La ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, a annoncé d’importantes décisions concernant le port de l’uniforme, la décence des jupes, le respect des dispositions de la loi indiquant qu’il faut être majeur pour militer dans un parti politique, les activités politiques et syndicales dans les écoles, etc. Elle les a dévoilées en présence de la Fédération nationale des établissements privés laïcs de Côte d’Ivoire (Feneplaci), au Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci) et à l’Union des syndicats d’enseignants du privé laïc de Côte d’Ivoire (Uselci), samedi 25 juin 2011. Sur la question du retour de l’uniforme, il faut rappeler que c’est en septembre 2001 que la décision avait été prise. C’était pour, disait-on, réduire les coûts de scolarisation, afin d’alléger les charges financières des parents d’élèves, en vue de favoriser l’accès à l’école d’un grand nombre d’enfants. Le 29 août 2002, lors d’une conférence de presse tenue dans le cadre de la rentrée scolaire 2002-2003, le ministre Michel N’guessan Amani s’était satisfait des résultats enregistrés. « Son effectivité est nettement plus perceptible, dans les zones déshéritées. L’exemple de Sandégué l’atteste éloquemment avec un pourcentage d’application de ladite mesure à hauteur de 93,37% . Le bilan démontre que la décision de libéraliser la tenue scolaire est juste», avait-il déclaré. En revenant au point de départ, on se demande si la ministre a tenu compte des rapports faits antérieurement ou si elle a pris la décision juste pour effacer les traces de ses prédécesseurs. Si tel était le cas, Kandia Camara jouerait contre un pan entier du projet de société du Président Alassane Ouattara dont le premier point est l’égalité de chances pour tous les jeunes ivoiriens, en matière d’Education. Car, dans le nord, l’uniforme pourrait être un facteur qui limite l’objectif évoqué du Président de la République, même si en 2004, l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Unapeeci), contestant la libéralisation du port de l’uniforme, avait déclaré: « (…) L’uniforme est moins cher sur le marché. L’uniforme est un référentiel qui met chaque élève à l’abri de tout. L’uniforme est un élément d’éducation de l’enfant ».
La loi
Quant à la position de la ministre de ne pas vouloir d’activités syndicales dans les écoles, elle prend tout simplement à contre-pied la loi n°2000- 513 du 1er août 2000 portant constitution de la Côte d’Ivoire, en ses articles 9 et 18 ainsi respectivement libellés : « La liberté de pensée et d'expression, notamment la liberté de conscience, d'opinion religieuse ou philosophique sont garanties à tous, sous la réserve du respect de la loi, des droits d'autrui, de la sécurité nationale et de l'ordre public » et « Le droit syndical et le droit de grève sont reconnus aux travailleurs des secteurs public et privé qui les exercent dans les limites déterminées par la loi ». Comment peut-on savoir qu’un syndicat n’exerce pas dans les limites de la loi si l’on ne le voit pas à l’œuvre ? D’ailleurs, la ministre aurait dû associer tous les syndicats du secteur Education/ Formation de son département ministériel à sa réunion de samedi dernier, pour leur donner les informations où s’il y a lieu, partager avec eux, sa vision de l’Education nationale. En choisissant des syndicats qui seront des pantins, qu’elle pourrait facilement actionner ou manipuler à souhait, en cas de besoin, elle risque de s’attirer la foudre de plusieurs autres qui ne rateraient pas l’occasion de lui rendre un exercice des plus mouvementés, légalement. Elle devrait, surtout en cette période de réconciliation, tendre la main à tous, pour préparer la paix à l’Ecole. Et puis, un syndicat n’est pas créé pour seulement revendiquer. En effet, il peut participer à la vie du système, en faisant des propositions constructives. Si toutes les intelligences sont fécondées pour regarder dans la même direction, on comprendrait mal comment des remous pourraient détruire « la maison » commune. Les préoccupations de la ministre d’assainir le secteur Education/ formation semblent légitimes, mais elle devrait éviter de prendre des décisions liberticides. Au total, les syndicats pourraient bien exister dans les écoles, mais dans les limites de la loi. Toute activité, hors de ce cadre, pourrait exposer les auteurs à des sanctions. Une fois que tout sera clair dans l’esprit de chacun, il y aurait moins de mal à faire tourner l’engrenage. Et le président Ouattara s’en trouverait moins affaibli, sur le plan de l’éducation.
Dominique FADEGNON
La loi
Quant à la position de la ministre de ne pas vouloir d’activités syndicales dans les écoles, elle prend tout simplement à contre-pied la loi n°2000- 513 du 1er août 2000 portant constitution de la Côte d’Ivoire, en ses articles 9 et 18 ainsi respectivement libellés : « La liberté de pensée et d'expression, notamment la liberté de conscience, d'opinion religieuse ou philosophique sont garanties à tous, sous la réserve du respect de la loi, des droits d'autrui, de la sécurité nationale et de l'ordre public » et « Le droit syndical et le droit de grève sont reconnus aux travailleurs des secteurs public et privé qui les exercent dans les limites déterminées par la loi ». Comment peut-on savoir qu’un syndicat n’exerce pas dans les limites de la loi si l’on ne le voit pas à l’œuvre ? D’ailleurs, la ministre aurait dû associer tous les syndicats du secteur Education/ Formation de son département ministériel à sa réunion de samedi dernier, pour leur donner les informations où s’il y a lieu, partager avec eux, sa vision de l’Education nationale. En choisissant des syndicats qui seront des pantins, qu’elle pourrait facilement actionner ou manipuler à souhait, en cas de besoin, elle risque de s’attirer la foudre de plusieurs autres qui ne rateraient pas l’occasion de lui rendre un exercice des plus mouvementés, légalement. Elle devrait, surtout en cette période de réconciliation, tendre la main à tous, pour préparer la paix à l’Ecole. Et puis, un syndicat n’est pas créé pour seulement revendiquer. En effet, il peut participer à la vie du système, en faisant des propositions constructives. Si toutes les intelligences sont fécondées pour regarder dans la même direction, on comprendrait mal comment des remous pourraient détruire « la maison » commune. Les préoccupations de la ministre d’assainir le secteur Education/ formation semblent légitimes, mais elle devrait éviter de prendre des décisions liberticides. Au total, les syndicats pourraient bien exister dans les écoles, mais dans les limites de la loi. Toute activité, hors de ce cadre, pourrait exposer les auteurs à des sanctions. Une fois que tout sera clair dans l’esprit de chacun, il y aurait moins de mal à faire tourner l’engrenage. Et le président Ouattara s’en trouverait moins affaibli, sur le plan de l’éducation.
Dominique FADEGNON