Dans sa volonté de situer les responsabilités dans la crise post-électorale que la Côte d'Ivoire a traversée, le tribunal militaire vient d'inculper soixante-deux militaires qui ont combattu pour l'ancien président, Laurent Gbagbo, arrêté le lundi 11 avril 2011 à sa résidence présidentielle à Cocody. Parmi les militaires inculpés, 40 ont été placés en détention, selon le tribunal militaire présidé par le commissaire du gouvernement, Ange Kessy Bernard. « Soixante-deux inculpations ont été prononcées contre des militaires du régime déchu », a-t-il déclaré à l'AFP. Avant d'annoncer que quarante de ces inculpés ont été placés sous mandat de dépôt. Parmi la vingtaine d'officiers en détention, indique-t-il à l'AFP, figure le général Bruno Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine. Récemment revenu de son exil du Ghana, le colonel-major Boniface Konan a été laissé en liberté. Quant à Jean Noël Abehi, chef de l'escadron blindé de la gendarmerie du camp d'Agban sentant l'étau se reserrer autour de lui, il a préféré prendre la tangente. Les militaires détenus, faut-il le rappeler, sont incarcérés à Abidjan et à Korhogo (nord). Certains avaient été interpellés il y a plusieurs semaines et étaient gardés dans des camps militaires, a précisé Ange Kessy. Les chefs d'accusation retenus sont: « arrestation illégale, séquestration suivie de meurtre, recel de cadavre, viol, vol, violation de consignes, détention arbitraire, détournement de fonds aux fins d'achat d'armes et de recrutement de mercenaires, formation et entretien de miliciens ». Parmi les militaires placés en détention, poursuit l'AFP, figurent trois officiers inculpés pour des tirs d'obus à Abidjan sur le quartier d'Abobo (nord), fief du nouveau président Alassane Ouattara, a encore indiqué le commissaire du gouvernement. Le 3 mars, sept femmes qui participaient à une manifestation avaient été tuées par des tirs des Forces de défense et de sécurité (FDS) du régime Gbagbo, déclenchant une condamnation internationale. Le bombardement d'un marché le 17 mars avait fait une trentaine de morts dans le même quartier, selon l'ONU. Ces inculpations, qui s'ajoutent à celles de 37 personnalités politiques du régime Gbagbo, surviennent alors que le président Ouattara a le week-end dernier « tendu la main » au camp adverse, spécialement aux exilés au Ghana.
Y.DOUMBIA
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