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Politique Publié le mardi 12 juillet 2011 | Le Mandat

Sécurisation et réconciliation - Commandant Solo (FRCI Yopougon-Koweit) : “Que tout le monde revienne, même ceux qui ont pris les armes”

© Le Mandat
Yopougon sécurisé par les forces pro-Ouattara, mais dévasté
Koné Souleymane dit Commandant Solo est le Chef de la Compagnie Zanga, chargée de la sécurité du quartier Koweit à Yopougon Toits-Rouges. Il est aidé dans sa tâche par le Commandant en second, Kanté, avec qui il travaille en parfaite harmonie pour protéger les populations. Ces dernières semaines, la vie reprend de plus en plus dans le secteur. Les Commandants Solo et Kanté y ont multiplié leurs rencontres avec les populations pour le retour de la paix. Dans cet entretien, Commandant Solo nous fait le point de la situation et lance un appel à la réconciliation sincère.

Peut-on savoir le niveau de récupération des armes au quartier Koweit?

Nous n’avons pas encore atteint le niveau de récupération des armes en possession des ex-miliciens et autres populations qui n’en ont pas droit. Nous n’avons même pas encore atteint les 50%. Il y a eu trop d’armes ici au Koweit. Nous n’avons pour le moment saisi que des armes comme les kalachnikovs, des munitions, des grenades défensives et offensives. Cependant, nous savons qu’il y a eu des armes lourdes comme les roquettes dont nous avons saisi des munitions mais pas les armes. Donc les populations ne dorment pas encore très bien. Toutefois, il faut dire que le niveau de sécurité est de plus en plus élevé. Ce qui fait que les populations qui avaient fui le quartier sous les menaces des miliciens et mercenaires sont revenues à plus de 60%. Mais nous souhaitons que la vie reprenne dans ce quartier à 100%.

Il est de plus en plus question de votre rentrée en caserne. Qu’en pensez-vous ?

C’est vrai, ceux qui doivent rentrer en caserne le feront et ceux qui n’y ont pas droit seront gérés par les autorités. En attendant que cela arrive, nous, nous cherchons toujours les armes que les miliciens ont cachées. Puisque, chaque jour, nous avons des informations qui confirment la présence des armes. Nous avons déterré un certain nombre d’armes déjà. Mais les populations qui ont vécu un véritable calvaire avec les miliciens ont encore peur et nous demandent de rester encore pour que le ratissage soit effectif. Elles souhaitent même qu’un petit camp militaire des FRCI soit mis en place pour continuer les recherches d’armes après l’entrée de certains éléments des FRCI en caserne. Il faut dire aussi que le Koweit a été l’un des derniers quartiers les plus résistants où des armes lourdes ont été utilisées par les miliciens. Ceux qui ont pu fuir sont-ils partis avec ces armes ou les ont-elles cachées avant de fuir ? Nous trouvons des munitions sans les armes elles-mêmes.

Il parait que des miliciens continuent de vous envoyer des messages ?

Oui, bien sûr ! Ils envoient des messages aux populations comme quoi, ils reviendront tuer tous ceux qui ne sont pas de leur bord. Tous ceux qui ont aidé les FRCI à soumettre le Koweit. C’est pourquoi, certaines populations ont encore peur que nous quittions le quartier. Il y a parmi les populations des personnes qui savent où sont cachées des armes. Mais elles ont peur de nous les montrer avec les différents messages d’un retour de ces miliciens.

Pour la reprise de la vie dans le quartier, il y a une partie de la population qui est pro-Gbagbo ou FPI qui n’a pas pris les armes mais qui craint des exactions si elle revient au quartier. Que dites-vous pour que cette frange de la population revienne?

Mes éléments et moi-même n’avons pas de problèmes avec les populations. Je rencontre personnellement les différentes communautés vivant au quartier ici pour leur faire comprendre que la guerre est finie. Il n’y plus de palabres. Il faut s’inscrire dans la droite ligne de la politique de réconciliation mise en place par le Président Alassane Ouattara. Toute cette semaine, j’ai intensifié mes rencontres avec les populations. Que vous soyez FPI, LMP, PDCI, RDR, pro-Gbagbo ou contre Gbagbo, nous demandons de revenir participer à la réconciliation du quartier. Que le quartier joue son rôle dans la réconciliation nationale. Nous n’arriverons pas à une réconciliation nationale si les quartiers, les villages, les villes, les campements ne sont pas réconciliés. Moi, je demande pardon au militant du FPI de revenir, même à ceux qui ont pris les armes de revenir participer à la réconciliation. Nous avons trouvé ici le slogan : "je te pardonne, pourtant tu m’as fait du mal". Il faut voir l’avenir du pays et tout pardonner comme le demande le Président de la République. Donc, les ex-miliciens peuvent venir, les ex-combattants de Gbagbo aussi peuvent revenir. S’ils aiment vraiment la Côte d’Ivoire, ils doivent revenir pour nous indiquer là où ils ont caché les armes lourdes. Nous ne leur ferons aucun mal. Ceux qui disposent des armes aussi, qu’ils viennent les déposer, nous ne leur ferons aucun mal. Nous voulons seulement récupérer ces armes pour la sécurité de tous. S’ils viennent, nous garantirons leur sécurité, je le leur promets. Pour ceux qui ont pris les armes, les ex-miliciens, nous leur demandons de venir directement nous voir à notre QG avant de faire tout mouvement dans le quartier pour que nous les sécurisions. Moi, je suis croyant. Nous devons tous pardonner à nos bourreaux d’hier pour en faire des amis et frères de demain dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Ceux qui ont tué, je crois qu’ils règleront cela avec le Dieu Tout-Puissant.

Entretien réalisé par GUY TRESSIA
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