en vue, ou si on ne l’est pas déjà, il faut attirer l’attention sur soi. Ainsi, des élus s’échauffent en prêtant leur caution à des manifestations grand public, s’ils ne les motivent eux-mêmes. Quand des moins connus s’attellent à marquer un territoire. On le voit bien, la bataille de positionnement a commencé dans les bases. Et les militants vivent déjà les prémisses de la campagne pour les législatives. Les réunions secrètes et autres conciliabules qui se trament en marge des réunions ordinaires des partis annoncent les couleurs d’une campagne sournoise qui a lieu avant même le top-départ que doit donner la Commission électorale indépendante (Cei).
Bidi Ignace
Bidi Ignace