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Politique Publié le lundi 20 juin 2011 | Le Mandat

Gagnoa/Journée du pardon, de la réconciliation et de la paix : Mobilisation extraordinaire sous le Fromager

Les femmes à ADO : “Mettez-nous au travail !”

Guikahué aux Bété : “Quand tu mens, tu n’es plus Bété !”

La Cité du Fromager est résolument tournée vers la paix. Les femmes du département de Gagnoa se sont unies à travers une cérémonie dénommée "journée du pardon de la réconciliation et de la paix". C’était, le samedi 18 juin dernier, à la Place de la République de Gagnoa.

Combien étaient-elles ? 2000 ; 3000…5000 ? En tout cas, les femmes et filles de Gagnoa sont sorties massivement, le samedi 18 juin dernier, pour envahir "La Place de République", située entre la Sous-préfecture, le 1er Arrondissement de police et la résidence du Préfet de Région. Toutes les couches sociales féminines étaient au grand complet pour sceller la réconciliation initiée par Mme Antoinette Yoboué, Secrétaire de la section communale, membre de la délégation départementale du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et Présidente de l’Union des Femmes du Fromager Gagnoa (UFFG). Placée sous le haut patronage du Docteur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, parrainée par l’ex-ministre, délégué départementale du PDCI, Directeur de campagne au second tour du candidat du RHDP, Pr Maurice Kakou Guikahué et sous la Présidence du Préfet de Région, Préfet du département, Rémi Kangah N’zi, la mobilisation des femmes pour la réconciliation et la paix a tenu toutes ses promesses. Des filles et femmes de Gagnoa aux ressortissantes de la CEDEAO (Femmes nigérianes, mauritaniennes, maliennes, burkinabè, guinéenne etc…), en passant par les femmes des Sous-préfectures de Ouragahio, Guibéroua, Gnagbodougnoa (Guébié), Boundiali, Tingrela, Korhogo, Bouna, Bondoukou, Tiassalé, Oumé, "V" Baoulé, toutes étaiement mobilisées pour s’unir autour du triptyque "Dialogue-Vérité-Réconciliation" lancé par le Président de la République Alassane Ouattara.

A l’image de la Fête nationale de l’indépendance, toutes les femmes de toutes les couches socioprofessionnelles des différentes communautés vivant à Gagnoa ont défilé avec des pancartes pour marquer leur adhésion au processus de réconciliation et de paix en cours, et à la journée de réconciliation initiée par Mme Antoinette Yoboué, le samedi 18 juin dernier.

Pour l’ouverture de la cérémonie, c’est le chef de terre venu du village communal de Babré, Kouéyé Armand qui a confié la rencontre des femmes aux ancêtres dans une libation significative et explicative du nom des Bété. "Nous sommes de nature un peuple de paix. Le mot Bété vient de "bètè" qui signifie douceur, tranquillité et paix. C’est donc dans la bonté de nos cœurs que nous accueillons nos étrangers. Quand tu es l’étranger du Bété, il a l’obligation de te protéger, de te sécuriser. Ce qui est arrivé ne ressemble pas au comportement originel des Bété. Je confie donc cette cérémonie à Dieu Tout-Puissant et aux ancêtres pour que la paix véritable revienne à Gagnoa", a-t-il dit, en substance. Puis dans un "accapela" aussi significatif, l’artiste Souafa venu de Toutoubré (S/P de Gagnoa) a ouvert la série des allocutions avec un titre évocateur de la réconciliation: "Nous sommes sauvés, un nouveau jour s’est levé". Après quoi, Mme Antoinette Yoboué, Présidente de l’Union des Femmes du Fromager, initiatrice de cette cérémonie, pouvait prendre la parole et s’adresser à ses sœurs, aux hommes et au Président de la République. "Nous sommes vos mères.

C’est nous qui vous donnons la vie. Et si nous vous pareons en tant que vos mères, vos épouses, vos sœurs, c’est pour vous dire que le temps est venu de faire la paix, de nous réconcilier pour le développement efficace de notre pays. Oui, nous ne nous sommes pas compris. Mais est-ce pour cela que nous n’allons plus nous parler ? Nous, femmes, sommes-nous des sœurs ? On ne le dirait plus. C’est pour tout cela que je voudrais que nous nous parlions. Parce que nous sommes des sœurs", a-t-elle dit à ses sœurs de gagnoa. Pour les hommes, Mme Yoboué dira, s’adressant au ministre Guikahué et à travers lui au Président de la République : "Monsieur le parrain, sachez que vos femmes, vos sœurs, vos filles sont à jamais unies. Aidez-les, ensemble avec tous vos frères ici présents afin qu’elles soient des agents du développement et de l’esprit nouveau qui doit désormais prôner la paix. Mettez-nous au travail. Aidez-nous à fructifier nos activités habituelles. Faites tout ce qui est possible pour reconstruire notre grand marché, ouvrez la Compagnie ivoirienne du bois (CIB) qui est restée fermée depuis trop longtemps, afin que nos maris travaillent. Faites revivre Gagnoa afin que cette ville redevienne le "Tahiti" tant reconnu et où il faisait bon vivre". Après elle, Mme Kallé, au nom des femmes Bété de Gagnoa, Mme Kéhé Léontine au nom des Wê, Mme Déko au nom des Yacouba, Mme Adja Matogoma Touré (Présidente des femmes du RHDP) au nom des Malinké et Mme Coulibaly Fatou au nom des femmes de la CEDEAO, ont toutes passé le même message de réconciliation en différentes langues. Message, du reste appuyé par le Préfet N’zi Kangah Remi, Préfet de Région et Préfet du département de Gagnoa, qui a souhaité que cessent les railleries, les moqueries sur les marchés, entre les femmes. «Ayez le triomphe modeste», a-t-il dit aux femmes du RHDP. Il a ajouté que « quand nous aurons fini avec les railleries, la paix serait définitivement revenue dans la Cité du Fromager ». Quant au parrain de la cérémonie, Il a promis transmettre les doléances des femmes au Président de la République. Il les a exhortées à "Vivre ensemble" dans la paix avant de remercier les initiatrices de cette rencontre de réconciliation qui a réussi une mobilisation exceptionnelle des femmes de Gagnoa. "Merci à Mme Yoboué l’organisatrice de cette manifestation et notre sœur Adja Touré, Présidente des Rhdp qui a réussi le pari de la mobilisation à Gagnoa le 8 mars. Nous voulons la Réconciliation mais surtout dans la vérité. Avant, quand ton frère t’a fait du mal, à 5h du matin, tu frappes à sa porte et tu lui dis ce que tu penses. Redevenons comme les anciens Bété car, un Bété ne ment pas. A partir du moment où tu mens, tu n’es plus Bété", a-t-il conclu.

GUY TRESSIA
(Envoyé spécial à Gagnoa)
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