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Sport Publié le samedi 25 juin 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Exclusif / Quarante-huit heures après la chute de Gbagbo : Comment Jacques Anouma a quitté Abidjan

© L’intelligent d’Abidjan Par Prisca
Equipe nationale de football : Jacques Anouma présente le nouveau coach des Eléphants, Zahoui François
Samedi 28 août 2010. Abidjan, salle de conférence du siège de la FIF. Le président de la fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Anouma (photo) présente officiellement Zahoui François, le nouveau sélectionneur national.
Après les violences auxquelles il a échappé en Avril dernier, Jacques Anouma va-t-il devoir payer pour ce qu’il n’a pas fait, ou plutôt pour avoir simplement servi son pays en travaillant avec l’ancien Président Laurent Gbagbo ?

Suite au match des Ivoiriens au Ghana, le président de la Fif était revenu à Abidjan le 29 Mars 2011. Alors que ça chauffait et que les uns et les autres fuyaient, Jacques Anouma a pris le chemin inverse. Ce n’est pas tout : l’homme est resté à Abidjan jusqu’à la capture de Laurent Gbagbo. Tandis que les militants RHDP et ceux de LMP se cachaient ou s’exilaient, le président de la FIF est resté chez lui jusqu’à la fin. Mais ce Lundi 11 Avril 2001, la pression était devenue forte. Laurent Gbagbo avait été capturé et les armes crépitaient. Miliciens et FRCI s’affrontaient dans les rues et les quartiers. Les informations les plus alarmantes sur les représailles et les pillages circulaient dans la ville. Pris de force, et contre son gré par sa sécurité, Jacques Anouma a dû quitter son domicile pour se mettre en lieu plus sûr à Abidjan. Quelques instants après son départ, des hommes en armes sont alors arrivés chez lui. Après négociation, ces éléments armés ont renoncé provisoirement à leur dessein de venir prendre des coffres-forts à son domicile. Quelques coups de feu et échauffourées ont eu lieu, mais tout est rentré vite dans l’ordre.

Assaut sur ses résidences à Treichville et Assinie

Profitant de la confusion, d’autres éléments en armes sont allés dans sa résidence à Assinie, pour fouilles, pillages et surtout pour le capturer, on ne sait sur l’ordre de qui, puisque le concerné était en contact avec les autorités ivoiriennes, qui ne lui ont pas signifié qu’il était sous le coup d’une arrestation quelconque. Malgré cette situation confuse et inconfortable, c’est seulement quarante-huit heures plus tard, soit le Mercredi 13 Avril 2011, que Jacques Anouma a quitté Abidjan, pour honorer des rendez-vous dans le cadre de ses activités de président de la FIF. Son départ lui a coûté en tout 600 mille francs, soit le prix d’une place dans un avion affrété par un privé. Lequel avion l’a déposé dans un pays de la sous-région. Aucune commission, aucune rétribution n’a été payée à quiconque, malgré les fantasmes sur la question.

L’argent n’aime pas le bruit

Durant dix années passées au service financier de la présidence, Anouma Jacques a symbolisé mieux que quiconque l’adage selon lequel l’argent n’aime pas le bruit. Autour de lui, il y a eu du bruit, et comment, en tant que sportif et président de la Fif, mais en tant que DAAF, pas eu assez de bruits. Peu de confidences et d’indiscrétion sont sorties de chez lui, au point que tout le monde aimait à railler son regard dur et antipathique. Selon certains, cela lui donnait le profil de l’emploi et évitait que tout le monde devienne son ami. Jacques Anouma n’a jamais été pris à défaut de vaines et méchantes confidences sur ceux qui émargeaient, ni sur les fonds qui sortaient de chez lui. Et pourtant Dieu seul sait comment il a « jonctionné » du monde, aussi bien à gauche qu’à droite.

Procès de tous et pour tous

En lui mettant la pression, les radicaux du camp Ouattara sont-ils prêts à faire le procès, tout le procès de la gouvernance Gbagbo ? Ce qui est reproché à Laurent Gbagbo, est essentiellement l’acte du refus de la victoire du 28 Novembre, sa rébellion, son atteinte à la sûreté de l’Etat, ainsi que les conséquences qui s’en sont suivies. Du 28 Novembre 2010 au 11 Avril 2011, quels actes hostiles Jacques Anouma a-t-il posés contre Ouattara ? D’ailleurs en pleine crise électorale, le gouvernement Soro, depuis le Golf hôtel, n’a pas trouvé utile de saisir la CAF ni la FIFA pour préciser qu’il ne se reconnaît pas dans la candidature de l’Ivoirien Anouma au comité exécutif de la FIFA. Sans entrer dans la polémique post-électorale, Jacques Anouma s’était même permis à l’époque de remercier le Président Alassane Ouattara pour son soutien. Que reproche-t-on à Jacques Anouma ? D’avoir été Daaf de Gbagbo ou plutôt à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire pendant dix ans ? Mais Guillaume Soro n’a-t-il pas été Premier ministre jusqu’à sa démission le 4 Décembre 2010 ? N’a-t-il pas contribué par sa collaboration à créer le monstre Laurent Gbagbo ? Et puis, la victoire du RHDP, ainsi que la mauvaise campagne de Laurent Gbagbo, tout comme son refus des résultats, ne doivent pas faire oublier la part du RHDP dans le bilan de Laurent Gbagbo. De Janvier 2003 à Novembre 2010, la Côte d’Ivoire a été gérée par des accords de paix. Des cadres du RHDP ont eu leur part de responsabilité dans les pillages des biens publics et dans la mal gouvernance. Les Ivoiriens peuvent être d’accord pour ouvrir tous les dossiers, mais indexer une seule catégorie d’individus n’est pas une réaction juste.

Des représailles très sélectives

Tout comme il n’a pas été juste que le Président Ouattara autorise des communes comme Daloa, Soubré et Gagnoa à changer de maire. Sous la Côte d’Ivoire de Gbagbo, nombreux ont été les Ivoiriens qui ont été victimes d’injustice, ou même de déni de nationalité. Des barons de la filière café-cacao ont été abusivement mis en prison, avant toute enquête sérieuse. Un tel a été empêché d’être président d’association de journaliste, un autre a été battu à la déloyale, dans une élection. Dieng a été évincé sous pression en 2002, etc. Les exemples sont légion. Mais doit-on pour cela entraîner l’Etat dans le règlement de ce type de questions individuelles, notamment avec ce qui s’est passé dans ces communes ? Jacques Anouma est rentré au pays pour se mettre à la disposition des autorités et si nécessaire de la justice. Les querelles internes entre les clans qui se neutralisent autour du Président de la République ne doivent pas le prendre pour cible sans preuves.

Engouement de tous pour les Eléphants

Ceux qui veulent montrer qu’ils sont forts autour du Président de la République, ne doivent pas se tromper de cible. Jacques Anouma n’est pas un problème pour la République. Au-delà du football, Jacques Anouma reste un citoyen, un père de famille, qui n’a jamais fait de meeting, ni pris publiquement une position politique. Quand il y a avait de grands rendez-vous avec les Eléphants, le président de la FIF, prenait son bâton de pèlerin pour aller rencontrer Bédié, Ouattara et ensuite Gbagbo, sans oublier les chefs religieux. Si on peut lui trouver des points d’ombre et d’échec, ne peut-on pas mettre à son crédit l’engouement suscité autour de l’équipe nationale ? Engouement matérialisé par le fait que les principaux leaders politiques, ainsi que des ministres et personnalités achetaient avec enthousiasme leurs cartes de supporteurs des Eléphants.

Libérer Aké N’Gbo, Michel Gbagbo et non arrêter Jacques Anouma

Encore une fois, la guerre d’influence, les rivalités, les intrigues et les jalousies autour du Président Ouattara ne doivent pas se cristalliser autour de Jacques Anouma, même si les critiques et les coups bas en cours contre lui, atténuent les soupçons de trahison des pro-Gbagbo au sujet du président de la Fif. En effet, par instinct de conservation et au nom de leurs intérêts personnels, des LMP en exil, ou aux arrêts, se demandent comment celui qui distribuait les mannes du palais peut être en liberté ? Pour eux, Anouma est le traître parfait, quand chez Ouattara on le présente comme un fidèle de Gbagbo engagé jusqu’au bout contre la démocratie. Voire ! Ceux qui le mettent en parallèle avec les cas de Michel Gbagbo, ou du Premier ministre Aké N’gbo doivent être plus audacieux en appelant à la libération de ceux –ci. Appeler à arrêter Anouma n’est pas un exploit. L’exploit consiste à appeler à la libération de Michel Gbagbo, d’Aké N’Gbo et tant d’autres qui n’ont pas commis d’actes criminels au cours de la crise postélectorale. L’enjeu n’est pas d’arrêter Jacques Anouma et tous les autres, mais plutôt de rendre libres quelques autres, comme Anouma l’est. Sans toutefois que cela le mette à l’abri de la justice si tant est vrai qu’il a posé des actes délictueux. Sur ce point, soyons clair : pas d’impunité pour quiconque, fût-il nommé Jacques Bernard Daniel Anouma.

Charles Kouassi
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