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Politique Publié le mercredi 15 juin 2011 | Nord-Sud

Racket, vol de véhicules, usage abusif d’armes à feu… - Faut-il brûler les Frci ?

Face aux dérives de certains éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, des voix s’élèvent pour demander d’expédier au purgatoire, les héros d’hier, dans leur ensemble. Mauvais procès ou volonté d’en finir avec une gangrène en ces moments de changements ?


La période de grâce est, semble-t-il, terminée pour les ‘’libérateurs’’ de la Côte d’Ivoire. Désormais, plus de tolérance pour les écarts de comportement. Mieux, sur un air de levée de boucliers, la chasse est ouverte contre les brebis galeuses qui ternissent l’image des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), la nouvelle armée ivoirienne. Et, dans cette opération de restauration de l’honneur et de la dignité des sauveurs de la démocratie ivoirienne, le patron de la grande muette n’hésite pas à laisser son manteau de chef du gouvernement, pour conduire en personne, la chasse. Mais, comment en est-on arrivé-là ?
Après avoir grandement contribué à chasser du pouvoir Laurent Gbagbo et son régime de la ‘’Refondation’’, les Frci, selon plusieurs rapports officiels et officieux, ont commencé à se rendre coupables d’actes répréhensibles. Pêle-mêle, on leur impute des actes de rackets, d’érection de barrages illégaux, de braquages, de vol de véhicules, d’utilisation abusive d’armes à feu et de non-port de tenues règlementaires. Si les populations ont longtemps gardé le silence sur ces dérives, depuis quelques semaines, des voix s’élèvent pour condamner les dérapages. « Ce n’est plus un secret. Certains éléments des Frci se sont spécialisés dans le racket des populations. Pour le voyageur qui prend la route, pour l’intérieur du pays, c’est l’anxiété. Pour mieux appréhender cette dure réalité, nous nous sommes décidés à prendre la route le lundi 23 mai dernier. Nous étions en partance pour San-Pedro à partir de Bouaké. Après notre départ de la capitale de la Paix à 6 heures du matin, nous atteignons la ville portuaire aux environs de minuit », rapportait Nord-Sud Quotidien dans son édition du 1er juin dernier ; un reportage étayé par des témoignages d’usagers de la route. « A chaque groupe, il faut donner 1000 francs comme levée de barrage. Je viens de payer 5000 francs. 1000 francs pour les policiers, les gendarmes, la douane, les eaux et forêts et les Frci », a confié un transporteur, au journaliste de Nord-Sud Quotidien. Ces pratiques sont devenues monnaie courante au point que ce reportage n’est qu’un cas parmi des milliers rapportés chaque jour. Ces condamnations, devenues récurrentes, ont requis l’intervention de toute la hiérarchie des forces républicaines. « Dites la vérité aux jeunes gens. Ils n’ont pas combattu. S’il y avait 8 mille combattants à Abobo, nous n’aurions pas eu besoin d’aller chercher des jeunes au Nord pour venir combattre à Abidjan. Arrêtez de prendre de l’argent avec les jeunes gens pour leur faire croire qu’ils seront militaires. Nous apprenons trop de choses sur Abobo », « Ne jouez pas avec les grades. Ils sont très importants dans l’armée. Ne devient pas commandant qui veut. Tous ceux qui sont dans les commissariats et les brigades se font appeler commandant. Nous ne pouvons le tolérer », ont dû dire, vendredi dernier, le commandant Koné Zackaria et l’ancien ministre, Koné Messemba, pour mettre le holà à la pagaille qui régnait dans la gestion des effectifs à Abobo. Une démarche épousée par Ouattara Issiaka, le week-end dernier, à Boguédia (Daloa). « Des instructions seront données aux responsables des Frci pour l’instauration de la sécurité dans toutes les zones », a promis Wattao aux populations de Krikoréa auxquelles il a rendu visite, dimanche dernier. Mais, de toute évidence, il n’y a pas que sous ce prisme négatif qu’il faut appréhender les Frci. Sinon, ce serait oublier le rôle important qu’elles ont joué pour le rétablissement de la démocratie en Côte d’Ivoire. C’est au moment où toutes les issues pour une sortie de crise paraissaient bouchées que, sous l’instigation du Premier ministre, Guillaume Soro, elles ont enclenché le processus de libération du pays. Parties de l’Ouest le 23 février et de l’Est le 29 mars derniers, elles ont conquis toutes les villes de l’intérieur du pays, sous le contrôle des forces pro-Gbagbo avant de libérer totalement le pays avec la capture de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, le 11 avril. Une offensive qui, si elle n’avait pas été engagée, aurait fait plus de victimes que les 1.500 comptabilisées par certaines sources.
Et, quand bien même les soldats, pour la plupart, ne sont pas payés, n’ont jamais rechigné à la tâche. Ils ont pallié, depuis le changement de régime, l’absence des forces officielles de police et de gendarmerie.
D’ailleurs, les dérapages de départ qu’on leur imputait, notamment les vols de véhicules, les perquisitions musclées, la conduite dangereuse, ont, peu à peu, commencé à s’estomper. Les dérives constatées en ce moment ne sont que l’œuvre des brebis égarées, en général des jeunes désœuvrés qui ont rejoint le combat à la dernière minute. Or, comme chacun le sait, qui a le pouvoir, est tenté d’en abuser.
En somme, en dépit des dérives condamnables dont certains des leurs se rendent coupables, les Frci sont loin d’être les démons qu’une certaine opinion tente de caricaturer. « Les étrangers qui étaient traqués tous les jours par les forces pro-Gbagbo, vivent plus tranquillement depuis l’arrivée des Frci », constate un observateur, persuadé que cela est un point positif à mettre à l’actif de la nouvelle armée ivoirienne. C’est pour éviter que les mauvais grains ne jettent l’opprobre sur l’ensemble de la corporation que la hiérarchie des Frci a engagé une croisade contre eux.

Marc Dossa
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