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Politique Publié le mardi 12 juillet 2011 | L’expression

Nominations des nouveaux patrons de l’armée - Les populations de Bouaké expriment leurs inquiétudes

Le président Ouattara a nommé de nouveaux responsables à la tête des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci). Dans ce panel, les populations de Bouaké, fief de l’ex-rébellion livrent leurs attentes et inquiétudes vis-à-vis des nouvelles autorités militaires.

Diarrassouba Losseni, syndicaliste : ‘‘ Mettre fin au racket et aux laissez-passer ’’

« Nous avions accueilli ces nominations avec espoir. Vous savez que les transporteurs ont payé un lourd tribut à cette crise. Mais les transporteurs des zones ex-assiégées ont l’impression d’avoir été les grands oubliés, quelques mois après le retour de la démocratie. Car, le racket continue. Nous continuons de payer les laissez-passer pour exercer notre activité de transporteurs dans la zone. On ne comprend plus rien. Qu’on nous dise si le territoire est toujours divisé ou non. Il y a eu un président démocratiquement élu, le pays est dit unifié. On demande au nouveau chef d’état-major, la suppression des laissez-passer. Le général Bakayoko qui est issu des ex-Fafn doit faire disparaître les rackets au niveau des corridors et mettre fin au laissez-passer. C’est la condition de la reprise de l’activité économique dans la zone.».

Dosso Nousso, commerçant de vivriers : ‘‘ On se croit encore dans la rebellion’’

« Après l’installation d’ADO au pouvoir, tout a augmenté à Bouaké. Les choses sont très chères et cela ne nous arrange pas. C’est la conséquence du racket et de l’insécurité au niveau des routes. Plusieurs mois après l’arrivée du nouveau président, on se sent toujours dans la rébellion. En allant au Nord, à partir de Tiébissou, on ne croise ni gendarmes ni policiers encore des agents des Eaux et forêts. On se croyait toujours à l’époque de Gbagbo. Il faut que les nouvelles autorités militaires changent cela. A Bouaké, on ne se sent pas encore le changement au niveau de l’Etat. Des gens sont en treillis avec des armes et circulent comme en septembre 2002. Cela ne rassure pas les investisseurs. Il faut les désarmer.»

Camara Khalifa, chauffeur : ‘‘Nous attendons la police et la gendarmerie’’

« Nous prions pour que les nouveaux chefs militaires nommés par le président de la République engagent le redéploiement de la police et de la gendarmerie en zone centre, nord et ouest. On souffre beaucoup avec les taxes à payer au niveau des corridors avant de quitter ou entrer à Bouaké. On a sauté de joie quand on a appris que c’est le général Bakayoko qui est nommé comme Cema. Car, il pourra mettre fin à tout ceci. Vous savez, quand on est chauffeur, on travaille souvent durant toute sa vie et après on n’a rien. Tout ce qu’on gagne va dans les rackets. On veut aussi le retour rapide de la gendarmerie nationale à Bouaké, pour lutter contre l’insécurité au niveau des routes ».

Boom Phaya, artiste chanteur : ‘‘Livrer une guerre sans merci contre la piraterie’’

« Le rôle de l’armée est de protéger tout le monde. Surtout ceux qui font entrer l’argent dans les caisses de l’Etat. Bouaké, il faut l’avouer, est aujourd’hui le centre de la piraterie. Et la piraterie, c’est une gangrène pour l’économie nationale. C’est de l’argent qui ne va pas dans les caisses du pays. Les artistes vivant à Bouaké placent beaucoup d’espoir dans la nomination du général Bakayoko comme Cema parce que c’est un homme qui est parti de Bouaké. Nous souhaitons qu’il combatte les pirates tout comme la grande criminalité. La musique est un business. Il faut qu’il traque les pirates des œuvres de l’esprit. Aussi le déploiement des forces de sécurité va galvaniser la venue des promoteurs de spectacle à Bouaké. Mais avant, il faut combattre la piraterie qui fait de nous des mendiants ».

Barro Anzouman, agent de transit : ‘‘Bouaké attend le retour des pompiers’’

« J’approuve ces nominations. J’espère que les promus feront correctement leur travail. A Bouaké, on souhaite que ces chefs viennent garantir le redéploiement effectif de l’administration. Si la police revient, il n’y aura plus de taxes à payer dans les corridors. La population aura l’avantage de payer les produits au même prix que les populations d’Abidjan et des autres régions du Sud du pays. Voyez-vous, la bouteille de gaz de 6kg se revend ici à 3250 Fcfa et celle de 12 kg s’échange à 6500 Fcfa. Ce n’est pas normal. On attend également des nouveaux chefs militaires, le retour rapide des Sapeurs pompiers militaires à Bouaké. Car, depuis 2002, en cas d’accident de circulation, pour un blessé, c’est la débrouille pour rejoindre le Chu de la ville.

Kouamé Amah Henriette, présidente de Faderev : ‘‘Soyons soudés autour du nouveau Cema’’

« J’ai suivi ces nominations. La promotion du général Bakayoko est tout à fait normale. Vous savez qu’il y a eu deux armés belligérantes, avec à leur tête deux généraux. Je ne dis pas que ce sont les Fafn qui ont gagné la guerre. Il fallait un chef. C’est la Côte d’Ivoire qui gagne. Une personne choisit celui avec qui elle peut travailler. Les deux (Mangou et Bakayoko) ont déjà travaillé ensemble. Ici nous sommes pressés de voir la police et la gendarmerie revenir. Je veux que l’armée nationale revienne autour de la population. Pour que chacun sache où aller en cas de problème. Je ne dis que les Fafn ne sont pas bons. Je demande aux Ivoiriens d’être soudés autour du nouveau Cema. ADO sait pourquoi il l’a choisi, il sait qu’il peut relever le défi. ».

Propos recueillis par Marcel Konan
A Bouaké
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