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Politique Publié le mercredi 22 juin 2011 | L’Inter

Affrontements sanglants à Sanégaz S/P Bayota (Gagnoa) : 01 mort et plusieurs blesses dont 02 cas graves - Un émissaire du Premier ministre dépêché sur le terrain - Les barrages de Dozos démantelés

Sanégaz, village unifié (Sandépa – Gazénépa) de la Sous-préfecture de Bayota a été dans la nuit du lundi 20 juin au mardi 21 juin, le théâtre de violents affrontements inter-communautaires entre autochtones Bété et ressortissants étrangers de la communauté des Etats de l`Afrique de l`ouest (CEDEAO) précisément des Guinéens et Maliens. Bilan 01 mort en la personne Gbassou Ouraga Daniel et de nombreux blessés dont 02 cas graves. Informé de la situation, le Premier ministre Guillaume Soro a dépêché illico sur le terrain M. Abel Christian Djohoré Gbakayoro, directeur de cabinet du ministre Dosso Moussa, secrétaire national chargé de l’économie et des finances des Forces nouvelles, pour apporter la compassion du président de la République Alassane Ouattara et de son gouvernement. Ce dernier était accompagné par le sous- préfet central de la localité, Irié Bi Zika Guillaume. Séance tenante, sur instructions de l’émissaire de Guillaume Soro, les blessés ont été évacués au Centre hospitalier régional (CHR) de Gagnoa. Lorsque nous arrivions sur le terrain aux environs de 10 h 30 mn, les populations apeurées par les atrocités ont, à la vue des autorités et de l’impressionnant détachement des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) de Bayota renforcées par ceux de Gagnoa, commencé à regagner le village déserté. Mais comment en est-on arrivé à cette tragédie qui a failli enflammer le canton Zédi ? Selon le chef de village Pierre Woumizrê, tout est parti le lundi soir, lorsque le nommé Abdoulaye (Guinéen) habitant le village, est venu le voir à sa résidence pour lui signifier que le vendredi alors qu’il revenait de Pahompa (village voisin) où s’est tenue une veillée funéraire, un fils du village du nom de Apali lui a tendu une embuscade pour le frapper. Selon le chef, compte tenu de l`heure tardive, il aurait conseillé au plaignant de revenir le lendemain pour lui en dire davantage sur l`objet de sa saisine. Le même soir, Abdoulaye reviendra à son domicile pour lui signifier de tout laisser tomber car il aurait oui-dire que Apali se préparait à perpétrer d’autres agressions. Suggérant au chef de ne plus s`attendre à lui le lendemain, ce dernier bute sur un silence de marbre de son interlocuteur, lorsqu`il demande à en savoir davantage. Le lundi soir, dans son sommeil, il entend des bruits peu ordinaires. A peine sorti de sa maison, il croise deux jeunes autochtones Bété accourant pour l`informer que des Dozos étaient dans le village et avaient envahi la maison de M. Wanyou où loge Apali. Ne voyant aucun Dozo dehors, il décide de se rendre chez Abdoulaye. A la demande des jeunes Bété qui se sont portés volontaires pour l’accompagner, le chef Pierre Woumizrê oppose un refus catégorique.. Malgré tout, ces derniers vont le suivre sur son chemin. Au domicile d`Abdoulaye, les personnes trouvées sur place exigent que les compagnons du chef quittent leur quartier. Instruction qu’il transmet, pendant que les esprits s`échauffent déjà dans les deux camps, qui se jettent des pierres. Voyant des Dozos armés sur place, le camp des Bété opère un repli tandis que les allogènes prennent le dessus, détruisant tout sur leur passage. Dans les échauffourées, une personne est tuée et plusieurs autres blessées. Cette version du chef diffère en certains points de celle de Keïta Abdoulaye, chef de la communauté guinéenne, intervenant au nom des allogènes concernés. A entendre ce dernier, la bagarre tire son origine d`une fête organisée à son domicile pour célébrer la victoire du président Ouattara. Son fils qui se rendait le lendemain
dans le village voisin pour saluer une famille frappée par le décès d’un de ses membres, aurait été attaqué par trois jeunes dont un certain Apali qui lui aurait dit ouvertement qu’il n’est pas content de la réjouissance organisée la veille. Apali lui a, ensuite, donné un coup. Ce que Abdoulaye lui a dit. Mais, il l’a dissuadé de réagir, pour préserver la paix dans le village. Mais son fils, qui craint pour sa vie et veut prévenir toute autre agression, se rendra chez les FRCI chercher une convocation qu’il a remise au chef de village. La nuit également, ils ont entendu eux aussi des bruits devant leur résidence et une quarantaine de jeunes autochtones armés de flèches et de gourdins approchant et menaçant en bété de tuer Abdoulaye et de mettre le feu à la maison. Selon M. Kéita, ces cris de détresse vont alerter, aussitôt, les autres communautés, et des affrontements vont s`ensuivre. Pour sa part, le chef Woumizrê, a nié avoir reçu une quelconque convocation de Abdoulaye. Sans avoir entendu d`argument convainquant après ces confrontations, l`émissaire du Premier ministre, M. Abel Djohoré a écourté la polémique et promis qu’une enquête sera ouverte pour situer les responsabilités afin que les coupables soient traduits devant les juridictions compétentes pour répondre de leurs actes. Il a donné des instructions pour qu’un détachement des Frci demeure sur les lieux et veille à maintenir l`accalmie. Le sous- préfet de Bayota a salué la promptitude avec laquelle le chef de l’Etat et le chef de
gouvernement ont réagi face à ces atrocités qui auraient pu s`étendre à tout le canton. Il a pris l’engagement de faire en sorte que la paix revienne dans le village le plus rapidement possible. Décidé à faire en sorte que de pareils incidents ne se répètent, l`émissaire du chef de l`Etat et du Premier ministre a, au terme de sa visite aux populations affligées, démantelé tous les barrages de Dozos sur l’axe Bayota – Sanégaz distant de 21 km. Au total, 27 calibres 12 ont été saisis ainsi que 04 machettes, 02 poignards et 08 lance-pierres. Une visite aux blessés internés au CHR de Gagnoa a mis fin au séjour de M. Abel Djohoré Christian dans le Fromager où le calme, jusqu`à ce que nous mettions sous presse, est revenu. Notamment à Sanégaz dont les populations qui s’étaient réfugiées dans les villages voisins, ont commencé à regagner leurs domiciles.

Venance KOKORA à Gagnoa

Listes des victimes

1 – Gbassou Ouraga Daniel (décédé)
2 – Zahui Rodolphe
3 – Abou K. Noël
4 – Yoro Gnakouri Priva
5 – Kuyo Franck ( grièvement blessé)
6 – Houidi Honoré
7 – Zahui Armand
8 – Gbalou Jeanne (grièvement blessé)
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