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Société Publié le samedi 9 juillet 2011 | Nord-Sud

Hôpital général de Port-Bouët / Une journée avec les malades du choléra

© Nord-Sud Par DR
Santė : Cas de choléra à nouveau détectés dans certains quartiers d`Abidjan
Le ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida, appuyé par des organisations internationales, a mis en place des centres de pris en charge spécialisés. Nord-Sud quotidien a fait un tour dans celui de l’hôpital général de Port-Bouët. Reportage.


Une odeur de chlore accueille à l’entrée du ‘’poste de tri des cas de diarrhée’’. Nous sommes ce mardi à l’hôpital général de Port-Bouët, une structure qui accueille les malades du cholera depuis le 10 juin. Sous cette tente, où on enregistre un malade à notre arrivée. Elle est ‘’gardée’’ par Kouassi Laure, une aide-soignante. Non loin des urgences médicales, cet abri accueille tous les patients qui font la diarrhée et qui vomissent. « Ici, les patients sont placés en observation pendant 06 heures. Si au bout de ce temps, ils continuent de perdre de l’eau, nous les conduisons à l’unité de prise en charge du choléra. Dans le cas contraire, ils sont orientés vers les services de consultation de médecine générale », explique la jeune dame.

Du chlore, du chlore et du chlore

Ç’a été le cas de deux malades qu’elle a reçus tôt dans la matinée. Avec le directeur départemental de santé de Port-Bouët, Dr Koffi Brindou, nous entrons dans le pavillon. Il comprend deux pièces. La première sert de bureau à Laure et où des fûts blancs contiennent des liquides incolores. Ce sont des solutions de chlore, nous apprend-on. La deuxième est réservée aux ‘’malades’’. Un homme de la trentaine environ est installé sous une moustiquaire de couleur grise. Selon les renseignements pris auprès de la responsable des lieux, il est arrivé au site d’observation, il y a deux heures environ. Près de sa tête, un seau dans lequel il vomit. Un autre est placé sous sa chaise percée d’un trou pour lui permettre de faire ses selles. Nous pouvons entendre le bruit de ses vomissements du dehors. Cap est mis sur l’unité de prise en charge du choléra, toujours en compagnie du directeur départemental. Devant la salle, sont postés des agents de décontamination qui veillent au grain. « Pour toute entrée et toute sortie, il y a des dispositions à prendre », nous explique notre guide. Il nous apprend par la même occasion que ces agents-là se rendent au domicile de chaque malade, une fois leur pathologie confirmée. Où ils vont vérifier s’il y a d’éventuel malade mais aussi pour procéder à la décontamination des domiciles. A l’aide d’une pompe dans laquelle il y a une solution de chlore, l’un des agents mouille les semelles des chaussures de tous ceux qui veulent entrer dans ‘’la maison du cholera’’. Et c’est notre cas. Juste quelques pas et il faut encore marcher avec les chaussures dans une autre solution de chlore contenue dans un bac à eau, avant d’avoir accès à la salle. Tout souriant, l’infirmier diplômé d’Etat Sérégbé Pacôme nous reçoit. Détaché à l’unité de prise en charge du cholera, il prend soin des trois malades qui y sont. Selon lui, le traitement consiste à compenser les pertes digestives en eau et en électrolytes. S’il est bien conduit, il entraîne la guérison dans 99 % des cas.

Ces malades qui
ne veulent pas guérir

Les diarrhées sont notamment traitées par l’administration d’une solution de sels de réhydratation orale (Sro), mais aussi par la mise sous perfusion des malades. Le centre de prise en charge du cholera dispose de 3 pièces et d’une dizaine de lits. Les malades sont installés selon la gravité de la maladie. Dans le fond, sont hospitalisés ceux dont l’état est plus grave. Au milieu, les cas moins graves et à l’entrée, des patients presque guéris. Pour aller à chaque pièce, il faut tremper les semelles des chaussures dans des bacs contenant des solutions de chlore et se laver les mains avec une autre solution de chlore. Allongés sur des lits adaptés à leur maladie (un trou pour leur permettre de faire les selles dans un seau même couchés), les trois malades disposent aussi d’un seau dans lequel ils vomissent. Regards hagards, ils ont tous les yeux rivés au plafond et sont sous perfusion. Le spectacle n’est pas beau à voir. Pendant que l’un vomit, l’autre évacue les selles. Ainsi de suite. Compte tenu du fort degré de contagion, l’infirmier ne nous permet pas de les toucher, ni même d’échanger avec eux. Toutefois, les parents d’enfants en bas âge ont accès à la salle.
L’infirmier de permanence nous apprend qu’un autre groupe de parents est admis dans la salle. Ceux dont les patients refusent de se soigner. Aussi bizarre que cela puisse paraître, certains malades refusent de boire le Sro. « Ces malades nous fatiguent beaucoup. Leur prise en charge devient très difficile lorsqu’ils ne veulent pas se réhydrater. Nous sommes obligés, avec leurs parents, de leur faire comprendre qu’ils doivent boire cette potion pour guérir», raconte-t-il. Pendant le traitement, les souffrants ont aussi droit à de la bouillie de maïs cuite sur place par le personnel et des fruits. « Après 3 jours de traitement bien suivi, les malades retrouvent la santé et retournent chez eux. Tout en respectant les règles d’hygiène qui sont entre autres le lavage des mains avec du savon avant et après chaque geste », prévient-il.

Adélaïde Konin

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