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Société Publié le mercredi 29 juin 2011 | Star Mag Plus

Des lesbiennes battues, violées et tuées

Jeudi 5 mai, une adolescente de 13 ans, qui revendiquait son homosexualité, a été violée sur le chemin de son école, dans le centre de Pretoria, la Capitale de l’Afrique du Sud, selon le Ministère de la Justice. En début de matinée du dimanche de Pâques, le 24 avril, c’est le corps de Noxolo Nogwaza, une lesbienne de 24 ans, qui a été retrouvé dans une ruelle du township de Kwa Thema, situé à l’est de Johannesburg. Crâne écrasé, dents arrachées, yeux exorbités, son visage était méconnaissable, selon des témoins. Des parties de son corps ont été lacérées avec des tessons de verre, et des préservatifs usagés ont été retrouvés près du cadavre. La veille, dans un bar, cette militante pour les droits des personnes homosexuelles avait eu une altercation verbale avec un groupe d’hommes qui faisaient des avances à sa petite amie. Peu relayés dans la presse locale, ces deux faits tragiques illustrent un phénomène persistant en Afrique du Sud – et même en augmentation selon des associations –, baptisé le viol “correctif”. Des hommes obligent des lesbiennes à avoir des relations sexuelles avec eux, jugeant que cela permettra à celles-ci d’être “soignées” et d’être remises “dans le droit chemin”. “La mort de Nogwaza est le dernier d’une longue série de crimes sadiques visant les lesbiennes, les homosexuels et les trans-sexuels en Afrique du Sud”, a réagi dans un communiqué l’organisation internationale Human Rights Watch.

Les policiers
ferment les yeux
Selon l’association Luleki Sizwe basée au Cap, 31 lesbiennes ont été tuées au cours de la dernière décennie en Afrique du Sud. Chaque semaine, plusieurs lesbiennes seraient violées dans le pays, mais il est difficile de connaître l’ampleur exacte du phénomène en raison de l’absence de statistiques officielles. Les victimes lesbiennes vont rarement porter plainte au commissariat le plus proche car elles y trouvent souvent des policiers qui préfèrent fermer les yeux et qui, pour certains d’entre eux, estiment même qu’elles l’ont “bien mérité”, favorisant ainsi une culture de l’impunité.
La violence sexuelle (près de 500 000 viols par an), le machisme et la misogynie demeurent très présents dans la société sud-africaine. La “nation arc-en-ciel” a pourtant l’une des constitutions les plus progressistes en termes de protection des minorités. Alors que la majorité des pays africains condamnent encore pénalement l’homosexualité, les couples homosexuels sud-africains peuvent adopter un enfant depuis 2002 et se marier depuis 2006. Ce sont surtout dans les townships, ces vastes quartiers pauvres situés à la périphérie des grandes villes, que les lesbiennes vivent un enfer. Elles sont sujettes au quotidien aux menaces qui peuvent à tout moment être mises à exécution. A l’image de cet homme qui lance à cette militante lesbienne: “Tu as besoin de prendre une leçon car tu te comportes trop comme un homme.” Celle-ci raconte que son ex-copine est morte du sida après avoir été contaminée lors d’un viol par plusieurs hommes.

Le gouvernement
critiqué pour
sa complaisance
Critiqué pour sa complaisance envers ces crimes, le gouvernement Sud-Africain a annoncé la semaine dernière la création d’un groupe de travail chargé de proposer des mesures permettant de lutter contre ces agressions (campagne de sensibilisation, mise à disposition de refuges pour des homosexuels en danger, etc.). En quelques mois, une pétition de l’organisation internationale Avaaz réclamant la condamnation publique des viols “correctifs” par les autorités sud-africaines, avait recueilli plus de 900 000 signatures. Le texte exigeait aussi la reconnaissance pénale des crimes de haine. En 2008, Eudy Simelane, une ancienne joueuse lesbienne de l’équipe nationale de football féminin, a été violée par plusieurs hommes, battue et poignardée 25 fois. Deux hommes ont été condamnés pour sa mort en 2009, mais à l’époque, les juges n’avaient pas estimé que son meurtre était lié à son orientation sexuelle.



Homosexualité
Dans l’univers des lesbiennes d’Abidjan
l Tout sur l’intimité des “Lélé’’

L’homosexualité a pris de l’ampleur en Côte d’Ivoire depuis quelques années. Si des hommes ne se gènent plus pour afficher leur appartenance sexuelle, au niveau des filles, les choses ne semblent pas si faciles. Nous avons donc fait une incursion dans le Monde des lesbiennes d’Abidjan. Notre enquête.

Mardi 17 Mai 2011, nous décidons de mener une enquête sur les lesbiennes à Abidjan. Nous nous rendons donc dans un bar à Koumassi-Remblais, réputé pour être le lieu de retrouvailles entre ces filles homosexuelles. Une fois dans l’enceinte du bar, nous nous rendons compte que c’est un cercle assez fermé et que, pour y entrer, les choses ne sont pas aussi faciles pour les non-initiées comme nous. Nous prenons un pôt et attendons patiemment que ‘’quelque chose’’ se passe. Mais rien d’anormal. Apparemment, les filles prennent leurs dispositions pour ne pas attirer l’attention de tout le monde. Après quelques jours de repli, nous décidons de changer de stratégie en confiant notre souci à un ami ‘’gay’’ coiffeur, surnommé Léon pour la circonstance, qui nous sera donc d’un grand apport par la suite. C’est donc lui qui nous ouvre ‘’le sésame’’. Ses consignes sont claires. Pas de photos ni d’indication des lieux, encore moins des personnes que nous allons rencontrer. Nous optons donc pour des initiales assez communes. ‘’Pour le moment, elles n’assument pas encore toutes leur statut. Il sera donc très maladroit de les exposer. En plus, les propriétaires de bars de rencontres n’aiment pas être fichés parce que tout le monde ne prend pas la chose en fair-play’’, nous explique t-il. Nous sommes d’accord avec toutes les consignes. Notre enquête peut donc démarrer. Le mardi suivant, 24 Mai, nous devons nous rendre dans le même bar, cette fois, en compagnie de Léon, notre ‘’guide’’. Pour cette première soirée au contact des “lélés”, Léon nous conseille de nous habiller à la “garçonne’’. Bien pris. Un pantalon Jean, un polo, une casquette et une paire de baskets sont les accessoires choisis à cet effet. Lorsque nous arrivons chez Léon peu avant 20h, il est tout fier de nous, avec, selon lui, cet accoutrement qui nous va à ravir. Il nous explique alors qu’en général, les filles sont en quête “d’hommes’’ et que c’est sûr que notre allure pourrait mieux les intéresser et permettre d’intégrer facilement leur milieu. Nous suivons donc les consignes à la lettre. Dès que nous y posons les pieds, Léon crée l’émeute, car il est très connu par les filles. “C’est comme ça qu’elles sont, ce sont mes copines’’, nous confie t-il. Nous trouvons sur place quelques clients parmi lesquels trois couples de lesbiennes, qu’il nous présente discrètement. C’est lui qui engage la causette avec “ses copines’’. Elles parlent de tout et de rien. Il nous présente comme une de ses “soeurs’’. Très vite, le courant passe. Passés les premiers moments d’observation, les choses commencent à se passer comme nous le voulons. Tout le monde est relax et, l’alcool aidant, les filles ne se gênent plus pour se tripoter et s’embrasser, au vu et au su de toute la clientèle qui semble habituée à ce spectacle. Cependant, impossible pour nous d’aborder l’objet de l’enquête en cette nuit. “C’est trop frais. Allons-y doucement parce qu’il ne faut pas qu’elles aient peur de se confier à vous’’, nous recommande Léon avec qui nous prenons rendez-vous pour le lendemain, Mercredi 18 Mai 2011. Cette fois, c’est dans l’après-midi que nous nous retrouvons avec nos “amies’’. L’atmosphère est plus détendue car elles semblent plus habituées à nous. Léon nous laisse en leur compagnie, prétextant une course rapide à Cocody. Nous nous faisons même quelques copines entre temps parce que nous ne manquons pas de leur raconter des blagues. Nous passons la matinée dans un “attiékédrome’’ réputé de Marcory où nous partageons un plat avant de nous séparer parce que l’après-midi, nous avons notre réunion de prise de menus. Entre temps, nous leur “faisons’’ comprendre que nous ne sommes pas de leur bord, mais que toutefois, nous ne leur en voulons pas d’avoir choisi cette voie. L’occasion est d’ailleurs bonne pour souffler à deux d’entre elles, que nous sommes journaliste et que nous faisons une enquête dans leur milieu. Nous prenons un autre rendez-vous dans la soirée, cette fois, chez l’une des filles en Zone 4, avec Léon, notre compagnon qui est décidé à nous accompagner jusqu’au bout de notre aventure.

“L’amour entre femmes ne se
raconte pas’’
Une fois chez cette dernière, nous décidons de lancer un ballon d’essai en leur demandant comment elles vivent leur amour. “L’amour entre femmes ne se raconte pas”, nous dit, tout de suite, A.D. Pour elle, il n’y a pas de comparaison entre faire l’amour avec une femme et le faire avec un homme, parce que ce ne sont pas les mêmes charges émotionnelles. “Il faut compter avec la douceur de la femme alors que certains hommes sont très violents” déclare-t-elle, le sourire en coin, très détendue et presque provocatrice. S.X, pour sa part, ne cache plus sa préférence pour les femmes, après avoir eu deux enfants d’aventures qui ont tourné court. En attendant de convoler un jour, en justes noces, avec un homme qui acceptera son statut, elle dit ne trouver son plaisir désormais qu’avec les femmes. Mais, comment font-elles pour aborder les filles, sachant que tout le monde n’est pas en mesure d’accepter cette situation? “Déjà, j’essaie de devenir son amie et, une fois que c’est fait, je lui demande, en plaisantant, ce qu’elle penserait si je lui avouais que je suis lesbienne. Si elle réagit mal, c’est foutu. Par contre, si elle réagit positivement, je fonce. De toutes les façons, être lesbienne, ce n’est plus une tare alors, je n’hésite pas à assumer le fait d’être lesbienne”, nous fait clairement savoir E.H. A.T, une autre, renchérit en expliquant que, comme il n’y a véritablement plus de signes disctinctifs, les lesbiennes font aujourd’hui la politique du “premier contact’’. “Auparavant, l’on nous distinguait avec nos chevillières (chaînes au pied). A la longue, toutes les filles ont commencé à les porter parce que cela faisait “tendance’’, sans toutefois savoir que c’est notre “mot de passe’’. Quelques années plus tard, nous nous reconnaissions à travers des bagues à l’index gauche. Mais cette marque aussi, a été galvaudée. Finalement, nous n’avons plus véritablement de signes pour nous reconnaître. Nous procédons donc généralement par des approches. Tout cela aussi parce qu’il n’y a pas de “Gay Pride’’ en Côte d’Ivoire pour le moment’’, nous explique t-elle.

Rencontres à souhait sur des sites Internet homos
En effet, aujourd’hui, celles qui ne cachent plus leur pratique sexuelle, vont même jusqu’à utiliser les NTIC pour dénicher l’âme soeur. Et, des sites Internet pillulent à ce sujet. Sur tous les sites de rencontres, les lesbiennes ont une page. Une visite sur quelques pages, nous permettent d’ailleurs de découvrir que de plus en plus, les jeunes filles dévoilent sur la toile qu’elles n’ont rien à ‘’cirer’’ avec les hommes. “Je ne suis ni fière ni honteuse, je suis lesbienne et je suis bien comme je suis” écrit D. C sur le mur du “Club pour les Lesbiennes d’Abidjan’’ sur Facebook. J. N. Elle, est allée jusqu’à créer sa propre page “Lesbian of the World’’ (Lesbiennes du Monde) pour mieux se faire répérer. Celle-ci, illustrée par des photos très explicites. “Ici, c’est encore très difficile pour les autres d’accepter notre statut. Mais, aujourd’hui, il y a des pays où les lesbiennes peuvent se marier et j’espère que je pourrai trouver l’âme soeur afin de vivre ma sexualité en toute liberté”, fait savoir M.A.J avec qui nous avons communiqué sur Internet. Concernant les raisons qui les ont poussées à rentrer dans ce milieu, nous avons pu comprendre qu’elles sont de plusieurs ordres. “J’étais fatiguée des déceptions amoureuses. Chaque fois que j’essayais de me mettre avec un homme, c’était l’échec et j’avais très mal. Après ma dernière déception il y a trois ans, une amie m’a invitée dans un club pour oublier le chagrin qui me rongeait. Dans cet endroit, je voyais des filles s’embrasser et même se “lécher’’. Au départ, je trouvais cela dégoutant, mais au fil des heures, l’alcool aidant, je me suis laissée aller et aujourd’hui, je préfère les femmes’’ nous raconte D.Y.

“C’est ce qui
équilibre mon foyer’’
A côté de celle-là qui est devenue lesbienne parce que déçue des hommes, il y a une seconde catégorie qui est composée des vicieuses et de femmes qui ont fait de l’amour avec une autre femme, un fantasme. “J’ai commencé à “aller’’ avec les filles au départ, par curiosité. Aujourd’hui, même mariée, je ne peux plus m’en passer. Je rencontre une ou deux fois, par semaine, des femmes avec qui je fais l’amour de façon passionnée. Je n’arrive pas à m’en passer et je crois d’ailleurs que c’est ce qui équilibre mon foyer”, déclare pour sa part, J.W, toute fière de son histoire. D’un autre côté, il ya des femmes qui deviennent lesbiennes par manque de moyens financiers. Elles le font juste pour subvenir à leurs besoins. Le Jeudi 26 Mai 2011, nous avons eu la preuve palpable de cette situation. S.Y, l’une de nos “nouvelles amies’’ avait rendez-vous avec une de ses “Marraines’’ aux II Plateaux. Nous lui proposons de l’accompagner. Au départ, elle hésite, mais finit par accepter notre proposition, surtout qu’elle sait que c’est dans le cadre de notre enquête. “Tu sais, dans notre milieu-là, il y a trop de ‘’raseuses’’. Dès que tu leur présentes une dame et qu’elles savent qu’elle est riche, elles vont te torpiller auprès de cette personne pour prendre ta place. Mais comme toi tu n’es pas dans notre “Groupe’’, on peut y aller sans problème. Mais tu restes dans ton coin parce qu’elle n’aime pas trop les filles effrontées. De nombreuses femmes nanties de ce pays sont dans notre club. Elles nous entretiennent convenablement. Mais elles aiment la discrétion’’ nous prévient-elle. Ce que nous acceptons sans condition. Après un tour au salon de coiffure pour se faire une manucure-pédicure, nous embarquons dans un taxi vers 16h. Direction, Les Deux Plateaux-Vallons. Quelques minutes plus tard, nous arrivons à destination. Lorsque nous franchissons le portail, nous aperçevons une Dame qui nous accueille à l’entrée de son salon. Belle, soignée, imposante et sûrement riche. Elle fait mine grise au départ, en nous voyant en compagnie de son “Petit Coeur’’ comme elle l’appelle. Mais, après deux regards partagés, elle nous serre la main et nous demande même “comment nous allons’’. Nous répondons par l’affirmative. Elle embrasse S.Y. Sur la bouche, avant de nous demander de nous installer au salon. Ce que nous faisons. Quelques minutes plus tard, un domestique vient nous servir à boire. Pendant que nous regardons la télévision, S.Y va “s’entretenir’’ avec sa “vieille mère’’ dans la chambre de cette dernière. Aux environs de 18h, les deux amoureuses sortent de la chambre, riant aux éclats. Nous nous retrouvons toutes les trois au salon pour discuter de façon conviviale. Nous demandons à nous retirer. Arrivées à son domicile, S.Y nous montre l’argent que la Dame lui a donné (250.000f CFA). Nous sommes assez surprise par ce geste, mais S.Y nous fait comprendre qu’elle reçoit souvent plus que cela. Elle nous explique alors que c’est de cette façon qu’elle arrive à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille qui se trouve au village et qui ne sait pas quel métier elle exerce à Abidjan. Après une bonne semaine dans l’intimité des lesbiennes d’Abidjan, nous comprenons qu’il ya aujourd’hui une bonne frange de la gent féminine qui a fait le choix de vivre une histoire d’amour pas ordinaire et en général, elle ne s’en cache pas.

Solange ARALAMON
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