De tous les combats qui ont émaillé la crise ivoirienne, la plus déterminante et décisive, a été incontestablement celui d’Abidjan. « La mère des batailles » comme l’appelait l’ancien président Laurent Gbagbo a été de loin, la bataille la plus meurtrière et celle qui a permis à la Côte d’Ivoire, de ne pas sombrer longtemps dans le chaos. Retour sur une bataille qui a mis fin au régime sanguinaire du FPI.
Le 29 mars 2010, dans la soirée, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont à l’entrée d’Abidjan. Plus précisément, au corridor de Gesco à Yopougon. La nouvelle, comme une trainée de poudre, se répand dans tout Abidjan. Créant l’émoi au sein de la population de la capitale économique du pays. Du côté du camp du président élu, le docteur Alassane Ouattara, cette nouvelle est accueillie comme une délivrance. Car, la situation était intenable pour les militants du RHDP. Surtout dans des communes comme Yopougon, Abobo et Koumassi. Dans le camp de Laurent Gbagbo, la nouvelle créée la torpeur et une grande panique. Puisque les jours précédents, toutes les grandes villes de l’intérieur du pays étaient tombées dans l’escarcelle des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Coup sur coup, les hommes de Chérif Ousmane, Ouattara Issiaka dit «Wattao», Mourou Ouattara, Koné Zakaria, Fofana Losséni dit «Loss», Coulibaly Ousmane dit «Ben Laden» et Touré Hervé dit «Vetcho» ont conquis, parfois sans combattre, les villes comme Duékoué, Daloa, Bondoukou, Gagnoa, Abengourou, Yamoussoukro et San Pedro. La conquête de ces villes s’est faite en moins de 72 heures. Le dispositif militaire mis en place par Laurent Gbagbo s’est écroulé comme un château de cartes en l’espace de trois jours. Les FRCI sont à Abidjan. La bataille pour le contrôle d’Abidjan, véritable siège du pouvoir, peut maintenant commencer.
Couvre-feu
Le 30 mars, le Premier ministre, Guillaume Soro, lance un ultimatum à Laurent Gbagbo et à ses hommes. « Nous ne voulons pas un bain de sang à Abidjan », raisonne-t-il. Mais, ses paroles tombent dans des oreilles de sourds. L’entrée des FRCI à Abidjan se fait dans les fracas de bombes et d’obus. Dans les sous-quartiers, les habitants se terrent. Personne n’ose s’aventurer à 200 mètres de chez lui. On se protège comme on peut. Les barricades de fortune envahissent les rues. La nuit tombée, tables, étals, briques et même carcasses de voitures envahissent les avenues et rues pour constituer des « murs de défense ». Les combats entre FRCI, militaires, mercenaires et miliciens proches de Laurent Gbagbo font rage. L’ « article 125 » a de plus en plus du mal à s’appliquer, ou s’applique de façon violente et sans pitié quand l’occasion se présente. Dans les communes comme Yopougon et Koumassi, les miliciens du régime FPI arrêtent de brûler vifs des innocents. Devant l’âpreté des combats, mercenaires et miliciens ont fort à faire face aux FRCI. Dans les quartiers d’Abobo, on respire mieux. Les chars et les mercenaires de Laurent Gbagbo sont plus préoccupés à contrer l’ennemi que de s’en prendre aux populations. « Le commando invisible » qui a jusqu’ici défendu les populations, s’est joint aux FRCI pour mener la vie dure aux hommes du général Dogbo Blé Bruno et du commandant Jean-Noël Abéhi. Le centre d’intérêt des tueurs de Laurent Gbagbo a donc changé. Les populations civiles sont de moins en moins victimes de tuerie de la part des mercenaires et miliciens de Gbagbo. Partie pour finir en 48 heures, la bataille va durer dix jours. Les Abidjanais vivent dans l’angoisse.
Le bruit des canons, des obus et des bombes traumatisent fortement la population. Les corridors étant fermés, les vivriers et les aliments de première nécessité ont du mal à parvenir dans la ville. Une pénurie alimentaire guette les Abidjanais. Cette pénurie entraine une flambée des prix. Dans les communes populaires comme Yopougon, Koumassi, Abobo, on assiste à des scènes de pillages. La situation devient intenable pour la population. Le couvre-feu devenant de plus en plus contraignant, la population est au bord de la rupture.
Les rues de certains quartiers sont jonchées de cadavres. Les proches et amis sont parfois obligés de les brûler pour éviter les odeurs fétides dues à leur décomposition. A Yopougon, les mercénaires et miliciens règnent en maitres incontestés. La bataille perdure. L’offensive des FRCI marque le pas. Les chars de Laurent Gbagbo et les snipers postés sur les immeubles gênent beaucoup la progression des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Le 30 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution contre les armes lourdes de Laurent Gbagbo pour protéger les populations civiles. Le 4 avril, les premiers bombardements contre les positions militaires des hommes du président déchu commencent. En réponse à cette entrée en scène de la communauté internationale, le camp Gbagbo répond par des tirs sur le quartier général de l’ONUCI à Sébroko, l’enlèvement d’Yves Lambelin, DG de SIFCA et de ses compagnons d’infortune et des attaques contre les résidences de certains ambassadeurs comme celles du Japon et de la France. Le 10 avril, l’hôtel du Golf où se sont réfugiés les présidents Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, les membres du gouvernement et bien d’autres militants des différents partis du RHDP est attaqué à l’arme lourde. Le même jour, l’ONU, par la voix du représentant spécial du secrétaire général de l’organisation en Côte d’Ivoire, réagit. Pour elle, cette attaque est considérée comme une déclaration de guerre à la communauté internationale. Dans la soirée, le palais présidentiel et surtout la résidence des chefs d’Etat de Côte d’Ivoire où sont réfugiés Laurent Gbagbo et ses proches, est bombardée par les hélicoptères de l’ONUCI et de la force Licorne, sa force d’appui. Les bombardements se poursuivent toute la nuit. Le lendemain, au petit matin, plusieurs blindés de l’armée française quadrille la zone où se trouve la résidence présidentielle. En fin de matinée, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire investissent la zone et pénètrent dans la résidence. Laurent Gbagbo est capturé par le commandant Touré Hervé dit « Vetcho » et ses hommes. Son épouse Simone Gbagbo, ses enfants et quelques proches qui ont trouvé refuge dans la résidence bunkérisée sont également capturés et conduits à l’hôtel du Golf. Les combats sur Abidjan prennent automatiquement fin. Mais quelques mercenaires et irréductibles se replient sur Yopougon.
Pendant près d’un mois, ces tueurs vont semer mort et désolation dans certains quartiers de la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Le 1er mai, les FRCI avec un appui aérien des forces impartiales, lancent une vaste offensive contre la base navale de Locodjro où s’étaient réfugiés les mercenaires et les miliciens fidèles à Laurent Gbagbo. L’offensive dure quatre jours. Le 5 mai, les FRCI ont le total contrôle de Yopougon et mettent fin aux tueries qui avaient cours. Avec la fin de la bataille de Yopougon, les derniers espoirs de Laurent Gbagbo et ses partisans de reconquérir le pouvoir s’envolent. Les mercenaires libériens et sierra léonais à la solde du régime FPI sont pourchassés par les FRCI où tout le long de la Côtière ils sèment la mort dans leur retraite. Les derniers mercenaires qui ont trouvé refuge dans le Bas-Sassandra, sont rattrapés et neutralisés. Le nouveau gouvernement dirigé par le président Alassane Ouattara prend tous les leviers du pouvoir. Le 21 mai, le nouveau président de la République est investi à Yamoussoukro devant le président Nicolas Sarkozy et plusieurs chefs d’Etat. Les FRCI, appuyées par les forces impartiales, venaient ainsi de sauver la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.
Jean-Claude Coulibaly
Le 29 mars 2010, dans la soirée, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont à l’entrée d’Abidjan. Plus précisément, au corridor de Gesco à Yopougon. La nouvelle, comme une trainée de poudre, se répand dans tout Abidjan. Créant l’émoi au sein de la population de la capitale économique du pays. Du côté du camp du président élu, le docteur Alassane Ouattara, cette nouvelle est accueillie comme une délivrance. Car, la situation était intenable pour les militants du RHDP. Surtout dans des communes comme Yopougon, Abobo et Koumassi. Dans le camp de Laurent Gbagbo, la nouvelle créée la torpeur et une grande panique. Puisque les jours précédents, toutes les grandes villes de l’intérieur du pays étaient tombées dans l’escarcelle des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Coup sur coup, les hommes de Chérif Ousmane, Ouattara Issiaka dit «Wattao», Mourou Ouattara, Koné Zakaria, Fofana Losséni dit «Loss», Coulibaly Ousmane dit «Ben Laden» et Touré Hervé dit «Vetcho» ont conquis, parfois sans combattre, les villes comme Duékoué, Daloa, Bondoukou, Gagnoa, Abengourou, Yamoussoukro et San Pedro. La conquête de ces villes s’est faite en moins de 72 heures. Le dispositif militaire mis en place par Laurent Gbagbo s’est écroulé comme un château de cartes en l’espace de trois jours. Les FRCI sont à Abidjan. La bataille pour le contrôle d’Abidjan, véritable siège du pouvoir, peut maintenant commencer.
Couvre-feu
Le 30 mars, le Premier ministre, Guillaume Soro, lance un ultimatum à Laurent Gbagbo et à ses hommes. « Nous ne voulons pas un bain de sang à Abidjan », raisonne-t-il. Mais, ses paroles tombent dans des oreilles de sourds. L’entrée des FRCI à Abidjan se fait dans les fracas de bombes et d’obus. Dans les sous-quartiers, les habitants se terrent. Personne n’ose s’aventurer à 200 mètres de chez lui. On se protège comme on peut. Les barricades de fortune envahissent les rues. La nuit tombée, tables, étals, briques et même carcasses de voitures envahissent les avenues et rues pour constituer des « murs de défense ». Les combats entre FRCI, militaires, mercenaires et miliciens proches de Laurent Gbagbo font rage. L’ « article 125 » a de plus en plus du mal à s’appliquer, ou s’applique de façon violente et sans pitié quand l’occasion se présente. Dans les communes comme Yopougon et Koumassi, les miliciens du régime FPI arrêtent de brûler vifs des innocents. Devant l’âpreté des combats, mercenaires et miliciens ont fort à faire face aux FRCI. Dans les quartiers d’Abobo, on respire mieux. Les chars et les mercenaires de Laurent Gbagbo sont plus préoccupés à contrer l’ennemi que de s’en prendre aux populations. « Le commando invisible » qui a jusqu’ici défendu les populations, s’est joint aux FRCI pour mener la vie dure aux hommes du général Dogbo Blé Bruno et du commandant Jean-Noël Abéhi. Le centre d’intérêt des tueurs de Laurent Gbagbo a donc changé. Les populations civiles sont de moins en moins victimes de tuerie de la part des mercenaires et miliciens de Gbagbo. Partie pour finir en 48 heures, la bataille va durer dix jours. Les Abidjanais vivent dans l’angoisse.
Le bruit des canons, des obus et des bombes traumatisent fortement la population. Les corridors étant fermés, les vivriers et les aliments de première nécessité ont du mal à parvenir dans la ville. Une pénurie alimentaire guette les Abidjanais. Cette pénurie entraine une flambée des prix. Dans les communes populaires comme Yopougon, Koumassi, Abobo, on assiste à des scènes de pillages. La situation devient intenable pour la population. Le couvre-feu devenant de plus en plus contraignant, la population est au bord de la rupture.
Les rues de certains quartiers sont jonchées de cadavres. Les proches et amis sont parfois obligés de les brûler pour éviter les odeurs fétides dues à leur décomposition. A Yopougon, les mercénaires et miliciens règnent en maitres incontestés. La bataille perdure. L’offensive des FRCI marque le pas. Les chars de Laurent Gbagbo et les snipers postés sur les immeubles gênent beaucoup la progression des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Le 30 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution contre les armes lourdes de Laurent Gbagbo pour protéger les populations civiles. Le 4 avril, les premiers bombardements contre les positions militaires des hommes du président déchu commencent. En réponse à cette entrée en scène de la communauté internationale, le camp Gbagbo répond par des tirs sur le quartier général de l’ONUCI à Sébroko, l’enlèvement d’Yves Lambelin, DG de SIFCA et de ses compagnons d’infortune et des attaques contre les résidences de certains ambassadeurs comme celles du Japon et de la France. Le 10 avril, l’hôtel du Golf où se sont réfugiés les présidents Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, les membres du gouvernement et bien d’autres militants des différents partis du RHDP est attaqué à l’arme lourde. Le même jour, l’ONU, par la voix du représentant spécial du secrétaire général de l’organisation en Côte d’Ivoire, réagit. Pour elle, cette attaque est considérée comme une déclaration de guerre à la communauté internationale. Dans la soirée, le palais présidentiel et surtout la résidence des chefs d’Etat de Côte d’Ivoire où sont réfugiés Laurent Gbagbo et ses proches, est bombardée par les hélicoptères de l’ONUCI et de la force Licorne, sa force d’appui. Les bombardements se poursuivent toute la nuit. Le lendemain, au petit matin, plusieurs blindés de l’armée française quadrille la zone où se trouve la résidence présidentielle. En fin de matinée, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire investissent la zone et pénètrent dans la résidence. Laurent Gbagbo est capturé par le commandant Touré Hervé dit « Vetcho » et ses hommes. Son épouse Simone Gbagbo, ses enfants et quelques proches qui ont trouvé refuge dans la résidence bunkérisée sont également capturés et conduits à l’hôtel du Golf. Les combats sur Abidjan prennent automatiquement fin. Mais quelques mercenaires et irréductibles se replient sur Yopougon.
Pendant près d’un mois, ces tueurs vont semer mort et désolation dans certains quartiers de la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Le 1er mai, les FRCI avec un appui aérien des forces impartiales, lancent une vaste offensive contre la base navale de Locodjro où s’étaient réfugiés les mercenaires et les miliciens fidèles à Laurent Gbagbo. L’offensive dure quatre jours. Le 5 mai, les FRCI ont le total contrôle de Yopougon et mettent fin aux tueries qui avaient cours. Avec la fin de la bataille de Yopougon, les derniers espoirs de Laurent Gbagbo et ses partisans de reconquérir le pouvoir s’envolent. Les mercenaires libériens et sierra léonais à la solde du régime FPI sont pourchassés par les FRCI où tout le long de la Côtière ils sèment la mort dans leur retraite. Les derniers mercenaires qui ont trouvé refuge dans le Bas-Sassandra, sont rattrapés et neutralisés. Le nouveau gouvernement dirigé par le président Alassane Ouattara prend tous les leviers du pouvoir. Le 21 mai, le nouveau président de la République est investi à Yamoussoukro devant le président Nicolas Sarkozy et plusieurs chefs d’Etat. Les FRCI, appuyées par les forces impartiales, venaient ainsi de sauver la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.
Jean-Claude Coulibaly