La guerre terminée, Toulepleu rêve d'une autre vie, meilleure celle-là. La cité frontalière déplore les errements de certains des siens et supplie l'Etat et l'ONUCI de la faire progresser. « Enfin, la guerre est terminée et la paix retrouvée en Côte d'Ivoire », s'est réjoui face à Hamed Bakayoko et Joung-Jin Choi le Porte-porale Nibo Isidore. « Satisfaites, les populations vous demande de féliciter le Président de la République pour son élection, sa tolérance et son esprit de réconciliation ». Ses sentiments sont compréhensibles. Toulepleu a payé un lourd tribut dans cette longue crise. Dans la ville et dans de nombreux villages, plusieurs maisons sont décoiffées sinon incendiées. Les crimes de sang sont tout aussi nombreux. « Nos blessures sont béantes », confirme le Maire Gnanhou Marcellin au Ministre de l'Intérieur et au Patron de l'ONUCI. Une situation qui a fait fuir de nombreuses populations vers le Libéria voisin notamment. « Après notre visite au Libéria pour rencontrer les refugiés, 5000 d'entre eux sont déjà revenus, annonce Karim Diarra, Préfet de la ville. Ils sont encore 6000 à attendre ». Des Ivoiriens qui espèrent vraiment retourner chez eux. « Les gens ont encore peur, avoue Nibo Isidore. Ils craignent des représailles. Mais votre présence aujourd'hui ici nous rassure davantage pour notre sécurité. Cependant, avec L'allure que prend la situation, un retour massif est certain ». La situation s'est effectivement améliorée depuis. Jean Ifa, commandant de la 3ème Compagnie de l'ONUCI à Toulepleu parle d'une « reprise progressive des activités ». Un marché quotidien existe et les écoliers ont repris le chemin des classes. « La réconciliation dévient une réalité peu à peu », note le Maire. Ce que confirme le Préfet : « Ici, il n'y a pas de camp de déplacés. Les réfugiés de retour intègrent immédiatement leur ancien cadre de vie. Même si les cadres ne s'impliquent pas et professent un renversement de situation, la cohésion communautaire est une réalité. La situation s'est nettement améliorée. Les populations aspirent à la paix et à la réconciliation». Toutefois, Toulepleu manque de beaucoup de chose. Le Préfet reçoit le Ministre et le Patron de l'ONUCI sous un préau d'hôtel. Bien que présent, le médecin de la ville ne travaille pas, faute de matériels de travail et de médicaments. Le Commissariat et le Gendarmerie sont inexistants. Il n'existe en fait plus de bâtiments administratifs. En somme, la présence de l'Etat est amoindrie en raison de l'indigence de ses représentants. « Nous demandons à l'Etat et à l'ONUCI de nous aider, supplie presque Nibo Isidore. Nous demandons la réhabilitation de nos maisons pillées et des bâtiments administratifs et aussi la réduction des barrages des FRCI ». Ceux-ci l'avaient déjà compris. Choi informe que la Préfecture, les sous-préfectures, le Commissariat, la Gendarmerie, seront réhabilités et équipés. Le camp de la 3ème compagnie, l'un des 8 promis par l'ONU, sera sous peu fonctionnel. « Toulepleu sera privilégiée comme c'est le cas avec ce projet de l'ONUCI », a promis le ministre de l'Intérieur. « Vos souffrances vont finir. Vous aussi, vous avez droit à un peu de bonheur », conclut-il.
KIGBAFORY Inza
Envoyé spécial dans le Moyen Cavally
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