Les Ivoiriens ont besoin de se retrouver, de se parler. Au final, il s’agit de reconstruire le tissu social et de refaire vivre la coexistence des différents groupes nationaux. Les Ivoiriens ne sont pas obligés de s’aimer disait, pince sans rire, l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo. Une logique qui a poussé son régime à dresser les ethnies, les régions et les religions les unes contre les autres. Il fallait que tous soient dans la haine. Il fallait que personne ne croie en un pays dont la principale richesse vient de sa diversité, et de la mosaïque humaine. Les institutions de l’Etat, les corps organisés, à l’instar des forces de sécurité, ont par ailleurs été abreuvés de ce venin de la haine et de la division. Résultats, pour vivre, il fallait s’en prendre à l’autre. Le déposséder, au besoin l’éliminer. Cette pratique a été portée en jeu national. Le bilan de Gbagbo au plan de la cohésion sociale est catastrophique. A l’image de tous les secteurs d’ailleurs de la vie nationale. Maintenant, les Ivoiriens doivent recoller les morceaux. Un travail indispensable de grande envergure. Dans cette tâche nationale, les artistes auront un rôle de premier plan à jouer. La musique, les arts plastiques, la danse, le théâtre, pour ne citer que quelques uns, sont pour les Ivoiriens et l’ensemble de la population vivant dans le pays un facteur de brassage et de rassemblement. Un peu comme pour le sport, le football en particulier. Les artistes par leur talent, dépassent les partis politiques, et les groupes spécifiques. Mais, pour être un levier des retrouvailles et de la formation du nouveau contrat social, les artistes et hommes de culture se doivent de refaire leurs propres murs lézardés par des conflits personnels et le jeu politique malsain de ces dernières années. Deux figures de proue de la musique ivoirienne ont donné le ton. Alpha Blondy et Tiken Jah se sont retrouvés et ont décidé de tourner le dos au passé de mésentente et d’invectives. Un exemple à suivre.
D. Al Seni
D. Al Seni