Citant Saint-Exupéry qui dit que l'homme se mesure face à l'obstacle, le ministre d'Etat, Me Ahoussou Kouadio Jeannot, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, compte faire du renouveau de la Justice ivoirienne, son challenge. Face à la presse, hier, au Golf Hôtel, il a levé un coin du voile sur les procédures engagées contre des anciens tenants du pouvoir public aujourd'hui assignés en justice. Il se dit habité par la " haute conscience " qu'il a de son rôle, tant il souhaite "prendre date avec l'histoire pour anoblir la justice, faire de la justice la véritable clé de voute de toute la société ivoirienne". C'est l'ambition qui, dit-il, l'anime. Le ministre d'Etat a ainsi montré sa détermination à conduire dans le respect des lois nationales, toutes les affaires que son ministère a en charge aujourd'hui. Pour ce qui est de la procédure engagée contre l'ancien président Laurent Gbagbo, Me Ahoussou Kouadio Jeannot a dit ceci : "(…) L'enquête préliminaire du volet économique est terminée. Elle est menée par les officiers de police judiciaire. C'est le dossier préparatoire. Elle est sous la responsabilité du procureur de la République qui, après en avoir pris connaissance, peut estimer que les faits qui sont consignés dans le dossier sont à même de donner lieu à poursuite ou le classer sans suite. Dans le cas d'espèce, les faits sont tellement graves, fouillés et multiples que l'avis du procureur a consisté à saisir un juge d'instruction qui, lui, va convoquer les uns et les autres pour les entendre dans les moindres détails (…) L'enquête préliminaire est donc en cours. On a entendu 86 personnes, on n'a pas encore entendu les victimes, les témoins. Une fois qu'on les aura entendus, le procureur va prendre le dossier pour bien fixer les qualifications. Le dossier fera l'objet d'instruction parce que c'est une affaire criminelle. Et là, la loi oblige le procureur à aller devant un juge d'instruction, l'affaire ne va pas passer devant un tribunal ordinaire, mais devant une cour d'assises où il y a des jurés", a indiqué le ministre d'Etat, ministre de la Justice. Sur le lieu où pourrait se dérouler le procès, le Garde des Sceaux a relevé que toute localité du pays abritant une cour d'assises pourrait l'accueillir. "On appréciera. Si l'environnement d'Abidjan est délétère, on ira quelque part d'autre. Mais pour le moment, on attend à ce que le dossier accouche de la qualification juridique". Poursuivant, il a énuméré les infractions mises à la charge de Laurent Gbagbo : "On a retenu pour le moment, atteinte à la sûreté de l'Etat, coup d'Etat, crimes de sang, assassinats, viols. Tous les crimes qui ont été commis ont été retenus par le procureur, mais le juge d'instruction peut dire, après avoir écouté les uns et les autres, je ne retiens que tel…" a soutenu Me Ahoussou Kouadio. Par ailleurs, le ministre de la Justice s'est prononcé sur l'enlèvement des expatriés à l'hôtel Novotel. "Tous ceux qu'on arrête sont des éléments de la Garde républicaine ou des miliciens qui affirment que des tortures ont eu lieu au palais présidentiel dans le bâtiment situé entre les bureaux du Premier ministre et la présidence. C'est le lieu de torture", a-t-il révélé. A propos de Charles Blé Goudé, le Garde des Sceaux a aussi dit ceci : "L'extradition de Charles Blé Goudé se fera. Il pense se cacher mais on sait où il est. Le monde est trop ouvert. Lui, comment il a fait pour sortir de la Côte d'Ivoire alors qu'il est sous sanction des Nations-Unies ? On va interroger les pays, on va poser le problème aux Nations Unies. C'est la personne la plus facile à attraper, sauf s'il ne téléphone plus et ne respire plus".
Paul Koffi
Paul Koffi