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Politique Publié le vendredi 8 juillet 2011 | Ministères

Conférence sur la réconciliation nationale: Allocution de SEM Daouda Diabaté, Ambassadeur de Cote d`Ivoire aux Etats-Unis d`Amérique

© Ministères
Les Etats-Unis ont reconnu officiellement vendredi l’ambassadeur Daouda DIABATE de Côte d’Ivoire nommé par le président Alassane Ouattara
SEM Daouda DIABATÉ
New York, le dimanche 3 juillet 2011

- Madame Rose-Marie Guiraud, Organisatrice Principale de la Journée de Réconciliation des Ivoiriens des Etats-Unis,

- Mesdames et Messieurs les Représentants des Partis politiques,

- Monsieur Sidique White, Président de Africa united Congress ;

- Mesdames et Messieurs les Diplomates des Missions Africaines,

- Honorables Chefs religieux,

- Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations de la Société civile,

- Mesdames et Messieurs les Journalistes,

- Chers Amis de la Côte d'Ivoire,

- Distingués Invités,

- Chers Compatriotes,

- Mesdames et Messieurs,

Je voudrais de prime abord exprimer mes sincères remerciements et mes vives félicitations à Madame Marie-Rose GUIRAUD, pionnière de la chorégraphie ivoirienne voire africaine et organisatrice principale de cette journée.

De même, nos remerciements et félicitations, au nom de S.E.M. Youssoufou BAMBA, représenté ici par le Chargé d'Affaires, et en mon nom personnel, s'adressent à tous nos frères et sours qui se sont activement investis en vue de la réussite de ce projet.

Je suis particulièrement heureux de noter, à travers votre forte présence ce soir que je tiens à saluer, que la Réconciliation Nationale prônée par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, est déjà en marche ici aux Etats-Unis.

Vous comprendrez donc toute la joie que je ressens d'être parmi vous en cette heureuse circonstance.

Je ne saurais poursuivre mon propos sans vous réitérer mon infinie reconnaissance pour l'accueil chaleureux et fraternel que vous avez bien voulu me réserver par deux fois à Washington, D.C. à l'occasion de mon retour aux Etats-Unis à ce poste prestigieux que le Chef de l'Etat a bien voulu me confier.

L'aimable invitation que vous m'avez adressée pour venir parrainer cette importante conférence sur la Réconciliation Nationale, est une marque supplémentaire de confiance qui, à mon sens, augure de la qualité des relations que nous allons tisser à nouveau, afin de relever ensemble les défis majeurs auxquels se trouve confronté notre pays.

En effet, comme vous le savez, la Côte d'Ivoire, notre beau pays, autrefois havre de paix et de stabilité, a connu des moments de crises profondes et notre responsabilité individuelle et collective en tant qu'Ivoiriens, c'est de nous réconcilier afin de joindre nos efforts pour l'assister. Mais qu'entendons-nous par Réconciliation Nationale ? Et qu'en attendons-nous ?

A l'analyse, la réconciliation nationale s'adresse à des personnes habitant un même pays, qui vivaient auparavant en bonne intelligence, et qui s'étant brouillées, décident de se pardonner pour réapprendre à vivre ensemble de façon pacifique.

Le processus de Réconciliation Nationale soulève donc une série de questions :

- Premièrement : Comment les Ivoiriens ont-ils vécu jusqu'à ce que naisse la brouille ou la mésentente ?

- Deuxièmement : Pourquoi les Ivoiriens se sont-ils brouillés ? Comment devront-ils se réconcilier ?

En d'autres termes comment devront-ils faire pour vivre à nouveau comme des frères et des sours ?

- Troisièmement : Quel intérêt ont les Ivoiriens à se réconcilier entre eux d'une part et avec la communauté internationale d'autre part ? Ou encore que gagnent-ils avec la réconciliation ? Quelles en sont les dividendes ?

I. De 1960 à 1999 : la Côte d'Ivoire, un pays stable et les Ivoiriens, un peuple paisible et relativement prospère


Le Premier Président de la République de Côte d'Ivoire, Feu Félix Houphouët-Boigny, avait dès l'accession à l'indépendance, créé les conditions de la stabilité politique du pays, alors que la plupart des voisins étaient secoués par des coups d'Etat à répétition. Il avait en effet mis en place le cadre d'une concertation politique et sociale pour discuter des affaires de l'Etat. Il s'agissait du «Conseil National», une instance de dialogue qui permettait d'anticiper et de désamorcer les situations pouvant conduire à des crises majeures ou à des conflits.

Toutes les couches sociales, administratives, économiques et politiques du pays étaient représentées au sein de ce Conseil qui se tenait chaque fois que survenait une crise importante nécessitant l'avis du peuple.

Les Ivoiriens qui avaient donc confiance en leurs dirigeants se gardaient d'adopter une attitude violente lorsqu'intervenaient des divergences de vue avec leurs leaders. Le Président Houphouët Boigny qui, de façon inlassables répétait les vertus de la paix et du dialogue, disait par conséquent que la Paix était une seconde religion en Côte d'Ivoire.

Des slogans tels que «la Paix n'est paix un mot, c'est un comportement» ; «le Dialogue est l'arme des forts» ont fini par être intégrés dans le vécu et le comportement des Ivoiriens qui sont, somme toute, un peuple profondément épris de paix.

Plusieurs crises politiques et sociales, qui auraient pu dégénérer et mettre à mal la stabilité du pays ont ainsi été résolues par la voie du Dialogue que préconisait à chaque fois le tout premier Président ivoirien.

C'est dire que les occasions de crises n'ont pas manqué mais c'est la manière de les gérer qui a fait la différence.

Sous l'ère Houphouët-Boigny, la soixantaine d'ethnies que compte le pays vivaient en parfaite harmonie. Cette ère était également marquée par une politique d'ouverture et d'immigration qui favorisait la coexistence entre les Ivoiriens et leurs frères et sours d'autres pays, venus chercher un mieux-être, faisant de la Côte d'Ivoire un véritable melting-pot, un pays d'hospitalité et de la vraie fraternité, comme l'indique si bien notre hymne national.

La forte interpénétration de ces différents groupes, aux plans ethnique, confessionnel, géographique, culturel etc., a constitué le ciment et le socle de la société ivoirienne tout en constituant son atout majeur.

La vocation sous-régionale de notre pays était également au-delà des slogans, une réalité concrète. La Côte d'Ivoire était alors courtisée et adulée. Elle était l'amie de tous et l'ennemie de personne. C'était toutes proportions gardées, les heures de gloire de notre pays aussi bien au plan diplomatique, politique qu'économique.

Cette période, marquée par environ quatre décennies de stabilité et de paix, de développement et de prospérité relatifs, a été hélas suivie par une succession de crises.

II. Les causes des crises successives en Côte d'Ivoire et les solutions préconisées


Depuis plus d'une décennie, la Côte d'Ivoire, notre beau pays, connaît des crises à répétition aussi graves les unes que les autres, et dont les plus importantes sont :

- le coup d'Etat du 24 décembre 1999 ;
- la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 ;
- la crise post-électorale qui s'est transformée en guerre civile en 2011.



Des structures de grande notoriété telles que le Centre Américain d'Etudes Stratégiques, faisant une analyse approfondie des avancées démocratiques en Afrique, ont en effet conclu que la fragilité de nos Etats découlait essentiellement du mode de gestion du pouvoir d'Etat qu'il convient de corriger.

A la suite des différentes crises qu'a connues la Côte d'Ivoire, des instances de dialogue et de réconciliation ont à nouveau été mises en place dans le cadre de la recherche de solutions.

Ainsi, après l'élection présidentielle de 2000, dans les circonstances que nous connaissons tous, le Président Laurent GBAGBO avait initié le Forum pour la Réconciliation Nationale qui devait être une occasion d'apaisement.

Un Ministère chargé de la Réconciliation Nationale avait été créé en 2003, dans le cadre du gouvernement du même nom après la crise du 19 septembre 2002.

Les Accords Politiques de Ouagadougou du 04 mars 2007 sont également considérés comme ayant contribué au processus de réconciliation en Côte d'Ivoire entre les différents protagonistes de la crise du 19 septembre 2002, qui avait eu pour conséquence la partition de fait du pays.

Mais certains problèmes de fond, objet de contentieux latents et auxquels viennent s'ajouter les éléments de la grave et profonde crise actuelle, n'ont pas encore été totalement traités.

C'est donc en connaissance de cause que depuis son élection en novembre 2010, le Président Alassane OUATTARA a fait de la Réconciliation Nationale la première de ses priorités.

Pour traduire en actes concrets sa volonté de rassembler les Ivoiriens, le Chef de l'Etat a mis en place une Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation pour, entre autres, faire la lumière sur les événements post-électoraux ayant occasionné plus de 3000 morts, endeuillant notre pays, et traiter toutes les questions qui pourraient être source de conflits.

A cet égard, le 13 mai 2011, l'ancien Premier Ministre Charles Konan BANNY a été nommé Président de ladite Commission qui s'attèlera à trouver les voies et moyens pour amener les Ivoiriens à se pardonner et à réapprendre à vivre ensemble.

Il convient de reconnaître qu'après cette décennie de crise militaro-politique durant laquelle l'impunité était malheureusement devenue une pratique répandue, la Côte d'Ivoire a désormais soif de justice. Parvenir à nouveau à rassembler et à réconcilier les Ivoiriens est devenu alors un véritable défi en raison de la profondeur et de la gravité de la crise.

La tâche est si ardue et le travail si immense que le Premier Ministre, BANNY, a déclaré que «Réconcilier des frères n'est pas à la portée d'un homme, c'est une ouvre d'essence divine parce que c'est Dieu qui réconcilie».

Pour sa part, le Président OUATTARA estime que, je cite :

- «par-delà nos différences, cherchons à taire nos différends» ;

- «par-delà nos clivages ethniques, ouvrons ensemble à gommer les aspérités qui bloquent l'avancée de la société» ;

- «par-delà nos croyances, consolidons les fondements de la laïcité de l'Etat en prônant la neutralité et la tolérance» ;

- «par-delà notre appartenance à quelque communauté que ce soit, défendons les principes de l'Etat-Nation. Un Etat de droit. Un Etat pour tous et tous pour l'Etat». Fin de citation.

C'est dans la perspective de la réconciliation nationale à laquelle aspire le peuple ivoirien que le Président Alassane OUATTARA, conformément à ses engagements, a décidé :

- de former un Gouvernement regroupant toutes les compétences du pays,

- de pratiquer l'Etat de droit, la bonne gouvernance et la transparence, ainsi que la démocratie.

Il a lancé ainsi, un appel solennel à tous les fils et filles du pays, et à tous ceux qui vivent sur le sol ivoirien, à la réconciliation, au rassemblement et à l'espérance. Il a indiqué à cet égard que rassembler, c'était la vocation de la République et qu'il s'engageait à l'assumer avec patience et acharnement.

La réconciliation passe également par la mise en place de nouveaux programmes d'instruction civique dans les écoles, afin d'inculquer à la jeunesse les principes fondamentaux de la vie en société, à savoir «le vivre ensemble» et la communauté de destin.

De même, bâtir une Nation plus juste, plus équitable, dotée d'institutions fortes et indépendantes constitue une priorité en cette période cruciale de l'Histoire de notre pays. Le Président de la République met chacun de ses compatriotes devant ses responsabilités car rassembler, c'est le rôle de chaque Ivoirien et de chaque Ivoirienne.

Dans son discours d'investiture du 21 mai 2011 à Yamoussoukro, le Président de la République a renouvelé son engagement d'être le garant d'une Côte d'Ivoire laïque, telle que consacrée par la Constitution de notre pays, ainsi que son serment d'être le Président de tous les Ivoiriens, le protecteur des plus faibles et le défenseur des droits de tous ses concitoyens sans exclusive.

Il donne l'assurance que son accession au pouvoir n'est pas la victoire d'un camp sur l'autre, mais la victoire de la fraternité retrouvée marquant un nouveau départ.

Le Chef de l'Etat fait la promesse que ce vaste chantier de la réconciliation sera l'occasion pour tous les Ivoiriens de faire définitivement le deuil des rancours, de panser les plaies, d'expier les fautes individuelles et collectives et d'écrire une nouvelle page de l'Histoire de notre pays.

III. Contribution des Ivoiriens vivant aux USA


Face à ce vaste chantier de la réconciliation, nous Ivoiriens de la diaspora vivant aux Etats-Unis, le temple de la démocratie, de l'Etat de droit et le melting-pot par excellence, ne saurions rester en marge de ce processus porteur d'espoir.

A cet effet, nous comptons aller à la rencontre des Ivoiriens partout où ils se trouvent aux Etats-Unis pour leur porter le message de réconciliation, de paix, de fraternité si cher à notre pays.

Dans ce but, et pour ce but, nous devons être en mesure de pardonner, de tendre la main à notre frère et à notre soeur et de réapprendre à vivre ensemble dans la cohésion, la concorde et la fraternité qui ont toujours caractérisé le peuple ivoirien.

Aucune frustration, vexation ou humiliation, ne saurait nous empêcher d'aller l'un vers l'autre car accepter de se réconcilier, c'est faire preuve de grandeur et de grandeur d'âme.

Notre ardente et commune volonté de donner le meilleur de nous-mêmes à notre pays et non le pire de nous-mêmes, à cette étape si déterminante de son Histoire, est plus qu'une exigence. Nous devons par conséquent être à même de faire tous les sacrifices car à notre sens, aucun sacrifice n'est trop grand pour notre chère patrie qui nous a tant donné même s'il nous arrive de penser que nous n'avons pas suffisamment reçu d'elle.

De notre position de résidents aux Etats-Unis, nous devons avoir une claire vision de ce que nous voulons faire de notre pays et pour notre pays.

Nous devons avoir à l'esprit que pendant que nous nous querellons, les autres pays avancent sur la voie du développement, d'où la nécessité de taire nos incompréhensions, de nous pardonner mutuellement et de considérer que nous sommes tous des frères et des soeurs et que dans l'entente et la cohésion, nous pouvons apporter énormément à notre pays qui a tant besoin de notre contribution en dépit de notre éloignement.

Je voudrais à cet égard, rappeler l'appel lancé par le Président aux Ivoiriens de la Diaspora pour aller prendre une part active à la reconstruction du pays et à son développement.

La diaspora ivoirienne aux Etats-Unis ne doit pas être en reste. Bien au contraire, elle doit être en toute première ligne. Chacun de nous individuellement ou collectivement doit méditer cet appel et trouver la formule la mieux adaptée pour sa contribution qui peut revêtir différents aspects ou volets :

- une présence physique en Côte d'Ivoire pour apporter sa contribution ;

- Y créer des entreprises tout en restant aux USA ;

- mettre à la disposition de la Côte d'Ivoire ses réseaux relationnels en termes d'expertise, de finances, etc., tout en demeurant aux USA

En tout état de cause, nous devons tout mettre en ouvre pour transformer cette page tragique de l'Histoire de la Côte d'Ivoire en une nouvelle opportunité à travers la reconstruction post-crise qui, lorsqu'elle est bien menée, peut-être une occasion de remise à neuf des infrastructures à travers les investissements massifs et les grands chantiers qui en découlent.

Les multiples exemples de diasporas africaines qui ont contribué à dynamiser l'économie de leurs pays d'origine, devraient nous inspirer. Cela ne peut se faire de façon efficace et synergique que si l'entente et la cohésion issues de la réconciliation sont sincères, franches et effectives.

Voilà chers compatriotes, chers amis de la Côte d'Ivoire, ce à quoi nous conduira la Réconciliation Nationale prônée par le Président OUATTARA et qui est synonyme de consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité, conditions de base du développement pour le bonheur du peuple ivoirien.

Voilà pourquoi sans tarder, nous devons chers compatriotes, tous embarquer dans le train de la Réconciliation Nationale qui nous conduira avec certitude à bon port.

Vive la Côte d'Ivoire et que Dieu bénisse notre beau pays !

Je vous remercie.


Daouda DIABATE
Ambassadeur de Côte d'Ivoire aux Etats-Unis d'Amérique
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