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Politique Publié le lundi 18 juillet 2011 | Nord-Sud

Nahounou Sémien, chef terrien de Daloa, à propos de la réconciliation : « Nous devons pardonner pour réapprendre à vivre ensemble »

Le chef de terre de Daloa, Nahounou Sémien, rencontre autorités administratives et cadres pour les inviter à la réconciliation.

Depuis quelque temps, on vous voit partout avec les autorités administratives, les cadres…Qu’est-ce qui fait courir le chef de terre que vous êtes ?

Je ne cours pas, je suis juste dans les responsabilités qui sont les miennes. Vous savez que notre pays vient de traverser la plus grave crise de son histoire, ce qui n’a pas été sans dégâts. La fraternité entre les Bété d’une part, entre ceux-ci et nos frères venus d’ailleurs depuis la nuit des temps, d’autre part, a été fortement mise à mal. Avant que la commission de M. Charles Konan Banny ne se positionne chez nous, ici à Daloa, il nous est apparu opportun, nous les leaders d’opinion, de réaliser d’abord le travail préparatoire qui va faciliter la réconciliation.

Comment vous vous y prenez ?

Vous savez que l’Africain sait toujours régler ses problèmes sous l’arbre à palabres. Dès que les différends se sont posés, certains de nos cades dont Samba Coulibaly, Inza Diaby pour ne citer que ceux-là, m’ont encouragé avec des chefs de villages à organiser des séances de pardon et de réconciliation avec nos administrés. C’est un peu ce que nous faisons avec la bénédiction du préfet. Et comme tout cela a un coût, Samba Coulibaly et ses frères et amis ne ménagent aucun effort pour nous apporter leur soutien.

Quel bilan pouvez-vous réaliser au stade actuel des choses ?

Quand on parle aux hommes qui ont subi des violences ou qui, dans certains cas, ont perdu des êtres chers, c’est une œuvre de longue haleine. Il ne faut pas se lasser de leur parler, de toucher leur cœur et de prier pour cela. Vous voyez que ce n’est pas facile. C’est le temps qui, assurément, fera son œuvre. On ne peut donc pas parler de bilan à peine la mission commencée.

Oui, mais après les mobilisations de ces temps, on peut se faire une idée des conséquences ?

Ce que je peux me permettre de vous dire, c’est qu’aujourd’hui, la tension est tombée. J’espère que nos frères qui ont fui pour se réfugier en brousse regagneront les villages et la ville, et que ceux qui sont allés dans d’autres pays reviendront rapidement. Samba Coulibaly a déjà mobilisé quelques moyens à cette fin mais les résultats tardent encore à se réaliser. Il faut que ça aille vite. La guerre est finie. C’est Alassane Ouattara qui est le président de la République, le pays se remet au travail, nous ne devons pas être en reste ici à Daloa.

Comment accélérer les choses à Daloa à votre goût ?

Nous avons un préfet attentif et pragmatique. Nous, les chefs traditionnels, sommes mobilisés. Les hommes politiques locaux sont malheureusement encore invisibles. Ce sont nos cadres et essentiellement Samba Coulibaly qui, bien que n’ayant aucun mandat électif, est en tout temps et en tout lieu au-devant des choses. J’aurais souhaité que tous nos enfants, cadres de Daloa, se retrouvent avec nous et l’administration territoriale pour un travail d’envergure. Les déplacements et autres manifestations ont un coût qu’une seule personne ne peut assurer.

Avez-vous un appel ?

Le président Ouattara qui a connu les pires humiliations de ce monde dit qu’il a tout pardonné. Ce n’est pas à cause de quelques mots déplacés pendant la campagne électorale qu’on ne va pas pardonner. C’est vrai que pendant la crise, il y a eu mort d’hommes. Quels que soient nos ressentiments, personne ne sera ressuscitée. Même si on ne peut pas oublier, on doit pardonner. Le moment venu avec la commission Banny, on dira au plan traditionnel, ce qu’il y a lieu de faire en pareille circonstance, chez nous. Mais nous devons pardonner pour réapprendre à vivre ensemble. En tant que chef de terre qui a collaboré avec tous les chefs d’Etat que notre pays a connus, j’espère que le président Ouattara voudra bien m’écouter.

Entretien réalisé par MAE
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