• Le cri du cœur du HCR
Si toutes les conditions pour le retour des personnes déplacées ne sont pas encore réunies, celles qui décident tout de même de regagner leurs différentes localités sont confrontées à d'énormes difficultés. Pas de logement, pas de nourriture, ces populations manquent presque de tout.
En ce début d'après-midi du jeudi 28 juillet 2011, il y avait du monde devant l'entrepôt du Programme alimentaire mondial(PAM) de Toulepleu. Ce jour-là, en y arrivant, Cyrille espérait retourner avec des dons offerts par deux agences des Nations Unies, le PAM et le HCR.
Mais devant l'affluence, la distribution n'a pu avoir lieu: les camions de livraison n'ont pu rallier la ville, pour cause de panne. Rendez-vous a été pris pour samedi 30 juillet 2011. La franchise de l'assistant de programme du PAM, Mawa Coulibaly, a rassuré les nombreuses personnes déplacées venues en grand nombre pour bénéficier de ces dons. Ces dons composés de vivres et de non vivres distribués à 6 mille familles conjointement par ces deux organisations internationales. Dans cette ville, environ 30 mille personnes qui s'étaient déplacées du fait de la crise post-électorale sont de retour. Les uns viennent du Liberia voisin, d'autres des forêts environnantes. Un retour qui s'est fait à pas hésitants, à cause de multiples obstacles. Koulaté Stéphane est une jeune animateur à la radio de Toulepleu.
Rentré du Liberia depuis un mois après avoir fui la ville le 4 avril dernier, il a repris son travail. « Mais il faut reconnaître qu'il y a des militaires qui ne sont pas galants à notre endroit », dénonce-t-il, avant de s'insurger contre le mauvais traitement dont sa fiancée a été victime. Dans le village de Bakoubli, la situation de personnes retournées est alarmante.
Selon Bio Jean-Baptiste, les habitants sont confrontés à des problèmes d'eau, de nourriture et de médicaments. « On souffre énormément », se lamente-t-il. Mais un fait a attiré notre attention. De Duékoué à Toulepleu en passant par Guiglo, il faut être assez fort pour supporter le désastre. De nombreuses habitations ont été soit pillées, soit incendiées. Selon des témoignages, ces dégâts ont été provoqués par les parties en conflit, autochtones et allogènes. Même si une accalmie précaire règne dans la région, les personnes ont toujours peur de retourner. La question de l'insécurité revient sur toutes les lèvres. La circulation d'armes est un fait inquiétant, ajouté à cela la présence des chasseurs traditionnels dit Dozos qui n'est pas rassurante. D'ailleurs, dame N'Dri Akissi que nous avons rencontrée dans une famille à Man a manifesté le besoin de regagner Abidjan, mais dis craindre pour sa sécurité. Son fils Patrick Francis Boahz est dans le viseur des miliciens depuis la crise post-électorale, qui le recherchent pour des raisons qu'elle ignore. 33 mille personnes déplacées occupent toujours la mission catholique de Duékoué, une ville qui présente aujourd'hui un visage balafré. Des morts et des dégâts, les mots ne sont pas assez forts pour qualifier le niveau de désastre. Pour ces déplacés, leur retour n'est pas encore à l'ordre du jour pour l'instant. « Où allons-nous partir; nous allons dormir où? », s'interroge Olivier, membre d'une coordination de la mission catholique de Duékoué. « Nous exigeons le désarmement des dozos d'abord », martèle-t-il.
L'exigüité de l'espace a amené les organisations humanitaires à trouver d'autres sites. Une première extension abrite actuellement 800 personnes. Mais un espace de 27 mille hectares vient d'être acquis. Le HCR procède à la construction des abris. Selon Guy René Dagbo, assistant de protection au sein de cette agence spécialisée des Nations Unies, ce site qui a été baptisé camp de Nahibli va abriter 8 mille personnes déplacées. Nahibli, c'est le dernier village guéré qu'on trouve avant d'entrer à Duékoué en provenance d'Issia. Là, les maisons des autochtones ont toutes été incendiées. Gbéla Christine y a perdu son époux, quand sa fille s'en est sortie avec une jambe amputée. Au camp de Nahibli où nous l'avons rencontrée, elle se dit prête à retourner dans son village. « Mais à condition qu'on nous reconstruise nos maisons détruites », fait-elle savoir. En attendant, elle s'occupe un peu avec son petit commerce. Bli Féhi Jean, un autre pensionnaire du camp a 62 ans. Il a perdu son fils ainé lors de l'attaque contre Nahibli. Avec ses quatre enfants et sa femme, ils attendent de la réhabilitation des maisons détruites et le rétablissement de la sécurité pour pouvoir retourner dans leur village. « Nous sommes prêts à tout pardonner. La Côte d'Ivoire est notre pays à nous tous, il n'est pas bon que nous soyons toujours divisés », déclare le sexagénaire d'une voix haletante, du fait du poids de l'âge.
Bertrand GUEU, Envoyé spécial
Si toutes les conditions pour le retour des personnes déplacées ne sont pas encore réunies, celles qui décident tout de même de regagner leurs différentes localités sont confrontées à d'énormes difficultés. Pas de logement, pas de nourriture, ces populations manquent presque de tout.
En ce début d'après-midi du jeudi 28 juillet 2011, il y avait du monde devant l'entrepôt du Programme alimentaire mondial(PAM) de Toulepleu. Ce jour-là, en y arrivant, Cyrille espérait retourner avec des dons offerts par deux agences des Nations Unies, le PAM et le HCR.
Mais devant l'affluence, la distribution n'a pu avoir lieu: les camions de livraison n'ont pu rallier la ville, pour cause de panne. Rendez-vous a été pris pour samedi 30 juillet 2011. La franchise de l'assistant de programme du PAM, Mawa Coulibaly, a rassuré les nombreuses personnes déplacées venues en grand nombre pour bénéficier de ces dons. Ces dons composés de vivres et de non vivres distribués à 6 mille familles conjointement par ces deux organisations internationales. Dans cette ville, environ 30 mille personnes qui s'étaient déplacées du fait de la crise post-électorale sont de retour. Les uns viennent du Liberia voisin, d'autres des forêts environnantes. Un retour qui s'est fait à pas hésitants, à cause de multiples obstacles. Koulaté Stéphane est une jeune animateur à la radio de Toulepleu.
Rentré du Liberia depuis un mois après avoir fui la ville le 4 avril dernier, il a repris son travail. « Mais il faut reconnaître qu'il y a des militaires qui ne sont pas galants à notre endroit », dénonce-t-il, avant de s'insurger contre le mauvais traitement dont sa fiancée a été victime. Dans le village de Bakoubli, la situation de personnes retournées est alarmante.
Selon Bio Jean-Baptiste, les habitants sont confrontés à des problèmes d'eau, de nourriture et de médicaments. « On souffre énormément », se lamente-t-il. Mais un fait a attiré notre attention. De Duékoué à Toulepleu en passant par Guiglo, il faut être assez fort pour supporter le désastre. De nombreuses habitations ont été soit pillées, soit incendiées. Selon des témoignages, ces dégâts ont été provoqués par les parties en conflit, autochtones et allogènes. Même si une accalmie précaire règne dans la région, les personnes ont toujours peur de retourner. La question de l'insécurité revient sur toutes les lèvres. La circulation d'armes est un fait inquiétant, ajouté à cela la présence des chasseurs traditionnels dit Dozos qui n'est pas rassurante. D'ailleurs, dame N'Dri Akissi que nous avons rencontrée dans une famille à Man a manifesté le besoin de regagner Abidjan, mais dis craindre pour sa sécurité. Son fils Patrick Francis Boahz est dans le viseur des miliciens depuis la crise post-électorale, qui le recherchent pour des raisons qu'elle ignore. 33 mille personnes déplacées occupent toujours la mission catholique de Duékoué, une ville qui présente aujourd'hui un visage balafré. Des morts et des dégâts, les mots ne sont pas assez forts pour qualifier le niveau de désastre. Pour ces déplacés, leur retour n'est pas encore à l'ordre du jour pour l'instant. « Où allons-nous partir; nous allons dormir où? », s'interroge Olivier, membre d'une coordination de la mission catholique de Duékoué. « Nous exigeons le désarmement des dozos d'abord », martèle-t-il.
L'exigüité de l'espace a amené les organisations humanitaires à trouver d'autres sites. Une première extension abrite actuellement 800 personnes. Mais un espace de 27 mille hectares vient d'être acquis. Le HCR procède à la construction des abris. Selon Guy René Dagbo, assistant de protection au sein de cette agence spécialisée des Nations Unies, ce site qui a été baptisé camp de Nahibli va abriter 8 mille personnes déplacées. Nahibli, c'est le dernier village guéré qu'on trouve avant d'entrer à Duékoué en provenance d'Issia. Là, les maisons des autochtones ont toutes été incendiées. Gbéla Christine y a perdu son époux, quand sa fille s'en est sortie avec une jambe amputée. Au camp de Nahibli où nous l'avons rencontrée, elle se dit prête à retourner dans son village. « Mais à condition qu'on nous reconstruise nos maisons détruites », fait-elle savoir. En attendant, elle s'occupe un peu avec son petit commerce. Bli Féhi Jean, un autre pensionnaire du camp a 62 ans. Il a perdu son fils ainé lors de l'attaque contre Nahibli. Avec ses quatre enfants et sa femme, ils attendent de la réhabilitation des maisons détruites et le rétablissement de la sécurité pour pouvoir retourner dans leur village. « Nous sommes prêts à tout pardonner. La Côte d'Ivoire est notre pays à nous tous, il n'est pas bon que nous soyons toujours divisés », déclare le sexagénaire d'une voix haletante, du fait du poids de l'âge.
Bertrand GUEU, Envoyé spécial